jeudi 29 mars 2012


Sahel sous les projecteurs de l’Occident: les alibis d’une intervention militaire

La scène sécuritaire dans cette région s'est considérablement détériorée avec le retour de l'opposition malienne menée par le Mouvement national de libération de l'AzawadLa scène sécuritaire dans cette région s’est considérablement détériorée avec le retour de l’opposition malienne menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad
Les ingrédients d’une ingérence étaient déjà présents avec Al Qaîda, les réseaux de la contrebande et les narcotrafiquants…
Le coup d’Etat au Mali était-il l’élément manquant du puzzle, pour ainsi donner raison à une intervention militaire occidentale dans cette région hautement sensible? Tout porte à croire que c’est réellement le cas avec ce coup d’Etat qui intervient à moins de deux mois de l’élection présidentielle au Mali.
C’est en tout cas ce que pensent des stratèges bien avertis. Les ingrédients d’une ingérence étaient déjà présents avec les réseaux terroristes affiliés à Al Qaîda au Maghreb, la contrebande et les narcotrafiquants, notamment avec la prolifération des armes en provenance de Libye, ce qui a d’ailleurs permis aux Etats-Unis d’envoyer des équipes militaires, à tort ou à raison, sur ce territoire encore sous le contrôle de la rébellion, pour redresser la situation et récupérer les armes qui circulent dans toute la région, le Sahel compris. La scène sécuritaire dans cette région difficile à maîtriser s’est considérablement détériorée avec le retour de l’opposition malienne menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla).
C’est justement sous prétexte que le gouvernement malien ne fournissait pas suffisamment de moyens pour combattre ce mouvement suspecté même d’avoir des liens avec Al Qaîda, une raison de plus pour inciter une ingérence étrangère, que l’armée malienne décide de renverser le pouvoir. Ce dernier, qu’on a toujours accusé de regrouper des responsables corrompus, manquait d’autorité, comme rapporté par la revue l’Observateur, qui interrogeait le directeur du Centre d’études des mondes africains Pierre Boilley, lequel souligne que «l’armée est aussi bien équipée que le Mnla mais a l’impression de ne pas être soutenue, de ne pas être tenue au courant de ce qui se passe, de perdre du terrain et se trouve commandée par une hiérarchie militaire de hauts gradés qui sont pour la plupart d’entre eux assez corrompus». Maintenant, en l’absence d’une stratégie, avec le vide politique et une désorganisation de l’armée, on peut s’attendre au pire.
Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que cette situation sera mise à profit pour une intervention étrangère et que de toute façon, rapporte encore la revue, citant Philippe Hugon, chercheur à l’Iris, qui soutient, «je ne vois pas très bien comment ils peuvent tenir s’ils restent isolés et sans beaucoup d’expérience. Ils auront besoin d’alliances». Alors que certains parlent tout simplement d’affrontements interethniques. Ce qui n’est que la face visible de l’iceberg, peut, en effet, constituer des alibis pour la France qui a déjà un pied au Sahel et les Etats-Unis, pour décider d’envoyer leurs troupes militaires dans la région. Ça ne sera certainement pas pour des raisons purement sécuritaires, mais surtout pour des ambitions d’intérêts sachant que cette zone désertique est riche en ressources.
Jusqu’à présent, l’Algérie qui appelle à un retour à l’application de la Constitution, connaissant bien la situation réelle dans le Sahel et les enjeux géopolitiques et stratégiques, a réussi à freiner toute ingérence en pesant de tout son poids, avec des solutions politiques, malheureusement rompues à cause d’un manque de volonté du pouvoir malien, ont fait remarquer des spécialistes. L’Algérie est intervenue, notamment, par la création d’un centre de coopération commun de lutte contre la criminalité organisée sous toutes ses formes, regroupant les pays du Sahel.
Cependant, avec la situation qui prévaut actuellement au Mali et non loin de ses frontières, l’Algérie est appelée à déployer d’autres moyens. En ce moment, on parle d’un retour au calme trés précaire, a-t-on noté, car si les auteurs du putsch n’arrivent pas à redresser la situation et en l’absence d’une stratégie, on assistera à la naissance d’une seconde Somalie. A qui donc aura profité ce coup d’Etat?.

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