samedi 7 novembre 2009

Menace Terroriste en Mauritanie (2ème partie)


Euronews.net 06-11-09
samedi 7 novembre 2009
Le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau en Afrique du nord. Apparu en Tunisie à la fin des années 80, il endeuille l’Algérie au milieu des années 90, puis le Maroc dans les années 2000.

Le 4 juin 2005, la Mauritanie découvre avec stupeur qu’elle n’est pas épargnée : pour la première fois, son armée est directement visée. 150 terroristes attaquent une caserne militaire dans la région de Lemgheity. Bilan : 21 morts – 15 soldats et six terroristes.

Cette offensive terroriste a été condamnée par les partis politiques mauritaniens, dont les sympathisants sont descendus dans la rue pour manifester leur indignation.

Les Etats-Unis comptaient sur la Mauritanie pour faire barrage à la progression du terrorisme au sud du Sahara. Aussi, deux jours à peine après ce premier attentat, les américains lancent l’opération ‘flintlock’, comprenez mousquet. Des manoeuvres planifiées dans le cadre du programme Africom, pour aider les pays d’Afrique à lutter contre le terrorisme. Depuis 2002 déjà, les Etat-Unis finançaient un programme baptisé PSI, pour Pan Sahel Initiative, visant à renforcer la sécurité des frontières Mauritaniennes, mais aussi du Mali, du Niger, et du Tchad.

Mais le 27 décembre 2007, les terroristes frappent une deuxième fois. Trois soldats mauritaniens sont tués dans la région de Ghalaouiya.

Le 1er février 2008, c’est l’ambassade israélienne à Nouakchott qui est visée pour la première fois depuis l‘établissement de relations diplomatiques entre la Mauritanie et l’Etat hébreu, en 1999. Des relations rompues fin 2008 sur ordre du général putschiste Mohammed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis l‘été à Nouakchott, pour protester contre l’offensive militaire israélienne à Gaza.

Le 16 septembre 2008, un bataillon militaire mauritanien est pris en embuscade par un groupe terroriste dans la région de Tourine. 12 soldats sont retrouvés décapités.

Les services secrets occidentaux ont repéré de nombreuses cellules dormantes d’Al Qaïda au Sahel – un nouvel Afghanistan pour la nébuleuse islamiste.

Des cellules dormantes à même d‘être réactivées à tout moment ?

Pour la ministre mauritanienne des affaires étrangères, Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes, ce n’est pas le cas en Mauritanie. Les renseignements occidentaux forcent le trait. Le problème vient de l’extérieur.

“Je tiens à préciser qu’il n’y a ni centre d’entrainement ni cellules appartenant à Al-Qaïda en Mauritanie, assure-t-elle. Sans doute y a-t-il des infiltrations des pays voisins et nous essayons de mettre fin a ce phénomène dangereux.”

Même ton rassurant du côté du ministère de l’information. Tout est sous contrôle, assure le ministre de tutelle, Mohamed Ould Al-Bukhari : “nous avons des unités militaires armées bien équipées, bien entraînées qui patrouillent afin de protéger les frontières mauritaniennes et de protéger les régions qui pourraient être prises pour cible par les groupes terroristes. En général, la Mauritanie est un pays qui vit en sécurité et sous contrôle, grâce à dieu.”

Et quand est évoquée la question de la coopération militaire, il reste silencieux. Tout ce qui concerne la sécurité est considéré comme secret d’état – une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir.

Après le coup d’Etat d’août 2008, les Américains ont suspendu leur coopération militaire avec l’armée Mauritanienne. La France, ancienne puissance coloniale, a dépéché son chef d’état major des armées, le général Jean Louis Georgelin, auprès de l’homme fort de Nouakchott, pour tenter de prendre le relais.

“Nous avons évoqué évidemment, avec le général, d’abord la situation dans la région et surtout la coopération militaire qui peut rapprocher nos deux armées et à cet égard nous avons envisagé notamment des actions de formation que nous pourrions conduire ensemble,” déclarait-il à l’issue de la rencontre.

L’Islam joue-t-il un rôle dans cette flambée du terrorisme ? Au centre de la capitale mauritanienne, se trouve la grande mosquée. On vient y prier de tout le pays. Le prêche reflète un islam modéré.

En Mauritanie, l’Islam a son parti politique, le Tawassoul. Son vice secrétaire-général, Mohamed Ghoulam Al-Haj Sheikh, dénonce le terrorisme.

“Ceux qui tuent les innocents en Algérie, en Mauritanie ou dans d’autres pays, prétendent le faire au nom de l’Islam, martèle-t-il. Les intellectuels musulmans ont dissocié l’Islam de ce genre de pratiques. Car l’Islam n’incite pas à l’assassinat. Il y a certainement des infractions aussi bien dans notre pays que dans les pays occidentaux. Quand on regarde l’IRA, l’armée républicaine irlandaise et des communautés chrétiennes qui s’entretuent, tout cela n’a jamais été mis au compte de la religion chrétienne et personne n’a songé à la pointer du doigt. La religion chrétienne n’a jamais incité les gens à s’entretuer. Pourquoi ce “deux poids deux mesures” ? Le groupe WAM a fait exploser des tunnels et a assassiné des milliers de japonais. Pourquoi n’a-t-on pas accusé les bouddhistes d’être à l’origine de tout cela ?”

La Mauritanie est un des pays les plus pauvres du Maghreb. Pour le président du parti des forces progressistes, Mohamed Ould Mouloud, la pauvreté n’est pas une cause première du terrorisme.

“On ne peut pas dire que la pauvreté est la cause du terrorisme car la Mauritanie est un pays pauvre comme beaucoup de pays arabes, mais n’avait jamais connu le terrorisme, rappelle-t-il. Le phénomène du terrorisme est apparu en Afrique sous forme de groupes armés mafieux. On trouve des mouvements similaires au Congo ou dans des pays non musulmans, en Amérique du Sud et en Asie. Donc ce phénomène de réaction à l’injustice sociale est ancré dans les pays du sud. Le monde musulman est le théâtre de nombreuses humiliations et d’injustices. C’est le cas en Palestine, en Irak, en Afghanistan et en Tchétchénie. Dans ces pays, les musulmans se sentent humiliés et agressés.”

Tout au long du tournage de ce magazine Sawa, la presse mauritanienne a publié de nombreux articles attestant que la bataille contre le terrorisme était loin d’être gagnée.

Une menace qui fait le jeu du pouvoir putschiste, tout juste légitimé par les urnes. N’est-ce pas en effet au nom de la lutte contre le terrorisme que la France a décidé d’avaliser le général Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Car face à la hantise des islamistes radicaux, les principes démocratiques ne pèsent pas lourd.

L’UE suspend son aide au développement au Niger


AFP 06-11-09
samedi 7 novembre 2009

BRUXELLES — L’Union européenne (UE) a suspendu son aide au développement au Niger et donné un mois aux autorités de Niamey pour ouvrir des "consultations" en vue d’un retour à "l’ordre constitutionnel" , a-t-on appris vendredi auprès de la Commission européenne.

"La Commission européenne et les pays de l’UE ont demandé des consultations avec les autorités du Niger", a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Commission pour les questions d’aide au développement, John Clancy.

En attendant le résultat de ces consultations, l’UE a suspendu son aide qui s’élève à 458 millions d’euros pour la période 2008-2013. En revanche, "l’aide humanitaire n’est pas affectée par cette suspension", a précisé M. Clancy.

"Nous espérons que ces consultations auront un effet positif pour toutes les parties offrant une feuille de route claire pour le retour de l’ordre constitutionnel au Niger", a ajouté le porte-parole.

Dans une lettre conjointe adressée mardi au président Mamadou Tandja, dont l’AFP a pris connaissance, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, au nom de la présidence suédoise de l’UE, ont exprimé leur "profonde préoccupation" face à la situation politique au Niger et demandé "un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais".

Qualifiant de "violation de la constitution" le référendum du 4 août dernier, grâce auquel M. Tandja a obtenu une rallonge de trois ans au pouvoir après 10 ans à la tête du pays, l’UE a décidé de recourir à l’article 96 des accords de Cotonou, qui traite du non respect des critères démocratiques et de défense des droits de l’Homme.

Cet article 96 de l’accord signé en 2000 entre l’UE et les pays Afrique/Caraïbes/Pacifique prévoit en dernier ressort, en cas d’échec des quatre mois de discussions prévues, la possibilité d’une suspension de la coopération communautaire.

L’UE avait déjà suspendu une aide budgétaire de 180 millions au Niger pour protester contre le référendum du 4 août.

Le 20 octobre, Niamey avait organisé des législatives controversées et boycottées par l’opposition, qui avaient entraîné sa suspension de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour violation des textes communautaires sur la démocratie.

Le Nigeria ferme sa frontière avec le Niger

Afrique en ligne/ Pana 05-11-09
vendredi 6 novembre 2009

Le Nigeria a partiellement fermé sa frontière avec son voisin du Nord-Ouest, le Niger, à la suite de la suspension infligée à ce pays par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour violation du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, selon des sources proches de la CEDEAO et du gouvernement nigérian.

D’après ces sources, les cinq postes frontières entre les deux pays sont concernés par cette fermeture.

Mais les autorités nigérianes ont indiqué que si la circulation des biens était totalement interdite durant la fermeture de la frontière, les mesures étaient plus souples concernant la circulation des personnes.

Des observateurs politiques ont déclaré que cette mesure du Nigeria, dont les relations avec la plupart des autres pays de la sous-région sont essentielles à leur bien-être économique, est destinée à faire pression sur le Niger pour qu’il emprunte la voie de la constitutionnalité et de la bonne gouvernance.

Sentant apparemment la pression, les autorités nigériennes ont envoyé mardi le Premier ministre Ali Badjo Gamatie au Nigeria pour rencontrer le président Umaru Yar’Adua, également président en exercice de la CEDEAO. Rien n’a filtré sur leurs entretiens qui ont eu lieu à huis-clos.

Le mois dernier, les membres de la CEDEAO ont suspendu le Niger de l’organisation, après que les autorités nigériennes ont rejeté la requête de la Communauté de reporter les élections législatives dans leur pays.

Avant cette suspension, les dirigeants des autres pays membres de la CEDEAO avaient imposé d’autres sanctions au Niger, dont le président Mamadou Tandja a modifié la Constitution pour avoir la possibilité de briguer un troisième mandat.

Dans le cadre des sanctions précédentes, il était prévu que la CEDEAO ne soutiendrait pas les candidats présentés par le Niger pour des postes disponibles au niveau des organisations internationales et qu’elle n’organiserait pas ses réunions dans ce pays.

Par ailleurs, dans le cadre des efforts pour résoudre la crise politique au Niger, la réunion consultative de la CEDEAO des principales parties concernées nigériennes doit s’ouvrir à Abuja, la capitale du Nigeria, lundi.

Cinquante personnes, dont 15 représentants du gouvernement et 35 autres de l’opposition et des organisations de la Société civile doivent participer à ces négociations, qui seront présidées par le Médiateur de la CEDEAO pour le Niger, le général à la retraite, Abdusalami Abubakar du Nigeria.

Lagos - 05/11/2009

Pana

Ag Bahanga appelle au dépôt des armes et au respect de l’accord d’Alger


Salima Tlemçani El Watan 07-11-09
samedi 7 novembre 2009

Durant quatre jours, du 30 octobre au 2 novembre, le stade municipal de Kidal, au nord du Mali, a réuni plus de 500 personnes, en majorité des notables touareg venus de Tombouctou, Gao et de Kidal, dans le cadre d’un forum consacré à l’unité des rangs de la communauté.

Se voulant un forum intercommunautaire, cette rencontre a été une occasion de réitérer la volonté de chacun des participants d’encourager la voie du dialogue au lieu de celle de la violence, en rejoignant le processus enclenché par l’accord d’Alger, signé en 2006 par les autorités maliennes et la rébellion targuie, sous les auspices de l’Algérie. « Au début, la rencontre avait uniquement pour but de réunifier les rangs de la communauté, mais après, elle a évolué pour être une tribune d’appel à la paix, avec l’appui de Bamako puisque trois ministres y ont pris part. Nous voulions mettre les autorités devant leurs responsabilités et prendre à témoins l’Algérie et la Libye face à la situation explosive dans laquelle se trouve la région », explique le porte-parole de l’Alliance pour le changement, Hama Ag Sid Ahmed. Le message de Ag Bahanga, le chef historique de ce mouvement, lu par un de ses proches, fait état de sa volonté de faire taire les armes et de revenir à l’accord d’Alger. « J’affirme solennellement m’inscrire résolument dans le processus de paix et renoncer à la violence comme moyen de revendication (…) Dorénavant j’inscris mon action dans le dialogue, la paix et la démocratie », a écrit Ag Bahanga, en précisant que son action est une réponse à l’appel lancé par El Gueddafi, le 17 août 2008 à Oubary, exhortant les rebelles à déposer les armes et à renoncer à l’usage de la violence contre le Mali et le Niger.

Ag Bahanga, qui avait signé l’accord d’Alger puis repris les armes, en février 2009, a déclaré : « A tous ceux qui ont œuvré au dénouement heureux du long processus de conquête de la paix au Mali et dans la sous-région, je voudrais exprimer ma profonde gratitude. En premier lieu au guide Mouammar El Gueddhafi qui a toujours accompagné de ses conseils éclairés les parties en conflit pour qu’une paix durable soit retrouvée au Mali et au Niger. Ensuite au peuple algérien et à son président, Abdelaziz Bouteflika, qui ont vécu dans leur chair ce douloureux conflit fratricide en étant toujours présents et fraternels. Aux cadres maliens qui ont œuvré, difficilement et dans l’anonymat, à une médiation souvent ingrate. Je voudrais remercier tout particulièrement Amadou Toumani Touré, président du Mali, pour la patience dont il a fait preuve et pour la sagesse qui a guidé les nombreuses actions qu’il a posées afin que la paix soit dans le septentrion du Mali. » Cette déclaration a été perçue comme un important gage de bonne volonté de Ag Bahanga, mais aussi de toute la communauté targuie qui espère vivre dans la paix et la stabilité. Maintenant que la balle est du côté des autorités maliennes, va-t-on continuer à tergiverser autour de l’avenir d’une région qui compte 10% de la population du Mali ?

Par Salima Tlemçani

jeudi 5 novembre 2009

Terakaft (8) àu centre culturel de Helsinki le 14 Mai 2009




Les associations finlandaises Afous Afous ry et Perennia ry en cooperation avec l'association malienne Taghreft Tinariwen ont organisé un mois Kel Tamasheq pour la promotion de la culture Touarègue...

mercredi 4 novembre 2009

Mamadou Tandja, gangster politique préféré de la France


04-11-09
survie.org


Les élections législatives du 20 octobre dernier ont été l’ultime étape du coup d’Etat constitutionnel de Tandja. Débuté en mai par la dissolution de l’Assemblée Nationale et confirmée, le 4 août, par l’adoption illégale d’une nouvelle constitution.

Le « gangstérisme politique » de Tandja, l’expression est imagée. C’est celle que l’on peut lire dans la déclaration du 30 octobre du Parlement Panafricain. Pas de quoi impressionner Tandja qui n’a eu que faire des demandes répétées de ses pairs africains de la CEDEAO d’un retour à l’ordre constitutionnel. Le 17 octobre, ils avaient menacé le Niger de sanctions s’il maintenait les élections législatives l’exhortant à reporter le scrutin et à ouvrir la dialogue avec l’opposition politique.

Lors de ces législatives, le parti du président, le MNSD (Mouvement national pour la société de développement) a remporté 76 sièges sur les 113, les autres sièges étant répartis entre différents petits partis alliés du pouvoir. Et pour cause : l’opposition n’avait présenté de candidats dans aucune circonscription et avait appelé au boycott. Le taux de participation, officiellement de 51,3%, aurait été de moins de 5% selon Issoufou Sidibé, leader syndicaliste de l’opposition. Il serait même plus faible que lors du référendum du 4 août, confirmant ainsi le rejet populaire de la nouvelle constitution.

Plus aucun pouvoir n’échappe à TandjaAinsi reconstituée, l’Assemblée nationale permettra un fonctionnement « normalisé » de la 6ème république, dont la constitution a été promulguée le 18 août 2009. Dans ce nouveau cadre, les pouvoirs du président sont très fortement renforcés : de semi-présidentiel, le Niger passe à un régime de type présidentiel fort, où le président est dépositaire de l’intégralité des pouvoirs exécutifs – chef de l’Etat, chef du gouvernement, chef de l’Armée, de l’administration et de la magistrature. Il ne peut plus être destitué par l’Assemblée nationale, dont les pouvoirs sont considérablement affaiblis. Un Sénat soumis à l’exécutif est mis en place pour faire contrepoids à une assemblée nationale. Celle-ci, exerçant à minima sa fonction de représentant du peuple, avait pourtant semblé trop rebelle au pouvoir au cours de ces derniers mois. Toutes les institutions de contrôle démocratique sont désormais à la botte du président : c’est lui qui nomme la majorité des membres de la Cour Constitutionnelle et du Conseil Supérieur de la Communication. Ainsi, la 6ème république n’est rien d’autre que l’institutionnalisation de la dictature de Mamadou Tandja.

Des sanctions pour du beurre

En bon dictateur, il a ignoré les sanctions de la CEDEAO qui suspend le Niger de toutes ses instances et ne reconnaît pas les résultats des législatives. Dans un sens, il n’a pas tort : si la CEDEAO a des principes de « démocratie » et de « bonne gouvernance » (article 45 de son protocole supplémentaire sur la démocratie et la bonne gouvernance), ses mesures de rétorsion restent purement politiques et diplomatiques. La CEDEAO ne s’enhardit pas dans la voie de sanctions économiques. Dommage car, ces dernières asphyxieraient très rapidement le pays et forceraient Tandja à faire marche arrière. L’impact serait en effet immédiat si le Niger n’avait plus de relations économiques avec le Nigéria, son grand voisin et principal partenaire commercial, par ailleurs producteur de toute son électricité.

Les sanctions de la CEDEAO, sans réelles conséquences, ont au moins le mérite d’exister et d’avoir relancé la question au niveau international. L’Union européenne s’est vue contrainte d’applaudir cette initiative. Karel de Gucht, commissaire au développement a réitéré au lendemain des élections qu’elle « suspendraitt sa coopération si le Niger ne restaurait pas l’ordre constitutionnel ». En effet, les articles 96 et 97 des accords de Cotonou prévoient dans ce cas (non-respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit) une procédure de consultation puis la suspension des accords si aucune solution acceptable n’est trouvée. Or si des discussions avec le Niger ont eu lieu depuis le mois de juillet 2009, dix jours après cette déclaration, la concrétisation des menaces se fait toujours attendre.

La France très discrète

Dans un sens, on peut comprendre que l’UE hésite à mettre à exécution ses menaces : elles auraient des conséquences graves sur une population extrêmement pauvre – les 450 millions d’euros d’aide de l’UE annuel représentent 30% du budget de l’Etat. On peut être sûr que ces hésitations sont aussi entretenues par les pressions du gouvernement français, qui n’a fait aucune déclaration publique depuis les législatives appelées de ses voeux en août afin de légitimer la prise de pouvoir de Tandja.

Encore une fois, la France applique sa fameuse « doctrine de la stabilité ». Elle préfère un dictateur qui maintient un habillage démocratique et qui est finalement conciliant pour ses intérêts économiques plutôt que d’encourager le retour à une démocratie légitime. Il est vrai qu’avec un nouveau président et dans un cadre plus démocratique, la France devrait certainement renégocier les accords qui encadrent son activité d’extraction d’uranium.

Quant à Tandja, il cherche à rassurer l’armée, dont l’opposition lui serait fatale, en signant une amnistie générale pour tous les actes de guerre commis au Nord niger depuis 2007, tant pour les rebelles que pour les militaires. Encore une fois au Niger, l’impunité est faite valeur fondatrice d’un nouveau régime politique.


Survie.org

Communiqués du FPN


Communiqué du FPN
Par F.P.N. le 4 novembre 2009

Le FPN constate avec satisfaction que le processus de paix enclenché il y a quelques mois dans notre pays se concrétise irréversiblement.
A cette occasion, il nous parait utile et opportun de saluer la détermination et la sagesse de tous ceux qui ont œuvré pour la concrétisation de cette initiative combien salutaire pour les populations du Nord Niger en particulier et le peuple Nigérien en général.

Au premier rang desquels les deux hommes d’Etat qui se sont particulièrement investi dans cette dynamique en l’occurrence son Excellence Mouammar El Kadhafi, guide de la révolution du Fatah et président en exercice de l’union Africaine et Son excellence Mamadou Tandja, président de la République du Niger, chef de l’Etat, chef de gouvernement.

Nous félicitons également les frères des deux fractions du MNJ et ceux du FFR qui se sont volontairement inscrit dans la logique de la paix. Leur concours dans cette perspective de retour de la paix et de la sérénité dans notre pays est une initiative très louable.

Par ailleurs, le FPN se réjouit de la volonté affirmée du président de la République Son Excellence Mamadou Tandja de placer dans ses priorités, la consolidation de la paix et de la sérénité dans notre pays, en favorisant la réinsertion socio économique des ex combattants qui du reste s’engagent à participer à l’œuvre de construction nationale.

L’ordonnance sur l’amnistie générale signée le 23 Octobre 2009 en est une preuve exaltante.

Aussi le FPN rappelle au médiateur que la consolidation de la paix et par conséquent sa construction passe par la mise en œuvre d’actions combinées dont les plus efficaces appartiennent à l’urgence.

Les stratégies qui sou tendent la mise en œuvre de tout programme de consolidation de la paix doivent être définies de commun accord avec les structures de l’ex résistance armée.

La lenteur accusée dans les discussions afin d’aboutir à un programme cohérent et faisable est préjudiciable à un retour de la stabilité car elle ouvre la porte à une autre forme d’insécurité qui s’appelle le banditisme armé dont on doit réduire immédiatement les chances d’extension.

Le FPN demande à tous les ex combattants de la résistance armée de continuer à inscrire leur action dans la consolidation de la paix et par conséquent l’œuvre de construction nationale.

Le FPN

Le roi des chevaux


02/11/2009 15:38:37 | La rédaction web de Jeune Afrique | Par : Jean-Louis Gouraud Le roi des chevauxAuteur d’un ouvrage qui a éveillé la curiosité de la presse française, Le cheval, animal politique, (Favre, 2009), Jean-Louis Gouraud – qui a dirigé la rédaction de Jeune Afrique dans les années 70 – a assisté à l’inauguration du deuxième Salon du Cheval de el Jadida, au Maroc. Ce qu’il y a vu lui a donné des idées, qui pourraient intéresser Nicolas Sarkozy.

De toutes les idées lancées – il faut bien le dire : souvent n’importe comment – par Nicolas Sarkozy, il en est une qui avait, dès le départ, assez peu de chances d’aboutir : la création d’une Union Pour la Méditerranée, dans laquelle on aurait vu soudain, comme par enchantement, s’apaiser les tensions entre tous les riverains, se réconcilier Turcs et Grecs, Algériens et Marocains, Juifs et Arabes, par la seule grâce, le seul charme ou la seule volonté d’une espèce de nouvel Aladin, dont le bon génie, conseiller à l’Elysée, s’appelle Hervé Guaino.

Pour relancer une affaire qui a si mal commencé, Sarkozy serait, dit-on, à la recherche d’une idée forte, d’une action d’éclat, susceptible de faire sinon l’unanimité du moins des étincelles. De source sûre, il aurait ainsi l’intention, complètement loufoque, de réunir un jour, sur les Champs Elysées, pour les faire défiler ensemble, des détachements algériens, marocains… et israéliens ! À l’occasion, par exemple, d’une prochaine fête nationale du 14 juillet.

S’il se confirmait qu’un tel projet hante réellement l’esprit du Président français, il faudrait s’inquiéter. Cela prouverait – au moins – que la boîte à idées élyséenne est tragiquement vide.

Devant une telle situation, puis-je, pour ma modeste part, faire une proposition ? Lancer une idée peut-être un peu surprenante, mais en tout cas moins farfelue que celle du défilé sur les Champs Elysées : la création d’une union méditerranéenne du cheval et de l’équitation, dont il faudrait proposer au Maroc de prendre la direction.

Cette perspective – cavalière, bien sûr – m’est apparue comme une sorte d’évidence, lorsque j’ai assisté, le mardi 20 octobre en début d’après-midi, à l’inauguration, par le Roi Mohamed VI en personne, du deuxième Salon du Cheval d’el Jadida.

El Jadida – moins de 100 kilomètres au sud de Casablanca – c’est un peu le Deauville du Maroc. Située au bord de l’océan, la ville (que les Portugais avaient appelée Mazagan) est au cœur d’une région où, comme la Normandie en France, l’on élève des chevaux depuis toujours, et d’où sortent les meilleurs produits du pays. À cela s’ajoute que la cité abrite un des moussem les plus courus du pays (Moulay Abdallah Anghar), qui rassemble chaque année plus de mille cavaliers, venus de toutes les régions du royaume.

Il y a quelques temps, un hippodrome, baptisé « Princesse Lalla Malika », a été construit ici, sur une vingtaine d’hectares, en bord de mer, un peu à l’écart de la ville, à l’intérieur duquel le jeune souverain a décidé de créer un nouveau Salon du Cheval dont la première édition, l’année dernière, a remporté un formidable succès populaire : plus de 100'000 visiteurs en moins d’une semaine ! (À titre de comparaison, le Salon du Cheval de Paris peine à accueillir 120'000 visiteurs en neuf jours, dont deux week-ends). Le succès, cette année, s’est confirmé : la foule des visiteurs a frôlé le chiffre de 150'000.

Il faut dire que tout avait été conçu pour que le déplacement en vaille la peine. Chaque région du Maroc y présentait ses richesses dans le domaine de l’élevage, de l’artisanat ou du tourisme équestre. Chaque institution liée à ces activités y avait également installé un stand : la Fédération équestre, les associations d’éleveurs, les sociétés de courses, ainsi que, bien sûr, ces grands utilisateurs de chevaux que sont, au Maroc, la police, la gendarmerie, l’armée et, primus inter pares, la garde royale.

Quelques exposants privés (selliers, laboratoires pharmaceutiques, et autres) y montraient leurs meilleures réalisations, tel cet entrepreneur français, Philippe Ploquin, venu présenter une pièce d’orfèvrerie extraordinaire, glorifiant la dynastie alouite : sur un miroir de près d’un mètre de diamètre, vingt-deux chevaux cabrés sont censés symboliser les vingt-deux sultans et rois de ce nom, surmontés d’un plateau où dix chevaux, cabrés eux aussi, célèbrent les dix années de pouvoir du souverain actuel, d’où émerge un petit cheval habillé d’or, qui n’est autre, on s’en serait douté, que le tout jeune prince héritier, Moulay Hassan !

Il y avait-là, surtout, plusieurs centaines de chevaux de toutes races – barbe, arabe, arabe-barbe, anglo-arabe, principalement – et de races incertaines, comme le sont souvent les vaillantes montures utilisées pour la fantasia (Un mot, soit dit en passant, d’origine mystérieuse, mais en tout cas étrangère, que les Marocains ont décidé de remplacer par le terme, plus couleur-locale, c’est vrai, de tbourida). On pouvait même y contempler une grosse bête étrange, monumentale, trois ou quatre fois plus volumineuse que les petits chevaux du coin : un magnifique percheron gris pommelé, amené ici par les Haras Nationaux français. Dans la foule des curieux, combien savaient que dans les veines de cet énorme bestiau coule, depuis le XVIIIe siècle, un peu de sang arabe ?

En dehors des expositions et des exhibitions de fantasia, on pouvait se distraire de mille façons : démonstrations de maréchalerie, baptême de poney pour les enfants – et, par-dessus tout, une succession de spectacles équestres internationaux du meilleur niveau.

C’est en assistant à cette succession de numéros extraordinaires ce 20 octobre que s’imposa à moi, comme sans doute à toute l’assistance, y compris à la personne du roi, la réalité d’une certaine unité méditerranéenne, d’une communauté façonnée par le cheval. Lorsqu’entrèrent sur scène les magnifiques andalous dits « de pure race espagnole » menés en main par les écuyers magiciens de l’Ecole Royale de Jerez, comment ne pas voir dans ces animaux au chanfrein légèrement busqué, à l’encolure puissante, l’évident cousinage avec les chevaux barbes ? C’est-à-dire berbères. C’est-à-dire d’Afrique du Nord. C’est-à-dire d’ici !?

Lorsqu’entrèrent ensuite, dans la vaste carrière de présentation, les cavaliers de Zaouit Cheikh (une localité du Moyen-Atlas) vêtus de blanc et d’or, debout sur leurs étriers, montés sur de fringants petits chevaux gris au bec rose, à la crinière en panache, sellés et bridés de harnachements somptueux, comment ne pas songer à leurs lointains ancêtres, qui, en l’an 711 de l’ère chrétienne, servirent de fer de lance à la conquête musulmane ? C’étaient, dit-on, des Zénètes, une tribu berbère venue des profondeurs libyennes. Leur façon si particulière de monter, étriers courts, fut appelée en Espagne « jinete » (déformation de zénète) et leurs montures, mariées aux chevaux locaux, des « genets » (déformation de jinete) !

Comment ne pas se souvenir que, bien avant eux déjà, Hannibal était passé par là, remonté en chevaux numides (berbères), qui laissèrent des traces sur tout le pourtour méditerranéen : en France, sans doute (les petits chevaux de Camargue), en Italie sûrement. Croisés aux chevaux étrusques, ils firent souche en Campanie – c’était cela, les délices de Capoue ! – et eurent pour lointains descendants les fameux chevaux napolitains, sur lesquels naquit, à la Renaissance, cette équitation dite de haute-école qui, plus tard, fut portée à la perfection par des maîtres tels Monsieur de Pluvinel, le professeur d’équitation du roi de France.

Comment ne pas ressentir qu’on est ici, au Maghreb, au cœur d’une civilisation, au centre d’un foyer dont le feu s’est propagé sur une grande partie du pourtour méditerranéen, et dont le véhicule fut incontestablement ce petit cheval local dont on a eu le plaisir de voir, à El Jadida, quelques beaux spécimens, spécialement au lendemain de l’inauguration du Salon, lors du Championnat National du cheval barbe, dont l’incontestable vainqueur fut un admirable étalon bai brun de deux ans, appelé Seyf el Boraq et appartenant à M. Anas Jamaï Ghizlani.

La qualité moyenne des produits présentés au cours de ce Championnat prouve que le Maroc est, en la matière, sur le bon chemin. Si le père de l’actuel souverain avait un léger penchant pour la race dite arabe (dont les meilleures souches, paradoxalement, se trouvent en Europe ou aux Etats-Unis, ce qui impose aux éleveurs arabes d’importer leurs étalons et leurs poulinières !), le jeune roi, lui, a marqué sa préférence pour le cheval local, le barbe, dont il encourage l’élevage, et au prestige duquel il veille personnellement. J’en prends pour indice le fait que Mohammed VI, ayant appris que le dernier étalon barbe possédé par les Haras Nationaux français s’était éteint récemment, profita de la présence à el Jadida de Franck Le Mestre, fringant directeur opérationnel du haras du Pin (« le Versailles du cheval »), pour lui annoncer, au cours d’une audience accordée le jour même de l’inauguration du Salon, qu’il offrait à la France un superbe étalon gris rouanné de six ans baptisé Ouadoud.

La France est, pour des raisons historiques évidentes, le pays « hors berceau » où la concentration de chevaux barbes est la plus forte. Raison pour laquelle elle fut admise à faire partie des cofondateurs d’une organisation unique en son genre, l’OMCB : Organisation Mondiale du Cheval Barbe.

Je peux en parler savamment : ce sympathique « machin » a été créé à mon initiative avec la complicité d’un brillant vétérinaire algérien, Rachid Benaïssa, devenu depuis ministre de l’agriculture, à l’issue d’un colloque organisé à Alger en 1987, auquel j’avais convié tout ce que l’univers comptait comme spécialistes, ou simples amateurs, du cheval barbe : historiens, zoologues, éleveurs et cavaliers originaires d’une douzaine de pays, presque tous riverains de la Méditerranée.

Malgré les incessantes chamailleries qui opposent depuis plus de vingt ans l’Algérie au Maroc, l’institution continue à fonctionner, vaille que vaille : l’Algérie, ainsi que la Tunisie, ont envoyé un délégué à el Jadida où devait se tenir, en marge du Salon, une réunion de l’organisation. La réunion a eu lieu. Il n’y a pas eu de morts. Preuve, Monsieur le Président Sarkozy, que le cheval – cet animal sur lequel vous ne détestez pas vous exhiber – peut constituer le ciment que vous recherchez pour consolider votre Union Pour la Méditerranée.

Algérie-France : silence, on boude




Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika, le 4 décembre 2007, à Alger

06/10/2009 16:00:25 | Jeune Afrique |
Par : Cherif Ouazani
© REA
Devoir de mémoire, relations commerciales, visas...Plusieurs dossiers empoisonnent les relations entre Alger et Paris. Et l’activisme des lobbies de part et d’autre n’est pas pour arranger les choses.


Les dénégations des responsables des deux pays n’y feront rien : les relations entre Alger et Paris sont au plus mal. Annoncée en mai dernier par Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, la rencontre entre le chef de la diplomatie algérienne et son homologue français a bien eu lieu, le 23 septembre, à New York. Mais, contrairement à ses habitudes, la télévision publique algérienne n’en a diffusé aucune image, alors que l’audience accordée, le même jour, à un sous-secrétaire d’État américain a fait le second titre du JT. Un signe qui ne trompe pas.

Mourad Medelci et son homologue français, Bernard Kouchner, ont abordé deux dossiers : la visite d’État d’Abdelaziz Bouteflika à Paris, d’abord prévue pour juin 2009, reportée une première fois à septembre, puis différée sine die, et la réunion des ministres des Affaires étrangères de la fantomatique Union pour la Méditerranée (UPM), prévue elle aussi pour cet automne, mais sans calendrier précis. La discrétion des Algériens autour de cette rencontre confirme, s’il en était besoin, que la communication autour des relations avec l’ancienne puissance coloniale est pour le moins délicate. « Pourquoi ça coince ? » se demande le citoyen algérien. Des deux côtés, les lobbies font régulièrement un travail de sape, ruinant les efforts déployés de part et d’autre pour normaliser les relations, voire en faire « un partenariat stratégique », selon la formule de l’ancien président français Jacques Chirac, ou un partenariat d’exception, comme l’a souhaité le président Nicolas Sarkozy à Constantine, lors de sa visite d’État en Algérie, en décembre 2007.

Repentance, le mot qui fâche

Emmenée par la Fondation du 8 mai 1945, la « Famille révolutionnaire », terme générique désignant l’ensemble des formations politiques et associations se réclamant du nationalisme « intransigeant », constitue le noyau dur du lobby exigeant une repentance de la France pour « l’ensemble des crimes de la période coloniale » avant toute normalisation. Composée d’historiens, d’universitaires et d’hommes politiques de premier plan, la Fondation du 8 mai 1945 est un groupe de pression influent au sein de l’exécutif ainsi que dans les deux Chambres. En face, les nostalgiques de l’Algérie française, les associations de pieds-noirs et les organisations de harkis, qui agissent pour bloquer tout réchauffement entre Alger et Paris. Comment ? En exhumant de douteux dossiers impliquant l’armée algérienne dans l’assassinat des moines de Tibéhirine ; en maintenant un diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, sous contrôle judiciaire en France sur la base du seul témoignage d’un déserteur de l’armée algérienne, malgré toutes les garanties données par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, un ami personnel du prévenu. Les Algériens n’ont pas oublié que ces groupes de pression avaient traité Abdelaziz Bouteflika de « terroriste » pour son passé d’officier de l’Armée de libération nationale (ALN, branche militaire du FLN entre 1954 et 1962), lors de sa visite d’État, en juin 2003, à Paris.

La question du « devoir de mémoire » empoisonne les relations entre les deux pays. À la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans les crimes coloniaux, qualifiés par Abdelaziz Bouteflika lui-même de « génocide », Nicolas Sarkozy a opposé une fin de non-recevoir. « L’avenir est plus important que le passé », avait-il lancé aux étudiants de l’université de Constantine. Du pain bénit pour la Famille révolutionnaire, qui voit là une justification à son intransigeance. À l’occasion de la programmation, le 21 septembre 2009, par l’Assemblée nationale française d’un débat sur le statut des harkis, elle est montée au créneau pour dénoncer l’attitude « négationniste » des élus français. « Un coup de poignard dans le dos, affirme le député Belkacem Belabbas, vice-président du groupe d’amitié parlementaire algéro-français, car ce type de débat n’est pas perçu chez nous comme une affaire franco-française, mais comme une provocation à l’égard des millions de victimes algériennes. Cela pollue forcément nos rapports avec les parlementaires français. » Dans une déclaration au quotidien arabophone El-Khabar, le parlementaire algérien va plus loin, évoquant « la mauvaise foi » de ses interlocuteurs français. « On nous reproche de ne pas faire assez pour la promotion de la langue française, mais, de l’autre côté de la Méditerranée, on semble oublier qu’en 1962 on ne comptait que 600 000 locuteurs francophones, contre plus de 18 millions aujourd’hui, sans que la France ne débourse un centime. »

Cela dit, le contentieux algéro-français ne se limite pas aux seuls problèmes de mémoire ou de recul de la francophonie. Il a également des aspects économiques. La passion qui entoure les relations entre l’Algérie et l’ancienne puissance coloniale avait rarement rejailli sur les relations commerciales : avec près de 17 % des importations, la France est le premier fournisseur de l’économie algérienne, un marché où elle écoule produits pharmaceutiques et céréales, véhicules de tourisme et engins industriels. Avec quelque 5 milliards de dollars d’exportations vers l’Algérie, la France enregistre un excédent commercial de près de 1 milliard de dollars. Une performance dont le renouvellement est menacé par les nouvelles dispositions en matière de commerce extérieur adoptées en juillet dernier par le gouvernement algérien dans le cadre d’une meilleure maîtrise des importations. Conséquence de ces mesures : une baisse significative des activités du port de Marseille (on évoque une réduction de près de 30 %) et une sérieuse menace contre les PME françaises spécialisées dans les échanges commerciaux avec l’Algérie. Les élus locaux marseillais ont officiellement saisi le gouvernement français et envisagent d’entrer en contact direct avec les autorités algériennes pour tenter de trouver une issue à cette nouvelle crise économique. Autre secteur touché par le refroidissement des relations entre les deux pays : l’industrie de l’armement. La marine algérienne envisage de renouveler sa flotte. Un juteux marché de quelque 4 milliards de dollars pour l’acquisition de six frégates qui pourrait échapper aux entreprises françaises au profit du groupe italien Ficantieri.

Besson et Hortefeux ignorés
Le volet diplomatique n’est pas en reste dans le contentieux algéro-français. À l’alignement de Paris sur les positions marocaines dans le dossier du Sahara occidental s’ajoutent le dossier de la libre circulation des personnes ainsi que la volonté française de renégocier la partie des accords d’Évian sur les conditions de séjour des Algériens en France. Alger ne montre aucun empressement à aborder le sujet. Ni Éric Besson, ministre français chargé de ce dossier, ni Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, ne sont parvenus à décrocher un rendez-vous avec le gouvernement algérien. Mémoire, business, visas… Décidément, le courant ne passe plus entre Alger et Paris.

Libye : « Guide » de père en fils ?





13/10/2009 14:36:50 | Jeune Afrique | Par : Abdelaziz Barrouhi Libye : « Guide » de père en fils ?
Libye : « Guide » de père en fils ?
© DR
Le 6 octobre, pour la première fois, Mouammar Kaddafi a évoqué publiquement l’avenir politique de son fils Seif el-Islam, que la rumeur présente comme son possible successeur. Le « Guide » a réuni les dirigeants des comités révolutionnaires, le gouvernement et les membres du Congrès général du peuple (le Parlement) à Sebha, dans le sud du pays, pour leur demander de nommer Seif à une fonction permanente au sein de l’exécutif, après consultation des comités populaires de base.

Selon nos sources, Kaddafi, âgé d’au moins 68 ans, a précisé qu’il comptait désormais se consacrer aux questions de politique internationale, laissant entendre que son fils pourrait assurer l’intérim à l’intérieur du pays lors de ses déplacements à l’étranger.

La future position de Seif ne sera pas celle d’un Premier ministre ou d’un membre du gouvernement, dont le mandat n’excède pas quatre ans, mais plutôt celle d’un conseiller pour les affaires intérieures, sans limitation dans le temps, chargé de mener à bien le programme de réformes « Pour la Libye de demain ».

Seif, 37 ans, effectue depuis quelques années des missions diplomatiques en qualité de président de la fondation Kaddafi pour l’action humanitaire et le développement, mais il n’occupe pour le moment aucune fonction officielle. La réunion de Sebha et la (re)mise sur orbite de Seif est-elle un premier pas destiné à préparer la succession du « Guide » ? Il faudra attendre que le rôle que Kaddafi veut lui voir attribuer soit clarifié pour juger de l’étendue de ses pouvoirs et pour avoir confirmation que le compte à rebours de la succession a commencé. Le principal concurrent de Seif reste son frère, l’influent colonel Mootassem, qui détient le poste clé de conseiller pour la sécurité nationale.

Climat : l'Afrique menace de se retirer des négociations




04/11/2009 07:42:59 | AFP

L'afrique compte parmi les régions du monde les plus vulnérables au changement climatique
© AFP
L'Afrique a accepté mardi, après 24 heures de tractations, de reprendre les négociations sur l'avenir du Protocole de Kyoto, mais reste inquiète du manque d'avancées à un mois de la conférence de Copenhague et menace toujours de claquer la porte.


Les délégués africains aux négociations de Barcelone, les dernières avant le rendez-vous de décembre (7-18), avaient suspendu lundi soir leur participation aux discussions, tant que les pays industrialisés n'annonceraient pas des engagements chiffrés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, "d'au moins 40%" en 2020 par rapport à 1990.

L'Afrique a accepté de revenir à la table de négociation, tout en prévenant "qu'un échec demain à considérer les résultats souhaités nous conduirait à suspendre les discussions" à nouveau, a souligné Ousman Jarju, délégué de la Gambie, au nom du Groupe Afrique.

"Le niveau d'ambition des pays développés est inacceptable (. . . ) Nous devons envisager des objectifs et des chiffres ambitieux qui, du point de vue africain, devraient représenter une réduction de 40% au moins", a-t-il également insisté.

L'Afrique très vulnérable

Le continent, responsable de 4% à peine des émissions mondiales de gaz à effet de serre, compte parmi les régions du monde les plus vulnérables au changement climatique qui se traduira pour lui par une extension de la désertification, des sécheresses et de graves pénuries d'eau et de récoltes.

Après l'intervention mardi de la présidence suédoise de l'Union européenne et du pilote des négociations sur le Protocole de Kyoto, John Ashe, un compromis a pu être trouvé sur la suite des discussions qui s'achèvent vendredi à Barcelone.

Ainsi, "60% au moins du temps de négociations restant sera consacré aux discussions sur les chiffres" d'engagements des pays industrialisés au titre de Kyoto, a assuré M. Ashe à la reprise de la conférence plénière.

A un mois de la conférence de Copenhague et de la conclusion d'un nouvel accord climatique, Barcelone offrait cinq derniers jours de négociation, dont deux viennent déjà de s'écouler.

"On tourne en rond"
Les négociations se déroulent parallèlement sur deux rails: l'un pour les pays qui ont ratifié le protocole de Kyoto et sont appelés à renouveler leurs engagements au-delà de 2012. L'autre est ouvert aux 192 pays signataires de la Convention et intègre notamment les Etats-Unis, seul pays industrialisé à ne pas appliquer Kyoto.

"Nous n'avons jamais voulu bloquer les négociations", confiait à l'AFP Ibila Djibril, délégué du Bénin. "Mais on tourne en rond: il reste trois jours de négociations d'ici Copenhague et on ne connait toujours pas les intentions des pays industrialisés. Seule l'UE tient un langage cohérent".

L'Europe vise une réduction de ses émissions polluantes de 20% en 2020, voire 30% dans le cadre d'un accord international contraignant. Elle est la seule à avoir publiquement annoncé ses intentions dans le cadre d'un accord multilatéral.

Pour de nombreux observateurs à Barcelone, "l'Afrique a voulu montrer ses muscles à l'approche de Copenhague".

"C'était un coup de poing sur la table pour que les pays industrialisés mettent leurs engagements sur la table. C'est venu de l'Afrique mais ça aurait pu venir d'ailleurs: il fallait un peu de dramatisation", estime l'un d'eux.

mardi 3 novembre 2009

Rencontre intercommunautaire à Kidal : Vers une alliance pour contrer l’insécurité et promouvoir le développement au Nord-Mali


Soumaïla Guindo L’Indépendant
mardi 3 novembre 2009

A l’initiative de personnalités de premier plan originaires du septentrion malien tels Mohamed El Moctar, ministre de la Culture, Ahmadou Abdoulaye Diallo, ministre de l’Industrie, des investissements et du commerce, Mohamed Ag Erlaf, Directeur général de l’Agence nationale d’investissements des collectivités territoriales (ANICT) une rencontre regroupant les communautés arabe, touareg, sonraï, peulh...s’est tenue le week-end dernier à Kidal. Son objet : mettre en place une alliance pour faire front à l’insécurité sous toutes ses formes, préserver la paix et promouvoir le développement dans le nord Mali. Dans la déclaration adoptée au cours de la rencontre, on relève que celle-ci vise « avant tout, à détendre l’atmosphère entre les communautés elles-mêmes et entre certaines communautés et l’Etat. Elle doit créer un environnement favorable à des débats francs et libres, dans lesquels la force de l’argument prend le dessus sur l’argument de la force, car personne n’est le dépositaire de la pensée juste et de l’action positive ». La déclaration stipule également que « l’alliance participera, aux côtés de l’Etat et sous sa responsabilité, à toute action de développement et de maintien de la sécurité. Pour combattre l’insécurité, d’où qu’elle vienne et sous toutes ses formes, notamment le trafic des armes, de la drogue et le banditisme à main armée que nous condamnons sans réserve, nous déclarons haut et fort que nous joignons toutes nos forces à celles de nos chefs de fractions, de nos élus, de nos représentants de l’Etat, des forces armées et de sécurité. Nous prenons le même engagement à promouvoir un développement local harmonieux et durable ». L’alliance déclare enfin exprimer sa reconnaissance à ATT pour avoir facilité cette rencontre et prouvé, une fois de plus, que du dialogue naissent la paix, la sécurité et le développement.

Initiée par les communautés Ifoghas, Kounta et alliés, la rencontre a enregistré la participation de toutes les communautés des trois régions du Nord. Elle était présidée par les Ministres de l’économie, de l’industrie et des investissements et de la Culture. Plusieurs autres personnalités ont également pris part aux travaux. Sous forme de tribune, les animateurs de la rencontre ont exposé, commenté et analysé les différents thèmes et sous thèmes proposés. A savoir, les facteurs majeurs d’insécurité et d’instabilité, leurs origines et les sources qui les alimentent, les rebellions, le trafic de drogue, le terrorisme salafiste.

A l’occasion de la rencontre, l’alliance des communautés Imghad, Idnane, Arabes, Taghat Mallet et sympathisants a fait une déclaration. Les sujets inscrits au programme sont nos préoccupations essentielles, auxquelles des réponses intéressantes pourraient être trouvées, si l’on débattait correctement et objectivement des problèmes soulevés. Ils sont si vastes, si complexes, si importants et les attentes des populations sont si immenses, les acteurs et les intérêts sont si divers, qu’il ne nous semble pas réaliste de vouloir aboutir à des recommandations ou résolutions pertinentes au cours d’une seule rencontre intercommunautaire de trois jours ", indique la déclaration, qui ajoute que cette rencontre a été une occasion de détendre l’atmosphère entre les communautés elles mêmes et l’Etat malien et a créée un environnement favorable à des débats francs et libres où la force de l’argument a pris le dessus sur l’argument de la force.

" Nous sommes des communautés libres, respectueuses de la liberté des autres, et librement associées au sein d’une alliance qui tire ses fondements de notre volonté commune de résoudre tous nos problèmes sociétaux par un dialogue démocratique et une action citoyenne profondément républicaine. Cette alliance est un cadre ouvert à toute communauté partageant les mêmes objectifs et valeurs. C’est pourquoi nous sommes très réceptifs à tous les débats qui se rapportent à la paix, au développement et à la gouvernance. La paix, nous l’avons toujours recherchée et avons toujours contribué à sa restauration, en synergie avec les autres communautés, car la paix est l’affaire de tous : aucune communauté ne peut à elle seule s’en prévaloir, aucun individu ne peut, à lui seul, en être le garant. Le développement est notre credo. C’est notre aspiration de tous les jours. Pourvu que la sérénité accompagne la réalisation des actions de développement ", ajoute le document. L’alliance est consciente qu’il y a pas de développement sans sécurité et que le développement peut contribuer à la sécurité." Notre alliance participera, aux cotés de l’Etat et sous sa responsabilité, à la mise en œuvre de toute action de développement et de maintien de la sécurité ", promet l’alliance. Elle se félicite de l’élaboration du plan décennal de développement des régions du nord, dont elle demande l’accélération de la mise en œuvre.

Quand à la bonne gouvernance dans la région de Kidal, il est indéniable que des efforts ont été consentis par l’Etat. Mais, l’alliance demande une implication constructive de tous les acteurs locaux pour un changement en gouvernance partagée, de comportement et de pratiques. " C’est ainsi que nous apporterons notre contribution à la construction de la nation malienne, qui, comme une maison, se bâtît du bas vers le haut. Pour combattre l’insécurité, d’où qu’elle vienne et sous toutes ses formes, notamment le trafic des armes, de la drogue et le banditisme à main armée, que nous condamnons sans réserve. Nous déclarons haut et fort que nous joignons toutes nos forces à celles de nos chefs de fractions, de nos élus, des représentants de l’Etat, des forces armées et de sécurité. Nous prenons le même engagement à promouvoir un développement local harmonieux et durable ".

Au terme de la rencontre, les communautés du nord ont mieux compris leurs responsabilités dans la gestion de la paix, la sécurité et le renforcement de la cohésion intercommunautaire. Les communautés et l’administration de l’Etat sont convenues de mieux coopérer pour renforcer la cohésion nationale et défendre l’intégrité territoriale. Les conclusions et recommandations de la rencontre seront partagées avec les autorités concernées et feront l’objet d’un suivi rigoureux afin que l’amorce d’une ère nouvelle soit engagée et ressentie par les populations.

Par Soumaïla GUINDO

lundi 2 novembre 2009

"Touareg, Massacre A L’Uranium", Jean Pierre Duclos Aprico



lundi 2 novembre 2009

Editeur : Dualpha

"Touareg, Massacre A L’Uranium"

Peuple libre et fier,

Peuple miroir de notre nostalgie pour une vie de liberté,

Peuple porteur d’une part capitale de la mémoire de l’humanité,

Les Touareg, un million et demi d’hommes et de femmes repartis dans l’immensité d’un désert morcelé par des frontières arbitraires, luttent pour leur survie et la sauvegarde de leur identité.

Les lois du désert, pour y vivre, nécessitent une liberté et une maîtrise absolue de l’espace.

Pour l’avoir ignoré, la colonisation et les indépendances ont condamné les Touareg à disparaître ou se révolter.

C’est à la fois leur histoire et leurs révoltes qui vous sont rapportées.

Jean Pierre Duclos Aprico a vécu de 1988 à 1992 à Niamey au Niger où il était conseiller du Ministre du Commerce et de l’Industrie. Ami de Mano Dayak (mort en 1995), il reste passionné par le monde Touareg et fait régulièrement des séjours dans l’Aïr.

Auteur : Duclos Aprico ( + de détails )

Editeur : Dualpha ( + de détails )

Date de parution : 23/10/2009

EAN13 : 9782353741427

Genre : HISTOIRE

La 6ème République de Tandja : faut-il conclure à un subtil retour de l’armée sur la scène politique nigérienne





Depuis 1990-1991, le constitutionnalisme a fait « irruption » dans les débats politiques africains, « Le souvenir des turpitudes des trois décennies d’exercice autoritaire du pouvoir a conduit…les forces du changement, à prêter une attention plus soutenue à l’élaboration des nouvelles règles constitutionnelles. Un peu partout sur le Continent, et quel que soit le mode de transition utilisé, l’objectif était le même : créer les conditions d’une suprématie de la Constitution, garante d’un nouvel équilibre des pouvoirs et de l’instauration de l’Etat de droit »[1]. Depuis les élections véritablement démocratiques de 1993, consécutives à la transition démocratique organisées par la Conférence Nationale Souveraine de 1991, le processus de démocratisation nigérien a connu des parenthèses, du fait des incessantes « irruptions » de l’armée sur la scène politique. La problématique de la consolidation du processus démocratique, révéla l’insuffisance des Constitutions successives, à faire face aux difficultés soulevées par le dur apprentissage de la démocratie. A partir 1999, Le Niger se retrouve sous l’égide la 5ème République, en si peu d’histoire en matière de démocratisation ! C’est aussi cette 5ème République, qui détient le record de longévité depuis l’amorce de la démocratisation. Cette longévité semblait s’expliquer par la révolution qu’elle consacre, elle est en effet la seule Constitution qui prévoit pour la première fois une Cour Constitutionnelle au Niger. Cette défunte Cour constitutionnelle, a fortement contribué à dépassionner le climat politique nigérien, en tant qu’arbitre institutionnel du fonctionnement régulier de l’Etat. Elle laisse une jurisprudence audacieuse, qui certainement fera école. Les Constitutions successives, ont-elles été victimes du vide juridique matérialisé par l’absence d’une Cour Constitutionnelle indépendante de tout pouvoir ? Avec les récents évènements, la réponse n’est pas aisée. Nous avons cru à tort, que la noble institution pourrait survivre de ce deuxième bras de fer qui l’a opposé à l’exécutif. Le premier heurt avec l’exécutif, remonte en effet en septembre 2002, avec la première tentative d’utilisation frauduleuse par le Président Tandja de l’article 53 relatif aux pouvoirs exceptionnels du Chef de l’Etat. Si, à l’époque le Président Tandja obtempéra aux arrêts de la Cour, cette fois-ci, le choc a été fatal pour la Haute juridiction. Ainsi, après une brillante leçon de démocratie infligée à la face du monde, le Niger vient d’être rattrapé par son sombre passé : la tradition du régime militaire.

Il apparaît que désormais, la tranquillité de poursuite du processus de démocratisation passe par une démilitarisation de la chose politique au Niger. La stabilité véritablement démocratique ne peut s’obtenir au Niger, si les Constitutions nigériennes résultent d’un marchandage, voire d’une « compromission » entre le politique et l’institution militaire. L’une des tares de la très démocratique 5ème République, est sans conteste l’empreinte laissée par la transition militaire de Wanké, en l’espèce l’amnistie constitutionnelle qui a survécu au référendum controversé. Ce qui de facto, signifie que le destin constitutionnel nigérien reste sous influence de l’Armée. La démocratisation au Niger est aujourd’hui face à un épineux problème, celui de la problématique du confinement de l’armée dans sa mission traditionnelle de défense de la patrie (en cas d’agression intérieur ou extérieur), l’objectif étant de tenir l’institution militaire hors du champ politique. A la base des instabilités constitutionnelles post-Conférence Nationale, se trouve le refus de l’armée de rester dans les casernes (I). La naissance de la 6ème République, confirme si besoin est, que la première force politique au Niger n’est pas un parti politique mais la grande muette (II).


I.- La démocratisation victime des incessantes « irruptions » de l’armée sur la scène politique : 1991-1999
Avec les assises de la Conférence Nationale souveraine de 1991, le Niger pensait avoir tourné le dos à son passé marqué par la dictature militaire. Si l’époque et les circonstances (chute du mûr de berlin, balkanisation de l’ex URSS, activisme des organisations civile et politique naissantes etc.), militaient en faveur de l’avènement de la démocratisation, l’armée nigérienne qui jusqu’à là s’est toujours arrogé le rôle politique, ne semblait pas être préparée à cette brusque mutation. L’humiliation écopée par l’armée lors des assises de la Conférence Nationale, témoigne non seulement de son impopularité, mais amplifie aussi le grand fossé qui existait déjà entre elle et le peuple. Contrairement au Bénin, qui a réussi « une transition à la démocratie pluraliste négociée avec les tenants de la dictature »[2], le consensus a fait défaut au Niger, et cela se ressentira lors de la poursuite du processus de démocratisation. En effet, l’armée ne se généra pas tantôt pour perturber la démocratisation engagée (mutinerie), tantôt pour la court-circuité purement et simplement (coup d’Etat).

L’armée nigérienne n’était pas du tout préparée à l’avènement de la démocratisation. C’est pourquoi, Le bras de fer entre civils et militaire commencé à la Conférence Nationale se poursuivra tout le long des étapes du processus de démocratisation. La brutalité d’émergence du processus de démocratisation, n’était pas de nature à conscientiser l’institution militaire sur la nécessité de s’écarter de l’espace politique, devenu propriété légitime des forces politiques nouvelles. L’armée va très tôt afficher son refus de la démocratisation, par le rejet hautement symbolique d’une décision de la Conférence Nationale concernant l’affaire dite de Tchintabaraden (où plusieurs rebelles touaregs ont été tués par l’armée), trois mois seulement après l’amorce de la transition démocratique. En effet, la libération forcée de leur camarade, le capitaine Maliki impliqué dans l’affaire suscitée au moyen d’une mutinerie[3], est le signe patent de leur non adhésion au processus de démocratisation. Durant quatre jours (le 25, 26, 27 et 28 février 1992), les soldats insurgés ont semé un désordre de déstabilisation politique, au mépris des règles contenues dans la Constitution transitoire (Acte Fondamental 21). Le retour des soldats dans les casernes s’obtiendra au moyen d’une négociation, qui a bénéficié du concours des forces démocratiques (syndicats et partis politiques). Mais, cet accord trouvé avait pour base un préalable contraire au droit : la levée de toute poursuite contre le capitaine Maliki. Cette impunité résultante d’un rapport de force (militaires-autorités transitoires), témoigne de l’effacement du juridique au profit du politique dans une société pourtant désireuse de bâtir un Etat de droit. Pour sa survie, le processus de démocratisation en cours devra désormais s’accommoder de la culture de l’impunité établie au bénéfice de l’armée. Le remaniement inattendu du gouvernement transitoire, dirigé par le Premier Ministre Cheiffou Amadou le 27 mars 1992, est l’autre conséquence politique de la révolte des soldats. Entre le 27 août et la fin de septembre 1992, les militaires affichaient un désaveu total aux autorités de la transition, en imposant leur diktat dans le traitement du dossier relatif à la rébellion touarègue. C’est ainsi, que les autorités de la transition assistèrent de manière impuissante à l’arrestation massive et arbitraire, des personnes en majorité touarègues, soupçonnées de complicité avec la rébellion touarègue. Ce procédé des militaires est d’autant plus choquant, qu’il viole de manière flagrante les valeurs prônées par la transition démocratique, faisant voler en éclat les espoirs de tout un peuple, qui aspire au changement. Les protestations populaires, nées de la troisième mutinerie intervenue sous la 3ème République, confortent d’ailleurs la rupture existante entre le peuple et l’armée. Ce qui n’empêche pas la « rébellion des soldats » de continuer à jalonner le processus de démocratisation engagée.

Sans vouloir déprécier les revendications économiques (difficiles conditions de vie et de travail) souvent exhibées par les soldats révoltés, il faut admettre que le véritable mobile est ailleurs, dès lors que ces doléances pouvaient trouver une issue par simples pourparlers. A l’aube de la 5ème République (en septembre 1999 sous Wanké), le Niger enregistrait la cinquième mutinerie ! Même la transition militaire de Wanké n’échappera pas à ce phénomène (la quatrième mutinerie). Phénomène d’apparition post-Conférence Nationale, la mutinerie est la conséquence du brutal écartement (sans inventaire) de l’arène politique, des dépositaires civils et militaires des régimes d’exception (de KOUNTCHE et de Ali CHAIBOU). Les mutineries, peuvent être interprétées comme l’expression affichée du refus de la démocratisation, qui tire son fondement dans le dangereux flirt entre le politique et l’armée. Les revendications corporatistes des soldats, sont en substance impulsées par des officiers militaires qui entretiennent des liens étroits avec des hommes politiques. Dans le contexte nigérien, le pacte entre civils et militaires se base sur des considérations diverses (ethniques, régionales, familiales, amicales etc.). La politique au Niger, c’est avant tout l’histoire d’une instrumentalisation réciproque entre l’armée et l’élite politique. En d’autres termes, derrière les soldats insurgés se cachent toujours les hommes politiques, par conséquent la mutinerie, est toujours une manœuvre de déstabilisation politique. La sixième mutinerie intervenue sous la 5ème République n’échappe pas à la règle, mais sera analysée un peu plus loin, sous un autre angle vu les circonstances et le cadre de sa survenance.

Le processus de démocratisation au Niger n’a pas seulement connu que des perturbations (mutineries), il a aussi été à deux reprises victimes de putsch ou retour de l’armée sur la scène politique en 1996 et 1999. La Constitution de la 3ème République adoptée par référendum en 1992 sous la transition démocratique, qui constitue en réalité la première Constitution véritablement démocratique au Niger, va connaître un sombre destin. Cette Constitution perçue comme un remède contre le « monocéphalisme » de l’exécutif, consacre un régime semi-présidentiel, qui en février 1995 va plonger le Niger dans une cohabitation politique difficile. L’immaturité politique des autorités représentatives n’était pas de nature à gérer cette cohabitation politique, qui de ce fait va se transformer en une crise politique de grande envergure. L’armée nigérienne qui n’a jamais digéré d’être privée de son rôle politique (souvent entériné par les Constitutions de pure forme), saisie l’occasion pour revenir au pouvoir, par le coup d’Etat militaire de Ibrahim Baré Maïnassara du 27 janvier 1996. Le Colonel Baré ne manque pas de justification à son putsch, il invoque entre autres[4], « la crise irraisonnée et personnalisée » de deux chefs de l’exécutif et le « péril majeur » qui a poussé l’armée à prendre ses « responsabilités ». Ces responsabilités n’étant prévues par aucun texte, c’est l’armée seule qui juge de l’opportunité de revenir sur la scène politique, ce qui soulève la problématique de la pérennité du processus de démocratisation, qui vient du subir un grand recul avec la fin d’un régime voulu par la Conférence Nationale. Mais, Le Colonel Baré, qui a pris le pouvoir dans le but d’éviter au Niger une guerre civile ‘‘annoncée’’ par une cohabitation dangereuse, va se succéder à lui-même (4ème République) dans une atmosphère politique indigeste (irrégularités électorales, contexte économique difficile, embrasement du front social, crise interne au régime etc.). La politique n’échappe pas aussi à la règle qui stipule que ‘‘les mêmes causes produisent les même effets’’. Ainsi, le Colonel Baré (devenu entre temps Général) reproduit exactement le schéma de blocage institutionnel qui prévalait au moment de la cohabitation, à la différence près qu’il va se dénouer dramatiquement. Car, le 9 avril 1999 le Général Baré est tué par les éléments de sa propre garde présidentielle, à la tête de laquelle se trouve le Chef d’escadron le Commandant Daouda Mallam Wanké. Cette tragédie politique trouva une qualification par la voix du Premier ministre Hassane Mayaki qui l’a présenté comme un « accident malheureux » ! L’armée enterre donc pour la deuxième fois une Constitution post –Conférence Nationale, en vertu du rôle politique qu’elle s’est illégalement assignée. Avec l’arrivée au pouvoir du Commandant Wanké, c’est une autre transition militaire, la deuxième de ce genre qui s’instaure au Niger. La défunte 5ème République résulte de cette transition militaire. Le dénominateur commun entre la 4ème et la 5ème République, c’est qu’elles sont toutes deux issues des transitions militaires. Il y a eu donc depuis la Conférence Nationale une alternance des transitions, dont une démocratique et deux militaires. Mais, ces deux transitions militaires se distinguent sur un point fondamental. Dans la première transition militaire, l’armée a succédé à elle-même, tandis que dans la seconde transition militaire, les militaires ont assuré le retour à une vie constitutionnelle normale « sous contrôle ». En effet, l’intervention politique de l’armée va prendre une forme beaucoup plus pernicieuse pour la démocratisation en cours, de par sa subtilité (II).

II.- La démocratisation « otage » de l’institution militaire : 1999 – 2009La reprise du processus démocratique, va s’opérer cette fois-ci sur la base d’une « compromission » préjudiciable à la paix sociale. La Constitution adoptée sous le CRN (Conseil de Réconciliation Nationale) de Wanké le 18 juillet 1999 et promulguée par décret[5] le 9 août 1999, dispose à son article 141 qu’ «Une amnistie est accordée aux auteurs des coups d’Etat des 27 janvier 1996 et 9 avril 1999 ». A l’alinéa 2 du même article, on peut y lire : « Une loi sera votée à cet effet lors de la première session de l’Assemblée nationale ». Même si il est admis, que le moment constituant soit souvent un moment de violation des droits, les dispositions de cet article 141 pêchent tout de même par leur caractère flagrant. La pression exercée par les acteurs de la transition militaires sur les autorité de la 5ème République à peine installée, entraîna effectivement le vote de loi 2000.01 du 24 janvier 2000, dès la première session de l’Assemblée nationale. Cette amnistie, consacrée par l’article 41 de la Constitution de la 5ème République, se trouve en sus verrouillée par les dispositions de l’alinéa 2 de l’article 136 de la même Constitution qui dispose que « La forme républicaine de l’Etat, le multipartisme, le principe de la séparation de l’Etat et de la religion et les dispositions des articles 36 et 141 de la présente Constitution ne peuvent faire l’objet d’aucune révision ». Lors de l’élaboration des textes fondamentaux, l’insertion de cette amnistie dans le corpus de la loi fondamentale est presque passée sous silence, exceptée la timide protestation du parti de Baré, le RDP. Les forces politiques nigériennes, se sont volontairement abstenues de prendre position par rapport à cette amnistie pour deux raisons : la promesse d’un retour à une vie constitutionnelle normale faite par les militaires, et la crainte d’être exclu pour les échéances électorales à venir. Par ailleurs, la population nigérienne en majorité analphabète n’a pas véritablement été sensibilisée sur le contenu de cette Constitution lors du referendum constitutionnel. L’absence d’une véritable popularisation expliquant la portée des dispositions constitutionnelles à adopter, traduit la volonté de dissimuler la vérité au peuple. Ce qui explique l’adoption de la Constitution sans difficultés, malgré des dispositions contraires à la philosophie d’un Etat de droit.

Le silence de la classe politique face à un texte fondamental entaché par l’empreinte de l’armée, laisse supposé que l’amnistie ne profite pas qu’à l’armée. Il suffit simplement de se rappeler qu’à l’arrivée de Wanké au pouvoir, « L’enthousiasme des leaders du front pour la restauration et la défense de la démocratie a été tel qu’ils ont même été soupçonnés de complicité dans le coup d’Etat »[6]. Le coup d’Etat de Wanké a engendré trois autres victimes[7] en plus du Président Baré. En constitutionnalisant l’amnistie qui interdit toute poursuite aux auteurs et co-auteurs des coups d’Etat de 1996 et de 1999, les autorités de la transition militaire se sont d’office mises en situation de coupables idéales, mais protégées par la loi fondamentale ! Logiquement, une amnistie intervient après l’identification des coupables, ce qui suppose préalablement l’établissement de la vérité sur les faits incriminés. En imposant que soient amnistiés les assassinats intervenus lors du coup d’Etat de 1999, le CRN ne cache pas sa culpabilité, mais refuse par contre à ce que la lumière soit faite, en utilisant la Constitution comme bouclier. La Constitution nigérienne, consacre donc aussi bien le droit que l’impunité. Concrètement, la loi fondamentale de la 5ème République qui à son article 11 protège le droit à la vie, inclut aussi la protection des assassins aux articles 136 et 141. La 6ème République de Tandja reconduit la même logique pour des raisons évidentes (articles 11 et 159). Ce paradoxe explique que le titre du rapport d’Amnesty International du 8/09/1999 soit intitulé, « Niger : le sacre de l’impunité »[8].

Il découle de l’amnistie le principe d’interdiction de toute recherche sur le fait amnistié, ce qui fait obstacle à toute action en justice. Cette situation contrevient naturellement au droit fondamental à un recours effectif devant une juridiction impartiale, garantie par les textes internationaux de protection des droits de l’Homme. La plainte contre X pour assassinat déposée (avant le vote de la loi d’amnistie) par la famille Maïnassara Baré le 24 mai 1999, au tribunal régionale de Niamey a été classée sans suite le 7 septembre 1999 pour « inopportunité de la poursuite en raison de l’amnistie des droits et faits intervenus suite au décret n°99-320 du 9-08-1999 qui a promulgué la Constitution du 18 juillet 1999 ». Par le biais de la question préjudicielle, la famille Maïnassara Baré, tenta même un recours en inconstitutionnalité de la loi d’amnistie en 2002. La Cour Constitutionnelle saisie d’une requête en date du 24 janvier 2002, par le Président de la Cour d’Appel de Niamey a déclaré dans son arrêt[9] n° 2002-03/CC du 7 août 2002, la conformité de la loi d’amnistie à la Constitution, mettant fin définitivement à toute possibilité de poursuite concernant l’assassinat de Baré. En effet, aussi parfaite soit t-elle de par son organisation et ses attributions, l’audacieuse et regrettée Cour Constitutionnelle de la 5ème République (qui demeure un modèle unique en son genre), ne peut se prononcer sur « la conformité d’une disposition constitutionnelle par rapport à une autre disposition constitutionnelle ». Dans un pays à majorité musulman, où prédomine la culture du pardon dans le règlement des différends, était-il opportun d’instituer cette amnistie ?

A une époque où le devoir de mémoire est fondamental, l’amnistie accordée aux autorités de la transition militaire de Wanké, est la traduction du développement d’une forme virulente de culture d’impunité, qui attise le désir de vengeance. Nul doute, que les militaires avec la complicité de la classe politique, ont posé là un précédent dangereux préjudiciable à la paix sociale et à la bonne marche de la démocratisation. Désormais, les militaires peuvent toujours se permettre d’interrompre le processus de démocratisation, puisqu’ils peuvent utiliser le droit pour se protéger. Paradoxalement, la justification du refus de toute enquête indépendante sur l’assassinat de Baré par les autorités de la 5ème République, par leur serment coranique de respecter et faire respecter la Constitution, ne les a pourtant pas empêché l’organisation illégale du référendum accouchant la 6ème République. Inaugurée sous la 5ème République, la pratique de l’amnistie constitutionnelle est aujourd’hui entérinée par la 6ème République à l’article 159. La survivance de l’amnistie constitutionnelle au référendum inconstitutionnel du 4 août 2009 n’est pas un fait de hasard. Il suffit simplement de constater, que les présumés auteurs du coup d’Etat sanglant du 9 avril 1999, occupent toujours des responsabilité stratégiques au sein de l’armée. Les conflits et le développement du clanisme (affaire pelé[10]) qui gangrènent l’institution militaire, ne sont que la conséquence sa politisation à outrance. L’amnistie constitutionnelle imposée par les militaires, place de facto le constitutionnalisme nigérien sous surveillance d’une armée divisée (entre partisans et non partisans du système en place). Si la 5ème République, marque le début d’une prise d’otage par l’armée du processus de démocratisation, la 6ème République n’est que la consécration de cette prise d’otage. Les artifices fallacieux qui ont entraîné la fin de la 5ème République, prouvent que l’effectivité de cette prise d’otage, se fonde sur une coïncidence de l’histoire qui s’est avérée malheureuse : le Président de la République démocratiquement élu, est un militaire de carrière ! Partant de cette considération l’intérêt de certains militaires (particulièrement ceux qui sont actuellement aux commandes) qui a ses racines dans la loi fondamentale (amnistie), se trouve à jamais garanti par un frère d’arme (Président de la République). Dans le même sens, le Président Tandja peut tout se permettre, dès lors qu’il s’appuie sur une armée qui lui est fidèle. A une date encore récente, la situation de blocage qu’il a crée allait déboucher sur un inévitable Coup d’Etat – qu’elle fut la surprise de la population nigérienne- lorsque l’armée annonce ne pas interférer dans le champ politique, en vertu du « devoir de neutralité et de réserve » !

En fait, avec l’élection du Président Tandja en 1999, l’armée n’a pas eu besoin d’utiliser la force pour revenir au pouvoir. Mais, les réflexes de l’Etat d’exception vont faire très tôt faire leur apparition, dans de cette ère qui se veut démocratique. Le précédent qui devrait alerter sur l’orientation dictatoriale du régime Tandja, remonte avec le premier choc de l’illustre Cour Constitutionnelle de la 5ème République avec l’exécutif en septembre 2002. L’origine de cette crise date du fin juillet - début août 2002, où des soldats se révoltèrent dans certaines casernes militaires du Niger : N’gourti, N’guimi, Diffa et Niamey. Pour juguler ces mutineries[11], le Président de la République, n’a eu d’autres alternatives que la signature deux décrets[12], le premier proclamant la mise en garde dans la région de Diffa et le second régissant les mesures particulières dans le cadre de la mise en garde. Sur saisine des députés de l’opposition, la Cour déclara non conforme à la Constitution les deux décrets dans son arrêt n°2002-016/CC du 6 septembre 2002, en ce qu’ils violent les dispositions de l’article 53 de la Constitution relatif aux pouvoirs exceptionnels du Chef de l’Etat. La Cour précise que conformément à la procédure décrite à cet article, « le Président de la République avant de prendre « les mesures exceptionnelles », consulte le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée Nationale, le Président de la Cour Constitutionnelle, le Président de la Cour Suprême[13] puis informe la Nation par un message ». Or constate la Cour, la délivrance du message à la Nation qui est « une exigence constitutionnelle » et non « une simple faculté » n’a pas eu lieu. Dans le fond, le raisonnement de la Cour est conforme à sa mission en ce qu’il vise à contrecarrer ce dérapage de l’exécutif qui est inadmissible dans un Etat de droit. Mais, l’arrêt en question n’a été signé que par quatre Conseillers[14] le cinquième Conseiller, en l’occurrence le feu Abdou Hassane était absent aux moment des faits pour cause de maladie. En rendant un arrêt sans quorum[15], la Cour s’est exposée aux assauts de l’éxécutif, qui dénonce la violation par la Cour de ses propres compétences. La pression politique subie par les Conseillers à cette occasion, entraîna la démission du Président et du Vice-président. Autrement dit, l’affaire a eu d’énormes répercussions politiques qui ont porté un coup dur à la solidarité des Conseillers. Néanmoins, ce choc a aussi eu des effets positifs, car Le Président de la République prit finalement un décret[16] le 23 septembre 2002, mettant fin à la mise en garde dans la région de Diffa. Poursuivant son bras de fer qui l’oppose à la haute juridiction, le Président de la République saisi la Cour le 22 décembre 2003, aux fins de contrôle des arrêts sans quorum, au rang desquels figure l’arrêt du 6 septembre 2002, la Cour recomposée déclare « l’inexistence juridique des dits arrêts » dans sa décision n° 2003-12/CC du 29 décembre 2003[17]. Il apparaît que dès ses premiers pas bien que quelque peu erronés, la Cour Constitutionnelle a dérangé le Président Tandja dans sa tentative hégémoniste. Elle a constitué un frein dans cette première mise en œuvre illégale des pouvoirs exceptionnels du Chef de l’Etat. Cette situation constitue déjà une alerte sur l’avenir de la démocratisation, avec un Président très porté sur la personnalisation du pouvoir, parce que formé à l’école de la dictature.

En substance, la démocratie constitutionnelle prônée par la 5ème République, ne cadre pas avec les ambitions personnelles d’un Président adepte des pouvoirs exceptionnels. La démocratisation nigérienne est aujourd’hui l’otage d’un Président Colonel, sur lequel veille une sorte ‘‘d’intelligentsia militaire’’ gardienne occulte de l’amnistie constitutionnelle. Sous cet angle, la 6ème République s’apparente à un subtil retour de l’Armée sur la scène politique nigérienne. Conforme aux ambitions du Président Tandja, la 6ème République instaure un pouvoir exécutif hypertrophié, sans aucun mécanisme fiable de contrôle. Le modèle de l’ancienne Cour Constitutionnelle, parce qu’il permet le développement du constitutionnalisme démocratique, qui proscrit toute possibilité de dérive autoritaire, a été abandonné. La Cour Constitutionnelle de la 6ème République, est une institution hautement politisée du fait du rôle exclusif des autorités politiques dans la désignation des juges constitutionnels. La désignation par les groupes socioprofessionnels, gage d’indépendance et d’impartialité de la Cour a été abandonnée, en souvenir du refus opposé par la défunte Cour à l’organisation du référendum illégal du 4 août 2009. L’actuelle Cour Constitutionnelle est donc une simple institution au service du Président de la République. Sur les 9 membres que composent la Cour (article 105), le Président de la République dispose à lui seul de 5 représentants. Au fond, La 6ème République, est un véritable régime présidentialiste de par son fonctionnement. Les arrestations arbitraires, les tentatives de muselage de la liberté de presse, les répressions des manifestations populaires etc., sont là pour rappeler que le Niger vient de passer de la « démocratie constitutionnelle » à la « dictature constitutionnelle ». C’est l’occasion de féliciter les rédacteurs de la Constitution de la 5ème République, car ils ne se sont pas contentés de faire plaisir aux militaires (amnistie constitutionnelle), ils ont surtout doté le Niger d’une loi fondamentale qui était favorable au développement du constitutionnalisme démocratique. L’adoption de la 6ème République à la suite du référendum constitutionnel illégal du 4 août 2009, plonge le Niger dans l’ère de l’autoritarisme, avec la bénédiction de la grande muette. Conséquemment, l’exercice du pouvoir autoritaire né du ‘‘Tazartché’’ se fait désormais en concertation avec l’Etat-major des armées, qui constitue le soutien principal du régime actuel. La récente nomination au poste de Premier ministre de monsieur Ali Badio Gamatié Vice gouverneur de la BCEAO, technocrate réputé apolitique, atteste en effet que le Président Tandja n’a plus besoin de son parti le MNSD pour diriger le Niger.

Après des perturbations (rébellion des soldats) et interruptions (putsch), le processus de démocratisation est aujourd’hui victime d’une autre forme de régression avec l’avènement de la 6ème République (coup d’Etat constitutionnel). En effet, cette dernière n’est que la consécration du retour de l’armée sur la scène politique, au moyen d’une démocratie de façade. La présupposée neutralité de l’armée face à ce chaos que vit le Niger, est indissociable de la survivance de l’amnistie constitutionnelle au référendum forcé du 4 août 2009. La reprise du processus de démocratisation au Niger passe nécessairement par une dépolitisation de l’armée. Il s’agit d’inculquer les valeurs démocratiques à l’armée, pour qu’elle fasse de l’apolitisme son mode de vie, afin de s’abstenir de toute intrusion (subtile ou affichée) dans le destin constitutionnel du Niger. En substance, la démocratisation de l’armée est un préalable incontournable pour la reprise sereine de la démocratisation tout court.
Faut-il commencer par initier une réflexion sur la nécessité d’encadrer la reconversion des anciens militaires dans la carrière politique ?

IMERANE MAIGA Amadou doctorant en droit public
FDSP – Université Lumière Lyon2

imerane@gmx.fr Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Notes
[1] Albert BOURGI, « La réalité du nouveau constitutionnalisme africain » in lecture et relecture de la Vème République, colloque du 40ème anniversaire, 7-8-9 octobre 1998, http://helios.univ-reims.fr/Labos/CERI/la realite du nouveau constitutionnalisme africain.htm.
[2] Stéphane BOLLE, « Le nouveau régime constitutionnel du Bénin. Essai sur la construction d’une démocratie africaine par la Constitution », Thèse, Université Montpellier I, 13 décembre 1997, p.89.
[3] Trois (3) mois seulement après la mise en place des autorités transitoires, les éléments de la garnison de Niamey prenaient d’assaut la prison civile de Kollo, qui se trouve à quelques kilomètres de Niamey, pour libérer le capitaine Maliki Boureïma qui a été déféré à la justice militaire sur décision de la Conférence Nationale, concernant l’affaire dite de Tchintabaraden, où l’agissement de l’armée entraîna la mort de plusieurs rebelles touaregs.
[4] Voir le journal le démocrate n°145 du lundi 6 mars 1995.
[5] Il s’agit du décret n° 99-320/CRN du 9 août 1999.
[6] Mamoudou Gazibo, « Niger : l’usure progressive d’un régime militaire » in Afrique contemporaine, la documentation Française, n°191, juillet-septembre 1999, p.39.
[7] Ce sont : Ali Sahad Consul du Niger en Libye, le Sergent Malam Souley chauffeur de Baré, et le Lieutenant Idé Abdou de l’Escadrille nationale.
[8] Voir http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AFR43/006/1999.
[9] Cour Constitutionnelle du Niger, Recueil des décisions (contrôle de conformité à la Constitution), 2001-2005, pp.64- 68.
[10] Il s’agit de l’affaire de l’enlèvement de Djibrilla Hima Hamidou dit pelé, commandant d’escadron blindé de Niamey et ancien porte-parole du CRN de WANKE. Il avait été enlevé et séquestré dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 juin 2002. Suite à cet acte, plusieurs officiers et sous officiers furent interpellés dans un climat de violence et arrêtés par la suite. Cette situation a été analysée comme une guerre de clans, entre les militaires fidèles à la mémoire de BARE et ceux qui ont participé à son assassinat.
[11] Cette mutinerie est complexe, en ce qu’elle revêt plusieurs dimensions. Profitant de cette mutinerie, le gouvernement via les forces loyalistes, procéda à des arrestations des officiers militaires et des civils opposés à son action. On se souvient que, lors de la tenue de la trente troisième (33) assemblée de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à Niamey du 15 au 25 mai 2003, les membres des familles des militaires et civils détenus arbitrairement après cette mutinerie ont fait des sit-in devant le palais des congrès où se déroulait la dite session.
[12] Décrets n° 2002-208/PRN/MDN du 31 juillet 2002 proclamant la mise en garde dans la région de Diffa et n°2002-210/PRN/MDN du 5 août 2002 portant mesures particulières dans le cadre de la mise en garde.
[13] Devenue Cour de Cassation depuis la révision opérée par la loi n°2004-15 du 13 mai 2004, Journal Officiel de la République du Niger, spécial n°7 du 14 mai 2004.
[14] Elhadji Sani Koutoubi Président, Lawan Oumara Grema Ari Vice-président, Abdou Inazel et Badroum Mouddour.
[15] Aux termes de l’article 15 de la loi n° 2000-11 du 14 août 2000 déterminant l’organisation, le fonctionnement et la procédure à suivre devant la Cour Constitutionnelle modifiée, « Les délibérations et avis de la dite juridiction sont rendus par cinq (5) membres au moins ».
[16] Décret n°2002-237/PRN/MDN du 23 septembre 2002 mettant fin à la mise en garde proclamée dans la région de Diffa, journal officiel de la République du Niger, 15 octobre 2002.
[17] Cour Constitutionnelle, Recueil des décisions 2001-2005 op.cit., pp. 121-124.

dimanche 1 novembre 2009

Les travaux de la Conférence internationale sur "les priorités de l'Union Africaine

Politique africaine
- Les travaux de la Conférence internationale sur "les priorités de l'Union Africaine (UA)" ont démarré, samedi soir à Sebha (800 km au sud de Tripoli), avec la participation de plusieurs professeurs, chercheurs et académiciens des universités de Libye, du Soudan, d'Egypte, du Ghana, du Nigeria, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

Organisée par l'université de Sebha en collaboration avec le centre mondial des études et recherches sur le "Livre vert", sous le thème "Pour l'édification des Etats-Unis d'Afrique", cette rencontre se penchera deux jours durant sur des thématiques s'articulant autour de l'édification des Etats-Unis d'Afrique.

Cette conférence vise, selon les initiateurs, à promouvoir les efforts intellectuels des fils du continent en vue d'accélérer l'édification des Etats Unis d'Afrique pour en faire un havre de sécurité au profit des populations du continent, à mettre en exergue le rôle pionnier de la Libye dans la construction d'un espace africain capable d'accompagner les exigences de notre époque.

La réunion mettra aussi en évidence l'importance politique et économique des Etats-Unis d'Afrique et son rôle dans la garantie de la stabilité et du développement du continent.

Sebha - 01/11/2009

L’Association nigérienne de défense des droits de l’Homme (ANDDH) demande de nouvelles législatives

NIAMEY (AFP) - 01.11.2009
dimanche 1er novembre 2009

L’Association nigérienne de défense des droits de l’Homme (ANDDH) a appelé dimanche à la tenue de nouvelles élections législatives, estimant que celles du 20 octobre perpétuaient le "déficit démocratique" du Niger.

"Après la tenue illégale du référendum constitutionnel, l’organisation de ces législatives n’a pas dissipé le déficit démocratique que connaît le Niger", a estimé la plus importante ONG du pays dans une déclaration transmise à l’AFP.

L’ANDDH demande "la reprise" de cette élection "dans des conditions de pluralisme politique et démocratique".

Remportées sans surprise par le parti au pouvoir, les législatives du 20 octobre avaient été boycottées par l’opposition et dénoncées par la communauté internationale.

Après avoir demandé leur report, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest a suspendu le Niger et affirmé qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats des élections.

L’ANDDH demande aussi "la suspension" de la Constitution adoptée le 4 août par un référendum très contesté.

Cette nouvelle loi fondamentale permet au président Mamadou Tandja, 71 ans, de rester au pouvoir au moins jusqu’en 2012 plutôt que de se retirer en décembre comme initialement prévu.

Le référendum est "anticonstitutionnel" et "à la base de la crise institutionnelle, politique et sociale actuelle au Niger", estime l’ANDDH.

L’ONG appelle la Cédéao, l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) "à maintenir toute leur attention sur le Niger pour contraindre ses autorités au respect des principes démocratiques".

Pour arriver à ses fins, M. Tandja avait dissous en mai et en juin le Parlement et la Cour constitutionnelle pour arriver à ses fins.

La Cédéao et l’UE, gros bailleur de fonds du Niger, ont demandé à M. Tandja de renouer le dialogue avec ses opposants. L’Union interpalementaire (UIP) a également suspendu le Niger.

Mali : Ag Bahanga retourne dans le processus de paix

Tripoli - 31/10/2009 Pana
dimanche 1er novembre 2009
S’exprimant lors d’une conférence de presse à Tripoli en présence de certains membres de l’ATNM représentés par la faction de Tessalit, Daity Ag Sidimou, parlementaire malien et Abdallah Ag Bekaye, maire de la ville de Tessilit, M. Ag Bahanga a affirmé dans un communiqué, "s’adresser au peule malien, à travers le président Amadou Toumani Touré, pour souligner mon engagement à l’égard du dialogue pacifique et démocratique".

Le président de l’ATNM, qui a salué le processus de réconciliation en cours dans le pays, a affirmé apporter sa caution au forum général de réconciliation qui a regroupé toutes les franges de la société du Nord du Mali et qui se tient dans la ville de Kidal, exprimant son espoir que ce forum débouche sur la consolidation du ciment de l’unité nationale du peuple malien.

M. Ag Bahanga a indiqué que cette annonce intervient en réponse à l’appel lancé par le guide Mouammar Kadhafi le 7 août 2008 et dans lequel il a exhorté les touaregs à la paix et à l’intégration et à l’action démocratique au Mali et au Niger et en confirmation de la déclaration du 2 mars 2008 dans la ville de Syrte et du 6 octobre à Sebha 2009 (Centre et Sud de Libye). Il a salué le guide Kadhafi, président de l’Union africaine (UA) pour ses efforts en vue de l’instauration de la paix et de la stabilité, ainsi que toutes les parties ayant contribué au processus historique, notamment la Libye et l’Algérie.

Les commandants des fronts, mouvements et factions de rébellion au Nord du Niger et au Nord du Mali ont, rappelle-t-on, lors d’une cérémonie organisée par les tribus touaregs du Niger, du Mali et de Libye le 6 octobre 2009 à Sebha (Sud de Libye), proclamé en présence du guide Mouammar Kadhafi la paix totale dans ces deux régions en réponse à l’appel qu’il leur avait lancé le 17 août 2008 à Oubari (sud libyen) pendant la grande cérémonie des tribus touaregs du grand Sahara pour abandonner la violence, déposer les armes, s’intégrer dans les sociétés de leurs pays respectifs pour servir la paix, se consacrer à la construction du développement et contribuer dans la bataille livrée par l’Afrique pour parachever son unité.

Niger:La republique des (z)'amadous!!

Niger:La republique des (z)'amadous!!

m'amadou tanja le président ;m'amadou issoufou l'opposant;h'ama amadou l'ex primo -déchu;m'ahaman ousmane l'ex président de l'assemblée pour ne citer que ceux ci ..
La republiques des z'amadous est la dernière au monde en terme d'indice de developpement humain :est ce l'effet d'un hasard?
mahamadou;hama;amadou dérive de mohamed .

Wourdougou Abba