lundi 13 janvier 2014

06/01/2014 04:34:01
lettre ouverte d'un Nigérien au DG AREVA
A l’attention de M. OLIVIER WANTZ, Directeur Général Adjoint en charge du Business Group Mines, membre du Directoire du groupe AREVA.
M. AMADOU ADAMOU Bachir
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A l’attention de:
M. OLIVIER WANTZ, Directeur Général Adjoint en charge du Business Group Mines, membre du Directoire du groupe AREVA.

Monsieur le Directeur général,

Vous vous apprêtez à procéder à la fermeture au Niger,  des sites d’exploitations d’uranium sur lesquels vous aviez déjà produit 114.000 tonnes depuis 1971, en l’occurrence le site de la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK) la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR), faisant croire en votre bonne foi et à au respect des clauses contractuelles. En ma qualité de citoyen nigérien, ayant comme beaucoup d’autres, perdu des proches, du fait de l’empoisonnement dont ils ont été victimes et qui n’a de cesse continuer, pour avoir été soumis à votre diktat, en travaillant sur  ces chantiers d’exploitation à ciel ouvert sans aucune protection minimum.  
A cette occasion, je souhaite attirer votre attention sur la multiplication des violations des droits fondamentaux notamment les droits de l’Homme dont vous vous êtes rendus coupables au Niger et que vous faites semblant d’ignorer.
Au vu de la négligence dont vous a fait preuve dans la gestion de l’exploitation, votre partenariat a été plus destructeur qu’il n’a généré de profits au Niger.
Un rapport publié en décembre 2009 par l’organisation mondiale de la protection de l’environnement Greenpeace, a fait état de risques de contamination radioactive perceptibles dans la ville d'Arlit. En effet, selon le document, les échantillons de sol analysés présentaient une concentration en uranium et autres matériaux radioactifs 100 fois supérieurs aux niveaux normalement mesurés dans la région et dépassant les limites internationales.
Greenpeace a également relevé des taux de radiation jusqu'à 500 fois supérieurs à la normale. En passant moins d'une heure par jour à cet endroit, un Nigérien est exposé à une radiation à la dose annuelle maximale admissible, selon le document. Concernant l'eau potable, selon l'étude, sur quatre des cinq échantillons d'eau potable prélevés dans la région d'Arlit, la concentration radioactive était supérieure à la limite recommandée par l'organisation mondiale de la santé.
Dans l'air, les mesures font ressortir une concentration de radon -un gaz radioactif- trois à sept fois supérieure au niveau naturel. Greenpeace a déclaré aussi avoir découvert des matériaux contaminés sur le marché local d'Arlit, alors qu'Areva, votre organisation qui continue à faire des morts, prétend qu'aucun matériel contaminé ne sort de l'usine. Pourtant les populations s'en servent pour construire des maisons. Devant ces constats, l'organisation internationale de défense de l'environnement a cru devoir alerter l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les dangers sanitaires que présentent les déchets radioactifs des mines d'uranium d'Areva dans la région d'Agadez. Des échantillons de sol et de l'eaucontaminés par la radioactivité dans les villes d'Arlit et d'Akokan ont été fournis à l'institution onusienne.
Faut-il donc vous rappeler, comme vous aimiez bien le chanter lorsqu’il s’agit d’un pays africain, que le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde ? Il se classe au dernier rang de l’Indice de développement humain, établi par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Plus de 40 % des enfants nigériens présentent une insuffisance pondérale, le pays souffre de pénuries d’eau et près des trois-quarts de la population sont analphabètes. Pourtant, les ressources naturelles du Niger permettent à AREVA, sans état d’âmes, d’engranger des milliards de dollars de profits au détriment d’un peuple meurtri. Comment ne pas vous rappeler ce soir du 13 juillet 2012, lorsqu’à 15 heures 27 minutes, je revoyais une dernière fois la dépouille de mon ami, au CHU de l’hôtel Dieu de Nantes ; je n’ai pas pu m’empêcher  d’effondrer en larmes lorsqu’une de ses phrases me revenait subitement à l’esprit, « Je suis condamné à vivre dans cette ville, loin de tous ceux que j’aime, du fait de ce cancer de foie » me disait-il un jour au bord de la Loire, à coté de ce géant bateau  accosté aux Chantiers navals. Simple coïncidence me direz-vous n’est ce pas ? Et bien non, parce que vous aviez bien conscience de la détérioration de ces organes vitaux notamment son foie, ses reins et que sais-je encore. Ils sont nombreux d’ailleurs des nigériens condamnés à mourir à l’hôtel Dieu de Nantes (spécialisé dans le traitement des organes atteints de la radioactivité), et que vous aviez aidé à s’installer définitivement loin des leurs. Vous les aviez arrachés à leurs familles, leurs amis et leur patrie dans la fleur de l’age.
Ne pensez pas que le Niger est le seul perdant dans cette affaire, si vous devez pliez bagages, n’oubliez pas que vous aurez à rendre des comptes. D’ailleurs le Niger aura moins à perdre de votre départ que de la continuité de cette exploitation sur la base anciens textes, puisque vous aviez fait preuve de votre  mauvaise foi. Comment expliquez vous le fait que vous exigez la reconduction tacite d’un contrat sous le régime des anciens textes non actuellement en vigueur en rendant opposable l’application des textes actuellement en vigueur notamment le code minier de 2006 ? N’est ce pas une filiale française, la France de René Cassin, de Jean Jaurès, de Jean Moulin qui veut se soustraire à l’application d’un texte de loi?  Patrie des droits de l’homme en Europe, Fossoyeuse des droits humains en Afrique.
Faut-il d’ailleurs vous rappeler l’expulsion par arrêté du ministre de l’intérieur, de la  Sécurité publique et de la décentralisation en date du 25 juillet 2007 de votre prédécesseur  M. Dominique Pin quelques jours après celle de l’expert en sécurité de votre groupe,, Gérard Denamur pour leurs liens supposés avec les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ).

Si les autorités nigériennes essaient de satisfaire certaines des revendications des populations de manière ponctuelle et fragmentée,  c’est parce que les circonstances ont permis de connaître les situations sociales dramatiques que vous les infligées quotidiennement depuis plus de 40 ans. Puisque vous vous êtes montrés incapables d’entretenir un véritable dialogue avec les autorités nigériennes et les forces sociales et de contenir les mouvements sociaux qui, de manière de plus en plus coordonnée, s’efforcent d’attirer votre attention sur les souffrances des populations. Le harcèlement à l’égard des dirigeants légitimes, le recours à des pratiques administratives abusives entravant l’enregistrement et le fonctionnement des associations de défense des droits des employés de votre société, les tentatives de corruption de certains acteurs impliqués, élèvent des obstacles considérables à l’action de la société civile nigérienne. Ce type de violations constitue une atteinte aux dispositions des conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ratifiées par le Niger.
Outre la mauvaise foi et les manoeuvres, votre guéridon commercial comporte un troisième pied : le mensonge. Pas l’à peu près du mensonge commercial, oh non ! Mais le vrai, le bon gros mensonge de celui qui ne dit pas du tout la vérité. Et vous y êtes aidés efficacement par certains de vos dirigeants. En témoigne le déplacement en 2009, du président français Nicolas Sarkozy au Niger. Cette phrase vous la connaissez, « nous volons un partenariat équilibré, un partenariat gagnant-gagnant avec nos partenaires africains ». Résultat, le partenaire s’est avéré gagnant pour vous et gagné (perdant) pour nous. Vous pouvez donc partir sans que le pays en soi ému, ce ne sont pas des partenaires qui en manquent à cette heure de la mondialisation que vous confondez vraisemblablement avec la colonisation. Votre rôle consiste à garder le monopole de la presse et à crier que tout va bien, que tout se passe bien, que tout ce qui est arrivé était prévu, qu’il n’ y a pas à s’inquiéter, que vous, en tout cas vous voyez le bout du tunnel. Je crois d’ailleurs que vous ne vous rendez pas compte des contrevérités que vous débitez en tranches, ni les risques de démentis que vous infligent aussitôt les faits. Puisque nous y sommes laissez  moi vous confronter aux faits. Si tant est que vous oeuvrez pour le bonheur des populations, n’aurait-il pas été modeste de votre part, puisque vous bénéficiez depuis fort, d’un paradis fiscale, de prendre en charge la construction du tronçon Tahoua-Agadez-Arlit conduisant à votre site d’exploitation, et qui depuis plusieurs décennies se trouve dans un état chaotique, faisant chaque année des dizaines de morts?
Croyant la partie gagnée, vous venez de décider de l’arrêt de l’exploitation de l’Uranium  dans les deux sociétés : la COMINAK et la SOMAÏR. Par cette décision, vous pensez tenir une arme, celle de la pression économique, tendant à vous désengager et ainsi nous dresser les uns contre les autres, comme à vos habitudes, avec en arrière plan les syndicats du secteur des mines contre le gouvernement. Eh bien ! L’astuce est connue et comprise, le tour est déjoué. Notre peuple a atteint un seuil de maturité certain pour comprendre ce qui relève de la fatalité et ce qui est le fait d’une politique sournoise et méprisante de l’humain !
La permissivité de nos gouvernements n’est plus d’actualité, seul nos intérêts nous tiennent à cœur et pour lesquels nous sommes prêts à nous dresser comme cela n’était jamais arrivé contre quiconque osera nous expolier. 
On peut profiter de l’hospitalité des nigériens, mais à condition de ne pas se moquer d’eux. Il y a une tradition française qui remonte à la colonisation. Sa Bible c’est l’île au trésor ; son fantasme initial explorer la caverne d’Ali Baba dans les anciennes colonies. Dès lors au Niger, il y en a de l’uranium pour tout le monde, on va le prendre et le gérer. Vous en avez assez pris, maintenant vous allez l’acheter et très cher ! Si vous ne voulez pas partez !
Il y a un peu plus d’un an, la France, pays ami, faisait la chasse aux fortunes des chefs d’Etats africains pour avoir piller leurs peuples. C’est donc tout naturellement si à notre tour, nous faisons la chasse aux évadés fiscaux qui veulent faire la loi en Afrique.
Par conséquent, nous vous demandons en particulier de :
-   Vous conformez aux dispositions des conventions de l’Organisation internationale du travail ratifiées par le Niger et la France,
-   Vous soumettre aux obligations internationales, en particulier le Pacte international pour les droits civils et politiques (PIDCP).
Confiants de la légitimité de l’action que mène le peuple du Niger, nous nous rassemblons autour de cet objectif commun que nous poursuivons, celui de voir le peuple bénéficier des retombés de ce minerai et de voir amorcer le développement économique et social du Niger.
En vous souhaitant une bonne réception et une bonne lecture, je vous prie, monsieur le Directeur Général de recevoir mes sincères solutions!

M. AMADOU ADAMOU Bachir
Mail : fatbach125@yahoo.fr

Niger : étudiants et associations vent debout contre un compromis avec Areva

Le Monde.fr avec AFP 

Manifestation contre Areva à Niamey, la capitale du Niger, le 21 décembre 2013.
Des centaines d’étudiants ont manifesté vendredi 10 janvier à Niamey, la capitale du Niger, contre tout « compromis » dans la renégociation d’un contrat liant Areva au Niger – pays où le groupe français extrait 40 % de son uranium. Vingt-trois ONG et syndicats ont aussi dénoncé les relations opaques entre le géant du nucléaire et l’Etat nigérien.
Les étudiants, qui ont marché de leur campus au Parlement nigérien, défendent « la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles », a affirmé Inoussa Abdouramane, secrétaire général de l’Union des étudiants nigériens à l’université de Niamey.
FISCALITÉ ALLÉGÉE POUR AREVA
Areva et le gouvernement nigérien sont en négociations tendues au sujet de la Somaïr et la Cominak, deux mines exploitées par Areva dans le nord du pays depuis le début des années 1970. Ces deux sites n’étaient jusqu’alors pas soumis à la nouvelle loi minière de 2006, qui porte le taux de redevance minière de l’Etat nigérien jusqu’à 12 % de la valeur des ressources extraites, en fonction des profits, alors que les royalties s’élèvent actuellement à 5,5 %.
Les négociations portent sur une nouvelle convention de dix ans, la précédente ayant expiré le 31 décembre 2013. Selon Niamey, elles achoppent sur le refus d’Areva de voir s’appliquer aux deux sociétés le nouveau Code minier de 2006, qui devrait générer plus de ressources pour le Niger.
Mohamed Bazoum, ministre des affaires étrangères nigérien et président du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), a récemment provoqué un tollé en déclarant que les deux partenaires tentent de trouver un compromis afin d’éviter une fiscalité trop lourde pouvant conduire à la fermeture des mines, évoquant des menaces d’Areva en ce sens.
« CONVENTIONS MOYENÂGEUSES »
« Habituée à la reconduction tacite des conventions, la multinationale française s’agrippe mordicus aux conventions moyenâgeuses qui lui sont plus profitables », dénoncent ONG et syndicats dans une déclaration commune diffusée vendredi.
Dans ce texte, les 23 organisations, qui condamnent « le silence sournois » des autorités nigériennes, exigent « le retrait pur et simple du permis d’Imouraren », un troisième site, encore non actif, dont Areva a obtenu la concession, et son« reversement au patrimoine national ». Elles appellent également à des manifestations « massives », le 25 janvier, « en vue de mettre la nation nigérienne dans ses droits ».
Selon Areva, plus de 80 % des revenus (taxes et dividendes) générés par les mines depuis leur création sont revenus à l’Etat du Niger. Des chiffres que rejette l’ONG Oxfam, pour qui Niamey, entre 1971 et 2010, n’aurait perçu que 459 millions d’euros, soit 13 % de la valeur totale des exportations d’uranium, évaluées à 3,5 milliards d’euros.
« En France, une ampoule sur trois est éclairée grâce à l’uranium nigérien. Au Niger, près de 90 % de la population n’a pas accès à l’électricité »constate le rapport d’Oxfam, « Areva au Niger : à qui profite l’uranium ? », publié en décembre. Le quatrième producteur mondial de ce minerai de base servant à la fabrication du combustible des centrales nucléaires reste en effet l’un des pays les plus pauvres du mondedernier dans le classement de l’indice de développement humain (IDH) publié en 2013 par les Nations unies.
http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/11/niger-etudiants-et-associations-vent-debout-contre-un-compromis-avec-areva_4346360_3212.html

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