jeudi 16 juin 2011

Les rebelles prennent l'ascendant en Libye


LEMONDE.FR Avec AFP et Reuters | 16.06.11 | 21h21  •  Mis à jour le 16.06.11 | 21h57
Le premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, après sa rencontre avec l'émissaire russe Mikhaïl Marguelov.
Le premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, après sa rencontre avec l'émissaire russe Mikhaïl Marguelov.AFP/MAHMUD TURKIA
La question du départ de Kadhafi est une "ligne rouge" à ne pas franchir, a affirmé le premier ministre libyen à l'issue d'une rencontre à Tripoli avec l'émissaire russe Mikhaïl Marguelov. Baghdadi Mahmoudi a également confirmé que des "contacts directs" entre des représentants du régime et de la rébellion avaient eu lieu mercredi à Paris. Sur le front, les rebelles prennent l'ascendant sur les troupes kadhafistes, alors que les modalités de l'intervention en Libye sont mises en cause par Pékin et Moscou.
  • "L'ascendant" des rebelles
L'état-major français confirme l'avancée des rebelles en Libye. "Les forces d'opposition semblent avoir l'ascendant sur les forces de Kadhafi, ce qui traduit bien l'attrition que ces dernières subissent actuellement", a déclaré jeudi le porte-parole de l'état-major français, le colonel Thierry Burkhard. Les avancées se font"essentiellement dans l'Ouest, sur la ceinture qu'ils sont en train de développer autour de la région de Tripoli", a-t-il ajouté lors du point presse hebdomadaire du ministère de la défense. "On n'a pas de troupes au sol donc c'est assez difficile d'avoir une vision exacte de la situation", a-t-il ajouté. Du 9 au 16 juin, les appareils français ont effectué 253 sorties, dont 115 sorties d'"attaques au sol", soit une"activité assez dense" par rapport à la semaine précédente (218 sorties).
L'émissaire spécial du Kremlin pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov, rencontrait à Tripoli des responsables libyens dans l'espoir de dresser une feuille de route permettant une issue politique au conflit. Il s'est aussi entretenu avec le premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi. Ce dernier a affirmé que la question du départ de Mouammar Kadhafi était "une ligne rouge" à ne pas franchir lors de tout dialogue. "Ce qui nous intéresse dans toute initiative au dialogue, c'est d'abord l'unité de la Libye", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. En visite à Alger, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a reconnu "que les résolutions de l'ONU ne demandent pas le départ de Mouammar Kadhafi", tout en ajoutant : "Mais nous nous le demandons."
  • Pékin et Moscou critiquent l'interprétation "arbitraire" des résolutions de l'ONU
Alain Juppé répondait aux présidents chinois Hu Jintao et russe Dmitri Medvedev, qui ont accusé l'OTAN d'interpréter "arbitrairement" la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ayant autorisé les frappes en Libye. Il reprochent à l'alliance de ne plus se limiter à la protection des civils mais de vouloir la chute du régime. "Pour éviter la poursuite de l'escalade de la violence, il est indispensable d'assurer un respect strict des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU", ont écrit les deux chefs d'Etat dans un communiqué. La campagne libyenne est déjà vivement contestée par des parlementaires américains, qui ont déposé une plaintecontre la décision de Barack Obama de passer outre l'avis du Congrès.
  • L'Espagne expulse l'ambassadeur de Libye, jugé illégitime
Le gouvernement espagnol a annoncé avoir ordonné l'expulsion de l'ambassadeur de Libye à Madrid, Adjeli Abdussalam Ali Breni, et de trois de ses collaborateurs, en arguant de l'illégitimité du régime du colonel Mouammar Kadhafi. L'ambassadeur s'est vu accorder dix jours pour faire ses valises tandis que ses trois collaborateurs ont été expulsés sur-le-champ pour "activités incompatibles avec leur statut diplomatique".
  • Tripoli confirme qu'un "dialogue inter-libyen" est né à Paris
L'émissaire du Kremlin à Tripoli a déclaré que, selon le premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, des "contacts directs" entre des représentants du régime et de la rébellion avaient eu lieu mercredi à Paris, selon l'agence russe ITAR-TASS."Aujourd'hui, […] on m'a assuré que des contacts directs entre Benghazi [le fief rebelle] et Tripoli sont déjà en cours", a déclaré Mikhaïl Marguelov.
"Le premier ministre libyen m'a raconté encore [mercredi] qu'un round de ces contacts a eu lieu à Paris", a-t-il assuré. Le président français Nicolas "Sarkozy a été informé des résultats de ces contacts", a aussi dit l'envoyé spécial du Kremlin."Du point de vue de Tripoli en tout cas, un dialogue inter-libyen existe déjà", a souligné M. Marguelov. Une "grande assemblée" à laquelle participeront tous les chefs de tribu et les représentants de la société civile de Libye se tiendra à Rome,"probablement la semaine prochaine", a annoncé jeudi le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini.
Dans un entretien au quotidien italien Corriere della Sera, Saïf Al-Islam Kadhafi, fils du dirigeant libyen, déclare que le clan Kadhafi est prêt à accepter des élections"dans les trois mois" sous la supervision d'observateurs internationaux. Selon le possible successeur de Mouammar Kadhafi, "des élections pourraient se tenir dans les trois mois. Au maximum d'ici la fin de l'année. Et la garantie de leur transparence pourrait être la présence d'observateurs internationaux".

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