jeudi 31 octobre 2013

Libération des otages sahariens
ou comment 11 sardines baignent dans l’huile

Tufuk, adu ed fad. Durant trois ans, trois longues années, le quotidien des quatre otages français enlevés au Niger en 2010 était fait de soleil, de vent et de soif. Capturés sur le site de leur employeur AREVA, ces expatriés, au cours de leur détention, ont été achetés, vendus, revendus, échangés, troqués plusieurs fois par leurs ravisseurs au gré des changements politique, stratégique et diplomatiques. Car capturer un otage, c’est avoir, et pour longtemps, un moyen de pression réel et efficace sur l’adversaire et surtout un moyen d’obtenir de très grosses sommes d’argent.
Si les conditions de détentions des otages ont été mouvementées, comme toujours en pareil cas, il reste d’inquiétantes permanences dans ce monde réputé versatile. Ce n’est pas la première fois que des otages sont capturés dans la bande saharo-sahélienne, loin s’en faut. Certains sont morts, d’autres ont été libérés, toujours contre rançon.
Au fil des ans, un nom a filtré dans l’omerta qui entoure les négociations : Iyad ag Aghaly, un Touareg originaire de la région de Kidal. Employé par la France, ce renard a su s’imposer comme l’incontournable interlocuteur entre les groupes salafistes ravisseurs et un gouvernement français largement sous-informé de la situation qui prévaut dans son ancienne colonie. Ce « bon touareg » a eu, voici quelques mois, ce que l’on pourrait désigner par la litote « son moment de faiblesse ». Voici qu’à force de négocier, le négociateur a finalement tourné sa veste et a rejoint le clan des ravisseurs, sans doute contre des millions (de dollars, pas de CFA). Avec le soutien de nombreux gouvernements arabes dont l’Algérie et le Qatar, il a acquis la certitude de pouvoir, à terme, contrôler sa propre portion de Sahara et d’implanter sa Kitaba dans sa région natale. Or donc, grâce à son carnet d’adresse bien rempli et des poches qui ne le sont pas moins, il a créé sa Katiba : Ansar eddin (que j’aime par calembour appeler les 11 sardines) et s’est rebaptisé dans la foulée Abou Fadil. Pour la France, c’est un gant, un camouflet, une gifle, un bourre-pif envoyé en pleine figure. Comment Iyad, notre ami, notre agent, notre homme celui que nous avons formé, choyé et acheté à coup de millions (d’euros, pas de CFA), a-t-il pu rejoindre aussi lestement l’esprit du mal ?
Décidé à s’imposer à tous prix, Iyad Abou Aghaly Fadil a su, par une intelligence stratégique remarquable, devenir un homme incontournable dans la scène qui se joue actuellement dans la frange saharo-sahélienne. Intermédiaire entre ceux qui incarnent respectivement le bien et mal, selon les points de vue, il ne peut y avoir aujourd’hui de libération d’otage sans passer par sa personne. Même passé dans le camp des djihadistes, il reste le négociateur centrale de la libération des otages, mais cette fois pour le compte des Kitaba islamistes, pas pour le compte de ce beau pays aux mille fromages.
Allez ! Le petit moment de surprise passé et toute honte bue, la France a finalement considéré qu’un petit retournement de veste n’était au fond pas si grave, du moment qu’elle pouvait conserver un interlocuteur privilégié dans la zone. Parti frayer dans des horizons plus lucratifs, il a fallu combler la place laissée vacante par Iyad. C’est là qu’un parent éloigné de ce dernier entre en scène. Issu de la même tribu qu’Iyad, Mohamed Akotey présente aux yeux des Français de multiples avantages : il est nigérien, c’est un intellectuel qui connaît les arcanes du pouvoir pour avoir exercer de multiples fonctions au sein des gouvernements nigériens de ces dix dernières années. Il est posé et réfléchi et a la difficile réputation aux royaumes des corrompus d’être un fonctionnaire dévoué, voire incorruptible. Ce qu’il fait, il le fait par conviction et pas pour de l’argent. Une vraie surprise que des hommes comme ça existe ! Son rôle a été déterminent dans la libération des quatre otages. C’est sûr ! C’est lui qui depuis des mois et des mois négocie avec Iyad pour leur libération.
Hasard du calendrier ou pas, ils sont libérés à un moment où vont s’ouvrir des négociations pour le retour de la stabilité au Mali. C’est comme ça que ça s’appelle. Ces négociations sont sensées mettre d’accord le gouvernement malien et partant français, le MNLA, la branche laïque des indépendantistes touaregs (souvenez-vous, ils ont fait parler d’eux il y a quelques mois), le HCUA, qui n’est autre qu’une refonte d’Ansar eddin, mais avec un nom à consonance moins djihadiste et le MAA qui regroupe différences obédiences arabes. En fait, cette rencontre n’a de négociation que le nom car il n’y a en fait plus rien à négocier ; tout a déjà été vendu en juin 2013 à Ouagadougou. « On siffle la fin de la récréation », a dit la France, « les laïcs, on s’en fout, autant commencer à négocier tout de suite avec les djihadistes car ils sont tout puissants et durablement enracinés dans la zone. Même après leur avoir envoyé notre arme secrète, notre chat sauvage, le serval, ils n’ont pas perdu en puissance ». Et puis, la France a ses traditions (qu’elle appelle d’ailleurs à tors des valeurs). Depuis la période bénie de la colonisation, où la France était toute puissante, elle a pour habitude de négocier avec la tribu d’Iyad, les Ifoghas. A de multiples reprises, pour calmer les velléités touarègues d’indépendances, les ancêtres d’Iyad se sont imposés comme des intermédiaires. La France aime avoir des fondamentaux, ça la rassure. Mais ça la met aussi en retard, car les contextes changent et qu’elle se contente de répéter toujours les mêmes logiques, sans discernement.
En somme, à qui profite cette libération ? A Iyad en premier chef, qui fait décidément la pluie et le beau temps au Sahara sans même perdre son temps dans des négociations.

Tadimit n Akall

mercredi 30 octobre 2013

Exploitation minière au Niger
Une chimère nommée Imouraren
sur Aïr Info N° 164-165
Il se passe des choses bien étranges dans nos sociétés minières.
Notre confrère Le courrier avait en son temps dénoncé certaines pratiques ayant rapport avec la Plateforme d'Areva et les exactions commises par celleci. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. La plateforme a été dissoute sur instruction du Chef de l'Etat Mahamadou Issoufou et les sociétés Somaïr, Cominak et Imouraren ont regagné une relative autonomie vis à vis d'Areva Mines.
Areva n'est donc plus la caverne d'Ali Baba bien qu'elle gère toujours les aspects à " forte demande de synergie " tels que les Systèmes d'Information, la Géologie, le développement durable et la communication. Décortiquer ces fonctions et leur manque à gagner pour le Niger ne serait pour nous qu'une perte de temps, d'autant plus que le gouvernement suit le sujet de très près et connait aujourd'hui au centime près le jeu de refacturation d'Areva sur ses "filiales".
Ce qui nous intéresse ici est le projet Imouraren, et surtout la faisabilité d'un début d'exploitation pour 2015 et les retombées pour le Niger.
Pour le premier point, il n'est de secret pour personne que le Président de la République a fait du début d'exploitation à la mi-2015 son cheval de bataille. Imouraren est comme qui dirait son "bébé". Il veut le voir aboutir pour le bien-être des populations nigériennes et ne laisse donc aucune marge de manoeuvre à Areva dans ce sens. Un nouveau report de l'exploitation n'est pas négociable et Areva le sait. Cependant, connaissant la fébrilité du cours actuel de l'uranium et sachant qu'aucune reprise n'est prévue avant 2018-2020, Areva en tant qu'entreprise privée dont le seul but est le profit n'a aucun intérêt à promouvoir un projet de deux (2) Milliards d'Euros qui n'aura aucune rentabilité à court et moyen terme.
Pire encore, tous les analystes s’accordent sur le fait que l'annonce même de l'ouverture d'une mine à ciel ouvert d'une capacité de 5 000 tonnes par an (Somaïr et Cominak combinés) entrainera une chute conséquente du prix de l'Uranium. Que faire dans ce cas pour Areva ?
Soit on joue la montre, ce qui vu les positions du Chef de l'Etat Mahamadou Issoufou est impossible ! Soit on dépense au mieux les deux (2) milliards d’Euros d'enveloppe quitte à mettre le projet sous cocon en 2016. Et c'est là que l'on retrouve toute la subtilité et le savoir-faire de la plus grande firme multinationale dans le domaine de l'Uranium.
Comment faire pour dépenser 2 Milliards d'Euros (1500 Milliards de FCFA) dans une société de droit Nigérien (Imouraren S.A) sans que le Niger n'en profite ?
Tout d'abord, on commence par ne pas financer ces investissements avec son propre argent. Ensuite, afin d'éviter l'incidence d'un prêt bancaire sur son bilan, Areva se débrouille pour qu'un tiers (tout sauf une banque) lui prête l'argent. Comment ? Tout simplement en ouvrant une société en France dénommée Areva Expansion et à travers laquelle elle vend une partie de ses actions Imouraren à des Chinois et à des Coréens. Ces derniers non seulement paient pour les actions Imouraren, mais acceptent même d'ouvrir à Areva la ligne de crédit nécessaire au financement du projet et le tour est joué. Areva dispose maintenant de deux (2) Milliards d'Euros qu'elle peut dépenser à sa guise sans aucun impact négatif sur son bilan financier.
Comment faire pour que les dépenses effectuées au niveau d'Imouraren aient un impact positif sur les revenus du groupe?
La seule et unique voie est LA REFACTURATION.
La plateforme est peut-être dissoute mais il n'en demeure pas moins que les refacturations du groupe continuent. L’ancien directeur financier de la Plateforme semble avoir été promu Directeur Général d’Imouraren justement à cet effet.
Coïncidence ? Surement pas ! Aucune marge d’erreur n'est permise lorsqu'il s'agit de deux (2) Milliards d'Euros. Le travail de celui-ci serait de mettre en place tous les canaux de rapatriement de cet argent vers la métropole.
Des sociétés dans lesquelles Areva est actionnaire sont donc mises à contribution (TSU, Euriware), ainsi que d'autres sociétés françaises, le but étant que seule la France et ses multinationales (en difficulté économique actuellement) profitent de cette manne. Les sociétés nigériennes se retrouvent donc avec quelques bons de commandes çà et là tandis que les sociétés françaises ramènent les deux (2) Milliards d'Euros des Coréens à la maison.
A titre d'exemple, dans le domaine du transport, tandis que les sociétés nigériennes avaient procédé à une augmentation de leurs capacités pour faire face aux besoins du projet Imouraren et que toute la région d’Agadez s’était mobilisée afin de devenir un pôle logistique de premier ordre, à Aïr Info, nous sommes choqués d'apprendre qu'une société Française du nom de Geodis avait remporté l'appel d'offre pour l'ensemble Logistique/transport. Au demeurant, un appel d’offre auquel les Nigériens n’ont même pas été conviés. Une prestation de plusieurs millions d'Euros nous est refusée. Le pire dans tout cela est que Geodis ne dispose même pas d'un seul camion. Tout le travail est donc soustraité à des sociétés nigériennes pour un moindre coût.
Qu'est ce qui empêchait au DG d'Imouraren d'octroyer ce marché directement à des sociétés nigériennes compétentes telles que Cat Logistic avec laquelle Geodis soustraite aujourd'hui ?
Qu’est ce qui l’empêchait de morceler le marché en plusieurs tranches afin que tous les grands transporteurs du Niger et de la région d’Agadez en particulier puissent saisir quelques retombées du Mega Projet tant attendu ?
Rien bien sûr, si ce n'est sa mission de rapatriement des capitaux.
Dans le domaine des transports toujours, les sociétés aériennes nigériennes telles que Tamara, THS et Air Niamey auraient été effarées d’apprendre l’an passé qu’une société inexistante sur leur sol en l’occurrence Chalair venait de s’accaparer le contrat de transport de Imouraren, Somaïr et Cominak. Un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards pour nos aviateurs locaux qui s’efforcent tant bien que mal à trouver des solutions idoines au désenclavement de notre pays. Malheureusement pour eux, il semble qu’une fois encore le DG ait répondu à l’appel de la nation (sa nation bien entendu) au lieu de s’efforcer de choisir l’avionneur le plus expérimenté et le plus efficace. Résultat des courses, Aïr Info a appris que le mois dernier, les passagers de Chalair sont passés près de la catastrophe. Le pare-brise de l’avion s’était rompu en plein vol et seule une intervention divine a sauvé les cadres embarqués à bord. Depuis, les sociétés minières se sont rabattues sur Tamara en attendant que l’avion en question soit réparé.
Sur ce dossier il convient d’interpeller le ministre des transports afin de comprendre comment une société étrangère peut sans être implantée au Niger, gagner des contrats à la barbe de nos avionneurs et obtenir en si peu de temps son agrément de vol !
De plus, après un tel incident, ne devrait-on pas sanctionner la compagnie en question en lui retirant ne serait-ce que pour un temps déterminé son autorisation de vol ?
Avec la création de la compagnie étatique annoncée en conseil de ministres, Chalair ne devrait-elle pas être invitée à plier bagages ? L’ « Appel de la patrie » ne s’arrête malheureusement pas au domaine du transport à Imouraren.
On retrouve un autre exemple dans la gestion des Ressources Humaines, un domaine où à priori on comprendrait très mal qu'une société, même étrangère, cherche à gruger le peuple nigérien. Imouraren représente à terme un potentiel de 4500 emplois pour le Niger. De quoi absorber une grande majorité de nos jeunes diplômés pointant aujourd'hui au chômage. Le Chef de l'Etat en est conscient et c'est pourquoi il insiste autant sur le début des travaux.
Le DG de l'ANPE a d'ailleurs dans ce cadre été particulièrement vigilant en bloquant systématiquement les demandes de permis de travail d'expatriés français pour les fonctions pour lesquelles des profils nigériens étaient disponibles. Nous l'en félicitons. Cependant, afin de contourner les visas de travail, Imouraren passe aujourd’hui par des cabinets de portage tels que GPC. Ceux-ci lui mettent à disposition des "intérimaires" pour des fonctions allant du cadre supérieur à l'ouvrier qualifié.
Ces prestations s'élèvent aujourd'hui à plusieurs milliards de nos francs (au moins 100 000 Euros par an pour chaque intérimaire) tandis que nos jeunes sont rétrogradés à la technicité dans le domaine du ataya et du gnébé par manque d'emploi.
Cette utilisation des cabinets de portage n'a en soi aucun avantage économique pour la société car un nigérien avec le même profil coûterait 10 fois moins cher à l'embauche. Elle n'a donc de sens que dans la perspective d'un rapatriement de capitaux comme avancé plus haut.
Une mention honorable dans ce cadre à Mme Bertaud Elsa (cost controler d’ Imouaren) qui est même arrivée à dégoter à son mari un contrat de plus de 4 Millions de FCFA par mois pour des prestations de coordination construction. L'homme n'est pourtant pas ingénieur en Génie Civil et même s'il l'était, Nous pensons que le Niger regorge de ce genre de profils qui auraient pu faire l'affaire. Sans oublier que le recrutement d'un conjoint est catégoriquement interdit par la charte de la société. D'où l’utilisation de la prestation pour tromper les autorités. Il est ironique que celle qui a été recrutée par le DG d’Imouraen pour s’occuper du contrôle de Coût de la société Imouraren soit aussi celle qui ne se refuse rien en termes de dépenses. Outre les frais engendrés par le recrutement de son mari, cette super employée a aussi demandé à changer de maison pour une villa plus chère et plus cossue à côté du lycée la Fontaine. L’ancienne villa avec piscine dans laquelle elle était au plateau n’était apparemment pas de son « standing ». Le DG cherchant de manière tout à fait incompréhensible à l'accommoder, a accepté de faire louer à la société une maison supplémentaire. Le contrat de bail de l'ancienne maison courant sur un an, Imouraren S.A se retrouve donc à payer un loyer conséquent supplémentaire avec une maison vide sur les bras. Au demeurant, nous éviterons ici de rentrer dans son propre recrutement à elle en tant que contrôleur de coût elle qui, de formation, n’est ni financière ni comptable. A ce rythme-là, elle risque d’être très vite promue Directrice Financière sous le nez de nigériens bien plus compétents.
Imouraren S.A excelle aujourd'hui dans la médiocrité managériale et est devenue la vache à lait du groupe Areva et de quelques employés prébendiers en son sein.
Nous sommes très inquiets du fait qu'à ce rythme, en 2015 les compagnies et la population active du Niger n'auront profité d'un seul copeck de la phase d’investissement. Sans oublier le fait qu'un coût à la tonne trop élevé à cause des dépenses tous azimut de ces faucons pourrait contraindre le projet à mettre les clés à la porte. Les Nigériens attendent beaucoup de la rencontre avec le directoire d’Areva. De la qualité des acquis de ces échanges dépendra notre appréciation du patriotisme de nos dirigeants.
Le président Issoufou a certainement à coeur toutes les attentes du peuple nigérien qui entend désormais jouir des retombées de ses richesses minières. Nonobstant toutes les menaces de fermeture de sites miniers du Niger, la présente occasion est l’une des meilleures pour non pas relire les contrats qui nous lient à Areva mais les abroger et repartir sur une base nouvelle prenant en compte notre légitime ambition; celle du renouveau du Niger !
Ibrahim Manzo DIALLO
Exploitation minière au Niger / Une chimère nommée Imouraren sur Aïr Info N° 164-165
Aïr Info N° 164
Aïr Info N° 164

Les Algériens et les Qataris ont aussi participé à la libération des otages français

El Watan- 30.10.13 | 12h21
En mobilisant leurs réseaux, et les négociateurs le Malien Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Eddine, et le Burkinabais Mustapha Ould Chafii, les Algériens et les Qataris ont aussi participé à la libération des otages français d’Arlit.
Si les otages français d’Arlit –Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret- ont été libérés, comme le révèle le journal Le Monde, grâce au paiement d’une rançon de 20 millions d’euros, les Algériens et les Qataris ont aussi joué un rôle important dans les négociations. Surtout depuis que le dossier a été pris en charge, au printemps dernier, par Bernard Bajolet, directeur de la DGSE et ancien ambassadeur de France en Algérie, proche des services de renseignements algériens.
«Il y a deux mois, les Qataris, qui entretiennent de bonnes relations avec les mouvements salafistes en Syrie et en Libye, sont intervenus à la demande des Français, et sont entrés en contact avec des cadres d’Ansar Eddine, affirme une source sécuritaire algérienne. Pour montrer leur bonne volonté, les autorités maliennes ont arrêté leurs recherches contre 20 combattants d’Ansar Eddine.» Cette décision a été interprétée comme un premier pas pour le chef du mouvement, Iyad Ag Ghaly, ancien leader de la rébellion touareg, qui a donc mobilisé ses réseaux, très importants dans tout le nord du Mali.
Pendant ce temps, les Algériens, qui voient toujours d’un mauvais œil l’intrusion du Qatar dans les affaires maghrébines, ont aussi mené une opération parallèle. «Il y a quelques jours, Mustapha Ould Chafii, s’est rendu à Alger», assure un cadre des renseignements. Ce Mauritanien, conseiller du président burkinabais Blaise Compaoré, est aussi un homme d’affaires, «déjà sollicité lors des pourparlers précédents pour la libération d’otages au Mali».
Toujours d’après les services de renseignements algériens, le chef terroriste Abou Zeid, responsable de l’enlèvement des otages français, a été tué en mars dernier lors d’une opération pour libérer les otages, qui visait précisément son groupe, la katiba Tariq Ibn Zyad. Les négociations ont été menées par son successeur, l’Algérien Saïd Abou Moughatil, et le Tunisien Abou Mohamed, un cadre du groupe, qui maîtrise plusieurs langues et auquel Abou Zeid avait souvent recours lors des négociations.
Cette même source avance que la libération des otages s’est faite en contrepartie de la libération de deux groupes terroristes d’Aqmi prisonniers au Mali, dans les prisons de Gao.
Mélanie Matarese et Aziz. M,http://www.elwatan.com/actualite/exclusif-les-algeriens-et-les-qataris-ont-aussi-participe-a-la-liberation-des-otages-francais-30-10-2013-233213_109.php?utm_medium=twitter&utm_term=Actualit%C3%A9s+Alg%C3%A9rie&utm_source=El+Watan

Otages d’Arlit : les dessous d’une libération

Otages d’Arlit : les dessous d’une libération

LE MONDE |  • Jacques Follorou


Le président nigérien, Mahamadou Issoufou (au centre), Laurent Fabius (à droite) et Jean-Yves Le Drian, aux côtés des quatre ex-otages français, mardi 29 octobre à Niamey. [CREDIT]ECPAD/REUTERS

Pour mettre un terme aux trois ans de détention des quatre derniers otages français d’Arlit, Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret, il aura fallu une opération de récupération de huit jours, le versement d’une rançon et des mois de négociations. Les quatre hommes ont recouvré la liberté, mardi 29 octobre, et sont arrivés, mercredi peu avant midi, à Paris.
Apparemment en bonne santé, ils ont été accueillis à Niamey, la capitale du Niger, par les ministres français de la défense et des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian et Laurent Fabius.
Lire aussi le récit de leur détention : Les otages français enlevés au Niger ont été libérés
Les dix-huit hommes, des Français et des touaregs, qui les ont récupérés à l’extrême nord-ouest du Mali, près des frontières mauritanienne et algérienne, ont quitté, le 21 octobre, la petite ville de Kidal, au coeur du Sahel, à bord de plusieurs véhicules. Ils ont laissé derrière eux tous leurs outils de communications.
« PLUS D’UNE VINGTAINE DE MILLIONS D’EUROS » 
Totalement coupés du monde, ils veulent éviter d’être traqués par les grandes oreilles américaines mais également françaises et protéger les ravisseurs de tirs de drones dès que les otages seront entre leurs mains. Pour l’aller comme pour le retour, le convoi évite les voies directes. On ne saura s’ils ont réussi leur mission qu’à leur retour à Kidal. Le plan initial prévoit un retour entre les vendredi 25 et dimanche 27 au soir.
Le trajet dans l’extrême nord désertique du Mali promet d’être tendu. Le 20 octobre, l’armée française a lancé une vaste opération de ratissage, bien plus au sud. Au nord, la zone grouille de petits groupes djihadistes incontrôlables. Selon une source française connaissant les détails de cette opération, des membres de la DGSE ont remis aux membres du convoi, la veille de leur départ de Kidal, la « contrepartie » à la libération des otages, « plus d’une vingtaine de millions d’euros ».
Il a été convenu à l’avance que les ravisseurs devaient d’abord regrouper les quatre otages qui avaient été séparés au mois de juillet. Puis de les laisser, seuls, deux ou trois jours, dans un endroit sécurisé avec de l’eau et de la nourriture. A un autre endroit, les preneurs d’otages devaient ensuite échanger l’argent contre les coordonnées GPS permettant de localiser les quatre Français. Le convoi est revenu à Kidal le mardi 29 octobre d’où les ex-otages s’envolent pour Niamey.
LUTTES ENTRE DES RÉSEAUX FRANCO-FRANÇAIS 
C’est l’épilogue de six mois de tractations ponctuées de négociations parallèles, de luttes entre des réseaux franco-français et d’une volte-face du président Hollande.
Cette issue heureuse trouve son origine au mois de décembre 2012. L’Elysée ordonne alors à Erard Corbin de Mangoux, le directeur de la DGSE, de « débrancher » un négociateur français qui tient alors encore le haut du pavé après avoir fait libérer, en février 2011, les trois premiers otages d’Arlit. Jean-Marc Gadoullet, ex-DGSE reconverti dans la sécurité au Niger et au Mali, met en avant ses contacts avec le groupe de ravisseurs dirigé par l’émir Abou Zeid. Mais l’absence de résultats et le déficit croissant de confiance signent sa mise hors jeu.
Le conseil restreint de défense, à l’Elysée, le 29 décembre 2012, lui accorde un répit jusqu’au 10 janvier, la veille du lancement de l’opération militaire française « Serval » contre les groupes djihadistes au Mali qui va tout geler.
LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE PREND LA MAIN 
Il faut attendre le mois de mai pour que des négociations soient relancées. L’opération Serval a baissé en intensité, la France compte un nouveau directeur de la DGSE, le diplomate Bernard Bajolet. Jean-Marc Gadoullet est officiellement écarté du dispositif, tout comme les entreprises qui employaient les otages.
Le ministère de la défense prend la main et promeut la solution présentée par le président de la société de sécurité Amarante, Pierre-Antoine Lorenzi, un ancien des cabinets ministériels socialistes, proche de Cédric Lewandowski, le directeur de cabinet de Jean-Yves Le Drian.
Ce « plan B » passe par le Niger. M. Lorenzi travaille avec Mohamed Akotey, homme de confiance du président nigérien, Mahamadou Issoufou. Il est également président du conseil d’administration d’Imouraren SA, la filiale Niger d’Areva et neveu de Mano Dayak, un ex-chef rebelle touareg. Intermédiaire privilégié des groupes djihadistes de la région sahélienne, Mohamed Akotey avait le contact avec Abou Zeid jusqu’à la mort de ce dernier, en février, dans des affrontements pendant l’intervention française. Il a conservé le lien avec les lieutenants d’Abou Zeid.
AU MOIS DE MAI, JEAN-YVES LE DRIAN SE REND À NIAMEY
Mohamed Akotey dirigera le convoi qui récupérera les otages. Mais avant cela, il mène les pourparlers avec Choureb, le successeur d’Abou Zeid à la tête de la Katiba qui retient les Français. Selon un membre des services de renseignement français au Mali, il a aussi le contact avec Mokhtar Belmokhtar, l’un des chefs redoutés d’AQMI. Les relations avec les ravisseurs ne sont pas aisées. Les Français ont tué leur chef mais ils veulent être payés.
Au cours du mois de mai, Jean-Yves le Drian se rend à Niamey (il y retournera discrètement au moins deux fois) pour valider l’option Lorenzi-Akotey auprès du président Issoufou. François Hollande donne son feu vert. Mais, à partir de juin, le directeur de la DGSE, entame également ses négociations avec l’Etat nigérien.
Deux voies s’opposent sur des questions de personnes mais aussi sur des points de doctrine. Selon une source au sein du ministère de la défense, M. Bajolet, fidèle à la ligne fixée par le chef de l’Etat début 2013, défend une ligne de discussions sans versement de rançon pour la libération d’otages.
L’ARGENT A ÉTÉ PRÉLEVÉ SUR LES FONDS SECRETS
D’après plusieurs intervenants, la situation se tend fin juin entre le président nigérien et la DGSE. Visiblement contrarié par la volonté de M. Bajolet de contrôler le processus engagé, M. Issoufou décide de mettre ses moyens aériens au service du duo Lorenzi-Akotey pour poursuivre les négociations financières avec les ravisseurs.
Lorsque la partie nigérienne estime que la négociation est ficelée, le président Issoufou appelle son homologue français et lui présente les termes d’un accord. On peut les sortir mais il faut payer, dit-il en substance. François Hollande donne son accord, contredisant ses déclarations devant les familles des otages d’Arlit en janvier auxquelles il assurait que la France ne paierait plus.
Il reviendra au secrétaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas, de prévenir le directeur de la DGSE de la solution retenue. Selon nos informations, l’argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement. La somme a été acheminée par la DGSE jusqu’à Kidal puis remise à Mohamed Akotey et aux hommes d’Amarante. Les services français apportent la logistique (voitures, armes, hélicoptères, avion). Amarante fournit les contacts locaux.
L’ELYSÉE A DÉMENTI TOUT VERSEMENT DE RANÇON
La gestion du dossier d’Arlit n’a pas été exempte de sous-entendus. Le ministère de la défense – qui regrette, en privé, que le nouveau patron de la DGSE privilégie sa relation avec l’Elysée plutôt qu’avec son ministère de tutelle – a soutenu sans faille le duo Lorenzi-Akotey. Pour sa part, le président nigérien a rappelé, lors d’un entretien avec M. Hollande, que son aide pourrait lui valoir, en retour, un coup de pouce dans ses négociations avec Areva. L’entreprise publique française refuse en effet les termes financiers proposés par Niamey pour renouveler sa concession d’exploitation d’uranium avant la fin de l’année.
Sollicité par Le Monde, MM. Bajolet et Lewandowski ont refusé de s’exprimer sur cette affaire. L’Elysée a démenti tout versement de rançon.

ohabata8 min Niger: les quatre otages français d'Arlit sont libres :


  1. Libération des otages: des négociations très secrètes :
  2. Le président nigérien, L’Algérie a un rôle « moteur » dans la stabilité et le développement