lundi 30 avril 2012


L'Azaouad rejette les groupes armés

2012-04-30
Les rebelles touaregs du nord du Mali demandent que les extrémistes étrangers déposent les armes et quittent la région de l'Azaouad.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 30/04/12
[AFP/Romaric Ollo Hein] Le groupe islamiste touareg Ansar al-Din fait face aux pressions des autorités religieuses qui veulent l'amener à rompre son alliance avec al-Qaida et à l'intégrer dans les forces de sécurité de l'Azaouad.
[AFP/Romaric Ollo Hein] Le groupe islamiste touareg Ansar al-Din fait face aux pressions des autorités religieuses qui veulent l'amener à rompre son alliance avec al-Qaida et à l'intégrer dans les forces de sécurité de l'Azaouad.
Dignitaires et responsables religieux touaregs se sont réunis la semaine dernière à Gao pour exprimer leur désaccord face à la présence de groupes armés étrangers dans l'Etat auto-proclamé de l'Azaouad.
Cette conférence, organisée les 25 et 26 avril, a réuni des intellectuels et des sécessionnistes touaregs dans leur rejet commun des mouvements étrangers, notamment al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), qui détient actuellement sept diplomates algériens en otage.
Les participants ont également demandé aux mouvements islamiques et non islamiques touaregs comme Ansar al-Din et d'autres factions arabes présentes à Tombouctou de déposer leurs armes et d'intégrer l'Etat de l'Azaouad, qui pourra alors commencer à mettre en place ses institutions sécuritaires, explique le communiqué final de cette réunion.
Ce communiqué contient également un appel lancé par les dignitaires touaregs aux pays voisins et aux organisations internationales pour leur aide dans le rétablissement de la sécurité et la consolidation de la paix au Sahel, exprimant leur "volonté de signer un accord de partenariat militaire avec tous les pays du monde pour lutter contre AQMI dans la région de l'Azaouad".
Les dignitaires religieux présents à cette rencontre ont publié une déclaration, lue par Sheikh al-Atiq Bin al-Sheikh Saad Adin, dans laquelle ils demandent que les groupes armés n'appartenant pas à l'Azaouad quittent la région par respect.
Enfin, ils appellent le gouvernement malien à négocier "une solution pacifique aux questions en suspens entre les deux Etats, de manière à ce qu'elle serve la sécurité et la paix dans la région et dans le monde et garantisse des relations de bon voisinage".
Ils demandent également la reconnaissance internationale de l'indépendance de l'Azaouad, citant le droit à l'autodétermination.
"Cette rencontre est une étape stratégique importante sur la voie de la création d'un Etat de l'Azaouad, dans la mesure où elle donne la priorité à la mise en place de la stabilité et de la paix et appelle à lutter contre tous les facteurs qui portent atteinte à cette sécurité, parce que ses recommandations ont été adoptées avec le consensus des responsables religieux, des autorités politiques et des chefs de tribus", a expliqué Mubarak Ag Mohammed, membre du comité de communication du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) et rapporteur de cette conférence.
Quant à la réponse du leader d'Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly, à l'appel lancé à son groupe de mettre fin à son alliance avec AQMI, Ag Mohammed a déclaré à Magharebia qu'un représentant de ce groupe assistait à la conférence de Gao et avait déclaré qu'Ag Ghaly "respectera la décision des autorités religieuses de l'Azaouad", ajoutant que le leader islamiste était "désireux d'abandonner AQMI s'ils le lui demandaient directement".
"Un comité d'intellectuels religieux a décidé d'avoir des contacts directs avec lui. Nous attendons les résultats de ces contacts d'ici une semaine, et nous espérons qu'il renoncera à son idéologie extrémiste", a ajouté ce responsable du MNLA.
Pour leur part, les habitants du nord du Mali fondent de grands espoirs sur cette conférence, la voyant comme une manière de renforcer la stabilité dans la région.
"De nombreuses personnes appartenant à diverses factions touaregs de la région du Sahel, des intellectuels et des religieux participaient à cette conférence", a expliqué Ibrahim Ag Sidi, un habitant de Gao. "J'ai remarqué que certains véhicules avaient retiré le drapeau noir des salafistes et brandi à la place le drapeau du MNLA. De plus, tous les habitants sont heureux, et même quelques personnes qui étaient encore hésitantes ont affiché leur allégeance au MNLA."
Concernant la présence antérieure d'éléments du MUJAO à Gao, un autre habitant, Omar Ag Elly, a indiqué à Magharebia que "les gens ici désapprouvent fortement les mouvements de certains éléments terroristes. Ils se sont toujours demandé pourquoi ces gens sont ici avec nous, ce qu'ils attendent, et pourquoi nous n'organisons pas une intervention militaire pour les chasser."
Commentant cette conférence touareg, l'analyste mauritanien Bechir Ould Babana a déclaré que "le but du MNLA est de lancer une fatwa contre les groupes armés, notamment Ansar al-Din et ses alliés armés en territoire malien, qui serait alors l'arme religieuse utilisée pour convaincre ceux qui sont encore favorables à al-Qaida. Elle leur permettrait également de se lancer dans des confrontations armées avec ces groupes."
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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