lundi 25 mai 2015

Les Touaregs (Imajeghen) Kel Aïr de Timia et les échanges caravaniers

Le Sahel
Le massif de l’Aïr constitue une vaste zone montagneuse située au nord-ouest du Niger en bordure du Sahara. Ses nombreux points d’eau et pâturages en ont fait un lieu privilégié de passage des caravanes de sel depuis l’Antiquité.
Les Touaregs (Imajeghen) Kel Aïr, grands éleveurs de dromadaires, étaient impliqués, de diverses manières, dans les échanges caravaniers sahariens et transsahariens, ce qui leur permettait d’exercer une domination politique, économique et sociale sur un certain nombre d’espaces et sur les populations qui y vivaient. Les dromadaires sont amenés à se déplacer sur de vastes espaces, tout au long de l’année, afin de subvenir à leurs besoins alimentaires qui nécessitent une grande variété d’espèces végétales. Ces déplacements des méharis étaient de fait contrôlés par leurs propriétaires, c’est-à-dire les Imajeghen. Il s’agit ici d’un ‘’premier niveau’’ de territoire, sur lequel s’exerçait un contrôle social.
Caravaniers sel BilmaLa maîtrise des espaces marchands jouait une sorte de double rôle au sein de la société Kel Aïr, permettant aux Imajeghen de se maintenir dans leur position de domination  politique et économique, et donnant lieu par ailleurs à d’importants revenus. Les enjeux du contrôle spatial étaient donc d’une importance première pour les Touaregs de l’Aïr, qui ont su, pour effectuer et maintenir ce contrôle, développer un certain nombre de techniques (invention d’une selle de monte, sélection des méharis sur plusieurs générations, etc). L’échange caravanier fait partie intégrante de l’économie pastorale des Kel Aïr, permettant un approvisionnement en marchandises indispensables. ‘’Les  acteurs du négoce caravanier, possesseurs des méharis, ont organisé différents mouvements caravaniers. Ces mouvements formaient des cycles qui se répétaient à l’identique d’une année à l’autre, et s’effectuaient d’après un calendrier établi selon l’état des ressources naturelles (eaux et pâturages) et la disponibilité des produits échangés (notamment pour les dattes et les céréales). Leurs trois principaux axes d’échanges étaient dirigés vers les parties septentrionales du monde touareg (Ahaggar, Tassili ‘n Ajjer et Sud libyen pour les caravanes tekaref), vers les oasis de l’Agram, du Kawar et du Djado pour les caravanes appelées Taghlamt, et vers le pays haoussa pour celles dites Ayari’’, écrit Julien Brachet.
Dans  l’Aïr, seuls les Kel Aïr, qui se distinguent sur de nombreux points du reste du monde touareg, continuent de pratiquer des échanges caravaniers en effectuant les mouvements de la Taghlamt. L’agropastoralisme de ce groupement, plus flexible que le pastoralisme nomade, leur a permis de mieux passer que d’autres les périodes de crises climatiques et écologiques, et de s’adapter plus facilement aux transformations des contextes économiques et politiques au sein desquels ils  évoluent.
Abdoulaye Harouna ANP/ONEP Agadez
22 mai 2015
Source : http://lesahel.org/,http://nigerdiaspora.net/les-infos-du-pays/societe/item/70615-les-touaregs-imajeghen-kel-air-de-timia-et-les-echanges-caravaniers

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