L’ONG internationale Médecins du Monde (MdM) Belgique est-elle réellement dans l’humanitaire ou dans autre chose? La question vaut son pesant d’or, au regard de ce qu’elle a fait à l’ancien Coordinateur de sa base à Kidal, le Dr Abdoulaye Ag Zakaria, injustement licencié, après avoir subi un accident du travail, le 26 février dernier, aux alentours de l’aéroport de la capitale de l’Adrar des Ifoghas.

‘’A Propos des Touaregs de l’Adrar des Iforhas’’ : Le grand démenti ! (photo archives)
‘’A Propos des Touaregs de l’Adrar des Iforhas’’ : Le grand démenti ! (photo archives)
C’est un Dr Ag Zakaria, déprimé, abattu, le moral aux talons, que nous avons rencontré chez lui, pour qu’il nous raconte ce qui lui est arrivé par la faute de l’ONG belge. D’emblée, il nous parlera du début de sa collaboration avec MdM Belgique et de l’accident par lequel son malheur est arrivé, à cause son activité professionnelle.
«J’ai travaillé avec MdM Belgique depuis 2009. Ma connaissance de la région et des besoins des populations a été un atout majeur pour organiser une riposte sanitaire et faciliter l’accès aux soins de santé dans la région durant toute la crise.
Pendant que je partais accueillir une délégation de Médecins du Monde Belgique à l’aéroport de Kidal, le 26 Février 2014, la voiture qui me transportait a heurté un engin explosif aux abords de l’aéroport. Je me suis retrouvé avec une amputation de deux doigts de la main gauche, une grosse plaie sur la jambe gauche, des impacts sur la jambe droite et des fractures non ouvertes aux deux pieds.
Médecins du Monde a assuré les premiers soins. Actuellement, j’ai le moral aux talons et je ne comprends pas la trahison de Médecins du Monde Belgique». Selon lui, l’ONG, qui se dit humanitaire, a décidé de la fermeture brutale et prématurée de sa base à Kidal, entravant, du coup, l’accès des populations aux soins, dans des conditions encore floues.
A en croire le Dr Ag Zakaria, après la décision de la fermeture de la base de Kidal, malgré son handicap permanent et le fait qu’il ait failli perdre sa vie pour et avec MdM, MdM a tout simplement décidé de le licencier, sans aucune compassion. Au même moment, certains agents de la même base de Kidal ont été redéployés sur d’autres postes. Alors qu’il avait en main un certificat de reprise de travail délivré par son médecin traitant, voilà qu’on lui propose un licenciement immédiat. Motif évoqué par MdM: «selon Bruxelles, l’attentat me visait personnellement».
L’ONG, sans vergogne, a également fait savoir à son employé qu’elle n’avait pas trouvé de site où le redéployer, ni sur sa mission au Mali, encore moins à l’extérieur. Ce qui témoigne à suffisance de la mauvaise foi de l’ONG. Car, relèvera le Dr Ag Zakaria, «une semaine après mon licenciement, elle a créé un poste d’Urgence Ebola et a recruté quelqu’un sans même lancer un avis d’appel à candidature pour le poste, ni au Mali encore moins à l’international. Ce qui constitue un recrutement par complaisance. Ils veulent faire croire qu’avec mon état d’infirmité je suis incapable de travailler. Ce qui est faux».
Avant d’ajouter: «ceci a démontré à suffisance une volonté manifeste de MdM Belgique de se débarrasser de moi, avec mon handicap, sans aucune forme de procès et seulement avec les droits que l’on donne a quelqu’un qui a subi un licenciement normal. Elle n’a pas du tout tenu compte de mon handicap. C’est cette attitude que je qualifie d’injuste, de barbare,  de méchante et surtout de destructrice. Elle est pire que l’accident du 26 février et ne doit pas être le credo d’une organisation humanitaire internationale respectueuse de son mandat et de son pays».
Pour autant, il ne regrette pas d’avoir servi son pays durant toute la crise au Nord et entend poursuivre son combat pour l’offre des soins de santé dans ce même pays. Il trouve qu’au sein de MdM, le cœur a primé sur la raison dans la décision. C’est pourquoi il compte entreprendre tous les moyens et recours, notamment légaux, pour préserver ses droits vis-à-vis de MdM Belgique.
Il lance un appel vibrant à l’ensemble des collègues humanitaires, qui continuent de travailler dans les zones à risque, afin qu’ils soient beaucoup plus courageux afin de mieux servir la population. «Je ne souhaite à personne le sort que j’ai vécu avec MdM après avoir sauté sur une mine», a-t-il conclu.
Pour entendre la version des faits de MdM, nous nous sommes déplacés à son siège, à Korofina Sud. Nous nous sommes présentés au gardien qui était sur place et lui avons dit que nous voulions vérifier une information avant d’écrire cet article. En vain. Nous avons compris que cette ONG, qui se dit humanitaire, était hostile à une présence étrangère. MdM doit donc penser à d’abord s’humaniser avant de penser aux autres.
Rappelons que le Dr Ag Zakaria a été recruté par l’organisation le 9 décembre 2009 comme successivement, Médecin superviseur des activités de terrain de décembre 2009 à mai 2012, Chef de projet Médico-nutritionnel de juin 2012 à Janvier 2013 et Coordinateur programme de février 2013 à Septembre 2014, date à laquelle il a été licencié.
MdM Belgique avait mis en place une équipe, qu’il dirigeait à Kidal, pour la mise en œuvre des activités du projet de soins de santé primaires dénommé «Appui aux activités opérationnelles de la Direction régionale de la sante de Kidal», avant de lancer en 2012 un projet d’urgence lié à la crise que traversait notre pays.
Youssouf Diallo
Source: 22 Septembre du 18 déc 2014