mardi 28 juin 2011

Comment la guerre en Libye peut-elle se finir ?



Malgré les efforts des insurgés libyens et plus de 100 jours de frappes aériennes menées par l'Otan sous l'autorité d'un tandem franco-britannique, la guerre engagée pour faire tomber Mouammar Kadhafi n'a pas encore été couronnée de succès.
Et les messages envoyés au dictateur, en vue de trouver une solution « honorable » à la crise, n'ont pas non plus donné de résultat…
La situation est devenue plus compliquée encore avec le mandat d'arrêt international délivré lundi par la Cour de justice internationale contre le dictateur Libyen, pour crime contre l'humanité. Kadhafi sait en effet désormais ce qui l'attend s'il perd la guerre…

1Où en sont les insurgés ?

Il semble que les insurgés, depuis leur première victoire à Benghazi, gagnent lentement du terrain, très lentement. Syrte semble très difficile à prendre. Le but est de prendre en tenailles Tripoli, où se trouve le pouvoir Libyen. Lorsqu'il y aura une « masse critique » de combattants autour de la capitale, une offensive sera possible.

► Tripoli en tenailles

  • A l'Est, le port de Misrata
Les habitants ont réussi à reprendre leur ville aux forces loyalistes, avec l'aide d'armements français fournis par bateaux par le Qatar et les Emirats arabes unis. Ces armes ont transité par Benghazi, port tenu par les insurgés, plus à l'Est.
Insurgés et loyalistes se partagent diverses localités de la chaîne de montagnes située au sud de Tripoli, une région berbère. Mais les premiers gagnent du terrain. Ils sont aidés par des parachutages d'armes par des avions français : des mortiers, des missiles anti-chars Milan notamment (mais aucune arme anti-aérienne : on ne sait jamais dans quels mains termineront ces équipements…).
La ville-clé qui reste à prendre est Garyan, où les forces Kadhafistes sont retranchées.
► Le nerf de la guerre : Brega
Le port pétrolier de Brega est stratégique, car c'est la zone pétrolifère de la Libye. Une fois que les insurgés le tiendront, ils n'auront plus de mal à financer leur guerre.
L'Otan bombarde avec constance les forces de Kadhafi, qui avaient réussi à tenir Brega depuis le mois d'avril. Il semble que le vent tourne, et que Brega soit sur le point de tomber.
► Des problèmes de coordination
Les opérations sont menées par des chefs de guerre de clans différents, qui ne se coordonnent pas, ou très peu. Les conseillers technoques dépêchés par les pays de l'Otan ne semblent pas d'une grande aide.
Selon une source française, leur capacité de frappe « pourrait être multipliée par trois, quatre ou cinq s'il existait une meilleure coordination ».

2Tripoli peut-elle tenir ? 

Le problème de Mouammar Kadhafi, ce ne sont pas les armes : elles regorgent en Libye. « Son problème, c'est l'essence et la nourriture », commente une source française qui suit de près les opérations. Selon cette source, les soldats au service de Kadhafi, qui sont souvent des mercenaires, auraient actuellement « le moral dans les chaussettes » face aux pénuries d'essence et de nourriture.
Les insurgés des montagnes de Nafoussa auraient réussi à couper le pipeline reliant Tripoli à une raffinerie controlée par des loyalistes près de Zouïa, selon le journal The National, d'Abou Dabi.
Or, aucune arme, aucun stock de munition n'ont d'utilité si l'on ne peut les déplacer… C'est à cause d'une pénurie de carburant que les forces de l'Axe ont perdu la guerre en Libye contre les Anglais en 1942.
Selon la correspondante du Figaro, des files de voitures, pouvant dépasser un kilomètre, se forment devant les stations d'essence. Les insurgés tiennent en effet les raffineries de l'est du pays. Elle constate également que « l'achat de pain relève d'un véritable parcours du combattant ».

3Kadhafi peut-il négocier sa sortie ?

La France et la Grande-Bretagne ont envoyé des messages pour amener le dictateur à quitter le pays. En vain. Dimanche, lors de l'émission « RTL-Le Figaro-LCI », le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé assurait que la recherche d'une solution politique « avançait » en Libye. Les alliés n'ont qu'une exigence : le départ du dictateur.
Mais le mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI) complique les choses. Si Kadhafi décide de quitter le pouvoir, il devra trouver refuge dans un pays qui n'a pas ratifié de la Convention de Rome du 17 juillet 1998 : Soudan, Venezuela (on n'ose citer la Chine ou les Etats-Unis…). Ce qui rétrécit ses choix…

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