mercredi 7 septembre 2011

Libye: Zones d'ombre sur la présence de Kadhafi dans le Sud libyen



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Créé le 07/09/2011 à 21h04 -- Mis à jour le 07/09/2011 à 21h04

CONFLIT - L'ancien dirigeant toujours introuvable...

Mouammar Kadhafi a probablement quitté la ville de Bani Walid et se dirige plus au sud, vers le Tchad ou le Niger, avec l'aide de tribus loyalistes, mais nul ne sait vraiment où il se trouve.

Hicham Bouhagiar, qui coordonne la traque de l'ancien Guide de la Révolution libyenne, a déclaré que selon certaines informations, Mouammar Kadhafi aurait pu se trouver il y a trois jours dans la localité de Ghouat, à 950 km au sud de Tripoli et 300 km au nord de la frontière avec le Niger.

Bani Walid, assiégée par les forces du Conseil national de transition (CNT) depuis plusieurs jours, est située à 150 km au sud-est de Tripoli.

«Il n'est plus à Bani Walid je pense. On perd ses traces dans la région de Ghouat. Des gens ont vu des voitures aller dans cette direction (...). Nous savons d'après de nombreuses sources qu'il cherche à aller plus au sud, vers le Tchad ou le Niger», a déclaré Hicham Bouhagiar dans une interview accordée mardi soir à Reuters.

Mouammar Kadhafi, chassé après la prise de Tripoli il y a deux semaines, six mois après le début du soulèvement contre son régime, voyagerait à bord d'un convoi d'une dizaine de véhicules et pourrait utiliser une tente comme abri, a ajouté Hicham Bouhagiar, précisant cependant que ses sources n'avaient pas vu le «guide» en personne.

Les dirigeants occidentaux confirment également leur ignorance totale. Un porte-parole de Kadhafi, Moussa Ibrahim, assure, lui, qu'il se trouve toujours dans le pays, «en un lieu sûr, en très bonne santé et avec un moral élevé», a-t-il insisté mardi soir.

Possible exil

Lundi soir, de sources militaires française et nigérienne, on indiquait que de nombreux véhicules militaires libyens avaient franchi la frontière avec le Niger, ajoutant qu'il pourrait s'agir d'une tentative de départ en exil de Kadhafi vers un pays africain ami. Le gouvernement de Niamey a démenti la présence sur son territoire de l'ex-dirigeant libyen, chassé du pouvoir après 42 années de règne sans partage.

«Nous voulons informer le monde entier que Kadhafi n'est pas au Niger», a déclaré mercredi Marou Amadou, ministre nigérien de la Justice.

Le CNT a annoncé l'envoi d'émissaires au Niger. «Le CNT a envoyé une délégation au Niger pour évoquer la possible arrivée de Kadhafi», a dit Fassi Badja, responsable des affaires politiques au sein du conseil intérimaire, à Reuters à Benghazi.

Ce responsable pense que l'ancien dirigeant libyen se trouve près de la frontière du Niger ou de l'Algérie et attend une occasion de pouvoir se glisser hors de Libye.

Démenti du Burkina Faso

«Nous demandons à chaque pays de ne pas l'accueillir. Nous voulons ces personnes pour les traduire en justice», a dit Fassi Badja.

Au Burkina Faso, cité par une source militaire française comme une possible destination finale pour Kadhafi, le président Blaise Compaoré a assuré qu'aucun contact n'avait été passé sur un exil de Kadhafi. «Nous n'avons aucune information concernant la présence de Libyens sur notre territoire (...) et nous n'avons aucun contact avec qui que ce soit en Libye sur une demande d'asile politique», a-t-il dit à la presse.

A Londres, le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, a demandé à tout pays où Mouammar Kadhafi pourrait se réfugier qu'il le livre à la Cour pénale internationale (CPI), qui a lancé un mandat d'arrêt international contre lui pour crimes contre l'humanité.

Selon Bouhagiar, les nouvelles autorités libyennes ont peu d'emprise sur le sud du pays en raison de la fidélité des tribus de la région à Mouammar Kadhafi, mais les nouveaux dirigeants ont des contacts avec certains membres de chacune de ses tribus, dont les Oulad Souleiman, les Ahdayrat et les Touaregs.

Terreur

Les forces du CNT, explique-t-il, ne pourraient tout simplement pas progresser vers le Sud pour traquer l'ancien dirigeant sans l'aval des tribus locales. «Nous devons nous organiser avec nos partisans au sein de ces tribus. Autrement, nous serons des intrus», a-t-il dit.

Ces tribus sont disséminées à travers le Sahara et certains de ses membres sont fidèles à Kadhafi parce qu'il les a invités à vivre en Libye. «La plupart des loyalistes pro-Kadhafi dans cette guerre sont dans ce cas de figure, il leur a donné des terres pour rester. Ces tribus sont convaincues que si le système change, nous les chasserons. C'est pour cette raison qu'elles restent plus longtemps à ses côtés».

L'autre priorité du moment, pour les nouvelles autorités libyennes, est d'affermir leur contrôle sur la Libye en évinçant les forces restées fidèles à Kadhafi des bastions qu'elles occupent encore, comme Syrte, sur la côte méditerranéenne, et Bani Walid, où une partie des 100.000 habitants, coupés du monde extérieur, et notamment des médias, sont convaincus que le régime est toujours en place.

Cette dernière localité, encerclée par les forces du CNT, est l'objet de négociations avec les chefs tribaux. Mais les partisans de Kadhafi entraveraient toute avancée.

Circulant à bord de pick-ups, reprenant le slogan «Allah, Mouammar, la Libye et rien d'autre», tirant en l'air et insultant les habitants, ils intimideraient la population et ses représentants, affirment des témoins qui soulignent que des portraits de Kadhafi ornent toujours les murs de la ville.

«Les gens sont terrorisés. Il n'y a personne dans les rues. Mais beaucoup soutiennent toujours Kadhafi parce qu'ils étaient payés par son régime, qu'ils ont commis des crimes et qu'ils craignent d'être arrêtés», témoigne Salah Ali, 39 ans, qui a fui la ville et s'est réfugié dans la localité voisine de Wishtata.
 Reuters

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