vendredi 18 mai 2012


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Insécurité au nord Mali : Quand la barbe de ton voisin prend feu...

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Photo © RFI
Depuis le 17 janvier dernier,  notre voisin le Mali est confronté à la rébellion armée du MNLA qui a pour seul objectif la création d’une République de l’Azawad.  Le théâtre de cette nouvelle insécurité étant de 650 000 km2 que l’armée malienne peine à contrôler constitue une poudrière pour les pays voisins comme le nôtre.  En effet, le Mali ayant 1800 km de frontière avec l’Algérie, 600 avec notre pays le Niger, et 22 00 avec la Mauritanie risque d’être à coup sûr un déterminant dans l’embrasement de la bande sahélo-saharienne. La position mitigée du pouvoir malien face à cette nouvelle rébellion constitue aussi une source d’inquiétude.  Depuis le récent revers infligé à Tessalit aux forces républicaines par les rebelles du MNLA, le pouvoir malien ne cherche qu’à utiliser une vieille méthode : celle de dresser les ethnies l’une contre l’autre.
Cette nouvelle rébellion nous donne  la preuve mordante que ces nouveaux “ Ishoumars” ne ressemblent point aux précédents. Ils ont beaucoup plus d’assurance. Beaucoup plus de pugnacité. Dire carrément qu’ils se sont armés à volonté aux fins de ce chambardement. D’aucuns diront même qu’ils sont en « mission commandée » pour déclencher un printemps “ touareg”.
Un laisser-aller suicidaire
Mais disons que cet état de déliquescence au nord Mali est la combinaison de plusieurs facteurs. Tout d’abord, un manque criard de franchise de deux côtés des belligérants depuis les premiers soulèvements. L’Etat du Mali a toujours fermé les yeux sur les réelles pistes de sortie de ce cycle infernal de rébellions. Outre le monopole de violence qu’il doit brandir à toute petite insoumission aux lois de la République, il doit véritablement accompagner les populations du nord du Mali par une politique de développement proprement malienne et non proposée et conduite par des experts venus d’ailleurs.
Et finalement, l’Etat malien, de concession en concession cédait de sa souveraineté sans oser le reconnaître ou même se l’avouer. Premièrement, il a été piégé depuis la  révolution arabo-touarègue de 1990 car dans les dits accords appelés Pacte national   pour la réconciliation du Mali, il y avait eu un point extrêmement important qui était celui de la démilitarisation du nord. Ce qui a été fait mais hélas devenu le ventre mou du pays d’où transitaient toutes sortes de marchandises.

Du côté de la rébellion, on a toujours regardé ces efforts de l’Etat malien comme des actions vides de sens. Les leaders d’alors qui ont compris le rendement pécuniaire de ces soulèvements ont oublié l’intérêt des communautés au nom desquelles ils prétendaient agir pour s’enrichir honteusement du malheur de l’Etat et d’une grande partie de ces citoyens.
Mais au lieu de brandir l’argument de la justice là où celui de la force a échoué, le pouvoir malien a préféré faire du maquillage. Résultat : les éléments d’une contagion sont en train de se mettre en place.
Le Niger beaucoup trop confiant
Malgré le spectre du chaos qui risque d’arriver au nord Mali, on constate avec effarement  que les autorités de la septième République du Niger restent imperturbables sur ce dossier. C’est comme si, elles ont l’assurance qu’il n’y aurait aucun effet boule de neige de cette insécurité. Et pourtant, plusieurs dizaines de jeunes peulhs et touaregs ont quitté et quittent encore le Niger pour servir dans les rangs du MNLA. On sait aussi que des armes, beaucoup d’armes ont été enterrées sur le territoire nigérien après le “self-service” dans les casernes libyennes. On sait enfin que de milliers de jeunes au Niger ayant été entraînés au maniement des armes se rongent les ongles à Agadez; Tahoua, Diffa, Tanout et nord Tillabéry devenant du coup des proies faciles au MNLA.
Certes tout le monde sait avec quel courage, l’Etat du Niger tente d’endiguer leur chômage par le biais de la Haute Autorité pour la Consolidation de la Paix. Mais le fait d’occulter certains points des accords de paix de 1995 n’arrange pas les choses.
D’où viendra alors la menace ?
Avec ce qui se passe au Mali, on est en droit de se demander d’où viendra la menace du Niger ! Pour nous, il serait désormais illusoire de penser que les anciens leaders de l’ex-rébellion puissent se livrer à des actes de déstabilisation. Analysons les cas par cas.
Aghali Alambo, ex-chef de front du MNJ, aujourd’hui conseiller au Président de l’Assemblée nationale : Il mène une vie modeste à Niamey. Il y a longtemps qu’on l’a pas aperçu à Agadez pas même au forum d’Arlit qui s’était tenu du 22 au 24 janvier dernier. Aghali Alambo a véritablement déposé les armes et avec lui ses lieutenants fidèles comme Amoumane Kalakouwa et Tankari.
Avec l’arrivée de SEM Birgi Rafini à la tête de la Primature du Niger, il n y a plus aucun doute que ceux-là se sont rangés et font de leur mieux pour aider à sauver l’idéal de la Paix.
Rhissa Ag Boula, ex-chef de front du FFR, il est conseiller du président de la République et conseiller régional à Agadez en charge de la commission Paix, sécurité et développement. Rhissa Ag Boula a totalement changé. Pour ceux qui l’ont entendu au forum d’Arlit, ils vous diront que Rhissa est désormais un patriote sincère pour qui rien ne vaut la République. Cet homme est résolument engagé dans la voie de la lutte contre les ennemis de la République unie et indivisible.
Donc, tout danger est écarté du côté de ces anciens rebelles touaregs. Nous sommes presque unanimes. Mais n’empêche que le feu couve sous des non-dits et des non-faits.
Un sentiment d’injustice règne chez certains arabes
Un problème auquel l’Etat du Niger doit rapidement faire face est celui du cas  “ABTA Hamidine”.En effet, cet ex-chef de front arabe en prison depuis plus de huit mois pour des griefs partagés avec Aghali Alambo adhère à sa cause plusieurs personnalités arabes qui y voient dans sa détention une rupture d’égalité devant la justice.  A tort ou à raison, elles avancent que Abta purge seule une peine collective. La détention prolongée  de Abta risque de froisser les rapports entre certains groupes habitant  le nord Niger. Et si ce sentiment d’injustice prend de l’ampleur, il ne serait pas étonnant que des milices vengeresses y voient le jour. Des malins esprits peuvent bel et bien utiliser ce cas délicat de Abta Hamidine pour souléver les vieux démons de la haine inter-ethnique qui deviendra un casse-tête pour les autorités de la septième République. Pour parer à toute éventualité, il n y a qu’une seule solution : libérer Abta Hamidine ou donner force à la loi d’agir en toute impartialité.
Craindre la colère de la jeunesse citadine d’Agadez
Ce qu’il faut aussi prévenir au plus vite, c’est la colère grandissante de la jeunesse citadine d’Agadez. Elle constitue un cocktail molotov terrible. Elle est stressée par le manque de travail et se sent oppressée par une batterie de lois qui frise le harcélement. La police d’Agadez en est l’exemple patent. En moins d’une semaine, deux mouvements de colère contre cette police et ses actes ont été organisés. Pour gérer cette humeur de la jeunesse, l’Etat du Niger doit faire une “ salubrité conséquente” dans le rang de ce corps. Tous les griefs faits à la Police d’Agadez sont  l’oeuvre de quelques agents indélicats qui font tout pour créer la zizanie à Agadez. Il est temps qu’on les dégage.
Le président Issoufou doit se ressaisir. Une dynamique est en branle depuis l’effondrement de la Libye. Rien n’est fruit du hasard. Un schéma odieux a été tracé ailleurs par quelques idéologues sans foi ni loi. Nigériens de tous bords, mobilisons-nous !
Ibrahim Manzo DIALLO
 

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