jeudi 26 juillet 2012


Camps d’entrainement de volontaires : le Ganda Koy, version 2012

Cette milice d’autodéfense créée dans les années 90, renait avec comme unique objectif la reconquête du septentrion Ganda-koy signifie en langue nationale sonrhaï, « les maîtres de la terre » ou « propriétaires terriens ». Cette appellation fait référence à l’empire de Sonni Ali Ber « le Grand sauveur ». Le Mouvement patriotique malien Ganda koy (MPMGK) est la première milice d’autodéfense créée dans notre pays pour faire face à la rébellion touareg des années 1990.
Elle a joué un grand rôle dans la lutte contre le banditisme qui avait prospéré sur les cendres de la rébellion. Elle a ainsi aidé à combattre les groupes de bandits armés qui attaquaient les véhicules pour dépouiller leurs passagers, razziaient céréales, bétail et autres biens, tuaient sans hésiter des innocents. Ulcérées par ces exactions, les populations ont créé ce mouvement d’auto-défense. L’aile militaire était dirigée en 1994 par le capitaine Abdoulaye Hamadahamane Maïga. A l’époque, il a largement bénéficié du soutien des riziculteurs sonrhaïs, des éleveurs peuls, des pêcheurs bozos, des ouvriers bellah et même de quelques pasteurs kel-tamashek. Très rapidement, le MPGK s’est doté d’un comité des sages à Gao et d’un comité d’appui à Bamako. Il avait également bénéficié du soutien indirect de l’armée, des services de sécurité ainsi que du ralliement des jeunes sonrhaï vivant dans des pays proches (Ghana, Nigeria, Bénin, Togo, etc).
Aujourd’hui, face aux séparatistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et à leurs ex-alliés islamistes, une nouvelle version du Ganda-koï est née et a pris ses quartiers à Mopti. Ses combattants volontaires sont en pleine formation pour participer à la reconquête des territoires occupés. Elle est dirigée par Abdoulaye Nadjim Maïga qui fait partie des 12 membres fondateurs du Gandakoy historique. « J’étais le plus jeune à l’époque. Aujourd’hui, ceux de ma génération sont des colonels-major dans l’armée. Pourquoi ? Parce que l’intégration au sein de l’armée nous a été refusée tant qu’on ne passait pas par le recrutement.
Mais au même moment, les ex-combattants touaregs ont été intégrés par centaines sans passer par la voie du recrutement. La majorité de ces intégrés se sont retournés contre l’Etat avec les moyens logiques de l’armée. La rébellion de cette année est la conséquence de l’injustice des autorités d’alors », accuse Abdoulaye Maïga, le chef d’Etat-major adjoint et chef des opérations de Gandakoy. Assis sur un tapis, les jambes croisées, il est entouré de ses lieutenants les plus proches. Il assure que sa troupe est forte de plus de « 2000 hommes » et compte 37 filles. La majorité est constituée de jeunes. Mais on croise aussi des quadragénaires et même des quinquagénaires. Tous n’ont qu’un seul objectif : libérer les terres ancestrales aujourd’hui occupées. En fait, la plupart d’entre eux sont en recyclage puisqu’ils savent déjà manier une arme automatique. Ils comptent sur le soutien logistique de personnes de bonne volonté pour renforcer le peu de moyens dont ils disposent. A l’heure du rassemblement, ils se mettent en rang dans la discipline militaire. Pourtant seuls quelques uns arborent le treillis et les rangers réglementaires. La plupart sont en tenue civile. Quelques uns, dont des filles, arborent fièrement des kalachnikovs. Ces combattants volontaires ne viennent pas que des régions nord du Mali. « Il n’y a pas question de nordistes ou de sudistes, mais seulement de Maliens, car c’est le Mali, notre pays qui est menacé et coupé en deux par des envahisseurs. Je suis élève-enseignant et j’ai toujours rêvé du métier des armes et c’est la bonne occasion pour moi », nous confie l’un d’entre eux. Comme lui, la plupart des combattants volontaires escomptent intégrer les rangs de l’armée après la guerre de libération des régions occupées. « La plupart de ces jeunes se voient déjà militaires.
Les recruteurs ont-ils abordé cette question avec les autorités militaires ? Mieux vaut trouver la réponse dès maintenant pour éviter une situation compliquée plus tard. Un jeune qui sait manipuler les armes et se retrouve au chômage risque d’être tenté par la vie facile », s’inquiète avec lucidité un directeur régional de Mopti dont les locaux sont devenus un des camps d’entraînement.
Envoyé spécial,A. DIARRA
Source : L’Essor, Maliactu du 26 juillet 2012,http://maliactu.net/?p=17564

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