samedi 20 août 2011

Les rebelles libyens disent contrôler Brega et estiment que «la fin est très proche»


MONDE Aujourd'hui à 14h26 (Mis à jour à 15:22)

Libération.fr

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Des rebelles libyens en pick-up se dirigent vers la ligne de front, le 15 août 2011 près de Brega. (AFP Gianluigi Guercia)
Les rebelles libyens ont affirmé samedi contrôler tout Brega, théâtre de violents combats depuis des semaines sur le front Est, après s'être emparés des installations pétrolières de la ville.
Depuis presque un mois, la rébellion, appuyée par les avions et hélicoptères de l'Otan, tente de s'emparer de ce port à environ 240 km au sud-ouest de Benghazi (est), autrefois principale voie de sortie par la mer du pétrole pompé dans le centre du pays.
En pleine zone désertique, Brega est une cité pétrolière avec une raffinerie, un port, une zone résidentielle et des infrastructures industrielles. Elle s'étend sur une dizaine de kilomètres d'est en ouest au milieu de dunes de sables, le long des côtes de la Méditerranée.
Les rebelles s'étaient emparés il y a une dizaine de jours de la majeure partie de la zone résidentielle, dans l'est de Brega. Ils progressaient depuis lors lentement, faisant face à une forte résistance des soldats pro-régime dissimulés dans les infrastructures industrielles à l'abandon.
La fin du colonel Mouammar Kadhafi est «très proche», a estimé samedi le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. «Nous avons des contacts avec le premier cercle du colonel Kadhafi (...), tout montre que la fin est très proche, avec l'aide de Dieu», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.
«Si Kadhafi veut quitter le pouvoir, nous voulons qu'il l'annonce lui-même (...). Mais nous pensons qu'il ne le fera pas, a-t-il dit. Je m'attends à une fin catastrophique pour lui et pour les siens. Je m'attends aussi à ce qu'il créé une situation (d'anarchie) dans Tripoli. J'espère que je me trompe».

L'ex-numéro deux du régime serait en Italie

Autre victoire de la rébellion: Abdessalem Jalloud, ancien numéro 2 du régime, a rejoint ses rangs.
«Le commandant Jalloud a réussi à fuir Tripoli avec sa famille et il est arrivé vendredi dans la ville de Zenten», quartier général des rebelles du djebelNefoussa, au sud-ouest de la capitale, a affirmé une source rebelle ayant requis l'anonymat.
M. Jalloud s'est ensuite «rendu en voiture à Benghazi hier soir (vendredi)», a déclaré samedi Juma Ibrahim, un porte-parole rebelle à Zenten.
Ci-contre, une capture d'écran d'une vidéo diffusée par les rebelles, montrant Abdessalem Jalloud avec les rebelles de Zenten (Reuters).
Selon des sources gouvernementales en Tunisie, il est parti samedi depuis l'aéroport tunisien de Djerba vers l'Italie, avec sa famille.
Abdessalem Jalloud, l'un des principaux officiers ayant participé au coup d'Etat qui a porté Kadhafi au pouvoir en 1969, a longtemps été considéré comme le numéro deux du régime, avant d'être discrètement mis à l'écart à partir de 1990.
Premier ministre avant d'hériter de plusieurs portefeuilles ministériels, M. Jalloud, toujours populaire en Libye, s'était retiré de la vie politique après des différends avec le «Guide» libyen.

Zliten et Zawiyah sous contrôle, selon les rebelles

Un mur peint de propagandes pro-Kadhafi criblé de balles, à Zawiyah, le 20 août 2011. (Bob Strong / Reuters)
Sur le plan militaire, les rebelles ont annoncé vendredi avoir pris Zliten et Zawiyah. Des journalistes de l'AFP sur place ont confirmé les progrès à Zawiyah, à 40 km à l'ouest de Tripoli, mais il n'a pas été possible d'obtenir d'information indépendante sur Zliten, à 150 km à l'est de la capitale.
Après une offensive lancée vendredi à l'aube, la ville côtière de Zliten«est maintenant sous le contrôle de nos combattants», a affirmé vendredi à l'AFP un responsable rebelle, rapportant toutefois des combats toujours en cours contre des poches de résistance.
Venus de l'enclave de Misrata, à une cinquantaine de kilomètres plus à l'est, les rebelles tentaient depuis des semaines de s'emparer de cette ville de 200.000 habitants. Ils ont annoncé dans un communiqué avoir tué une quarantaine de soldats et capturé 12 mercenaires.
A Zawiyah, la ville est «libérée», ont déclaré d'autres rebelles tout en prenant possession du dernier grand bâtiment tenu par les pro-Kadhafi, l'hôpital, immense bâtisse ornée de portraits du «Guide» et de drapeaux verts, couleur du régime.
L'atout principal de Zawiyah reste sa raffinerie, unique source d'approvisionnement de la capitale en essence, gazole et gaz.

Tripoli privée d'hydrocarbures

Sa prise jeudi va provoquer «une grave crise» dans Tripoli, a déclaré un responsable de la structure, Mohamed el-Hallouj. D'autant plus que les rebelles ont coupé la route vers la frontière tunisienne, voie d'approvisionnement vitale pour le régime.
Des milliers de Tripolitains, qui subissaient déjà de longues coupures d'électricité, tentent désormais de fuir le bastion du régime.
Dans le même temps, l'Otan a annoncé samedi avoir détruit la veille 14 objectifs militaires dans les environs de la capitale.
L'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a annoncé samedi avoir envoyé une équipe à Tripoli et dans les régions tenues par le régime dans l'Ouest pour visiter des sites bombardés par l'Otan «où des civils auraient été tués et deux prisons à Tripoli».
(Source AFP)

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