mardi 12 juillet 2011

Libye: pour les rebelles, la France ne va pas s'arrêter si près du but


ZENTEN — Dans le Djebel Nefoussa, on adore la France. Sa décision de soutenir la première la rébellion contre Kadhafi, sa détermination à faire autoriser des frappes aériennes, ses hélicoptères et ses armes. Pas une seule seconde on imagine qu'elle laisserait tomber les rebelles.
Quand on dit qu'on est Français dans les montagnes rebelles de l'ouest libyen, les visages s'illuminent et la parole se fait enthousiaste. "Merci ! Merci !", "La Libye est votre pays !", "Oncle Sarkozy !".
Merci pour avoir été le premier pays à reconnaître comme légitime le Conseil national de transition (CNT), le 10 mars moins d'un mois après le début de l'insurrection contre Mouammar Kadhafi.
Merci pour avoir insisté auprès du Conseil de sécurité de l'ONU afin qu'il adopte la résolution 1973 autorisant les frappes aériennes pour protéger les civils une semaine plus tard. Pour avoir été le premier à envoyer ses avions de combats dans le ciel libyen. Pour l'entrée en action de ses hélicoptères et le parachutages d'armes en juin.
"C'est le premier pays qui nous a protégés. C'est lui qui a entraîné les autres, les Européens, les Etats Unis, les pays arabes. J'aime (le président français Nicolas) Sarkozy, un homme qui a pris la décision de sauver une population. S'il ne l'avait pas fait, Kadhafi nous aurait massacré", dit Ibrahim Alchwaabk, ingénieur de 30 ans.
Alors, quand ils évoquent le vote du Parlement français qui doit se prononcer mardi sur la poursuite de la participation de la France à l'opération militaire de l'Otan en Libye, ils se montrent sereins.
"Les Français nous soutiennent depuis le premier jour, ils ne vont pas nous laisser tomber à quelques mètres du but", assène Wael Cheber, commandant d'un groupe de rebelles sur la ligne de front à Goualich.
Les rebelles de la région, qui ont commencé leur offensive la semaine dernière, savent que sans les frappes de l'Otan, jamais ils n'auraient pu avancer. Et alors qu'ils se préparent aux batailles décisives pour arracher deux verrous stratégiques permettant d'encercler Tripoli, ils s'attendent plutôt à un nouveau coup de pouce.
Les "combattants de la liberté" espèrent que la France va faire plus encore. Insister pour que les frappes de l'Alliance atlantique soient plus intenses dans leur région. Pourquoi pas mener une opération des forces spéciales à Tripoli pour renverser le leader libyen. Surtout envoyer des armes.
"Je pense que la France va encore nous aider, j'en suis sûr. Peut-être plus d'équipements et d'armes parachutées", assure le colonel Juma Brahim, chef du centre opérationnel militaire basé à Zenten, centre névralgique de la rébellion dans l'ouest libyen, à 150 km au sud-ouest de Tripoli.
Mais pas de soldats. "La résolution de l'ONU ne l'autorise pas et on n'en veut pas en Libye parce que sinon ils vont rester longtemps et ça va être comme en Irak", dit M. Alchwaabk.
Quatre mois après, certains avouent avoir été étonnés par l'implication du président français dans la révolution libyenne. "On ne s'y attendait pas. Cela a été une surprise", reconnaît Moussa Al Zreba, étudiant de 20 ans.
Est-ce, comme l'en accusent ses détracteurs en France, parce qu'il a raté le vent de la révolution tunisienne ? Parce qu'il veut concurrencer le président américain Barack Obama sur la scène internationale ? Pour être réélu lors de la présidentielle de 2012 ? "Peut-être mais c'est le premier pays qui nous a soutenu et nous en sommes heureux", répond Bachir Ben Dala, chauffeur routier de 25 ans.
Dans les manifestations, on voit encore des drapeaux français. "Choukran, Choukran (merci) Sarkozy", criaient des femmes lundi à Yefren, à environ 30 km de Zenten. Et quand on dit que le président français est au plus bas dans les sondages en France, on s'étonne, presque choqué. "Si vous n'en voulez pas on le prend", s'amuse un combattant.

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