dimanche 8 mai 2011

Kadhafi n’osera pas.


Depuis deux jours, les journalistes ont fui en masse, effrayés par les rumeurs de gaz de combat. En effet, des soldats de Kadhafi auraient été observés portant des masques à gaz du côté de Zlitan, petite ville à l’ouest de Misratah. Cette nouvelle, des moins sûres, n’a pas été relayée, toutefois, prudence est mère de sûreté et les rats ont quitté le navire avec précipitation. Certains m’ont même demandé de ne pas ébruiter leur fuite pour ne pas créer un mouvement de panique.
« Kadhafi n’osera pas ! » disaient certains, c’est vrai qu’après les mortiers à sous munitions et les bombes incendiaires, il va prendre des gants. Heureusement depuis, l’essentiel de son artillerie observe le silence, sans doute le résultat des bombardements de l’OTAN.
Les rebelles aussi observent le silence. Depuis six jours les groupes sont bloqués sur leurs positions par décision de l’OTAN, à al Giran, en particulier, personne n’est autorisé à se rendre au-delà du chantier de la nouvelle voie ferrée. Des combats sporadiques et des tirs d’artillerie ont lieu de temps en temps. Les kadhafistes semblent se retirer de plusieurs positions, du moins momentanément, en particulier à Taumina avant-hier et à al Giran aujourd’hui.
Les troupes ennemies semblent vivre des heures difficiles. Leurs déplacements en groupe à l’intérieur du pays sont devenus dangereux du fait des bombes de l’OTAN, ils perdent sur tous les terrains, et leurs ressources diminuent. On dit par exemple que le litre d’essence en zone occupée se négocie à 5 dinars ce qui est deux fois plus cher qu’en France et 25 fois plus que dans la zone libre.
En centre-ville les ateliers tournent à plein régime, bombes artisanales, grenades, bombes anti-tank, voitures blindées, lance-roquettes, on fabrique tout ce que la guerre réclame et on fabrique en masse. Des modèles typiques s’imposent désormais, et on en voit apparaitre de nouveaux pour des usages très spécifiques.
Sur le front, guerre de position oblige, l’usage de l’artillerie se généralise, en particulier celui du mortier. On ne voit plus l’ennemi, on le devine au travers d’une paire de jumelles, dans une voiture au loin, une trainée de poussière.
Rompant la monotonie habituelle, Kadhafi a envoyé hier soir sur le port deux hélicoptères. Les engins auraient largué des mines terrestres sur la zone de Kasser Hamed. Ils sont repartis sans encombre. Radio NATO qui suivait les événements en direct, s’est contentée de quelques commentaires du genre :  « si c’est un hélico alors vous pouvez le descendre, c’est pas à nous. ». L’OTAN a semble-t-il décidé de se concentrer sur son côté média, tendance rires et chansons.
Les magasins sont de nouveaux pleins à l’exception de produits très spécifiques comme les fournitures pour bébé ou les cigarettes qui font tellement défaut aux combattants. Heureusement le marché noir est là pour palier à ce genre de carences.

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