Le Mouvement national de libération de l’azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’azawad (MAA) ont signé, lundi, à Alger, en présence du ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra, « la Déclaration d’Alger » où ils réaffirment leur volonté d’aller vers un dialogue « inclusif  » avec Bamako.
Les trois mouvements et notamment les éléments du MNLA avaient pris le dessus le 17 mai dernier sur l’armée malienne qui s’était engagée, quatre jours plutôt, dans une opération très controversée de reconquête de Kidal, la grande ville du nord. Déclenchée à l’occasion d’une visite du premier ministre malien, Moussa Mara, elle s’était soldée par une bérézina politique et militaire pour Bamako. Elle avait fait une cinquante de morts et autant de blessés et avait réduit le processus de réconciliation nationale, déjà en panne, à un vœu pieu.
L’accord signé à Ouagadougou en juin 2013 pour la tenue de « l’élection présidentielle  » et de « pourparlers inclusifs de paix au Mali  » était reste lettre morte pour ce second volet. L’opération de Kidal menée par l’armée malienne remettait le nord sur les sentiers de la guerre. Même si la formulation est restée prudente la communauté internationale et la France en ont rendu Bamako responsable.
La débâcle de Kidal
Le président Ibrahim Boubacar Keita, « IBK », a pris rapidement ses distances en affirmant qu’il n’avait jamais donné son feu vert à l’offensive. La débâcle entraînera la démission du ministre de la défense malien, Soumeylou Boubèye Maïga, remplacé par Bah N’Dao. L’offensive ratée suscite toujours des interrogations à Bamako mais elle a revigoré les mouvements Touaregs. Les trois mouvements Touaregs qui ont signé le 23 mai dernier un accord de cessez-le-feu avec Bamako tenaient depuis jeudi dernier des consultations « exploratoires  » pour accorder leur violon dans la perspective des négociations avec Bamako.
La déconfiture de l’armée malienne à Kidal apportait la preuve qu’une solution « militaire » n’était pas envisageable. Les mouvements de l’Azawad et notamment le MNLA, qui ont renoncé, contraints, à une indépendance rejetée par les pays voisins et la communauté internationale réclament une autonomie.
A Bamako, la tendance était de considérer que le problème du nord a été réglé par l’intervention française et la dispersion des djihadistes qui contrôlaient le nord du Mali. Le président IBK a dit clairement qu’il ne discuterait, au mieux, que d’une décentralisation « améliorée « .
La dernière crise a poussé l’Algérie, voisine, et soucieuse d’éviter une aggravation des menaces sécuritaires à ses frontières à reprendre sa médiation formellement approuvée par Bamako. Elle est soutenue également par la France qui a été obligée après l’offensive ratée sur Kidal, de retarder le redéploiement de son dispositif militaire au Mali.
La situation au nord Mali où les djihadistes, restent actifs, est un problème endémique qui remonte aux années 60. Le refus de prendre en charge les demandes de la population targuie, la faiblesse de l’Etat et l’absence d’intégration ont fait de la région une « zone grise » de grands trafics en tout genre.
Les djihadistes qui ont tissé des liens avec les populations locales s’y sont sanctuarisés au point de contrôler les trois grandes villes du nord. Ils ont réussi à supplanter le MNLA via le mouvement d’Iyad Ag Ghaly, d’Ansar Eddine qui a disparu de la scène après l’intervention française.
Mais les éléments qui avait rallié Ansar Eddine, moins par conviction que par attrait pour son radicalisme envers Bamako, sont retournés vers les autres mouvements Touaregs. Pour l’Algérie, sans la satisfaction des demandes des populations du nord et leur adhésion, le terrain restera fertile pour le djihadiste au nord Mali.
La distance entre le MNLA qui renoncé à l’indépendance de l’Azawad pour l’autonomie et le gouvernement de Bamako reste grande. Le gouvernement malien ne semble pas encore envisager une grande réforme de l’Etat, son offre se limitant à une « décentralisation améliorée » qui a peu de chance de marcher. C’est idée aussi vieille que les crises à répétition dans le nord du Mali, observait déjà en septembre 2013 le Quotidien d’Oran.
« L’Algérie est bien placée pour le savoir puisqu’elle a été médiatrice durant des processus engagés en 1991 et en 2006 qui ont échoué par absence de volonté politique de régler le problème. L’afflux des djihadistes a trouvé de ce fait un terrain propice favorisé, il est vrai, par une armée malienne démobilisée et gangrenée par la corruption. On semble être, à nouveau, dans le cycle de l’échec  »
Une quadrature du cercle que l’aventure hasardeuse de Kidal permettra, peut-être, paradoxalement de dépasser. Et de permettre à un Mali qui a perdu depuis longtemps le nord de le retrouver. Les hommes bleus ont fait un pas à Alger… en attendant Bamako.
 http://www.huffpostmaghreb.com/2014/06/10/mali-touaregs-algerie-autonomie_n_5477169.html