vendredi 1 juin 2012


  • Berbère TV a rencontré des membres du MNLA (Mossa Ag Attaher, Moussa Ag Assarid, et Zakiyatou Walet Halatine) après la Conférence de Strasbourg au Parlement Européen le 22 Mai 2012. A l'occasion, elle a aussi rencontrée des représentants du Mali dont le tristement célèbre Assarid Ag Immbarkawene et le député du Tombouctou Baba Haïdara. Enfin, Fathi Khalifa et Belkacem Lounes s'exprime en Tamazigh.
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    A l'initiative du député européen, François Alfonsi, membre de l'Alliance Libre Européenne (ALE), une conférence intitulée "Quel avenir pour l'Azawad ? Dialo

Les Touaregs et l’«Atlantide des sables»:Temps longs et perspectives géopolitiques

Jean-Sylvestre Mongrenier,professeur agrégé d’histoire-géographie,chercheur à l’Institut Français de Géopolitique,chercheur associé à l’Institut Thomas More.
L’offensive de printemps du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de ses alliés, les islamistes d’Ansar Dine, a permis la conquête du Nord-Mali en quelques jours. Le 6 avril 2012, l’indépendance de l’Azawad était proclamée. Si les revendications des Touaregs s’inscrivent dans la longue durée, elles ne sauraient occulter les inquiétants problèmes géopolitiques de la région. Du point de vue des puissances occidentales, la priorité stratégique est la lutte contre le terrorisme et l’endiguement des logiques de chaos. De fait, le scénario d’une « afghanisation » du Sahara et d’une convergence des lignes dramaturgiques ne doit pas être négligé. Sur un plan plus général, la dislocation du Mali signifie la fin de l’ordre post-colonial en Afrique, alors même que les révoltes et séditions du Grand Moyen-Orient vont déjà en ce sens.
 « Ce qui sauve, c’est de faire un pas. Encore un pas. C’est toujours le même pas que l’on recommence. »Antoine de Saint Saint-Exupéry, Terre des Hommes
Au printemps 2012, l’offensive du Mouvement national de libération de l’Azawad (le MNLA) et de ses alliés, les islamistes d’Ansar Dine, aura permis la conquête du Nord-Mali en quelques jours. Le 6 avril, le MNLA pouvait proclamer la constitution de « l’État indépendant de l’Azawad ». Cette nouvelle donne dans l’espace sahélo-saharien n’est certainement pas réductible aux effets pervers entraînés par la chute de Kadhafi et le retour au Mali de mercenaires touaregs, après le pillage des arsenaux libyens. La visée doit être plus large. De fait, la revendication d’indépendance des Touaregs, un peuple aux racines historiques anciennes, s’inscrit dans la longue durée. Pour autant, la légitimité que l’Histoire confère au mouvement touareg ne saurait occulter les inquiétantes problématiques géopolitiques qui bousculent les grilles de lecture d’antan : le romantisme des « sables chauds » n’est point de mise.
Des racines longues-vivantes
La question touarègue renvoie à celle des Berbères et au peuplement originel de l’Afrique du Nord dont le peuple touareg constitue une extension nomadisante dans l’espace sahélo-saharien. Du reste, les Berbères ont eux-mêmes de lointaines origines nomades. Ils sont en partie les descendants des Gétules de la proto-histoire – l’existence de ce peuple est évoquée par des textes égyptiens du XIVe siècle avant Jésus-Christ -, l’origine de ce groupement ethnique remontant au IIIe Millénaire. Issus des oasis sahariennes, les Gétules sont des cavaliers et pasteurs se déplaçant vers le nord au fur et à mesure de la désertification. Ils fournissent ensuite des mercenaires aux Carthaginois, et ce dès la première « guerre punique » (264-241 av. J.-C.), puis des auxiliaires à Rome lors de la « guerre de Jugurtha » (111-105 av. J.-C.), avant d’être sédentarisés. Les peuples berbères apparaissent aussi sous d’autres noms dans l’Antiquité – Hérodote mentionne dans son « Enquête» les Garamantes -, et ce sont les Romains qui les qualifient de « Barbares », un terme à l’origine de leur appellation générique. Les Berbères revendiquent aujourd’hui leur dénomination propre, celle d’Imazighen, le terme signifiant « Hommes libres ». Les Touaregs sont donc les descendants de peuples libyco-berbères se repliant depuis le nord de l’Afrique par vagues successives. La dernier mouvement d’ensemble est intervenu il y a un millier d’années, lors des ultimes phases de l’arabisation-islamisation du Maghreb. Ils forment de lâches confédérations de clans et sous-clans dans le Sahara et ses prolongements sahéliens, soit un immense espace entre les « Arabes » (très souvent des Berbères arabisés, en fait) au nord et les populations du Soudan (le « pays des Noirs ») au sud, les Maures à l’ouest et les Toubous à l’est. Ce peuple possède une langue, le tamasheq, ainsi qu’une écriture, le tifinagh. Les Touaregs sont à l’origine de Tombouctou, au nord-ouest de la grande boucle du fleuve Niger, une ville fondée au XIe siècle. Ce comptoir marchand et esclavagiste est alors le point de départ des caravanes qui relient l’Afrique noire au Maghreb et constitue donc une étape essentielle des routes médiévales de l’or. Si la ville de Tombouctou est un temps incorporée dans l’empire Songhaï (une entité politique centrée sur Gao et des populations de langue nilo-saharienne), puis dans la sphère de domination de « pachas » marocains, elle repasse ensuite sous le contrôle des Touaregs jusqu’à ce que les Français, en 1893, ne s’en emparent.
Une question géopolitique en suspens
C’est depuis l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest que les troupes françaises progressent au Sahara, non sans rivalités de corps et d’ambitions entre la cavalerie d’une part, l’infanterie de marine d’autre part. Un certain temps, les Touaregs bloquent l’accès au Sahara central et la Mission Flatters, en 1881, est anéantie par les Touaregs de l’Ahaggar, dans la région de Tamanrasset. Entre 1898 et 1900, la Mission Foureau-Lamy parvient à réaliser la jonction entre le Tchad et l’Algérie mais c’est vers 1905 que les Touaregs reconnaissent, plus ou moins, la souveraineté française sur le Sahara. Encore les soulèvements sont-ils réguliers, et ce jusqu’au coeur de la Première Guerre mondiale (on se souvient de l’assassinat par un Touareg de Charles de Foucauld, en 1916, et du soulèvement de certaines tribus qui a suivi). Du moins l’imperium français sur ce vaste « territoire itinéraire » ne porte-t-il pas atteinte à leur mode de vie ancestral. La perspective de la décolonisation est autrement plus inquiétante. Aussi les chefs coutumiers touaregs de la boucle du Niger adressent-ils une « supplique » au Président français, le 30 septembre 1958, pour que leur spécificité ethno-culturelle soit prise en compte dans la géographie politique post-coloniale.Vainement.
De fait, la décolonisation est menée dans le cadre des frontières administratives héritées de l’Empire. Le processus transforme le Sahara et ses marges, espaces réticulés et fluides, en une aire morcelée entre les divers États post-coloniaux de la zone. Le peuplement touareg – entre deux et trois millions de personnes aujourd’hui –, est écartelé entre l’Algérie et la Libye au nord, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso au sud. Les axes de transhumance sont coupés etles oppositions de type nomade-sédentaire sont aggravées par des tensions ethno-raciales au Sahel. Bien que les Touaregs se soient pour partie mêlés à leur environnement subsaharien, le clivage Noirs/Blancs et le fait esclavagiste sont très prégnants dans les représentations géopolitiques locales. Dès 1962, le nord-est du Mali est en proie à un soulèvement qui s’étend au Niger. La répression est aggravée par la sécheresse des années 1970-1980 et le Sahara algérien voit grossir les camps de réfugiés, non sans inquiétudes à Alger. En 1991, le renversement de Moussa Traoré par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et le passage à un régime civil laissent espérer l’autonomie du Nord-Mali. En dépit des accords de Tamanrasset, en 1991, le conflit s’amplifie. Un accord de paix est signé à Tombouctou, le 27 mars 1996, mais l’autonomie prévue reste lettre morte quant à l’essentiel. Le népotisme, la corruption et l’impuissance de Bamako ne permettent pas un tel saut. Élu président du Mali en 2002, réélu en 2007, Amadou Toumani Touré se désintéresse de la question et il ne s’engage guère plus dans la lutte contre l’islamisme.
 L’hypothèque islamiste
En 2006, malgré les accords d’Alger, l’insurrection reprend dans le nord du Mali et du Niger. Elle n’a cessé depuis sans que pourtant le bouleversement géopolitique de la zone ne soit réellement envisagé, dans toutes ses dimensions. Relancée en janvier 2011, la « guerre des sables » conduit le capitaine Amadou Sango et un groupe d’officiers subalternes, le 22 mars 2012, à se saisir du pouvoir à Bamako. Ce rebondissement accélère les événements au Nord-Mali. Le MNLA et Ansar Dine (les « Partisans de l’Islam ») se saisissent des cercles de Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Azawad (le « Pays des pâturages »), un territoire de plus de 600 000 km². La perspective d’un État touareg, institué et reconnu, menace aussi bien l’Algérie, la Mauritanie et la Libye que les États des régions soudanaises. Appréhendée dans la longue durée, l’aire de peuplement touareg inclut différentes parties des territoires étatiques en question. Quand bien même la question de l’indépendance ne serait pas aussi pressante en Algérie ou dans le nord du Niger, ne négligeons pas les enchaînements de causes et de conséquences qui, bien souvent, mènent au-delà des anticipations initiales.
Plus largement, la percée de forces islamo-touarègues et les connexions d’Ansar Dine avec Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) inquiètent les puissances occidentales qui redoutent l’extension du front djihadiste régional. Aiguillés par l’Ivoirien Alassane Ouattara, les gouvernements de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont fait pression sur les militaires maliens pour qu’ils acceptent une « feuille de route », le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, assurant l’intérim d’ici la prochaine élection présidentielle. Reste que l’appareil d’État malien est miné par la corruption et son armée ne semble pas en mesure de se battre pour récupérer les territoires du nord. Quant à l’intervention militaire de la CDEAO, elle demeure hypothétique. Selon certaines analyses, une éventuelle rupture entre le MNLA et Ansar Dine ouvrirait la voie à une alliance avec l’indépendantisme touareg contre les diverses formes d’islamisme dans la zone sahélo-saharienne. A rebours de ce scénario, les deux mouvements rivaux ont annoncé, le 26 mai 2012, leur autodissolution et la création d’un « Conseil transitoire de l’État islamique de l’Azawad ». Les informations sont contradictoires mais AQMI pourrait être partie prenante de ce rapprochement.
La « somalisation » du Sahara
Du point de vue des puissances occidentales, la priorité stratégique régionale est la lutte contre le terrorisme et l’endiguement des logiques de chaos. Dans l’establishment militaire français, d’aucuns expliquaient ces derniers mois, mezzo voce, qu’il fallait se retirer d’Afghanistan au plus vite pour pouvoir redéployer ses efforts sur le flanc sud de l’Europe. Au vrai, on ne sait si cette évaluation géopolitique a commandé la décision du nouveau président, les raisons mises en avant relevant plus du nihilisme pratique et du « chacun pour soi », tempérés par les réalités géopolitiques et logistiques du territoire afghan, que d’une grande politique d’auto-affirmation et de répartition des théâtres d’engagement entre les principales puissances occidentales. Il est pourtant évident que le scénario d’une « somalisation », voire d’une « afghanisation » du Sahara, et celui d’une convergence des lignes dramaturgiques – depuis la Mauritanie et les côtes atlantiques jusqu’à la mer Rouge et à la Corne de l’Afrique – ne doivent pas être négligés. Sur un plan plus général, la dislocation du Mali pourrait anticiper la fin de l’ordre post-colonial et la remise en cause des découpages frontaliers en Afrique, alors même que les révoltes et séditions du monde arabe jouent déjà en ce sens dans le Grand Moyen-Orient. Une certitude donc : ces diverses régions ne peuvent plus être abordées à travers la thématique d’un « pré-carré » que nul ne reconnaît à la France. Autre certitude : l’invocation du multilatéralisme onusien, en guise de politique étrangère, ne suffira pas à la tâche.
L’implosion du Mali
Le coup de force militaire à Bamako et la perte totale de contrôle du Nord-Mali, proclamé indépendant par le Mouvement national de libération de l’Azawad (le MNLA), ne sont pas des épiphénomènes de l’histoire africaine post-coloniale. Le Mali implose et si la CEDEAO (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest) est à la manoeuvre afin de contenir l’onde de choc, il sera difficile de redresser la situation. Ce sont des forces profondes qui travaillent ces espaces comme l’ensemble de la région. Parfois présenté par des éditorialistes hâtifs comme un petit État enclavé, le Mali, dans ses frontières reconnues, correspond à un vaste ensemble géopolitique. Son territoire, disloqué de fait, s’étend sur 1 240 000 km² pour environ 15 000 000 d’habitants d’ethnies très diverses. Le Mali est en situation d’interface entre le Sahara et les régions soudano-guinéennes et ce territoire était autrefois le débouché des grandes routes transsahariennes par lesquelles transitait l’or du Soudan en contrepartie des produits du Bassin méditerranéen, marchands arabes et berbères contrôlant ce commerce. Ainsi l’actuel Mali se veut-il l’héritier de puissantes formations politiques du passé (« empires » du Ghana et du Songhaï). Dès le XIe siècle, ces espaces comme l’ensemble du « blad as-sudan » (le « pays des Noirs ») sont pénétrés par la religion islamique. Les régions soudanaises sont conquises par les Français à la fin du XIXe siècle et regroupées dans la colonie du Haut-Sénégal-Niger (1904), l’une des composantes de l’AOF (Afrique Occidentale Française). Le territoire de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) est ensuite ôté de cette colonie qui devient le Soudan français (1920). Lors de la décolonisation, en 1960, le Soudan français et le Sénégal sont un bref temps associés au sein d’une « Fédération du Mali » qui se révèle illusoire.
L’ancien Soudan français devient alors la République du Mali. Ce nouvel État est traversé par un important clivage géographique nord/sud, tant sur plan physique qu’humain. Quand le Sud soudano-guinéen, peuplé de Noirs sédentaires, abrite la très grande majorité de la population, des pasteurs berbères, Touaregs et Maures, parcourent les immensités du Nord saharien. La question touarègue et les impasses du socialisme qui prévaut à l’indépendance, sur fond de sous-développement, sont les ressorts de l’histoire et de la géopolitique du Mali actuel. Alors qu’à Bamako sévit le régime dictatorial de Moussa Traoré, de 1968 à 1991, le Nord-Mali connaît plusieurs insurrections touarègues. En 1991, le renversement de Moussa Traoré par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré et le passage à un régime civil laissent espérer l’autonomie du Nord-Mali. Le népotisme, la corruption et l’impuissance de Bamako ne le permettent pas. Élu président en 2002 et réélu en 2007, Amadou Toumani Touré se désintéresse de la question touarègue. Relancée en 2011, la « guerre des sables » au nord conduit un groupe de militaires maliens – le capitaine Amadou Sango et des officiers subalternes -, le 22 mars 2012, à mener un coup d’Etat. Ce rebondissement accélère les événements au Nord-Mali. Le MNLA et Ansar Dine (les « Partisans de l’Islam ») se saisissent des cercles de Kidal, Gao et Tombouctou. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad (le « Pays des pâturages »), un territoire de plus de 600 000 km².
Aiguillés par Alassane Ouattara, le président ivoirien, les gouvernements de la CEDEAO font pression sur les militaires pour qu’ils acceptent une « feuille de route », le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, assurant l’intérim d’ici la prochaine élection présidentielle. Reste que l’appareil d’État malien est miné par la corruption et son armée n’est guère en mesure de se battre pour récupérer les territoires du nord. Quant à l’intervention militaire de la CDEAO, elle est des plus incertaines d’autant plus que cette organisation est aussi aux prises avec les effets du coup d’État intervenu entretemps en Guinée-Bissau.
Le Sud algérien et l’« Etat touareg »
 L’indépendance effective de l’Azawad aurait d’importantes retombées pour l’Algérie dont la souveraineté s’étend sur toute la partie nord du Sahara. Aussi la réaction d’Alger consiste-t-elle en un mélange de circonspection, de prétention au rôle d’ « honnête courtier » et de durcissement des frontières.
Il doit être rappelé que le Sahara algérien est une création française, le pouvoir de la régence d’Alger, à l’époque ottomane, ne s’étendant guère en profondeur et moins encore à ces latitudes. C’est pourquoi le sort du Sahara aura été l’un des « points durs » de la négociation entre De Gaulle et le FLN, les gisements d’hydrocarbures et le polygone nucléaire de Reggane rehaussant de surcroît la valeur stratégique et géopolitique de ces immensités. En 1961, Paris finit pourtant par admettre l’inclusion du Sahara dans le futur État algérien indépendant. De ce fait, Alger est partie prenante des conflits géopolitiques sahélo-sahariens. Ces espaces ont d’abord été le champ d’expansion des ambitions algériennes, d’où le conflit avec le Maroc sur le Sahara occidental ainsi que l’opposition au projet d’« États-Unis du Sahara » promu par la Libye de Kadhafi. Au fil du temps, le Sahara est devenu une zone de risques et de menaces pour la sécurité algérienne. Chassés des régions littorales nord-africaines, les islamistes algériens y ont trouvé refuge pour fonder Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Afin de lutter contre l’insécurité, le Centre d’état-major commun opérationnel conjoint (CEMOC) est mis en place à Tamanrasset. Il associe l’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger.
Avec la formation d’un État touareg, la problématique d’ensemble prend une autre dimension. Sur le plan historique et ethnographique, l’espace touareg dépasse en effet le Nord-Mali pour englober -  outre le Fezzan (Libye), le Niger du Nord et une partie du Burkina-Faso -, le sud du Sahara algérien. Ainsi Tamanrasset et le massif du Hoggar relèvent-ils de l’Azawad. Depuis les années 1970, le poids démographique des Touaregs y est renforcé par l’arrivée de populations ayant fui les sécheresses du Sahel malien (l’Algérie compterait une population de quelque 20 000 Touaregs). Significativement, Iyad ag Ghali, chef du groupe islamo-touareg Ansar Dine, a grandi à Tamanrasset. Si le MNLA limite ses revendications au Nord-Mali, la dynamique touarègue pourrait donc déborder sur le Hoggar. D’ores et déjà, l’enlèvement par un groupe islamiste de diplomates algériens en poste à Gao met en évidence le fait qu’Alger ne saurait s’abstraire de la situation générale.
D’une part, la diplomatie algérienne, tout en rappelant l’intangibilité des frontières du Mali, se pose en intercesseur entre Bamako et le MNLA. D’autre part, les effectifs policiers et militaires à Tamanrasset montent en puissance et les frontières-sud de l’Algérie sont verrouillées. Pourtant, les idées et les flux qui parcourent les immensités sahariennes se jouent des frontières. Alger ne pourra donc se détourner de son hinterland africain où les menaces sont grandissantes. Il semble d’ailleurs qu’une diplomatie secrète et tortueuse soit à l’oeuvre dans les développements de la situation au Nord-Mali.
*Jean-Sylvestre Mongrenier est docteur en géopolitique, professeur agrégé d’histoire-géographie,chercheur à l’Institut Français de Géopolitique,chercheur associé à l’Institut Thomas More.

S.E. Hama Ag Mahmoud rejette l'Accord entre le MNLA et Ansar Adine

Hama-Ag-Mahmoud-strasbourg
Grace à son statut d'un des fondateurs du Mouvement National pour la Libération de l'Azawad, et surtout en tant que l'homme plus expérimenté dans la gestion gouvernementale dans l'Azawad, Son Excellence Hama Ag Mahmoud rejette sur les ondes de RFI l'accord signé entre le MNLA et le mouvement obscurantiste Ansar Adine.





"A l'origine, cet accord avait été destiné à ramener à la raison un peu Iyad [Ag Ghaly et Ansar Adine]. Il n'était absolument pas question de nous faire perdre notre âme en nous liant avec lui. C'était une stratégie momentanée. Mais à notre grand étonnement, Iyad [Ag Ghaly] a poussé les enchères.
"Aujourd'hui, nous sommes au regret de dire que nous rejetons totalement cet accord.
"Ansar Adine veut appliquer la Sharia et nous nous sommes un mouvement laïc. Il n'a jamais été question de mouvement intégriste.
"Cette rupture peut en effet coûter cher au MNLA. Tout le monde parle de lutte contre l'Al Qaeda au Maghreb Islamique, contre les islamistes. Mais nous mettons au défi tous ces pays-là d'aller de la parole aux actes. Nous sommes les seuls à pouvoir combattre les islamistes dans cette région. Nous savons le faire mais personne ne répond à notre appel. Demain si nous sommes éliminés, je n'aimerais pas voir cela après [à la place de la communauté internationale]."

S.E. Hama Ag Mahmoud

RFI, le 1er Juin 2012


Magdi Ag Bohada: Appel au peuple de l'Azawad

Magdi-Ag-Bohada

Consterné par le scandaleux accord que certains membres du MNLA se sont permis de passer avec l'organisation salafiste "Ansar Dine", je lance un appel solennel aux membres lucides du MNLA, à la jeunesse, aux femmes et aux sages de l'Azawad afin de déjouer le piège tendu par Ansar Dine au valeureux peuple de l'Azawad dans l'objectif de lui voler à jamais sa liberté.
En tant que combattant, puis en tant que leader politique et militaire de l'Azawad, cela fait des décennies que je me bats pour l'Azawad et rien que pour l'Azawad. C'est une mission à laquelle jamais je ne renoncerai, encore moins aujourd'hui que des hordes d'intégristes projettent de l'asservir après tant d'années de lutte et de sacrifices.
Je demande au MNLA de se ressaisir le plus rapidement et j'exige l'annulation pure et simple de cette alliance contre-nature, contraire aux valeurs et aux aspirations légitime du peuple de l'Azawad.
En attendant, je suspends toute activité politique au sein du MNLA et appelle l'ensemble des militants, des combattants, des cadres, des femmes et de la jeunesse de l'Azawad à se joindre à mon appel pour continuer le combat pour la liberté de l'Azawad dans le cadre de ses valeurs ancestrales, à l'opposé des idéologies obscurantistes prônées par Ansar Dine et ses alliés.
Peu importe la difficulté du combat, il ne s'arrêtera que le jour où l'Azawad sera un Etat libre, indépendant et démocratique, entre les mains de ses véritables enfants.

Magdi Ag Bohada
Officier de l'Etat-major militaire du MNLA
Membre du Bureau Politique,
Chargé des relations spéciales MNLA au Nord de l'Afrique

Mossa Ag Attaher: Pourquoi je rejette l'accord avec Ansar Dine

mossa-ag-attaher-bleue
Je m'adresse en priorité à la jeunesse de l'Azawad qui a cru au combat ô combien légitime du MNLA: La libération de l'Azawad et l'avènement d'un Etat indépendant et démocratique, respectueux de toutes ses composantes aussi bien ethniques que religieuses.


Camarades de lutte,
Je tiens tout d'abord à vous exprimer tout l'honneur et le plaisir que j'ai eu à donner le meilleur de moi-même pour notre combat, notre espoir, notre dignité : l'indépendance de l'Azawad...
Du 17 Janvier 2012 au 26 Mai, j'ai tout donné, j'ai abandonné les êtres qui me sont le plus chers sur les routes de l'exil, j'ai sacrifié tout ce que j'ai difficilement construit tout au long de ma tendre jeunesse, j'ai cru et je continue de croire qu'un monde meilleur et nouveau est possible avec une jeunesse consciente du rôle et des responsabilités qui sont les siennes dans un monde qui ne nous donne aucun autre choix que celui de la résistance et de l'engagement sans faille.
D'aucuns me connaissent assez pour savoir que j'ai tout donné pour le MNLA à travers un militantisme et un engagement totalement désintéressé dans les moments les plus difficiles pour le mouvement, où rares étaient ceux qui continuaient à s'afficher comme tels. Je me suis retrouvé quasiment seul à mener la campagne diplomatique au niveau international, essuyant des menaces et des intimidations de la part des partisans d'un « Mali un et indivisible»... C'était aussi la tendance aux retournements de veste, aux dérobades, à la démission, à la trahison, etc., etc.,
Ainsi, et malgré mes divergences déjà multiples sur le fonctionnement interne du mouvement, ainsi que sur certaines positions du Mouvement, j'étais de ceux qui ont remis le MNLA sur le devant de la scène internationale au moment où ce n'était guère plaisant de s'afficher en tant que Mouvement politico-militaire, notamment entre janvier et Avril où, à titre bénévole et indépendamment d'une quelconque sollicitation du mouvement, j'avais eu à assurer une permanence hebdomadaire au niveau des medias, au détriment de mon travail et de mes projets personnels, notamment une carrière dans la coopération au développement que j'arrêtais brusquement pour me consacrer à mon combat, à notre combat...
Mon abnégation et mon dévouement, connus de tous les militants et des amis de l'Azawad, depuis le début, n'étant pas le propos, je me limiterai à ce rappel pour ne pas me prêter des intentions qui n'ont aucun lien avec la réalité ou des motivations farfelues qui, du reste, font partie d'une certaine sous-culture politique de nature prédatrice qui, ne tolérant point de divergence et de débat contradictoire, verse illico dans l'anathème, le mensonge et la manipulation pour tenter de diaboliser toute voix discordante, tout esprit libre et critique.
La finalité étant le maintien du statu quo qui aura, hélas, transformé un mouvement politique authentique, porteur de l'espérance d'un peuple et d'un projet de société réel basé sur des idéaux précis et des convictions fortes, en un appareil politique où se concocte des plans de carrière et des promotions organiques sur la base d'allégeances indignes d'un mouvement démocratique et moderne qui, hélas, est entrain de se liquéfier dangereusement dans le jeu conçu par les régimes arabo-islamistes et obscurantistes !
Les valeurs et les idées fondatrices de notre mouvement sont entrain, si l'on n'y prend très vite garde, de céder la place à des reniements indignes et sans appel puisque, et à titre d'exemple seulement, la question identitaire qui aura subit des agressions multiples durant les dernières discussion à Gao ainsi que le socle de laïcité qui aura été piétiné par une offensive religieuse inédite sur fond de surenchère et de prosélytisme de masse, n'aura suscité aucune réaction susceptible d'être retenue. 
Enfin on arrive aux discussions de Gao avec Ansar Adine:
Savez-vous seulement combien il m'a été difficile d'expliquer à nos partenaires et à l'opinion nationale de l'Azawad les causes du retard de la proclamation du gouvernement de l'Azawad?
J'ai mis en avant le fait qu'une consultation élargie à toutes les composantes de l'Azawad était nécessaire. J'ai répondu, à juste titre, qu'il nous fallait éviter de commettre certaines erreurs dans la précipitation.
Mais comment pouvons-nous expliquer aux Azawadiens, aux amis de l'Azawad et aux militants infatigables du MNLA que la mise en place du gouvernement de l'Azawad a pris le même temps que nous avons mis pour la libération de l'Azawad?
Sommes-nous réellement responsables de nos décisions ou subissons-nous, sans en prendre l'ampleur et la gravité, la supplantation de nos forces militantes et combattantes par des forces extérieures, allergiques à toute indépendance de notre pays que l'on voudrait arrimer à des horizons obscurs qui ne sont pas les nôtres ? Nous ne chassons pas un colonialisme pour en installer un autre!
Dans le protocole d'accord, si l'on peut le qualifier de tel, il n'est nullement question de la liberté des azawadiens. Cet accord prône « un état islamique devant appliquer la législation islamique dans tous les domaines de la vie bases sur le coran et de la sounna». C'est donc en un mot la charia!
D'autre part, la fusion dictée par Ansar Dine et ses mentors a été décidée «dans l'intérêt supérieur de l'islam et des musulmans sur le territoire de l'Azawad» et non dans l'intérêt de tous les azawadiens quel que soit leur confession, et ce, même si nous sommes un peuple a majorité musulmane. Il est important de rappeler qu'à Gao, comme à Tinbouctou, vivent des azawadiens chrétiens envers qui nous devons observer une tolérance et un respect dignes de nos valeurs culturelles millénaires !
Le contenu de cet accord est sans appel et se conclut en son point 9 en ces termes:
"Tous désaccord avec l'un des principes fondamentaux de la religion abroge le présent accord; Ceci doit être développé dans la constitution qui sera formulé plus tard".
Camarades de lutte,
Nous avons consenti d'énormes sacrifices et avons libéré de manière héroïque notre territoire. Nous avons perdus de braves hommes dans ces combats et nous avons vu la majorité de nos parents prendre, encore une fois, la route de l'exil. Aussi, toute récupération du sang de nos martyrs à des fins religieuses, équivaudra à la trahison pure et simple des idéaux qui nous ont toujours animés et pour lesquels sont morts nos braves martyrs. Nos sœurs, mos mamans, nos sages mais également nos amis ont placé un grand espoir en nous et nous ne pouvons-nous permettre de les décevoir et encore moins les trahir.
C'est au nom de tous ces espoirs et du respect du serment que j'ai prêté en m'engageant dans le MNLA, au nom du sens de l'honneur que m'ont si chèrement transmis mes parents et au nom de l'estime que m'ont confirmé beaucoup d'entre vous, que je rejette en bloc l'accord signé le 26 Mai entre certains membres MNLA et Ansar Adine. Je pense que l'application de la charia, de même que l'arabisation de notre peuple, constituent une grave violation de notre culture, de notre identité et une récupération honteuse des acquis de la révolution.
Je reste au sein du MNLA, mais je redoublerai à nouveau de vigilance et avec les cadres crédibles et sincères du MNLA, nous allons résister et nous ne baisseront les bras que le jour où les dignes filles et fils de l'Azawad retrouveront leur dignité, d'abord bafouée par le Mali pendant cinquante-deux ans et maintenant par les intégristes islamistes à la soldes de mains invisibles, mais à présent démasqués.
Enfin, je lance un appel à la jeunesse de mon Azawad natal, aux jeunes cadres de mon pays, aux combattantes et aux combattants de la liberté à se joindre aux résistants du MNLA et à combattre les corrompus et tous ceux qui sont prêts à vendre leur âme au diable.
Azawadiens, "nageons, nageons jusqu'à atteindre notre jour et si nous périssons dans l'océan de la libération de notre nation, alors notre résistance sera une leçon pour les mondes qui adviendront", disait feu Mohamed Ali Ag Attaher.

Azawad ou la mort, nous vaincrons.

Mossa Ag Attaher
Chargé de communication du MNLA

Les Touaregs du Nord-Mali abandonnent l’alliance avec les islamistes

Les Touaregs du Nord-Mali abandonnent l’alliance avec les islamistes

Le MNLA refuse la fusion avec Ansar Dine

Dernière mise à jour: 1 juin, 2012 - 11:21 GMT
Les dirigeants du MNLA, le groupe touareg rebelle, ont abandonné leur projet de fusion avec les islamistes radicaux de Ansar Dine. Les négociations ont achoppé sur la question de l’application de la charia (loi islamique).
Les deux groupes rebelles, le MNLA et Ansar Dine, qui avaient pris le contrôle du nord du Mali plus tôt cette année, avaient annoncé la semaine dernière un protocole d’accord sur leur fusion au sein d’un “conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad”.
Le bureau politique de la rébellion touarègue a désormais enterré l’accord, affirmant que les islamistes de Ansar Dine ne souhaitaient pas faire de compromis sur la question de l’application de la charia.
Selon Moussa Ag Assarid, porte-parole du MNLA: “Nous avons pris en compte les voix des Azawadiens qui se sont élevées pour nous dire ‘non, n’allez pas plus loin’ “.
“Le peuple de l’Azawad choisira lorsque nous mettrons en place des institutions dignes de ce nom”, ajoute Moussa Ag Assarid.
Le MNLA soutenait une forme modérée de l’Islam, pratiquée dans le nord du Mali depuis des siècles.
Quoi qu’il en soit, les combattants d’Ansar Dine, qui sont alliés avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont d’ors et déjà imposé des éléments de la charia dans des villes importantes.
Désormais, l’incertitude règne sur les rapports entre le MNLA et Ansar Dine, et les conséquences sur le terrain d’un possible conflit entre les deux groupes rebelles.

Le Mali dément la découverte d'une cache d'armes par al-Qaida

2012-05-31
Les rapports contradictoires relatifs à la prise par les terroristes de nouvelles armes dans le nord du Mali alimentent l'instabilité permanente au Sahel.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 31/05/12
[Jemal Oumar] Des militants dans le nord du Mali auraient mis la main sur une importante cache d'armes.
[Jemal Oumar] Des militants dans le nord du Mali auraient mis la main sur une importante cache d'armes.
Les autorités maliennes et les rebelles touaregs démentent des rapports selon lesquels des combattants d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) se seraient emparé d'un important dépôt d'armes de l'armée à Gao.
Dans un communiqué diffusé le lundi 28 mai à la télévision d'Etat, le gouvernement malien a réfuté que l'un des dépôts d'armes de l'armée ait été saisi par des militants.
Le ministre malien de la Défense Yamoussa Camara a également réfuté les informations relatives à cette découverte d'armes par al-Qaida, l'imputant plutôt à des rebelles touaregs.
"Le Mouvement [national] pour la libération de l'Azaouad cherche, par cette invention et la diffusion de cette information, à cacher le fait qu'il reçoit une aide militaire de la part de certains de ses alliés", a déclaré le colonel Camara, niant l'existence de tout lien entre l'armée malienne et les armes prétendûment saisies par al-Qaida.
Pour leur part, les rebelles touaregs contestent également ce rapport. "En tant que leader du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) et habitant de Gao, je vous affirme que cette information n'est absolument pas confirmée", a déclaré à Magharebia Moubarak Ag Mohamed, membre du bureau de presse de l'Etat islamique de l'Azaouad.
"Tout ce que je peux dire, c'est qu'en coopération avec des éléments d'Ansar al-Din, qui ont effectué des recherches dans certaines vieilles maisons de la ville, le MNLA a découvert un certain nombre d'armes légères en possession de partisans de l'armée malienne et de familles qui les cachaient chez eux", a-t-il expliqué.
"Ces personnes envisageaient de vendre ces armes", a-t-il ajouté, soulignant en même temps qu'elles n'avaient pas l'intention de les vendre à des éléments d'al-Qaida.
L'AFP avait signalé une découverte d'armes le 27 mai, s'appuyant sur une source anonyme proche de la sécurité qui affirmait qu'AQMI s'était emparé d'un important dépôt d'armes de l'armée malienne dans les faubourgs de Gao. Ce rapport original indiquait également que ce site de stockage enterré avait été construit pour résister à "une guerre longue et difficile" contre les Touaregs.
Ces armes et ces munitions "renforcent considérablement la puissance de feu d'al-Qaida", selon le rapport de l'AFP, qui cite également une source proche de la sécurité dans la région affirmant que le réseau terroriste a désormais en sa possession suffisamment d'armes pour le rendre "mieux armé que les armées combinées du Mali et du Burkina Faso".
Pour sa part, le responsable administratif et financier du Comité international de la Croix rouge (ICRC) à Gao a déclaré : "AQMI a découvert ses armes aux premiers jours de la chute de Gao aux mains de ses militants", ajoutant que "l'information n'a été diffusée que ces deux derniers jours, lorsque des fuites en ont fait état dans des stations de radio FM locales."
Si cette information s'avère exacte, les armes nouvellement acquises pourraient selon les analystes, contribuer à déstabiliser encore un peu plus la situation au Sahel, ce dernier ayant déjà subi un afflux important d'armes provenant du conflit en Libye en 2011 .
Le journaliste Mohamed Ag Ahmedu a expliqué à Magharebia que cette cache était "un véritable cadeau du ciel pour le groupe terroriste, qui a toujours tenté de prendre des otages pour les échanger contre de l'argent destiné à acheter des armes. Maintenant qu'il a pu mettre la main gratuitement sur ces armes, il ne fait aucun doute qu'elles constitueront pour lui une prise de grande valeur."
"Le fait que le gouvernement malien réfute l'existence de ce dépôt est normal, dans la mesure où une telle confirmation l'impliquerait directement et consoliderait les accusations que les Touaregs ont toujours portées contre lui, selon lesquelles le gouvernement avait délibérément laissé des armes en possession des extrémistes, et qu'il cherchait à les implanter au sein de la communauté touareg", a-t-il ajouté.
Pour l'analyste Abdul Hamid al-Ansari, spécialiste des groupes terroristes, la communauté mondiale ne s'attache pas à la saisie de ce dépôt d'armes par al-Qaida, mais plutôt à "la présence implicite du groupe dans le nouvel Etat de l'Azaouad, notamment par le biais d'Ansar al-Din, qui partage la même idéologie".
"C'est un fait avéré que les armes en possession d'Ansar al-Din pourraient également servir à al-Qaida au vu de la relation existant entre les deux groupes ; et cela ne fait qu'alimenter de nouvelles craintes", a-t-il déclaré.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

MALI - 
Article publié le : vendredi 01 juin 2012 - Dernière modification le : vendredi 01 juin 2012

Mali : le MNLA rejette la fusion avec les islamistes d'Ansar Dine

Moussa Ag Assarid (d), porte-parole du MNLA du Mali et Irij Maouche (g), membre de l'association Tamazgha écoutent le représentant du MNLA à Paris, Mossa Ag Attahe, lors d'une manifestation à Paris, en faveur de l'indépendance de l'Azawad, le 7 avril 2012
Moussa Ag Assarid (d), porte-parole du MNLA du Mali et Irij Maouche (g), membre de l'association Tamazgha écoutent le représentant du MNLA à Paris, Mossa Ag Attahe, lors d'une manifestation à Paris, en faveur de l'indépendance de l'Azawad, le 7 avril 2012

Par RFI
C'est une information RFI : la fusion entre les rebelles touaregs du MNLA et les islamistes d'Ansar Dine n'est plus d'actualité. Dans un communiqué du bureau politique et du bureau exécutif, le MNLA rejette catégoriquement l'accord signé le 26 mai avec Ansar Dine à Gao. Le texte élaboré par les deux mouvements faisait mention d'un Etat islamiste de l'Azawad indépendant régi par la loi islamique. Le MNLA dénonce ce texte jugé trop radical, contraire à ses valeurs.


NOTRE DOSSIER SPÉCIAL MALI
Depuis dimanche de nombreuses voix se sont élevées à Gao, Tombouctou, mais aussi dans les diasporas tamacheks pour dénoncer un accord jugé inacceptable. Selon des cadres du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) présents à Gao, ce texte est incompatible avec les valeurs du mouvement : il y est question d'Etat islamique entièrement fondé sur le Coran, et sur la sunna.
Hamma Ag Mahmoud, membre du bureau politique du MNLA, s'en explique :

Hamma Ag Mahmoud
Membre du bureau politique du MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad
Aujourd’hui, nous mettons fin totalement à cet accord. Ansar Dine veut absolument appliquer la charia, et nous nous sommes un mouvement laïque. Il n’a jamais été question de mouvement intégriste (...) Cette rupture peut coûter cher au MNLA. Mais nous sommes les seuls à pouvoir combattre les islamistes dans cette région. Nous savons le faire.
 
01/06/2012 par Christine Muratet

Au MNLA, on se défend d'avoir cru à cet accord « en se rapprochant d'Ansar Dine ,on voulait éviter à des jeunes de chez nous d'aller se perdre chez Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), mais finalement», reconnaît ce cadre de Gao « nous avons été floués ».
Certains accusent l'intransigeance d'Ansar Dine sur la question de la charia mais accusent aussi des responsables du MNLA qui ont joué depuis le début, un double jeu vis-à-vis du groupe de Iyad Ag Ghali : ce rejet unilatéral va faire tomber les masques et clarifier les positions mais le MNLA joue gros.
Parmi les dirigeants, on ne cache pas l'inquiétude de voir partir des combattants vers Ansar Dine, plus riche et plus fort. Mais, on se dit prêt à prendre ce risque pour démontrer à la communauté internationale que le MNLA peut être un partenaire crédible pour lutter contre les terroristes d'Aqmi.
TAGS: AQMI - MALI - MNLA
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