lundi 24 juin 2013

Trois non-dits sur le Moyen-Orient cette semaine…



1. La succession au Qatar: L'abdication ou du moins le retrait de l’émir du Qatar au profit de son fils Tamim (né en 1980) renforcera au plus haut point les relations très privilégiées entre la France et le Qatar. En effet, le jeune Tamim Ben Hamad Al-Thani, prince héritier, deuxième fils de l'émir Hamad avec Mouza Bint Nasser Al-Mousned et président du Comité olympique du Qatar, est également l'actionnaire majoritaire, à hauteur de 100%, du Paris Saint-Germain Football Club. Il est derrière la véritable OPA (ou razzia) du Qatar en France: palaces et bâtisses de prestige (L'hôtel Martinez à Cannes, le Palais de la Méditerranée à Nice, le Concorde Lafayette, l'hôtel du Louvre à Paris mais aussi le somptueux hôtel Lambert sur l'île Saint-Louis à Paris, les casinos Barrière Croisette et Les Princes, l'immeuble abritant le Figaro et le Carlton de Cannes, etc.); participations tentaculaires s'étendant de Total à Veolia Environnement; intérêt soutenu pour l'avion de combat Rafale de Dassault, pour les chantiers navals, pour EDF, ELF, Suez et la filière électronucléaire française. De fait, le tandem Paris-Doha fonctionne grâce au pragmatisme des dirigeants Qatari qui ne s’embarrassent d'aucun a priori idéologique comme le font les saoudiens. A Ryad, le gouvernement socialiste français fait grincer des dents et disqualifie ipso facto Paris en tant qu'allié sûr.
2. Hollande en Jordanie: En visite en Jordanie, un des pays clés de l'alliance régionale contre la Syrie, le Président français François Hollande a qualifié l'ASL ou l'armée syrienne libre, une des composante de la rébellion en Syrie, d'armée de libération nationale tout en l'appelant à "chasser les extrémistes des zones qu'ils ont occupés en Syrie". Or, les organisations extrémistes et surtout Jobhet Ennossra (Front des Partisans) sont les fers de lance de la rébellion syrienne. Hollande a également évoqué un accroissement de l'aide financière que la France octroie à la Jordanie pour faire face ou gérer les camps de réfugiés syriens. Annoncée à 100 millions d'euros, cette aide se renforcera de 50 millions supplémentaires. Outre le fait que ces lignes de financement proviennent du Qatar via le Qatar Investment Authority, l'aide de la France en Jordanie concerne surtout la gestion de trois camps militaires spéciaux où des militaires français supervisent l'entraînement d'unités rebelles et leur adaptation avec des systèmes d'armes antichar tels que le Milan. Les jordaniens apprécient: leur pays a failli être envahi en 1970 par une division blindée syrienne, au lendemain des événements connus sous le nom de "septembre noir"...
3. Afflux d'armes: la livraison des armes aux rebelles et aux volontaires étrangers venus combattre en syrie le "régime impie" du Président Bashar Al-Assad ne date pas du jour où l'Union européenne a décidé, sous impulsion franco-britannique- de les fournir. Ainsi, des fusils d'assaut FN FAL, AUG Steyr et G3 ou encore des fusils de précision Remington ont été introduits en Syrie depuis des mois. Idem pour les munitions venant d'Egypte, d'Israël, de Turquie et du Monténégro. Ce qui est nouveau est que désormais, des missiles antichar modernes comme le 9M113 Konkurs (fabrication russe), Milan (franco-allemands), Spike (israélien) venant de Turquie, des canons sans recul, des missiles SAM portables venant d'Arabie Saoudite et de Libye sont entre les mains des différents groupes rebelles. De l'autre côté, Moscou est prêt à fournir à Damas des BM30 Smerch et même des système S-400, plus sophistiqués que les S-300 dont des batteries ont bel et bien été déployées en Syrie.

By Strategika51 | 24 juin 2013 à 13h15

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