vendredi 4 mai 2012


Retour sur la libération d'Assi et d'Aminatou, deux lionnes de l'Azawad

Toumast Presse

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Assi Walet Hita (g) et Aminatou Walet Biby (d), Avril 2012. © Attaye Ag Mohamed

Arrêtés de manière complètement arbitraire par un état voyou alors en complète débandade dans l'Azawad, Assi Walet Hita et Aminatou Walet Biby passeront près de 3 mois dans les geôles du colonisateur Malien. Echangé de manière honteuse contre 29 prisonniers de guerre Maliens, elles continuent toujours de se demander la raison de leur emprisonnement.
Ce qui fait le plus mal à un pouvoir voyou et dictatorial, c'est le rôle de leadership que peut occuper la femme pour le contrer. Lorsque cette opposition de la femme devient la plus importante, ce pouvoir illégitime vacille et n'a d'autres choix que de s'en prendre directement à la femme leader.
En Birmanie la junte militaire qui a mis ce beau pays à terre ne pouvait accepter le charisme et le pragmatisme mais surtout la voix contradictoire que représentait Aung San Suu Kyi. Malgré une vingtaine d'années d'intimidations, de prison, et de privations de liberté, la lauréate du Prix Nobel de la paix 1991, continuera son combat jusqu'à son investiture il y a quelques jours comme députée.
Chez nous dans l'Azawad, nous avons également nos lionnes aussi pacifiste et charismatique qu'Ang San Suu Kyi, mais qui n'ont rien de politiciennes et n'ont pas leur langues dans leur poches. Ces deux lionnes ce sont Assi Walet Hita et Aminatou Walet Biby, respectivement Présidente et Vice-Présidente de l'Association des Femmes de l'Azawad.
Pendant que feu Ibrahim Ag Bahanga et une partie de ce qui deviendra l'état-major militaire du MNLA préparait la lutte pour la libération de l'Azawad, l'Association des Femmes de l'Azawad s'occupait du côté humanitaire en recevant et aidant les dizaines de milliers de réfugiés qui revenaient dans l'Azawad. Aussi, pendant que les cadres et intellectuels Touareg (Kal Tamasheq) brillaient par leur silence ô coupable face à la tragédie qui frappait déjà les populations Azawadiennes en Libye, l'Association des Femmes de l'Azawad faisait le contraire. Elles disaient haut et fort que plus jamais un Azawadien ne doit mourir de manière complètement anonyme dans une guerre qui nous est étrangère. Dans la vidéo ci-dessus d'une réunion en Juin 2011, Aminatou Walet Biby appelait de manière claire et net l'ensemble des Azawadiens à se désintéresser de ce conflit et de revenir dans l'Azawad auprès des leurs.


Pendant que les combattants du MNLA commençaient a rejoindre leur base et que les recrues prenaient part aux formations intensives, Assi Walet Hita, continuaient les efforts de sensibilisation qu'entreprend son association. Aux populations Azawadiennes, elle délivrait un message clair basé sur la non-violence. Elle apprenait aux uns et aux autres que la légalité à la fois Malienne qu'internationale donnait droit aux Azawadiens de réclamer leur indépendance à travers l'autodétermination. C'est en partie grâce au travail phénoménale qu'à accompli son association que les populations Azawadiennes ont adhérer massivement au Mouvement National pour la Libération de l'Azawad juste après sa création.
Toujours dans sa démarche non-violente, l'Association des Femmes de l'Azawad organisera le 1er Novembre 2011 la manifestation populaire à Kidal pour réclamer tout simplement l'autodétermination afin d'aboutir à l'indépendance de l'Azawad injustement rattaché au Mali. Durant cette manifestation, Assi Walet Hita dira (7:10) à son interlocuteur que «Dites au Mali que nous voulons qu'il nous laisse notre pays. Nous voulons aussi que les autres pays qui nous empêche d'avoir notre indépendance arrête de telles actions».




Malgré les intimidations et les menaces, Assi Walet Hita continuera et transmettra le même message à une délégation ministérielle du Mali venu à Kidal pour diviser les Azawadiens pour mieux régner et corrompre une partie d'entre eux qui se trouvaient à Takalote dans l'espérance de les voir combattre leur frère du MNLA. A cette délégation de 6 ministres Maliens conduite par le General Kafougouna Koné, ministre de l'Administration territoriale, Assi dira encore: «Vous pouvez retourner chez vous au Mali. Ici c'est l'Azawad, et nous n'avons pas besoin de votre présence encore moins celle de votre pays».
Une fois la révolution pour la libération de l'Azawad lancée le 17 Janvier, les membres de l'Association des femmes de l'Azawad joueront encore un rôle primordial. Elles combattront de manière non-violente les violations des droits de l'Homme par les milices Tamasheq du Colonel-Major AlHaji Ag Gamou à Kidal. Elles n'emmagasineront aucun effort pour également combattre la propagande mensongère du Mali qui a eu recourt à toutes les astuces possibles pour créer une guerre fratricide entre les Azawadiens.
Ceci était de trop pour le pouvoir raciste et voyou de Bamako. Il ne pouvait plus accepter toutes les défaites militaires reçu face aux combattants de l'Azawad, et en même temps échouer dans sa propagande mensongère grâce entre autres aux efforts des lionnes de l'Azawad. Comme pour matérialiser toute son impuissance, sans aucune raison, le 1er Février 2012 il emprisonnera les deux plus grands leaders de l'Association des Femmes de l'Azawad.
Depuis, elles passeront près de 3 mois en prison avec un minimum de contact avec l'extérieur. Mais ceci n'entamera en rien leur passion pour la libération complète de l'Azawad de l'occupation d'un pouvoir aussi raciste que génocidaire. Du fond de sa geôle, dans une conversation téléphonique, Aminatou Walet Biby,déclarera:
"Mes frères, n'abandonnez plus jamais, un pouce de votre dignité, trop longtemps bafouée. Le chemin que vous avez parcouru est infiniment plus fastidieux que celui qu'il vous reste à accomplir.
Notre pays est beau, incomparable, riche et divers. Ils l'ont confisqué et en ont fait un jardin privé dont ils cueillent des fruits succulents, qu'ils dégustent avec délectation, sous nos yeux d'affamés. Mais, grâce à nous, qui n'avons jamais cessé de nous battre, il est en route pour la liberté, la dignité et l'égalité.
Patience ! Maintenez la pression.
Tenez bon ! L'heure est enfin venue! La nôtre!
La victoire ne fait aucun doute. Elle sera de notre côté, et seulement du nôtre. Elle n'en sera que plus belle et plus éclatante!"
Au lieu d'être celles réconfortées à cause de la privation de leur liberté au moment où l'histoire de l'Azawad s'écrivait en gras, elles étaient celles qui encourageaient les Azawadiens à continuer, à foncer vers un jour nouveau, sans plus jamais regarder derrière car le bout du tunnel entamé en 1880 était tout près, très proche, à portée de doigts. Un mois plus tard, les Azawadiens se réveilleront sous un nouveau soleil, le soleil de la liberté, de la dignité. Pour la première fois, les Touareg (Kal Tamasheq) et les Azawadiens étaient enfin libre de toute occupation de leur territoire.
N'ayant plus de raisons de les emprisonner, le colonisateur Malien libèrera ces deux lionnes de l'Azawad qui n'ont commis aucun crime et qui ignore jusqu'aujourd'hui la ou les raisons pour lesquelles elles ont été emprisonnées. Comme pour montrer une dernière fois toute la honte sur laquelle il s'est construit pendant depuis son indépendance négociée, le Mali les libera le Vendredi 13 Avril 2012, à Douantza, à la frontière Azawado-Malienne contre la libération de 29 prisonniers de guerres détenues par le MNLA. En d'autres termes, ces deux lionnes étaient échangées contre des soldats Maliens, dont un officier supérieur.
Depuis lors, elles refont la transition vers la liberté mais surtout, continuent à faire évoluer les mentalités des uns autres afin de permettre à tous les Azawadiens sans exception de participer à la construction de leur pays.

Par Intahmadine Ag Atoubelle

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