mardi 30 septembre 2014

Arrestation d’un responsable du MNLA

Des jeunes du Nord-Mali ont arrêté dimanche Mohamed Zeyni Aguissa Maïga, qui faisait office de ministre de la Jeunesse et des Sports LORS de l’occupation de la région nord par le Mouvement national de libération de l’Azawad ( MNLA) en 2012, a-t-on appris lundi de source informée.
(image utilisée juste a titre d`illustration). (IMAGEutilisée juste a titre d`illustration).
Arrêté aux abords du VILLAGE de Forgo, cercle de Gao, Aguissa Maïga a été remis aux Forces armées maliennes (FAMA).
Joint par Xinhua, le responsable de la direction de l’ information et des relations publiques des armées du Mali, lieutenant-colonel Souleymane Maïga, a CONFIRMÉcette arrestation, sans donner de précision.
Selon une source bien informée, Aguissa Maïga, après un bref séjour à Kidal, en provenance d’Alger où il avait pris part au deuxième round des négociations entre le gouvernement et les groupes armés du nord, se RENDAIT dans son village, Forgo, situé à 25 km de Gao.
En 2012, la région nord du Mali avait été OCCUPÉE par le MNLA et des groupes islamistes.
Agence de presse Xinhua
http://www.malijet.com/actualte_dans_les_regions_du_mali/rebellion_au_nord_du_mali/112930-arrestation-d%E2%80%99un-responsable-du-mnla-par-des-jeunes.html
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Réaction SUITE à l’arrestation d’un haut responsable du MNLA
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad a appris avec regret HIER soir l’arrestation par l’Armée Malienne  d’un  haut responsable du mouvement, du nom de Mohamed Zeiny Aguissa.
Mohamed Zeiny Aguissa est parti dans son village de  Forgho pour PASSER la fête de tabaski en famille à l’est de Gao, après avoir récemment participé à la deuxième phase des négociations d’Alger avec le gouvernement Malien.
Cette arrestation intervient à un moment où les autorités maliennes sous la supervision de l’équipe de médiation internationale se sont engagées sur la voix de la RECHERCHE d’une paix durable conformément aux engagements pris dans  la feuille de route du 24 juillet 2014 à Alger et l’accord du cessez-le-feu du 23 Mai 2014  signé à Kidal.
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad condamne avec la dernière rigueur cette arrestation et demande  la libération immédiate et sans condition de Mohamed Zeiny Aguissa.
Cette arrestation est contraire à l’esprit constructif que la communauté internationale  s’emploie à mettre sur pied dans le cadre de la résolution de cette CRISE et cela pourrait – si des dispositions rapides ne sont pas prises – compromettre la bonne marche du processus actuel.

Moussa Ag Acharatoumane
Chargé de communication-MNLA
http://www.mnlamov.net/actualites/34-actualites/382-reaction-suite-a-larrestation-dun-haut-responsable-du-mnla.html

Libye: accord entre protagonistes pour un cessez-le-feu général

Ghadamès, Libye - Les protagonistes de la crise libyenne réunis, lundi à Ghadamès (Sud-Ouest), dans le cadre du premier round préparatoire du dialogue national sous l'égide de l'ONU et regroupant des députés du Parlement, ont signé un accord portant sur un cessez-le-feu général sur l'ensemble du pays.

L'accord stipule aussi l'ouverture de tous les aéroports des différentes régions du pays, ainsi que le traitement des blessés des deux camps aux frais de l'Etat libyen et l'échange des prisonniers et détenus, a rapporté, lundi, la télévision Al-Nabaa, citant des sources proches des députés participant au dialogue.

Le dialogue auquel l'émissaire spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL), Bernardino Leon et les délégués des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Italie ont pris part, sera reporté après la fête de l'Aïd El Kebir prévue le 4 octobre pour reprendre les discussions de la feuille de route du dialogue présentée par les Nations Unies.

La MANUL a appelé à une rencontre entre délégations représentant les différents protagonistes de la crise libyenne, ce lundi, dans le cadre du premier round du dialogue inclusif.

Le dialogue se tiendra sur la base de certains principes portant sur la reconnaissance de la légitimité des institutions élues, le respect total de la Déclaration constitutionnelle, sorte de mini-Constitution régissant le pouvoir durant la transition, le respect des droits de l'Homme et du droit international et le rejet sans équivoque du terrorisme.

Les discussions se concentreront sur les sujets relatifs à un consensus sur les statuts et le règlement intérieur du Parlement et une convergence de vues sur les questions lancinantes ayant trait au gouvernement du pays.     

Pana 30/09/2014

Algérie: des hélicoptères bombardent un 4X4 aux frontières avec le Mali

 
Alger, Algérie – Deux hélicoptères de l’armée algérienne ont bombardé un véhicule 4X4 qui transportait une quantité considérable de carburant au niveau des frontières entre l’Algérie et le Mali, a annoncé, dimanche dans un communiqué, le ministère algérien de la Défense.
(image utilisée juste a titre d`illustration). (image utilisée juste a titre d`illustration).

Le bombardement a eu lieu vendredi lorsque les occupants du véhicule ont refusé d’obtempérer à l’ordre de s’arrêter, a précisé le communiqué, indiquant par ailleurs que les éléments de l’armée algérienne ont procédé à l’arrestation de dix migrants clandestins de nationalité syrienne aux frontières avec la Libye.
Les forces armées algériennes, rappelle-t-on, ont renforcé leur présence sécuritaire et militaire tout au long des frontières avec le Mali et la Libye, à cause de l’insécurité préoccupante qui y règne.
Les deux tiers de l’armée populaire et de la Gendarmerie algériennes sont déployés dans des points de surveillance des frontières où des centaines de postes de surveillance sont créés le long des frontières terrestres avec le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Libye et la Tunisie, signale-t-on.
Pana
SourcePana
http://www.malijet.com/actualte_dans_les_regions_du_mali/rebellion_au_nord_du_mali/112817-algerie-des-helicopteres-bombardent-une-4×4-aux-frontieres-avec-.html

dimanche 28 septembre 2014

Le Nigeria impuissant face à l’avancée de Boko Haram

mediaDes habitants de Maïduguri autour d'un char APC récupéré à l'armée par les insurgés de Boko Haram à Konduga, à 35 kms de la capitale de l'Etat de Borno . 17 septembre 2014.AFP/Tunji Omrin
    Appels sur l’actualité fait le point sur l'armée nigériane, incapable de stopper la progression fulgurante des insurgés islamistes de Boko Haram qui contrôlent des pans entiers de territoires dans le Nord-est du Nigeria.
    « Je vous promets qu'on va en finir dans pas longtemps », avait déclaré, martial, le nouveau chef d'état-major, le général Alex Badeh, lors de sa nomination en janvier dernier. Huit mois plus tard, le bilan est catastrophique. Le pays le plus peuplé d'Afrique, première économie du continent, dispose pourtant d'une armée puissante... sur le papier. En face, Boko Haram aurait 6 000 à 8 000 combattants, selon l'estimation du chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos. De son côté, le Cameroun annonçait le 8 septembre que son armée avait tué « plus d'une centaine » de combattants de la secte islamiste nigériane lors d'une tentative d'incursion des insurgés en territoire camerounais. Face à cette menace grandissante, le Nigeria et ses voisins ont appelé, le 3 septembre, à l'aide la communauté internationale.
    L’armée nigériane dispose d’un budget conséquent - on parle de 4,5 milliards d’euros soit 20 % du budget de l’Etat… Pourquoi se montre-t-elle dans l’incapacité à arrêter l’avancée de Boko Haram sur son propre territoire ? 
    Vous avez raison de parler d’avancée. Selon les sources officielles sur place, dans le Nord-est du Nigeria, les insurgés contrôlent aujourd’hui plus de 25 localités. On a vu Boko Haram, il y a quelques mois, prendre sans grande résistance une série de villages dans le secteur de Goza, au sud de l’Etat de Borno. Il contrôle la ville de Goza. Plus récemment, ils ont pris le contrôle de villages autour de Bama, plus au Nord, autour de Maïduguri. C’est assez inquiétant parce que Boko Haram contrôle plusieurs tronçons qui mènent à Maïduguri, la capitale de l’Etat de Borno, et simultanément, il mène des attaques plus au sud dans l’Etat de l’Adamaoua. Quand on opère une sorte de zoom arrière, il est intéressant de remarquer qu’il contrôle finalement une longue ligne, un long axe qui est en fait une sorte de tampon le long des Monts Mandara, tout au long de la frontière avec le Cameroun, qui fait penser à ce que fait le groupe Etat Islamique en Syrie et en Irak (dans ces mêmes zones tampons). C’est un développement effectivement très inquiétant, d’autant plus que l’armée nigériane prend la fuite, ne résiste pas.
    Pourtant, il y a des milliers de militaires nigérians sur le terrain !
    Le président nigérian Goodluck Jonathan, lors du sommet de l’Elysée au mois de juin, avait parlé de 20 000 hommes déployés dans le Nord-est pour lutter contre Boko Haram : 20 % du budget, en effet, consacré aux forces de sécurité. On n’arrive pas à comprendre cette déroute…
    Surtout que d’un côté, vous le disiez, il y a 20 000 hommes et de l’autre, il y a 6 000, 8 000 combattants de Boko Haram ?
    C’est très difficile de chiffrer le nombre de combattants et de comprendre exactement comment ils arrivent à recruter... Pour expliquer cette déroute, nous avons quelques explications, de l’ordre de la spéculation, qui se vérifient au fil des mois.
    Alors comment expliquer que, malgré sa force militaire, le Nigeria n’arrive pas à stopper cette avancée ? 
    Première chose. Il est toujours difficile pour une armée régulière de remporter une guerre de type asymétrique contre un mouvement qui opère sur le mode de la guérilla, qui prend des civils en otages et qui parfois s'en sert comme des boucliers humains. Et c'est d'autant plus difficile que cette armée régulière s'est aliénée les populations locales à force de violations des droits de l'homme et d'exactions contre les populations civiles… Des exactions qui jettent parfois les victimes dans les bras de Boko Haram, et compliquent la coopération avec les locaux, au niveau notamment du renseignement humain. Les forces de sécurité nigérianes sont aussi gangrénées par la corruption. Malgré les importants moyens budgétaires, l'argent ne semble pas arriver aux troupes qui combattent Boko Haram dans le Nord-est. Et puis, Boko Haram est un groupe déconcentré, avec une multitude de cellules capables de frapper dans plusieurs Etats différents, ce qui semble désorienter l'armée. Il s'agit de groupes bien armés, et très motivés. Alors que le moral dans les rangs de l'armée nigériane n'est pas bon. Récemment, il y a eu des mutineries qui ont été lourdement sanctionnés. Il y a huit jours, 12 soldats nigérians ont été condamnés à mort pour ce motif. Ils étaient membres de la 7è division, celle précisément chargée de mener la guerre à Boko Haram. Les soldats nigérians refusent souvent le contact. Ils ne prennent pas d'initiatives et ont tendance à fuir lorsqu'ils sont attaqués... Pour Washington, la situation empire de jour en jour et menace le futur du pays. Lors d'un déplacement au Nigeria au début du mois, la vice-secrétaire d'Etat américaine chargée de l'Afrique, Linda Thomas Greenfield, a dit que la situation était très inquiétante, que la réputation du pays était en jeu… C'était sans doute une manière d'appeler les autorités nigérianes à un sursaut.
    Il y a quelques jours, les autorités nigérianes ont demandé l’aide de la communauté internationale pour lutter contre Boko Haram. Quelle forme cette aide pourrait-elle prendre ?
    Cette aide a été demandée il y a plusieurs mois... En avril, les partenaires ont répondu présents, des équipes ont été dépêchées. On a eu peu de détails, mais le volume de l'aide apportée dépend en partie du partenaire qui reçoit et de son comportement. Or Amnesty International, par exemple, n'a eu de cesse ces dernières années et en particulier ces derniers mois, de dénoncer le comportement des soldats nigérians qui, selon Amnesty et d'autres, se rendent régulièrement coupables de violations des droits de l'homme, d'actes de torture et de crimes de guerre. Ce sont des allégations que Washington et Londres prennent très au sérieux, et tant qu'Abuja n'ouvrira pas d'enquêtes pour punir les responsables, la coopération des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne sera limitée. Aux Etats-Unis, un amendement, l'amendement « Leahy », interdit les formations aux unités qui se sont rendues coupables d'abus. C'est quelque chose qui tombe sous le coup de la loi, et cette règle, si elle est transgressée, peut mettre en difficulté l’administration américaine sur le plan intérieur, face à son opposition. La solution qui a donc été retenue, selon nos informations, c'est la formation de jeunes militaires nigérians tout juste diplômés, qui n'ont aucune expérience de terrain - une garantie qu'ils n'ont pas commis d'abus. Cela limite l'assistance au niveau des formations, mais aussi du partage du renseignement. Les partenaires du Nigeria ne veulent pas se rendre complices d'abus en partageant des renseignements qui risqueraient de permettre aux soldats nigérians de commettre des abus. Et puis, dernière chose et j'aurais du commencer par là, le Nigeria n'a peut-être pas très envie que des étrangers mettent le nez dans ses affaires. John Campbell, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria, m'a résumé la situation ainsi : en somme, les Nigérians ont dit aux Américains « Donnez-nous des dollars et du matériel et partez ». Enfin, la corruption limite aussi la coopération.
    De son côté, le Cameroun a annoncé que son armée avait tué « plus d'une centaine » de combattants de la secte islamiste nigériane Boko Haram lors d'une tentative d'incursion des insurgés en territoire camerounais. Est-il vrai que des Touaregs se trouvaient parmi les victimes de l’armée camerounaise ? Comment expliquer leur présence dans les rangs de Boko Haram ? 
    Oui, les autorités camerounaises ont déclaré avoir tué une centaine de combattants de Boko Haram, il y a quinze jours, lors d'une opération qui visait à repousser une incursion. Et il y avait parmi eux deux combattants touareg qui ont donc été tués... C'est très intéressant, parce qu'on a entendu beaucoup de choses sur les liens entre Boko Haram et d'autres organisations jihadistes, mais peu de preuves ont été versées. Des sources de l'antiterrorisme en France et ailleurs ont dit que des combattants de Boko Haram avaient renforcé les rangs des jihadistes qui ont occupé le septentrion malien en 2012. Boko Haram aurait reçu des formations, d'abord dans la région de Gao, puis dans le sud de la Libye, mais on a peu d'éléments là-dessus... Ces mêmes sources avaient aussi parlé d'une rupture entre Boko Haram et Aqmi, rupture à l'initiative de l'émir d'Aqmi pour qui Boko Haram tuait trop de musulmans civils, et donc risquait de contribuer à l'impopularité du jihad. On a en revanche parlé du maintien des liens entre Moktar Belmoktar et Boko Haram. Et il ne faut pas oublier que de nombreux membres de Boko Haram, après la première contre-offensive sanglante de l'armée nigériane contre Boko Haram en juillet 2009, ont fui vers le Niger où ils sont restés quelques mois et où ils ont sans doute tissé quelques liens.
    Hudson Institute, Washington : une des 300 Chibok's girls, ces lycéennes enlevées le 14 avril par Boko Haram, témoigne. 19 septembre 2014.AFP/Paul J. Richards

    NDLR:  L'armée nigériane a annoncé officiellement le 24 septembre la mort d'Abubacar Shekau. Ce n'est pas la première fois que la mort du chef emblématique de Boko Haram fait l'objet de spéculations. Une fois de plus, au Nigeria comme chez les pays voisins, ou aux Etats-Unis, cette annonce suscite de nombreux doutes.

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    RFI

    L’illusion malienne ou comment reconstruire le rêve effondré ?

    mediaIbrahim Boubacar Keita, le président malien, lors des cérémonies du 54e anniversaire de l’indépendance du Mali. 22 septembre 2014.Reuters/Joe Penney
    La reconstruction de l’Etat malien ne se fera pas sans l’analyse des causes profondes du mal, estime notre confrère Thierry Perret dans un essai intituléMali, une crise au Sahel paru aux éditions Karthala.
    Par de courtes séquences mêlant humour et coups de gueule, choses vues sur le terrain, réflexions et analyses, l’auteur se penche sur « un pays africain réel » aux prises avec « une crise politique majeure de notre temps »
    « Le Mali hier démocratique s’est effondré. Avec lui c’est l’Afrique qui de nouveau a vacillé. Et c’est l’étrange climat de tourmente né avec le siècle qui s’étend toujours davantage », constate Thierry Perret, ancien correspondant de RFI en Afrique de l’Ouest, dans son dernier essaiMali, une crise au Sahel. Depuis le putsch du 26 mars 2012, poursuit-il, rien n’est plus comme avant dans la bande sahélienne « au cœur de l’actualité du terrorisme » et de « la menace intégriste portée par les mouvements politico mafieux ».
    « Il a suffi du contrecoup de la guerre « juste » menée par les Occidentaux en Libye » puis de « la rapide déroute militaire malienne » en janvier 2012 pour que deux mois plus tard l’armée décide de « laver son honneur derrière le capitaine Sanogo » et « précipite la chute du Mali ». Un pays qui, rappelle-t-il, se préparait à aller voter le 29 avril lors d’un scrutin auquel le président sortant, Amadou Toumani Touré, ne comptait pas participer.
    A quelques mètres du siège de l'ORTM, des forces du capitaine Sanogo contrôlent la circulation à Bamako. 1er mai 2012.Habibou Kouyaté/ AFP
    Parallèlement, le « Nord-Mali – un territoire grand comme la France – est conquis en quelques jours par la convergence de la rébellion touareg et des groupes d’Aqmi ». Et pendant « que s’installent pour durer les « fous de Dieu » du Sahel », le Sud « encore libre (…) se déchire les derniers bouts de gras de la république de Bamako » où « une classe politique devenue toupie s’adosse à des militaires d’opérette », déplore notre confrère.
    C’est dans ce « Cocktail Malitov », après onze mois d’occupation par les jihadistes, que le nord du Mali sera « libéré » en janvier 2013 par les militaires français, permettant, huit mois plus tard, en juillet, l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita. Mais si l’engagement français [dont ce livre n’est pas l’objet] a mis fin à la descente des groupes terroristes sur Bamako, il a eu des conséquences à géométrie variable dans un pays toujours sourcilleux en matière de souveraineté. D’autant que « la solution militaire n’a pas mis fin à la crise ».
    Le président de l'Assemblée nationale Dioncounda Traoré, futur président de transition. le 9 avril, avec le capitaine Sanogo.AFP/Habibou Kouyaté
    Pourquoi un putsch, pourquoi à ce moment-là « dans ce pays réputé pacifique et stable (…) qui présentait au contraire de tant d’autres les apparences d’un Etat engagé dans une transition démocratique encourageante », interroge l’auteur qui, pour redonner « chair et historicité au Mali », met en perspective l’actualité qui s’est emballée et l’histoire - à commencer par celle de la transition démocratique entamée en 1991.Pointant au passage la responsabilité dans les deux dernières décennies des stratèges du développement, disciples de la « gouvernance », il centre sa réflexion sur ce qu’il appelle « l’illusion malienne » née de cette révolution démocratique. Il n’y aura « pas de solution à la crise malienne, écho et réceptacle d’un conflit d’envergure international, sans recomposition d’un Etat et d’une communauté politique », dont ce livre s’attache à démontrer à quel point ils étaient précaires.
    « Jeune journaliste, je m’étais enthousiasmé pour cette révolution malienne qui mettait fin à deux décennies d’un régime répressif. Une révolution qui pour une fois ne fut pas trahie par les hommes en treillis », confie Thierry Perret, témoin de l’ouverture au multipartisme et de la libéralisation de la presse dont il a rendu compte dans de précédents ouvrages. ATT était devenu « presque un mythe en Afrique », rappelle-t-il. Vingt ans plus tôt presque jour pour jour, ce chef des commandos paras de la Garde présidentielle avait déposé le dictateur Moussa Traoré avant de remettre le pouvoir aux civils, porté par la révolte de la jeunesse. En 2002, il avait troqué « l’uniforme pour d’amples boubous » et succédé lors d’une alternance jugée démocratique au président Alpha Oumar Konaré - celui-là même à qui il avait remis les clés du Palais de Koulouba à la fin de la transition au terme des premières élections pluralistes du Mali.
    Amadou Toumani Touré (D) avec les représentants du groupe armé touareg de retour de Libye. Bamako, 3 décembre 2011.AFP/Habib Kouyaté
    Présent à Bamako fin 2011, Thierry Perret décrit un ATT « épuisé », qui égrène le bilan de son second mandat tel un « chef de chantier » pour ses vœux de Nouvel an. « Bamako change, note l’auteur. On a beaucoup construit ces dernières années » : bâtiments, routes, ponts, unités industrielles… Mais ses détracteurs retiennent plutôt que leur président n’a fait aucune mention de « l’agitation des populations arabes et surtout touareg du nord du Mali,cette vieille plaie » que l’on croyait refermée au début des années 2000. En son temps, son prédécesseur Alpha Oumar Konaré avait lui aussi eu à faire des compromis en signant le Pacte national d’avril 1992, parvenant à réduire progressivement la rébellion touareg, rappelle l'auteur qui fait une synthèse pointue de ce conflit dont l'origine tient autant aux mutations du commerce trans-saharien qu'aux visées coloniales de l'époque.
    Mais en ce début 2012, on reproche à ATT d’avoir beaucoup trop temporisé. Notamment les mois précédents, en accueillant devant les caméras ses « frères » maliens rentrés au pays : quelques centaines de combattants touaregs intégrés dans l’armée libyenne qui ont rejoint le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) - les mêmes qui sont passés à l’acte le 17 janvier à Aguelhok sous la houlette de l’ancien colonel Mohammed Ag Najim, rappelle l’auteur. Il a fait de même avec les autres factions qui se sont créées, notamment Ansar Eddine - de l’ancien chef rebelle Iyad Ag Ghali, fraîchement rallié aux jihadistes -, un groupe proche d’Aqmi qui a opéré de nouveaux enlèvements d’Occidentaux à Hombori et Tombouctou…
    Ansar Dine et son leader Iyad Ag Ghali. 11 mars 2011.Reuters/Ansar Dine
    « Sanogo n’est qu’un symptôme »
    Laxisme, collusion, corruption, la classe politique malienne n’a pas de mots assez durs pour qualifier le régime déchu au lendemain du putsch. Une classe politique décrite elle aussi dans sa déliquescence lors de l’éclatement de la crise, plus attirée par les prébendes que par le bien commun. Mais la crise est générale. Beaucoup de Maliens ont été désemparés par la faible riposte de leur armée en janvier, surtout quand ils ont compris, après la diffusion sur internet des images du massacre d’Aguelhok, que le gouvernement n’avait pas donné à ses propres soldats les moyens de se défendre…
    De retour à à Bamako en août 2012, Thierry Perret constate que la bière continue de couler dans les bars. Mais la préoccupation numéro un reste le chômage, et la crise qui a mis « l’économie en lambeaux ». Un « tableau très dangereux » dans un pays déjà classé parmi les plus pauvres du monde et où « la masse des nouveaux déclassés » est prête « à toutes les aventures, y compris celle de l’islam radical ». Sans oublier celle de la migration dont on sait combien elle est apparue suicidaire. Outre les dérives - dont l’agression en juillet du président de transition, Dioncounda Traoré, qui « a valu à cet homme soutenu par la communauté internationale mais peu aimé au Mali une sympathie nouvelle », il note le ralliement des responsables politiques et de certains intellectuels aux putschistes à travers le Front du refus (FDR) : comme Oumar Mariko, ce leader du mouvement estudiantin des années 1990 aujourd’hui à la tête du parti Sadi, ou l’altermondialiste Aminata Dramane Traoré, pour qui « Sanogo n’est qu’un symptôme ».
    Les pro-putsch, « déçus sincères de la démocratie », alliés aux « jeunes sans avenirs » ou aux « politiciens affamés que le pouvoir n’a pas encore nourris » se retrouvent sur le même terrain que « les nostalgiques de l’ancien régime, autrement dit de la dictature, si les mots ont un poids », fustige-il. Et il s’étonne que Cheikh Modibo Diarra, nommé Premier ministre de la transition avec l’aval des militaires, et candidat à la présidence en son temps, soit présenté régulièrement d’astronome « de renommée internationale » par « le tourniquet des médias ».
    Pour ce haut-fonctionnaire interrogé, « Cheikh Modibo Diarra, c’est l’Etat UDPM », l’Union démocratique du peuple malien, le parti unique du général Moussa Traoré dont ce dernier est parent. Et de s’interroger sur la « vision nouvelle de la démocratie malienne, pourtant arrachée de haute lutte en mars 1991, désormais taxée de démocratie « en trompe-l’œil », minée par la corruption et les arrangements au sein de l’élite politique ». Les Maliens auraient-ils oublié les acquis de la démocratisation, « quelque imparfaite ou partielle elle fut » ?
    Oumar Mariko, ex-leader des supporters de la junte en 2012 à Bamako (D).AFP/Issouf Sanogo
    Dans une partie intitulée « Rétro-révolution », l’auteur analyse « l’exception malienne », dressant le bilan de la gestion de l’Etat. Celui d’Alpha Oumar Konaré « été très controversé au Mali », rappelle-t-il. Sa priorité, la réforme de l’éducation, ne s'est pas révélée positive. Un héritage qui s’est aggravé sous les deux mandats d’ATT, qui plus largement a laissé le champ libre aux associations caritatives et autres confréries pour prendre en charge les fonctions régaliennes que sont la santé, la sécurité et l’éducation. C’est ainsi que des écoles coraniques ont fleuri un peu partout pour pallier ses carences.
    La « vision » d’AOK, d’inspiration panafricaniste, était de bâtir les fondements de « l’intégration, au moins au plan régional ». Pour cela, il a mis en place « une décentralisation administrative (qui devait passer, ndlr) par le dialogue et une approche concertée avec les populations ». Mais le résultat de cette politique, c’est un Etat « sous-administré et miné par la petite et la grande corruption », de surcroît impuissant à « englober la question du Nord et du statut particulier » des régions concernées par la « décentralisation poussée », constate l’auteur. Et de citer le directeur du quotidien L’Essor, Souleymane Drabo, affirmant que de surcroît « l’opinion malienne n’a (…) jamais accepté de voir tant de fonds se déverser sur les trois régions du Nord, alors que le sous-équipement est partout »…
    Le Mali n’a pas fini de faire son bilan des années d’ouverture. Le grand artisan de la mise en œuvre de la décentralisation, Oumar Sy, la juge aujourd’hui « inachevée (…) faute de ressources ». Reste qu’au final, « le minimum d’accès aux services sociaux élémentaires n’est toujours pas assuré un demi-siècle après l’indépendance », conclut Perret. Panafricanisme, intégration et décentralisation : un grand écart que l’Etat n’a su ni jouer ni digérer...
    Remontant le temps, il analyse les fondements de l’administration du Mali depuis l’indépendance. Et de rappeler que « la notion d’Etat fort est à la naissance même de la République du Mali ». Avec Modibo Keita, le premier président du pays, le « rêve désamorcé de la Fédération du Mali » s’est transformé en nationalisme frileux et en bureaucratie matinée de socialisme étatique, dont a hérité le régime autoritariste du général Moussa Traoré.
    Aujourd'hui, remarque l'auteur, un autre conséquence de la déroute de l’Etat, qui s’est accentuée sous ATT avec la privatisation à l'extrême des affaires publiques, c'est la progression d'un sentiment communautaire « peu imaginable » quelques années plus tôt.« Les artisans de l’indépendance malienne ont valorisé parfois à l’excès les grands empires de l’histoire du Mali ». Mais le modèle ne fonctionne plus car « l’heure est à une schématisation ethnique très orientée (...), le communautarisme mandingue ».
    Autant de questions qui sont toujours d’actualité pour l’actuel président Ibrahim Boubacar Keita, confronté lui aussi à l'épineuse question de la décentralisation, qui se trouve au cœur des pourparlers d’Alger en cours... Au final, Mali. Une crise au Sahel est un livre de référence... qui se lit comme un polar.
    Mali. Une crise au Sahel, par Thierry Perret. Paris, éditions Karthala, avril 2014. Collection Terrains du siècle. 234 pages. 18 euros.