mardi 26 janvier 2016

TFE/ Sujet de recherche de départ : « Créer des liens : réseaux sociaux chez les Touaregs et leur diaspora européenne ».

Pour eventuelles suggestions chèrs ami(e)s!!!
I.TFE/  Sujet de recherche de départ : « Créer des liens : réseaux sociaux chez les Touaregs et leur diaspora européenne ».
Avant le week end à Massembre, j’avais choisi ce thème comme sujet de mémoire. Le point de départ de ce sujet repose, en effet, sur un constat : la diaspora touarègue en Europe est surtout composée d’individus isolés, qui vivent souvent en couple avec des européens ou des européennes. Rares sont les familles entières qui sont actuellement présentes en Europe. Ils sont le plus souvent venus s’installer seuls en Europe pour y travailler, faire des études, se marier,… Dispersés aux quatre coins de l’Europe et du monde (Canada, Etats-Unis, Chine,…), ils n’occupent pas de ville en particulier ni de quartier en particulier, à la différence de ce que l’on rencontre dans de nombreux tissus urbains africains (Niamey, Ouagadougou, Abidjan,…). Le sentiment communautaire des Touaregs doit aussi sans doute être considéré par le prisme du nomadisme : l’éloignement n’est rien pour un peuple qui se pense en éternel mouvement.
Aujourd’hui écartelés, comme beaucoup de peuples issus de pays en voie de développement, entre un fonctionnement politique et social traditionnel et une modernité venue de l’Occident, les Touaregs sont confrontés à un double bouleversement : celui de leurs structures sociales de bases et de leurs modes de communication. Même si de nombreuses zones reculées sont encore hors réseau, depuis une petite dizaine d’années, la couverture du réseau GSM est suffisante pour communiquer convenablement avec le reste du monde. Le réseau Internet est présent dans de nombreuses villes et villages (Kidal, Gao, Tahoua, Agadez,…) et fonctionne convenablement. De son côté, la diaspora touarègue en Europe a depuis longtemps investi les moyens modernes de communication et a tissé ou retissé des liens distendus par l’éloignement. Avec l’accès massif des Touaregs où qu’ils soient (en Afrique ou en Europe) aux moyens numériques de communication (Facebook, Twitter, Viber, Whatsup, Skype, etc.), un nouveau type de liens et de rapport entre les individus émerge. Les interactions sont plus nombreuses, les échanges plus suivis ; le lien se recrée et permet l’échange d’idée parfois plus librement (grâce aux pseudonymes). On assiste, grâce à l’essor de ces moyens de communication, à une multiplication des initiatives à vocation sociale ou culturelle (cotisation pour aider des réfugiés, soutenir la poésie touarègue, financer la chaîne de télévision touarègue,…). Schématiquement présenté, ma question de recherche initiale de recherche pouvait se définir de la façon suivante : en quoi les moyens de communication numériques ont-ils permis de créer et de recréer un lien social, politique et culturel entre les Touaregs sahariens et sa diaspora ? Quelle est la nature de ce lien ? Quelles évolutions sociale et culturelle a-t-il permis ?
Grâce aux conseils et à l’éclairage apportée par les différents professeurs présents au weekend résidentiel, j’ai pris conscience de l’imprécision de cette question. J’ai donc reformulé ma question de départ.
II. Créer du lien grâce au financement participatif ou crowdfunding
Sur les conseils du professeur B. Damien, je me suis orienté vers une thématique plus précise qui inclut une dimension économique dans mon sujet. Grâce aux moyens de communication modernes, et notamment Facebook, skype et Whatsup, des Touaregs issus de la diaspora dont je fais partie ont initié des plateformes de don pour financer des projets locaux (au Niger et au Mali). Massivement connectés, les Touaregs du Mali, du Niger, de l’Algérie mais aussi de Chine, des Etats-Unis, de Belgique ont très vite adhérés à ces projets. Le principe est de demander une contribution modeste mais à un grand nombre de personne. Ce mode de financement dit participatif (ou crowdfunding) permet, si la diffusion de l’information est importante et que le projet rencontre l’adhésion du plus grand nombre de récolter des fonds parfois importants.
Nous avons, par exemple, levé des fonds pour soutenir une télévision qui émet en langue touarègue. Cette télévision, ToumastTV, rencontrait de graves difficultés financières qui hypothéquaient sérieusement son avenir. Par le financement participatif, nous avons récolté un peu plus de 38 000 Euros (soit environ 25 000 000 de Francs CFA). Les sommes envoyés par les contributeurs allaient de quelques euros à plusieurs centaines.
Dans un second projet, initié pratiquement au même moment, nous avons, par le biais d’un financement participatif pu récolter plus de 3 000 Euros (plus de 2 000 000 de Francs CFA) pour soutenir les réfugiés touaregs des pays limitrophes de la région appelée Azawad . Là encore, les sommes sont parfois modeste, parfois conséquentes.
Dans notre travail de mémoire, nous souhaiterions analyser en profondeur ces deux exemples et nous en servir comme matériaux de départ. De nombreuses questions pourront être abordées : pourquoi y a-t-il eu un engouement plus fort pour financer une télé que pour aider des réfugiés ? Combien de personnes ont participé à ce financement ? Quel est le montant moyen versé ? Les petites sommes sont-elles plus nombreuses que les sommes plus élevées ? Quel est le pourcentage de Touaregs issu de la diaspora qui a cotisé ? Ont-ils forcément une capacité économique supérieure aux Touaregs restés dans leur pays d’origine ?
Dans les deux projets présentés, les projets n’impliquaient pas de contrepartie financière pour les donateurs. Mais, comme l’a montré M. Mauss , il n’y a pas de don sans contre don. De quelle nature peut être le contre don pour les participants s’il est établi dès le départ qu’ils n’obtiendront pas de contrepartie financière.
Dans une perspective plus large, nous souhaiterions donc nous intéresser à l’impact de cette démarche sur le plan social et culturel. Il nous semble qu’elle a permis de fédérer une diaspora aux liens distendus autour de projets communs. Quelles sont les raisons pour lesquelles les Touaregs ont choisi de s’investir et d’investir dans ces projets ? Quels sont leur profil et leur rapport à leur pays d’origine ? Les liens tissés à l’occasion de cette collecte de fonds a-t-elle permis de tisser du lien au-delà du strict aspect économique ? A-t-elle permis de préciser l’identité de la diaspora touarègue et de clarifier ses liens avec les pays d’origine. Des entretiens semi-directifs pourraient nous permettre de clarifier tout ou partie de ces questions.
Ces deux points nous amènent à proposer la problématique suivante (encore provisoire) : « Le crowdfunding ou comment créer des liens et impliquer de la diaspora touarègue ».
III. Plan provisoire
I. Projets et contexte
1. Emergence de la diaspora touarègue
2. Des réseaux sociaux en pleine expansion
3. Des projets qui mobilisent. Focus sur le crowdfunding
II. Le crowdfunding permet-il de créer du lien ?
1. Qui participe à ces projets et pourquoi ?
2. Le crowdfubnding a-t-il créé des liens et si oui, de quelle nature sont-ils ?
3. Vers une redéfinition de l’identité de la diaspora ?
IV. Actions concrètes pour la réalisation de ce mémoire
1. Définition des projets étudiés ; collecte de toutes les données les concernant ; analyse et interprétation de ces données.
2. Lecture et analyse de sources scientifiques sur deux thèmes :
- les modes de financement participatif
- les diasporas africaines en Europe et dans le monde
3. Réalisation d’entretiens semi-directifs pour comprendre les motivations des acteurs de ce financement participatif et l’impact qu’il a pu avoir (ou non) sur leur sentiment d’appartenance à la diaspora touarègue.
V. Bibliographie
Barou, J. (2012). Les immigrés d’Afrique subsaharienne en Europe : une nouvelle diaspora ? Revue européenne des migrations internationale : 28, p. 147 à 167.
BEAUZAMY, B. (2012). Les diasporas dans les conflits à l’épreuve des études sur la mondialisation. Tracés : 23, p. 77-88.
Dufoix, S. (2003). Les diasporas. Paris : PUF.
Matthews, J. T., Rouzé, V., Vachet, J. (2014). La Culture par les foules ? : Le crowdfunding et le crowdsourcing en question. Paris : MKF éditions.
Onnée, S. & Renault, S. (2014). Crowdfunding : vers une compréhension du rôle joué par la foule. Management & avenir : 74, p. 117-133.
Onnée, S. & Renault, S. (2013). Le financement participatif : atouts, risques et conditions de succès. Gestion : 38, p. 54 à 64.
Annexe : Les 4 sources de crowdfunding
Définition du crowdfunding ou financement participatif
GOODMORNINGCROWDFUNDING.COM
1 commentaire
Commentaires
Ibrahim Idrissa · 125 amis en commun
Je pense que l'information n-est pas bien arrivée partout pour ceux qui sont restés dont je fais parti,car je n'ai jamais appris conscience de ce projet

Libye : « le conflit entre Toubous et Touaregs risque d’embraser le Sahara »

 
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Alors qu’un nouveau gouvernement d’union nationale encore très fragile vient de voir le jour en Libye, le pays reste déchiré par les affrontements entre tribus et milices armées en compétition pour le partage du territoire et de ses richesses.
La situation est particulièrement explosive dans les zones du sud du pays, véritable no man’s land frontalier du Niger, du Tchad et de l’Algérie, aux confins du Sahel. A la présence de mouvements terroristes repliés dans cette région s’ajoute une bataille sanglante opposant Touaregs et Toubous dans l’indifférence générale.
Installées sur ces terres où elles cohabitent depuis la signature d’un accord de paix à la fin du XIXe siècle, ces deux tribus nomades se disputent aujourd’hui la sécurisation des gisements pétroliers et le contrôle des trafics dans la région. Ravivées par la chute du dictateur Mouammar Kadhafi qui a précipité le pays aux mains des milices armées, les tensions sont montées en flèche lorsque les Touaregs ont accusé les Toubous en septembre 2014 d’avoir mis en place un trafic d’essence dans la ville d’Oubari, majoritairement peuplée de Touaregs. Ce à quoi les Toubous ont répliqué par de violentes attaques.
Un conflit instrumentalisé
Les racines des affrontements sont cependant plus profondes. Les Touaregs voient d’un mauvais œil l’afflux important dans leur pré carré de Toubous venus en grand nombre du Niger et du Tchad depuis le renversement de Kadhafi. Entrés en compétition pour le contrôle sécuritaire des gisements pétroliers et des nombreux trafics dans la région, les représentants des deux tribus se livrent une intense bataille sur le terrain et dans les médias. Tandis que les Touaregs, choyés du temps de Kadhafi, exigent le départ de ceux qu’ils qualifient de « mercenaires », les Toubous, tenus à la marge du pouvoir sous l’ère du « Guide », s’affichent comme les alliés de l’Occident en dénonçant les liens entre les Touaregs et les terroristes qui opèrent dans la zone.
Devenu violent, le conflit fait désormais l’objet d’une instrumentalisation par les différents clans qui se partagent le pays et les puissances étrangères qui souhaitent préserver leurs intérêts dans la zone.
Après la chute de Kadhafi, la tribu des Zintanis installée au nord ouest du pays et aux prises avec les groupes islamistes, s’est emparée des sites pétroliers des bassins de Mourzouk et Ghadamès grâce à une alliance formée avec les Toubous. En échange de ce soutien, les Zintanis accordent des avantages aux Toubous, comme l’accès à l’aéroport pétrolier de Sharara à 50 kilomètres d’Oubari, au grand dam des touaregs qui se sentent concurrencés sur leurs propres terres.
La guerre civile qui éclate en 2014 entre les tribus soutenant le gouvernement de Tobrouk reconnu par la communauté internationale et celles alliées au gouvernement de Tripoli dominé par les islamistes jette de l’huile sur le feu. Ralliés à la coalition militaire dirigée par le général Haftar, les Toubous affirment être la dernière ligne de défense contre une prise de pouvoir par «  les islamistes  » dans la zone sud. Depuis sa participation aux affrontements territoriaux entre la Libye au Tchad dans les années 1980, le général Haftar nourrit une forte proximité avec les tribus Toubous qui ont notamment aidé à organiser son exfiltration du pays permettant son exil vers les Etats-Unis. Les milices touaregs, autrefois protégées par Kadhafi, se rangent quant à elles du côté du gouvernement de Tripoli qui les aide a remettre la main sur le gisement de Sharara. Les puissances étrangères en quête d’influence tentent également de tirer leu épingle du jeu. C’est le cas du Qatar qui, en soutenant les milices touarègues, lutte sur le terrain libyen contre l’influence des Emirats arabes unis qui appuient les Toubous.
Dans un entretien à Mondafrique, Ibanakal Tourna, spécialiste des conflits au Sahel et chercheur à l’université Catholique de Louvain Laneuve en Belgique livre son point de vue sur la situation dans le sud libyen. 
Mondafrique. Où en sont aujourd’hui les hostilités entre Toubous et Touaregs dans le sud libyen ? 
Ibanakal Tourna. Jusqu’à présent, le conflit entre ces frères sahariens a fait plus de 400 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés appartenant aux deux communautés. Les chemins de l’exil les ont menés vers Ghât, ville libyenne frontalière de l’Algérie, vers le Niger ou le Tchad, vers la Tunisie voisine, le Soudan ou encore l’Egypte. Ces migrations pour des raisons sécuritaires viennent s’ajouter au million de libyens déplacés depuis l’éclatement des conflits d’après la révolution entre les milices de Tripoli et de Tobrouk, conflits largement orchestré et entretenu par les deux gouvernements libyens actuels (celui de Tripoli et celui de Tobrouk) et leurs parlements.
Depuis le début du mois de juillet 2015, où un dixième cessez-le-feu a été rompu, des milliers familles du Fezzan ont pris les routes de l’exil, fuyant l’intensité des combats, qui ont fait dans la seule journée du 20 juillet plus de 150 morts.
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Des combattants toubous morts à Oubari, dans le sud libyen
On estime à environ 50 000 personnes le nombre de déplacés entre Sebha et Ghât. Sans parler de ceux qui viennent s’échouer dans la précarité à Agadez ou à Djanet sans aide ni assistance. Ils tentent de se réfugier dans des écoles, sur des terrains de foot ou dans des parcs. Vulnérables, ces populations civiles sont à la merci des criminels et des règlements de comptes incessants. Les viols et les enlèvements se sont multipliés depuis 2011. La situation humanitaire est  catastrophique et les hôpitaux manquent de médicaments et de sang.
M. Comment s’organisent les soutiens des uns et des autres ? 
I.T. Pour l’heure, les Toubous se sont unis aux anciennes tribus amies de Kadhafi et à des mercenaires soudanais et tchadiens pour attaquer les Touaregs à Oubari et Sebha. Ils recrutent tous azimuts y compris parmi les migrants qui tentent de traverser le Sahara libyen pour gagner l’Europe en leur promettant d’assurer leur transfert vers la terre promise. Les Toubous sont également approvisionnés en armes lourdes par Haftar et les Emirats Arabes Unis. Récemment, cet arsenal leu a permis de raser le quartier d’Atyori, dans la ville de Sebha, ainsi que les environs de l’aéroport et des zones résidentielles.
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Prisonniers de la tribus des Kadhafa à Oubari dans le sud libyen
Dans la Libye post-révolution, entre 2011 et 2013, les Touaregs ont quant à eux  payé au prix fort leur loyauté à Kadhafi lorsque les révolutionnaires libyens ont libéré le pays. Contraints et forcés d’abandonner l’armée de Kadhafi, ils se sont finalement ralliés, au gouvernement de Tripoli et aux vainqueurs de la révolution : les Misratis. Ces derniers détiennent les ports de cette zone. Riches et puissants, ce sont eux qui contrôlent aujourd’hui effectivement Tripoli et une partie de la Libye.
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Milice touarègue, sud libyen
M. Outre les rivalités pour la sécurisation des gisements pétroliers, que savons-nous des trafics convoités dans cette zones ? 
I.T. D’après mes informations, les frontières sont aujourd’hui en grande partie tenues par les chefs de milices Toubous Ali Sida et Barka Wardougou. Ces deux seigneurs de guerres originaires du Niger et du Tchad voisins sont aussi les chefs du plus grand cartel des drogues dures déversées en Libye, Egypte, Israel et l’Europe depuis plus d’un quart de siècle. En lien direct avec le chef d’Etat equato guinéen et les cartels americains, ils sont à la tête d’un des plus grands reseaux des trafiquants au monde.
Aujourd hui, à la faveur du chaos qui regne en Libye, ces deux hommes influents jouent la carte des chefs d’une minorité de Toubous qu’ils vendent a Tobrouk pour Haftar et en même temps aux Misratis comme de la chair a canon ! Ils monnayent par ailleurs le passage des frontières entre la Libye, le Soudan, le Niger, le Tchad au prix fort. Entre le 21 janvier 2013 et le 13 janvier 2016 plus de 750.000 migrants erytreens,soudanais, nigerians, congolais ont transités vers Mourzouk et Gatroun, leurs fiefs.

M. En l’absence d’un Etat fort en Libye, quel impact pourrait avoir ce conflit sur l’ensemble de cette région en proie à la menace terroriste  ?  
I.T. Le paradoxe de cette situation est que pour l’instant les Touaregs et les Toubous combattent ensemble aux côtés des deux armées libyennes pour tenter de contenir la menace terroriste. Mais une fois revenus chez eux au Sud (dans les villes de Sebha, Mourzouk et Oubari), les rivalités tribales refont surface. Les conflits entre Toubous et Touaregs reprennent alors sur fond d’insatiable appétit de pétrole et de pouvoir. S’estimant chez eux à Sebha et Oubari, les Touaregs considèrent qu’ils sont en légitime défense lorsqu’ils sont attaqués par des Toubous. Depuis des semaines, ils tentent de contenir les assauts meurtriers et répétés des Toubous sur leurs familles, leurs quartiers et leurs villes. Les Toubous tentent de se faire une place au soleil dans la « nouvelle Libye » qui émerge peu à peu.
Il ne fait aucun doute que ce conflit raisonnera dans tout le Sahara dans les semaines à venir si aucune solution n’est trouvée. Agresser un Touareg ou un Toubou, même en Libye, ne sera pas sans conséquence pour les ressortissants de ces communautés dans les autres Etats. Le conflit risque donc de s’étendre dans tous les pays où Touaregs et Toubous cohabitent : Niger et Tchad, notamment. Or il se trouve précisément que ces deux pays sont actuellement les clés de voute de la stabilité dans la zone et la base arrière de nombreux états qui cherchent à se positionner sur le marché international des matières premières.
Par ailleurs, les deux tribus Touaregs et Toubous sont parmi les groupes armés les plus puissants d’Afrique de l’Ouest, rompus aux combats dans des contextes sahariens extrêmes. Elles sont sans doute les seules à être potentiellement efficaces dans la lutte anti terroriste en Libye comme au Sahara. Le conflit qui les oppose pourrait embraser l’espace qu’elles sont pourtant précisément en mesure de libérer du terrorisme. Les états de la zone saharo-sahélienne sont actuellement fragilisés par les luttes contre Al Qaïda au Maghreb islamique et au Sahara, Al Mourabitoune, le Mujao et Boko Haram. Un conflit supplémentaire entre deux communautés fortement implantées sur leur territoire risquerait de plonger tout le Sahel dans le chaos. Enfin, il est urgent pour la communauté internationale d’intervenir afin d’empêcher les groupes terroristes et les trafiquant de renforcer les jonctions entre Daech et Boko Haram.

samedi 23 janvier 2016

Azawad : la CMA condamne les actes barbares de l’armée malienne contre les civiles à Goundam 
de : MNLA 
samedi 16 janvier 2016 - 07h58 -  Signaler aux modérateurs
2 commentaires
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Coordination des Mouvements de l’Azawad
C.M.A
Communiqué N°001/CMA/2016
La Coordination des Mouvements de l’Azawad a appris avec consternation de sources sures et témoins oculaires que dans la journée du 15 janvier 2016, six (6) personnes ont été exécutées par l’armée malienne, dont quatre (4) à la sortie du site nomade de Zenzene et deux (2) autres près du camp militaire de Goundam.
Le village de Zenzene est situé à une quinzaine de Kilomètres de Goundam sur l’axe principal le reliant à Tombouctou.
Neufs (9) autres personnes sont encore portées disparues et le village a été pratiquement déserté par sa population suite à l’usage excessif des armes dont des armes lourdes.
Ces exécutions sommaires et disparussions ont été commises contre les populations civiles par les FAMA (Forces armées maliennes) en représailles suite à une attaque perpétrée contre elles par des bandes non encore identifiées.
La CMA dénonce ces actes barbares, criminels et odieux de l’armée malienne et exige sans délai l’arrestation immédiate de leurs auteurs car étant connus et relevant directement du commandement militaire des FAMA.
La CMA informe que les autorités maliennes portent entièrement la responsabilité de ce qui adviendra des personnes portées disparues et exige qu’une mission d’enquête urgente soit déployée sur les lieux.
Elle prend à témoin le comité de suivi de l’accord, la médiation et la communauté internationale sur les conséquences graves de tels actes.
Kidal Le 15 Janvier 2016
Mossa Ag Attaher
Porte parole de la CMA

L’HOMMAGE DE TAHAR BEN JELLOUN À LEILA ALAOUI

Blog 360

LIBYE: AUX ARABES DE JOUER

Par Péroncel-Hugoz le 22/01/2016 à 12h04
Benghazi
Benghazi dévastée par la guerre intestine
© Copyright : DR
Après s'en être pris aux Occidentaux trop interventionnistes en Libye, notre chroniqueur donne un coup de dent à la passivité arabe face au pays des Syrtes en pleine guerre civile.
« De Libye vient toujours du nouveau ! » nous apprit le Grec Hérodote qui forgea le nom de ce vaste pays à partir des Lébous, antique tribu berbère des lieux. Ces nouveautés libyennes furent souvent positives comme l'empereur romain Septime-Sévère, venu de Leptis-Magna ou bien la dynastie nationale des Karamanlis (1711-1835) ; ou encore la confrérie islamo-nationaliste, d'origine algérienne, des Sénoussis, qui, avec le règne du pacifique roi Idriss 1er (1951-1969) donna au pays ce qui fait figure aujourd'hui, face au sanglant chaos général, de « belle époque ».


En 2011, le dictateur Kadhafi, agitateur international, fut renversé au cours d'une expédition typiquement impérialiste lancée par le président français Sarkozy, sur suggestion du « philosophe » parisien Bernard-Henri Lévy, affamé de rejouer les Malraux ou les Camus. Le résultat de cette énorme pantalonnade, soutenue par tout l'Occident, fut un appel d'air pour les djihadistes et brigands de tout poil vers le vide politique absolu ayant suivi le lynchage de Kadhafi.


Les seules paroles sensées alors entendues parmi les Arabes – car l'affaire libyenne concerne essentiellement le monde arabe ! - vinrent de deux femmes : la reine Rania de Jordanie et l'ex-ministre française (de souche maroco-algérienne) Rachida Dati : « les musulmans doivent régler leurs problèmes entre eux ! ».


Les décideurs arabes ont fait semblant de ne pas entendre cette double voix féminine, à part un peu le Maroc qui a abrité plusieurs fois les conversations, pour l'instant inabouties, libyo-libyennes dont les conclusions doivent maintenant être appliquées.


La nouvelle mais anachronique expédition occidentale dont il est question ne réglerait rien, au contraire. C'est à la Ligue arabe, particulièrement amorphe ces temps-ci, c'est aux principales puissances militaires arabes suréquipées de matériel importé à grands frais d'Europe et d'Amérique du Nord, de prendre les choses en mains. Sinon le mal libyen va gagner toute l'Afrique sahélienne : le Nigeria où progresse Boko-Haram pourrait bientôt opérer la liaison avec la Libye via le fragile Niger, plus ou moins protégé (plutôt moins que plus…) par la France.


Le géopolitologue français Bernard Lugan, dont les analyses concernant la Libye ont été vérifiées dans les faits depuis 2011, nous a annoncé, le 13 janvier, sur son blog que des avions furtifs de Daech, partis de Turquie, ont commencé à déverser des combattants internationaux sur le rivage des Syrtes. Un énorme califat djihadiste se dessine, de l'Euphrate au fleuve Niger via les sables pétrolifères de l'immense et vide Libye (6 millions d'âmes sur 1 760 000 km²). Et les Arabes regardent les bras croisés ce désastre se profiler à l'horizon …


Lire : « Histoire et géopolitique de la Libye des origines à nos jours », par Bernard Lugan, 215 pages avec 25 cartes couleurs. 2015. A commander sur www.bernard-lugan.com