vendredi 23 janvier 2015

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Manifestations monstres pour CONDAMNER les CRIMES de la MINUSMA dans l'AZAWAD

Manifestations monstres pour CONDAMNER les CRIMES de la MINUSMA  dans l'AZAWAD


lundi, 19 janvier 2015 22:28

Point de presse de la Direction Générale de la Police Nationale sur les événements des 16,17, 18 janvier : 10 morts, 177 blessés, 382 personnes interpellées

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Adili Toro Manif Charlie HLe Chef Service Central Information, Relations Publiques et Sport de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), l’Officier de Police Adili Toro, a tenu hier un point de presse sur le bilan des manifestations des 16 et 17 janvier liées aux caricatures du Prophète Mohammad (PSL) du journal Charlie Hebdo, et celle des partis de l’opposition politique, ARDR, du 18 janvier.

Le bilan que l’Officier de Police Adili Toro a donné concerne les manifestations qui se sont déroulées les 16, 17, 18 janvier dans plusieurs localités du pays. A propos des événements du 16 janvier 2015, il a précisé que ‘’dès le 15 janvier,  un appel à manifestation a été lancé par des activistes pour le vendredi 16  janvier après la prière, avec comme point de regroupement le ‘‘Rond-point Tacha’’ à Zinder’’. Dans la région, ces manifestations du 16 janvier ont concerné  les villes de  Zinder et Magaria. 
Selon l’Officier de Police Nationale,  ‘’juste après la prière du Vendredi, des attroupements spontanés et armés ont été constatés à la sortie des mosquées. Les manifestants se sont dirigés vers leurs cibles qui sont les églises, les domiciles des chrétiens, le Centre Culturel Français, le siège du PNDS Tarayya, les INSTALLATIONS des Forces de Défense et de Sécurité,  (DRPN, CNS N° III) et les familles des Policiers, les biens publics et privés, particulièrement les boutiques tenues par des ressortissants nigérians (Ibo) et autres chrétiens’’. 
Le bilan est ici de 5 morts, dont 4 manifestants et un Gendarme. Deux des manifestants ont trouvé la mort par balles au moment où ils attaquaient la caserne de la CNS, un autre a été trouvé calciné dans un bureau de l’école mission catholique de Zinder, un est  décédé à l’hôpital après inhalation de gaz lacrymogène. Le Gendarme a trouvé la mort accidentellement suite à une manœuvre de leur véhicule d’intervention. Les blessés enregistrés sont au nombre de 45 dont 22 éléments des FDS et 23 manifestants. 
D’importants dégâts matériels dont 7 églises, 5 domiciles appartenant à des chrétiens, 10 maisons closes, 3 débits de boissons, 8 boutiques appartenant à des particuliers,  7 véhicules appartenant à des particuliers, le siège de la Fédération PNDS Tarayya, le magasin des vivres de la CNS et le CCFN, incendiés ; 6 véhicules de la Police Nationale endommagés, une arme de poing emportée, un nombre non évalué de biens emportés des domiciles des FDS. Suite à cette situation, 8 individus ont été  interpellés, a précisé l’officier  Adili Toro.
A Magaria également, des  attroupements spontanés et armés ont été constatés après la prière du Vendredi, a-t-il ajouté. Et le bilan  matériel est d’une église saccagée, 2 greniers de mil, 3 classes en paillotte, le bureau du directeur de l’école Quartier, 31 tables-bancs, 2 chaises incendiés, et une borne fontaine emportée. Là, aucun blessé n’a été enregistré, mais 21 individus  ont été interpellés. Pour  la région d’Agadès, le bilan des  manifestations  qui se sont déroulées également le 16 janvier  après la prière du Vendredi, concerne le hangar et 24 chaises du  siège du PNDS Tarayya ; 6 tables-bancs d’une église incendiée et le pare-brise du véhicule de la Police qui a été brisé. Il n’a pas été enregistré de blessé. Toutefois, 37 individus ont été interpellés. 
Pour ce qui est des manifestations du 17 janvier, l’Officier de Police a résumé ainsi  la situation : ‘’En dépit de l’interdiction du prêche prévu à la grande Mosquée de Niamey, les fidèles ont commencé à se regrouper par petits groupes à partir de 08 heures dans les environs de ladite mosquée. Suite à l’intervention des Forces de l’ordre pour empêcher le prêche, les manifestants ont changé de stratégie en formant des groupes pour s’en prendre à des véhicules sans distinction, aux débits de boissons, aux maisons de prostituées, mais surtout aux églises, aux écoles chrétiennes, aux kiosques de vente de produits Orange, aux bureaux du parti politique PNDS Tarayya etc. Les manifestants ont même menacé certains postes de police et brulé quelques véhicules des FDS. Cette manifestation, débutée dans les parages de la Grande Mosquée, s’est étendue à toutes les communes de la ville de Niamey. Outre les dégâts matériels, les saccages et les pillages, des pertes en vie humaine ont été enregistrées’’.
Le bilan donné par la Police nationale est de 5 morts dont une personne qui a succombé par balle, une caissière du bar Logone décédée par asphyxie dans le bar incendié, 2 adolescents de 14 à 18 ans dans l'incendie de l'église Dar-Es-Salam, et un dernier mort des suites d’un accident de la circulation provoqué par un camion dérouté par des manifestants au Rond-point Escadrille. Le nombre des blessés est de  128 dont 94 du côté des FDS, dont deux cas graves, et 34 manifestants dont 4 graves.   
D’importants dégâts matériels ont été aussi enregistrés, notamment 45 églises, 05  hôtels, une auberge, 36 débits de boissons, 2 domiciles de particuliers, un orphelinat, une école chrétienne et un magasin d’alimentation, pillés avant d’être incendiés. Plusieurs sièges du parti PNDS Tarayya ont été pillés et saccagés.  Des kiosques PMU et Orange Money et du mobilier urbain saccagés, des INSTALLATIONS de la BRANIGER vandalisées, le drapeau français brûlé. Trois  véhicules de la Police ont été touchés, dont  2 calcinés et 1 endommagé, et 4 véhicules civils ont endommagés. Ce sont 189 personnes qui ont été interpellées dont 2 mineurs.
Toujours pour la journée du 17 janvier,  d’autres manifestations violentes  ont eu lieu à Maradi, Zinder et Agadez. Pour la région de Zinder, à Gouré précisément, le bilan des manifestations est de 4 blessés dont 3 manifestants et un Policier. D’importants dégâts matériels dont une église, un domicile, 2 boutiques appartenant à des chrétiens, incendiés. Des domiciles ont été  vandalisés dont celui du président national du PNDS Tarayya et le commissariat caillassé. 
A Mirriah, le bilan matériel est d’une église, le domicile du pasteur, un débit de boissons et le domicile du gérant, incendiés ; le siège du PNDS et le domicile du député national Chouda saccagés. 
A Takiéta, 2 véhicules dont un du Génie Rural et un de l’Elevage, un hangar de la Gendarmerie Nationale ont été incendiés, et un débit de boissons saccagé. Le même jour, des actions sommaires ont été signalées à Maradi et à Agadez aussi où des manifestants sont sortis. 
En ce qui concerne la  manifestation du 18 janvier, l’Officier de Police a relevé que celle-ci a un caractère politique, car elle découle d’un appel de l’ARDR. Cette manifestation, a précisé Adili Toro ‘’est  intervenue après le refus de l’ARDR d’accéder à la requête du gouverneur d’ajourner cette manifestation préalablement autorisée, en raison des événements cités plus haut’’.  
 Ainsi, la ville de Niamey et celle de Matamèye, dans la région de Zinder, ont été concernées par cette manifestation. A Niamey, a indiqué  l’Officier de Police, ‘’dès 8 heures, des groupuscules d’individus se sont constitués aux alentours de la Place Toumo, à la devanture des sièges des partis politiques et aux domiciles de certains leaders de l’ARDR. Face à l’occupation de la place Toumo, lieu de regroupement, par les FDS, ces groupuscules ont essaimé dans les quartiers environnants où ils ont érigé des barricades de pneus enflammés. Ils ont été dispersés par les FDS qui ont procédé à un ratissage’’. 
Le bilan, selon la Police Nationale est de 93 individus interpellés dont certains leaders politiques. Aussi, 2 véhicules transportant des pneus et un véhicule Hiace transportant des manifestants ont été immobilisés. Aucun blessé n’a été enregistré ni côté manifestants, ni côté FDS. A Matamèye, le bilan se résume à l’incendie d’une église, d’un débit de boissons, de 3 véhicules appartenant au gérant et de plusieurs maisons closes. La NIGELEC et le domicile du maire ont été saccagés. Le pare-brise du véhicule de la Police a été brisé. Suite à la situation, 19 individus ont été interpellés, dont 5 munis d’armes blanches (couteaux).
Au sujet des différents événements, l’Officier de Police a souligné que ‘’des similitudes troublantes ont été relevées entre les manifestations des 16 et 17 janvier 2015 dont les motivations sont sensées être religieuses, et la manifestation politique de l’ARDR du 18 janvier 2015’’.   Il a précisé que ‘’ces similitudes résident essentiellement dans les modes opératoires : utilisation de mineurs; distribution de bidons d’essence et de pneus usagés ; galvanisation des foules par des équipes mobiles; regroupements soit disant spontanés des manifestants qui ont revêtu un caractère insurrectionnel avec une sorte de guérilla urbaine’’. Et l’officier de Police d’ajouter : ‘’En outre, il a été noté que l’ARDR a demandé aux religieux de se joindre à cette manifestation du 18 janvier 2015. Par ailleurs, un individu a été interpellé en possession d’une arme à feu de type Carabine, et mis à la disposition de la DPJ par des éléments de la GNN.  Une autre arme de guerre (sans précisions) a été aperçue entre les mains d’un manifestant. Des étendards de Boko Haram ont été aperçus à Zinder et à Niamey. Une stigmatisation des ressortissants nigérians (Ibo) a été notée au cours des manifestations des 16 et 17 janvier 2015’’, a conclu l’Officier Adili Toro.
Le bilan global des trois de jours de  manifestations dans les différentes localités du Niger est de 10 morts ; 177 blessés dont 117 éléments des Forces de Défense et de Sécurité  et  60  manifestants. Et les personnes interpellées sont au nombre de 382  dont 2  mineurs.  Un des  individus interpellés était  muni d’une arme à feu et cinq autres  d’armes blanches, notamment des couteaux.  
 Souley Moutari
20 janvier 2015
Source : http://lesahel.org/

Niger/Pour l'imam Cheikh Boureima Abdou Daouda, «il faut écouter les oulémas»


RFI

INVITÉ AFRIQUE

Pour l'imam Cheikh Boureima Abdou Daouda, «il faut écouter les oulémas»




Pour l'imam Cheikh Boureima Abdou Daouda, «il faut écouter les oulémas»
 
Un homme brandit un Coran, sur fond de véhicule en feu et d'une mosquée, à Niamey, où de violentes manifestations se sont déroulées le 17 janvier en réaction à la publication de caricatures dans le journal Charlie Hebdo. REUTERS/Tagaza Djibo

    Cheikh Boureima Abdou Daouda, imam de la mosquée de l'université de Niamey et président de la Ligue des oulémas, des prêcheurs et des imams des pays du Sahel est l'Invité Afrique de RFI. Il commente au micro de RFI les événements survenus au Niger après la publication du récent numéro deCharlie Hebdo.

    RFI : Comment réagissez aux violentes manifestations de la semaine dernière ?
    Cheikh Boureima Abdou Daouda, imam de la mosquée de l'université de Niamey.boureima.net
    Cheikh Boureima Abdou Daouda : Je renouvelle, de prime abord, ma condamnation des nouvelles caricatures profanatrices de la sainte personne de notre prophète bien aimé Mohammed Salla Allah Salam. Des caricatures que je qualifie de provocation déraisonnable (et)qui prouvent l’indifférence de (leurs) auteurs vis-à-vis des conséquences directes et indirectes de ces publications à travers le monde. Je saisis l’occasion pour déplorer et condamner les manifestations violentes qui ont eu lieu au Niger suite aux dernières caricatures du prophète Salla Allah Salam, les manifestations qui ont entraîné la mort de plusieurs personnes, l’incendie des églises et les dommages publics et privés. Je présente mes condoléances aux familles des victimes. Ces manifestations violentes, c’est quelque chose que nous condamnons parce que c’est une transgression vis-à-vis de l’Islam par rapport à des personnes innocentes.
    Est-ce que vous comprenez la colère des manifestants contre le journal Charlie Hebdo ?
    Je comprends la colère car ce journal s’attaque à ce que les musulmans ont de plus cher au monde à savoir le prophète Mohammed Salla Allah Salam. Mais je ne comprends pas et ne cautionne pas la réaction qu’ils ont eu car dans l’Islam, en cas de problème, on se réfère à l’autorité religieuse qui oriente les musulmans vers les meilleures attitudes à adopter. Et le prophète, lui-même, Salla Allah Salam a dit quiconque parmi vous voit un mal, qu’il le change par sa main, s’il ne peut pas, qu’il le change par sa langue, s’il ne peut pas, qu’il le condamne avec son cœur et c’est le dernier degré de la foi.
    Est-ce que ces attaques ont été orchestrées, est-ce qu’il y a eu un mot d’ordre dans certaines mosquées ?
    Je n’ai pas de réponse, je n’ai pas manifesté, je n’ai pas attaqué les églises. Je pense que vous feriez mieux de poser cette question aux manifestants.
    Est-ce qu’il y a déjà eu dans le passé de tels incidents à Zinder et à Niamey ?
    Peut-être à Zinder, mais je n’en ai pas de souvenir précis, mais à Niamey non.
    Est-ce qu’il y a des infiltrations de Boko Haram ?
    Et comment voulez-vous que je le sache ?
    Je vous pose la question parce que le ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a dénoncé la présence d’étendards de Boko Haram dans les manifestations à Zinder.
    Lui peut-être peut-il vous le confirmer ou l’infirmer mais moi je ne peux pas. Comment voulez-vous qu’on sache ce qui se passe à 1 000 km de Niamey. On m’a dit que vous alliez m’interroger sur l’Islam, sur ses valeurs de tolérances, de bon voisinage, de bonne cohabitation.
    Alors justement vous parlez des valeurs de tolérances dans l’Islam : est-ce qu’il y a une radicalisation de l’Islam au Niger ou pas ?
    Vous savez une question est déjà la moitié de la réponse. Qu’est-ce que vous appelez radicalisation de l’Islam ?
    Une tendance à de moins en moins de tolérance.
    Dans ce sens, oui. A partir du moment où des musulmans s’en prennent à des églises ou à des personnes innocentes par rapport à un sujet bien donné, dans ce sens oui. Mais la radicalisation, c’est autre chose.
    Est-ce que vous sentez chez un certain nombre de musulmans, une intolérance qui monte à l’égard des autres confessions religieuses, et notamment à l’égard des chrétiens ?
    Personnellement c’est la première fois que je vois ça. Sinon la cohabitation entre musulmans et chrétiens au Niger a été une cohabitation pacifique. Les chrétiens ont l’habitude de m’inviter en personne pour animer des conférences, pour former même leurs prédicateurs. C’est la première fois que je vois ça.
    Et vous êtes attristé ?
    Bien sûr. Dans la mesure où on dit que c’est l’Islam alors que ce n’est pas.
    Plusieurs centaines de chrétiens ont dû se réfugier dans des camps militaires notamment à Zinder, qu’est-ce que vous dites aujourd’hui aux chrétiens du Niger ?
    De la patience… Je pense qu’avec la cohabitation, les explications, les retours à la référence aux Oulémas, ces genres de choses ne se répéteront pas.
    Il faut maintenant écouter les Oulémas ?

    Absolument, avant, après.

    Vidéo ; le chef du Boko Haram Bubakar Shekau dit qu il envisagera une attaque contre le Niger et son president Mahamadou issoufou suite a sa participation à la marche charlieHebdo/Paris

    Vidéo ; le chef du Boko Haram Bubakar Shekau dit qu il envisagera une attaque contre le  Niger et son president Mahamadou issoufou suite a sa participation à  la marche charlieHebdo/Paris


    Comment le salafisme a pu prospérer au Niger

    Comment le salafisme a pu prospérer au Niger

    Jean-Pierre Olivier de Sardan
    Ancien directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à EHESS à Marseille, ex-maoïste de la Gauche prolétarienne, il a passé l’essentiel de son temps au Niger et en a même obtenu la nationalité. Il collabore désormais au LASDEL, un laboratoire nigérien de sciences sociales, et a publié en 2014 aux editions Karthala, avec Valéry Ridde, Une politique publique de santé et ses contradictions. La gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
    Peu de chercheurs français connaissent aussi bien le Niger que l’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan. INSTALLÉ à Niamey depuis 1973, celui-ci livre son analyse sur les récentes manifestations "anti-Charlie Hebdo" qui ont embrasé le pays. Pour lui, le "succès de l'idéologie salafiste" dans ce pays s’explique notamment par "le double rejet radical de l’Occident et de l’Etat moderne". Il pointe "le jeu très dangereux des partis de l’opposition nigérienne" et note que "les musulmans extrémistes n’ont pas vraiment de combattants face à eux. Ils sont devenus quasi intouchables".
    Photo de manifestation à Zinder postée sur Twitter par Issoufou Oumarou
    >>> Sur Charlie Hebdo vu de Niamey
    Ce qui s’est passé autour du dernier numéro de Charlie Hebdo est un cas d'école où, selon le contexte, on est amené à penser une chose ou son contraire. Dans un environnement occidental habitué aux outrances des caricaturistes, le dessin de la dernière une de Charlie Hebdo n'a rien de provocant et semble relever de la liberté normale d’expression (le prophète y est même présenté de façon plutôt sympathique). En revanche, dans un environnement majoritairement musulman éloigné de Paris, où personne ne connait Charlie Hebdo et n’a vu le dessin, le simple fait d’apprendre qu’on a publié à 7 millions d’exemplaires une caricature du prophète suffit à déclencher l’indignation et la colère, bien évidemment exploitées par les intégristes.
    Le problème est que ceci était entièrement prévisible : il y avait eu un précédent, et on savait très bien que le simple fait de mettre en une la caricature du prophète allait avoir un coût très élevé dans le monde musulman (coût qui serait payé par les non-musulmans de la région...). Il me semble très irresponsable de la part de l’équipe de Charlie Hebdo de ne pas en avoir tenu COMPTE. On peut le dire autrement : à Paris, on peut se permettre d’en faire une question de principe, au nom du droit à libre expression, du droit à la caricature, et du refus de céder aux intégristes. A Niamey, à Bamako ou à Istanbul (où, pour la majorité des gens, la question de principe est très différente : la liberté d’expression s’arrête là où le blasphème commence) on est par contre bien obligé d'en faire une question politique, et donc de se demander quelles vont en être les conséquences, à qui cela profite-t-il, et qui va en être victime ? Les réponses sont hélas claires : cela profite aux intégristes et ce sont les non-musulmans et les musulmans modérés qui en sont les victimes.
    Mais, bien évidemment, la une de Charlie Hebdo n’est pas la cause profonde de ces manifestations. C’est une occasion (en or), ou un prétexte, habilement utilisé par les intégristes pour faire un pas de plus dans la conquête de l’opinion et la mobilisation des cœurs, dans le cadre de leur « guerre idéologique ».
    >>> Les manifestations
    Les manifestations de Zinder et de Niamey ont eu quatre caractéristiques :
    1) Elles ont été particulièrement violentes.
    2) Elles ont prises pour cibles, outre des symboles de la France (ce qui est assez classique dans nombre de manifestations en Afrique) et du parti au pouvoir (ce qui l’est aussi), des églises et des bars, en grand nombre, qui ont été systématiquement saccagés et brûlés.
    3) Ces saccages et ces incendies ont donné lieu aussi à des pillages en règle.
    4) Elles témoignaient d’une certaine organisation et d’une certaine préparation.
    C’est la première fois au Niger que la religion chrétienne est attaquée de façon violente, d’une certaine façon meurtrière. Il faut savoir que la très grande majorité des catholiques et des protestants (un peu plus de 5% de la population, et en progression) sont Nigériens, et ont de très nombreux liens familiaux et amicaux avec leur environnement musulman. Ces attaques ont été un énorme traumatisme. Elles témoignent, comme le saccage des bars, de la montée en puissance d’un islam intolérant et violent, aux antipodes de ce qu’était l’islam nigérien pendant des décennies.
    Mais ces manifestations ont aussi mis en évidence le jeu très dangereux des partis de l’opposition nigérienne. Ceux-ci en effet ont soufflé sur les braises, en tentant d’instrumentaliser la réaction populaire d’indignation face à cette histoire de caricature du prophète. Ils ont ainsi, dès avant les manifestations de Zinder et Niamey, accusé le président Mamadou Issoufou de s’être rendu à Paris pour « soutenir Charlie Hebdo » et donc soutenir la caricature « blasphématoire »… C’était bien sûr confondre délibérément le « Je suis Charlie » de la grande marche de Paris, qui signifiait clairement « Je suis avec les victimes contre le terrorisme », avec un tout différent « Je suis Charlie » consécutif à la parution du nouveau numéro, qui signifierait « Je soutiens la caricature », et qu’aucun des dirigeants musulmans présents à Paris n’a proféré ni cautionné…
    Le gouvernement nigérien quant à lui affirme que les manifestations de Zinder et Niamey ont été en outre organisées en sous-main par les partis politiques de l’opposition en vue de déstabiliser le régime et de créer un climat insurrectionnel et les conditions d’un coup d’Etat. Le risque immédiat aujourd’hui est celui d’un dérapage vers un nouveau bras de fer entre pouvoir et opposition, là où il devrait y avoir une alliance nationale de tous les partis politiques contre toutes les violences religieuses.
    Inversement, il n’y a rien aujourd’hui de plus dangereux pour le Niger à moyen terme que le développement d’une alliance entre des partis politiques et les courants salafistes.
    >>> La violence salafiste
    Une idéologie salafiste radicale a en effet peu à peu fait son trou au sein de la société nigérienne. Elle a pu se développer en surfant sur la vague wahhabite, autrement dit un islam fondamentaliste qui a déferlé sur le Niger et les pays sahéliens depuis une bonne vingtaine d’années, promu par l’Arabie saoudite et le Qatar, à coups de financements massifs, de formations de clercs et de propagande médiatique. La société nigérienne est devenue de plus en plus régulée par cet islam rigoriste de culture arabe tourné vers le passé, qui s’est aussi immiscé de façon visible dans tous les espaces publics (le refus du code de la famille, les serments des juges sur le Coran, le voilage croissant des femmes ou la présence de mosquées au sein même de tous les bâtiments publics n’en sont que quelques signes parmi beaucoup d’autres). Chaque consultation électorale est désormais un lieu de surenchères entre candidats pour donner le maximum de gages aux imams, marabouts et oulémas, et apparaître comme le meilleur musulman, le plus pieux, le plus rigoureux.
    C’est sur cette base fondamentaliste que le salafisme radical a pu prospérer, en faisant de l’intolérance une valeur cardinale, en multipliant les prêches anti-occidentaux et anti-chrétiens enflammés, en confortant les outrances, et en reconnaissant dans les djihadistes des soldats de l’islam. Le recours à la violence s’est trouvé ainsi de plus en plus légitimé. On en a eu divers signes avant-coureurs (comme ces menaces contre le festival de la mode africaine, ou encore ces jeunes filles parfois molestées au marché pour leurs tenues trop occidentales). Mais les manifestations de ces derniers jours sont la première sortie publique massive, au grand jour, de cette violence.
    Les jeunes des milieux populaires sont particulièrement touchés par cette idéologie salafiste, en particulier les chômeurs, travailleurs informels ou élèves coraniques, de plus en plus en rupture avec les normes sociales et familiales des générations précédentes, et largement déscolarisés. Les pillages lors des manifestations témoignent de ce recrutement. Mais l’idéologie salafiste pénètre aussi dans bien d’autres couches sociales, écoliers, étudiants, petits cadres et parfois cadres moyens (enseignants par exemple).
    Les djihadistes peuvent, dans le contexte de l’idéologie salafiste, apparaître facilement comme des héros. Cela ne signifie pas que les mouvements djihadistes recrutent massivement au Niger. Certes il y a indéniablement des recrutements, que ce soit du côté du Mujao (Nord-Ouest), ou surtout de Boko Harram (Sud-Est), mais qui restent encore relativement limités et essentiellement pour aller combattre hors du Niger (il est facile d’attirer un jeune chômeur déscolarisé, que l’on va payer grassement, équiper d’une kalachnikov, et endoctriner). De même, Boko Harram n’était pas à la manœuvre lors des récentes manifestations (même si son drapeau noir a été brandi à Zinder), et le Niger n’est pas (pour le moment) une terre de combat pour cette organisation, qui reste encore très liée au contexte spécifique du Nord-Est du Nigéria, et maintenant du Nord Cameroun.
    Mais les sympathies pour les djihadistes de tous bords sont de plus en plus étendues. Même Boko Harram, malgré ses attaques contre les musulmans du Nord Nigéria, bénéficie d’une certaine côte de popularité chez les jeunes. Le cas de Boko Harram est complexe. D’une part, une théorie du complot assez répandue y voit une création de l’Occident pour faire réélire Jonathan Goodluck et éviter qu’un leader musulman du Nord soit élu au Nigéria. D’autre part, Boko Harram fascine, car il met en pratique à nos portes le rejet radical de l’Occident et de l’Etat démocratique moderne.
    >>> Contre l’Occident, contre l’Etat moderne
    C’est en effet le double rejet radical de l’Occident et de l’Etat moderne, associés bien sûr à un islam politique proposant une société alternative, qui explique le succès de l’idéologie salafiste, et légitime de fait les violences, celle des manifestants d’hier au Niger, comme celle des djihadistes. Mais pourquoi ce double rejet est-il si populaire au Niger ?
    Tout d’abord, le sentiment anti-français persiste, comme dans toute l’Afrique avec les COMPTES non soldés de la colonisation et de la Françafrique (d’où l’attaque au Niger de boutiques d’Orange ou de Total, et du centre culturel français). Mais il est relayé par un sentiment anti-occidental bien plus général (rappelons-nous la large approbation populaire de l’attentat du 11-Septembre), alimenté par ce qu’on pourrait appeler la morgue américaine, comme aussi par la morgue des innombrables experts et donneurs de leçons du développement, ainsi que par les inégalités planétaires, la dépendance humiliante envers l’Occident et l’exclusion du plus grand nombre des bénéfices du développement.
    D’autre part, les djihadistes du Nord-Mali comme Boko Harram attaquent aussi respectivement l’Etat malien et l’Etat nigérian : ceci aussi séduit au Niger, où le rejet de la classe politique nigérienne est massif et profond, face à la corruption croissante, à l’enrichissement débridé des élites, aux jeux politiciens exaspérants et stériles, à l’importance du chômage, ou à l’échec profond d’un système scolaire en déroute.
    Ce rejet de l’élite politique s’étend à la nomenklatura musulmane modérée : les associations islamiques officielles ou les confréries sont accusées simultanément de collusion avec l’Etat et de laxisme religieux.
    Au bout du COMPTE, des organisations comme le Mujao ou Boko Haram deviennent le réceptacle de toutes les frustrations, car seules elles s’attaquent concrètement à l’Occident, seules elles s’attaquent concrètement à l’ensemble des élites en place, et seules elles prêchent un changement radical. Le salafisme et ses extensions djihadistes jouent en un sens le même rôle au Nord Nigéria, au Nord Cameroun et au Niger que l’extrême droite en Europe.
    >>> Une guerre idéologique bien mal engagée
    La bataille idéologique est-elle perdue ? On peut le craindre, si un sursaut ne se manifeste pas. Certes, une partie importante de la population reste hors de l’influence fondamentaliste explicite ; quant aux salafistes radicaux, ils ne sont qu’une petite minorité. Certes une majorité de la population ne veut pas de la violence et souhaite une cohabitation paisible avec les chrétiens. Mais ce sont néanmoins les fondamentalistes qui occupent les espaces publics et les médias. Mais ce sont les salafistes radicaux qui sont à l’offensive, ce sont leurs prêches que reproduisent ad libitum les cassettes et les vidéos des rues.
    En face, l’école n’est plus un lieu d’apprentissage de valeurs civiques et de pensée critique. En face, l’université n’est plus un site de résistance (c’est désormais un espace largement ouvert au salafisme).
    En face, les tenants d’un islam des Lumières, les partisans d’un islam tolérant, les musulmans modérés, les républicains défendant la laïcité, les militants démocrates se taisent ou se désolent en silence. Tous ont plus ou moins peur. Car attaquer le salafisme est un gros risque. Cela risquerait d’être perçu comme attaquer l’islam. Ou cela pourrait revenir à être mis dans le camp des Occidentaux, voire à leur solde.
    Autrement dit, ce sont les musulmans extrémistes qui tiennent le haut du pavé, ce sont eux qui marquent chaque jour des points. Ils sont, eux, en « guerre idéologique » et n’ont pas vraiment de combattants face à eux. Ils sont devenus quasi intouchables. Une preuve évidente de cette démission inquiétante de l’islam modéré comme de la classe politique et de la société civile est qu’il n’y a jamais eu de mobilisation populaire au Niger face à Boko Harram. Il est très grave qu’aucune manifestation n’ait jamais été organisée à Niamey en soutien aux victimes nigérianes de Boko Haram, que ce soit pour les lycéennes enlevées, ou après l’attentat contre la mosquée de Kano, par exemple. Personne n’a bougé, ce qui contraste évidemment tristement avec la réaction française face aux attentats contre Charlie Hebdo et la supérette Cacher. De même, après les églises en feu du 18 janvier, les réactions publiques de condamnation et les gestes ostentatoires de solidarité ont été rares, fort tardifs et peu empressés.
    Pourtant, à l’évidence, le danger principal aujourd’hui au Niger hors de nos frontières est sans conteste Boko Haram, bien plus redoutable encore pour nous que le Sud de la Lybie ou que le Nord du Mali. Et, faut-il vraiment le dire, bien plus redoutable pour les musulmans nigériens eux-mêmes que la France, les Etats-Unis ou un journal satirique ! Quant au danger intérieur majeur pour le Niger, c’est le salafisme radical, son terrorisme idéologique, sa rhétorique de l’exclusion. Tout serait à redouter d’une connexion accrue de ces deux dangers, dont ces deux jours de manifestations pourraient être les prémisses.
    Il nous faut donc espérer un sursaut, sursaut des partis politiques, sursaut de la société civile ». Sursaut contre la violence, contre l’extrémisme, contre le salafisme.
    Rêvons un peu : Et si, demain, une grande manif se déroulait à Niamey, avec toute la classe politique pour une fois rassemblée, contre les attaques d’églises, pour la tolérance religieuse, contre Boko Haram, avec des imams défilant avec des pancartes « Je suis chrétien » côte à côte avec des prêtres défilant avec des pancartes « Je suis musulman » ?