samedi 23 janvier 2016

Blog 360

LIBYE: AUX ARABES DE JOUER

Par Péroncel-Hugoz le 22/01/2016 à 12h04
Benghazi
Benghazi dévastée par la guerre intestine
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Après s'en être pris aux Occidentaux trop interventionnistes en Libye, notre chroniqueur donne un coup de dent à la passivité arabe face au pays des Syrtes en pleine guerre civile.
« De Libye vient toujours du nouveau ! » nous apprit le Grec Hérodote qui forgea le nom de ce vaste pays à partir des Lébous, antique tribu berbère des lieux. Ces nouveautés libyennes furent souvent positives comme l'empereur romain Septime-Sévère, venu de Leptis-Magna ou bien la dynastie nationale des Karamanlis (1711-1835) ; ou encore la confrérie islamo-nationaliste, d'origine algérienne, des Sénoussis, qui, avec le règne du pacifique roi Idriss 1er (1951-1969) donna au pays ce qui fait figure aujourd'hui, face au sanglant chaos général, de « belle époque ».


En 2011, le dictateur Kadhafi, agitateur international, fut renversé au cours d'une expédition typiquement impérialiste lancée par le président français Sarkozy, sur suggestion du « philosophe » parisien Bernard-Henri Lévy, affamé de rejouer les Malraux ou les Camus. Le résultat de cette énorme pantalonnade, soutenue par tout l'Occident, fut un appel d'air pour les djihadistes et brigands de tout poil vers le vide politique absolu ayant suivi le lynchage de Kadhafi.


Les seules paroles sensées alors entendues parmi les Arabes – car l'affaire libyenne concerne essentiellement le monde arabe ! - vinrent de deux femmes : la reine Rania de Jordanie et l'ex-ministre française (de souche maroco-algérienne) Rachida Dati : « les musulmans doivent régler leurs problèmes entre eux ! ».


Les décideurs arabes ont fait semblant de ne pas entendre cette double voix féminine, à part un peu le Maroc qui a abrité plusieurs fois les conversations, pour l'instant inabouties, libyo-libyennes dont les conclusions doivent maintenant être appliquées.


La nouvelle mais anachronique expédition occidentale dont il est question ne réglerait rien, au contraire. C'est à la Ligue arabe, particulièrement amorphe ces temps-ci, c'est aux principales puissances militaires arabes suréquipées de matériel importé à grands frais d'Europe et d'Amérique du Nord, de prendre les choses en mains. Sinon le mal libyen va gagner toute l'Afrique sahélienne : le Nigeria où progresse Boko-Haram pourrait bientôt opérer la liaison avec la Libye via le fragile Niger, plus ou moins protégé (plutôt moins que plus…) par la France.


Le géopolitologue français Bernard Lugan, dont les analyses concernant la Libye ont été vérifiées dans les faits depuis 2011, nous a annoncé, le 13 janvier, sur son blog que des avions furtifs de Daech, partis de Turquie, ont commencé à déverser des combattants internationaux sur le rivage des Syrtes. Un énorme califat djihadiste se dessine, de l'Euphrate au fleuve Niger via les sables pétrolifères de l'immense et vide Libye (6 millions d'âmes sur 1 760 000 km²). Et les Arabes regardent les bras croisés ce désastre se profiler à l'horizon …


Lire : « Histoire et géopolitique de la Libye des origines à nos jours », par Bernard Lugan, 215 pages avec 25 cartes couleurs. 2015. A commander sur www.bernard-lugan.com

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