jeudi 8 septembre 2011


Une question sensible

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le 08.09.11 | 01h00 Réagissez


L’Algérie abrite depuis hier une conférence internationale sur le terrorisme dans la région du Sahel. Première du genre, elle regroupe, autour du pays hôte, les chefs de la diplomatie du Mali, de Mauritanie et du Niger, ainsi que des représentants des Etats-Unis, des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, des experts de l’Union européenne et d’autres organisations   internationales. Ce qui confère un caractère inédit et foncièrement stratégique à cette rencontre est dans son intitulé puisqu’il porte sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ du Sahel et les partenaires extra africains.

Et pour tout dire, cette conférence a bénéficié d’une préparation intense et minutieuse, évacuant ce qui était susceptible de ruiner son ordre du jour et de la dévoyer de ses objectifs. Ce qui se reflète sur la liste de ce qu’on appelle les pays du champ. Ils sont quatre (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), et le travail accompli par ces derniers aussi bien au plan politique et militaire est conséquent. Des rencontres tenues en mars 2010, à Alger, et à Bamako, en mai 2011, «ont permis d’asseoir une coopération aux niveaux politique, militaire, du renseignement et du développement régional». Il en est de même du soutien international, lequel apparaît sur la liste des participants, et le fait même que les conclusions devraient déboucher sur une action internationale, ce qui est rare, ou encore une preuve éloquente sur le niveau d’intérêt au plan mondial.

L’approche elle-même se veut globale puisque ministres et experts, qui convergent déjà sur la sensibilité d’un tel sujet, planchent depuis hier sur trois grands thèmes étroitement liés, tranchant avec la seule approche sécuritaire. Il s’agit de la lutte antiterroriste, la lutte contre le crime organisé et les voies et moyens à même d’accompagner les pays du Sahel dans leurs stratégies de développement.                
Pour beaucoup, la question de la sécurité dans le Sahel n’est pas nouvelle puisqu’elle se pose depuis plusieurs années sous différentes formes, il est vrai, comme l’émigration clandestine, le trafic d’armes, souvent liés aux différents conflits qui caractérisent encore le continent africain.

Que devenaient les stocks d’armes détenues par les parties aux multiples conflits en Afrique ? Qui organisait et tirait profit des différents trafics, ne cessait-on de se demander déjà au milieu des années 1990. L’Algérie était en tête de ceux qui soulevaient cette question avec constance dans tous les forums. Des pays ont décidé de joindre leurs voix, confortant au passage son analyse et sa vision. Les Américains l’ont fait dès le mois de juin. L’Union européenne, malgré les réserves de la France, ce qui n’empêche pas cette dernière d’y être représentée, a conforté la position algérienne en ce qui concerne le conflit libyen. Deux jours avant de s’envoler pour Alger, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, a estimé qu’AQMI a ainsi «eu la possibilité d’avoir accès à des armes, soit des petites armes, soit des mitrailleuses, soit certains missiles sol-air qui sont très dangereux puisqu’ils rendent plus risqué le survol du territoire». C’est la première fois qu’un responsable européen aborde ce sujet que d’aucuns voulaient nier et en parle en ces termes. Il rejoint l’analyse du ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui avait jugé qu’«une situation nouvelle a été créée par la crise libyenne» qui a favorisé la circulation d’armes et de réfugiés ou déplacés.

A l’ouverture des travaux hier, le ministre nigérien des Affaires étrangères a souligné que la crise libyenne a transformé le Sahel «en poudrière», évoquant à ce sujet la circulation des armes provenant de Libye. Mais la solution préconisée par les Algériens n’est pas uniquement sécuritaire, puisqu’ils insistent beaucoup sur le développement du Sahel comme moyen de lutter contre le crime organisé et le trafic souvent liés aux actes de terrorisme. En d’autres termes, une telle question nécessite des réponses globales.
Mohammed Larbi
 

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