mardi 17 décembre 2013

Sexe and the Syrie25 septembre 2013

Djihad sexuel: une journée type, par CatherineLeurs corps sont leurs armes. Non, ce ne sont pas des Femen, mais des djihadettes en burqa. Contre Bachar, elles font la guerre en faisant l’amour.
Un bon combattant doit avoir l’arme chargée et les couilles vides. Voilà ce qu’a décrété Mohamed al-Arifi, mufti saoudien, théoricien du djihad en Syrie. Tout a commencé lorsque son âme de philanthrope s’est émue de la misère sexuelle que vivent les moudjahidine d’Allah contre Bachar, qui, lui, affiche une jolie épouse. Il n’a pas tort, al-Arifi, car, pour ces soldats de la liberté, cela ne doit pas être bien agréable de se contenter de violer. Il paraît qu’une femme violée taille moins bien des pipes, et ne prépare le thé à la menthe après que sous la contrainte. Le mufti saoudien a trouvé la solutio: les musulmanes du monde entier, ayant, comme les hommes, le devoir du djihad pour la gloire de l’islam, sont appelées à rejoindre le champ de bataille syrien pour soulager les pulsions des combattants, qui n’en seront que plus féroces contre le régime de Bachar. Un compatriote d’al-Arifi, mufti de son état, nommé Nasser al-Omar, est allé jusqu’à dire que les vaillants moudjahidine avaient même le droit de pratiquer le djihad an-nikah (oui, le mot vient de l’arabe) avec leurs propres sœurs. À la guerre contre les ennemis d’Allah comme à la guerre contre les ennemis d’Allah.

ÉCHANGISME HALAL

Heureusement, le mainstream terroriste ne retiendra que la première version (l’islam n’est-il pas une religion modérée ?) de la fatwa. Il y a tout de même des règles; les filles doivent avoir plus de 14 ans et porter le voile intégral. Absurde, puisque Allah permet d’épouser des fillettes de 7 ans au Yémen, et que, burqa ou pas, les djihadettes finiront de toute façon à poil dans le pieu des terroristes. Des dizaines de musulmanes, élevées sous serre noire et interdites de se mélanger aux garçons, ont vu là l’occasion d’assouvir leur frustration sexuelle sans s’attirer les foudres du seigneur. Ce sont les Tunisiennes qui se sont montrées les plus motivées. Bourguiba s’en retournerait dans sa tombe. Selon le ministère de l’Intérieur de Ghannouchi, treize jeunes filles au moins auraient répondu à l’appel d’al-Arifi. L’industrie d’export de ces prostituées halal est bien huilée. Selon le récit d’Aïcha, vétérane tunisienne du djihad sexuel en Syrie, la première approche s’est faite à l’université. Le témoignage à visage flouté, diffusé sur une télévision tunisienne privée, révèle qu’une femme de 36 ans, intégralement voilée, approchait les filles voilées pour leur parler de religion et les convier à des réunions de «maw’ida», où l’on prêche la bonne parole entre femmes. Le petit groupe rassemblé par la chasseuse de têtes compte une douzaine de disciples, dont l’une ne dépasse pas l’âge de 10 ans. Selon Aïcha, deux filles au moins de ce groupe ont rejoint la Syrie. Le sujet du djihad est rapidement abordé, et les recrues sont convaincues de leur supériorité eschatologique sur le reste de l’humanité. «Je sentais que j’étais la seule au monde, avec ce groupe de femmes, à être sur la voie du paradis, et que tous les autres allaient brûler en enfer», affirme l’ancienne djihadette, aujourd’hui amère de regrets.
Une fois les candidates convaincues de partir, le mari de la cheftaine s’occupe de la logistique, la même que pour les garçons qui partent rejoindre le champ de bataille. Un billet est acheté pour la Turquie, où les candidates doivent se rendre à Antioche. Elles y sont reçues par un certain Abou Ahmed, qui les conduit à la frontière, où elles sont récupérées par un certain cheikh Hadi au volant d’une Hyundaï. Celui-ci se charge de les conduire au premier point de l’Armée syrienne libre. Une fois affectées à des postes, ces dignes servantes d’Allah peuvent enfin commencer ce pour quoi elles ont parcouru un si long chemin. Un tableau retrouvé sur une position désertée par la sinistre katiba (brigade) al-Farouq donne de précieux renseignements sur le quotidien de la moudjahida du sexe. Le nikah se fait par tranches de 2 heures, suivies de 2 heures de repos, à raison de trois ou quatre combattants par jour. Une bondieuserie est prononcée avant chaque séance par l’émir de la katiba pour donner des allures de mariage de jouissance à ce bordel halal. Quant aux grossesses, nombreuses, engendrées par cet échangisme djihadique, la charia ne leur a prévu aucune formule légale, et certainement pas un droit à l’avortement.
Zineb El Rhazoui

Sociologue des religions, Zineb El Rhazoui a écrit La Vie de Mahometillustrée par Charb. Retrouvez ses articles chaque semaine dans Charlie, en vente en kiosques ou par abonnement.
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