mercredi 22 janvier 2014

À la découverte de l’art Touareg

Huffington Post – Jerome Stern

Si les feux de l’actualité au Mali permettent à beaucoup d’entre nous de découvrir les Touaregs, le feu des enchères parisiennes permet à beaucoup (plus) d’entre nous de découvrir leur art, essentiellement composé de bijoux, boucliers, boîtes, sacs et épées, objets légers car, se déplaçant au gré du temps, ce peuple du désert ne peut s’embarrasser de pièces encombrantes.

Répartis dans six pays du Sahara, d’origine berbère, ils sont entre 1,5 et 2 millions à être parfois surnommés les « hommes bleus », car leurs vétements, notamment leurs chèches qui les protègent du vent et du soleil sont colorés à l’indigo, une couleur qui déteint sur la peau.
Divisés en castes hierarchisées, ayant adopté tardivement l’islam au XVIème siècle qu’ils pratiquent en mélangeant quelques rites plus anciens, les Touaregs donnent aux femmes un rôle essentiel puisqu’ils sont monogames et que l’héritage y est matrilinéaire, les enfants (comme la tente familiale) appartenant aux mères. Ce sont elles qui détiennent les savoirs traditionnels de la culture touarègue, et c’est par elles que se fait la transmission.
Un art galvaudé dans les bazars
Si les hommes sont des artisans forgerons, fabricant armes et outils, travaillant le bois pour en faire des sièges, des plats et des selles de chameau, et perfectionnant l’alliage d’argent et de cuivre pour confectionner les bijoux, les femmes travaillent le cuir pour en faire des sacs ou des coussins et tressent des feuilles de palmier pour réaliser nattes et paniers.
Ces objets, authentiques, sont d’une grande beauté aux détails raffinés, mais trop souvent ils sont mal imités, faits d’un matériau de second choix et vendus à prix fort dans les innombrables bazars qui parsèment le Maghreb. On peut voir quelques objets authentiques et anciens au musée du Quai Branly à Parisau musée d’Angoulème, aupetit musée de l’association Malinia à Coaraze près de Nice ou au Saharien à Montpellier. On peut aussi suivre la vente qu’organise le Ier mars à Drouot la SVV Binoche-Giquello ou visiter son exposition la veille (salle 4).
Des prix abordables
La centaine de lots de grande qualité ainsi mise en vente provient de la collection de deux frères méharistes de l’armée française qui ont recueilli, une quarantaine d’années durant, nombre d’objets artisanaux touaregs, des pièces aujourd’hui quasiment introuvables, dignes d’être exposées dans les musées. On trouve des bijoux, colliers, pendentifs ou bracelets en parfait état (de 200 à 600 euros), quatre rarissimes boucliers en peau d’antilope des années 1940, tous décorés d’oryx et d’argent (autour de 5.000 euros), des boîtes en peau destinées à conserver poudres, onguents, tabacs (250 euros), des sacs en cuir de chameau, soit de femme, soit de selle de chameau (de 500 à 1.000 euros), des tapis de selle (200 euros), des épées et des dagues anciennes (de 200 à 800 euros), des selles en bois recouvert de cuir (de 400 à 600 euros), des tambours, plats et autres ustentiles du quotidien. Les estimations sont raisonnables, notamment quand on les compare aux pièces africaines ou océaniennes dont les cotes ne cessent de grimper. Logique, l’art touareg n’est pas (encore?) entré dans la spirale spéculative que subit l’art tribal en ce moment.
http://www.huffingtonpost.fr/jerome-stern/vente-aux-encheres-art-touareg_b_2686896.html

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