vendredi 6 mai 2011

Enlèvement de Fowler et Guay : le Canada soupçonnait le Niger de tromper la GRC

Mise à jour le jeudi 5 mai 2011 à 23 h 35


Louis Guay (à gauche) et Robert Fowler au lendemain de leur libération, en avril 2009
Photo: AFP/Habib Kouyate
Louis Guay (à gauche) et Robert Fowler au lendemain de leur libération, en avril 2009
Les autorités canadiennes soupçonnaient le gouvernement nigérien de leurrer intentionnellement la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui enquêtait sur la prise d'otages, en 2008, des diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay, selon des documents diplomatiques américains remis par WikiLeaks au réseau CBC.
La note diplomatique reprend les propos du représentant du premier ministre Stephen Harper auprès de l'Organisation internationale de la francophonie, Jacques Bilodeau, tenus au cours d'un voyage au Niger, le 29 décembre 2008, 15 jours après l'enlèvement des deux diplomates par la section maghrébine d'Al-Qaïda.
M. Bilodeau « a indiqué qu'il était perplexe quant aux raisons pour lesquelles [la Police nationale du Niger] persistait à se concentrer uniquement sur le Niger en ce qui concernait les deux Canadiens et était d'avis que [le gouvernement nigérien] pouvait intentionnellement faire de la désinformation à l'endroit de la GRC », indique la note diplomatique.
M. Bilodeau et l'ambassadrice Isabelle Massip auraient également déploré que la police nigérienne se soit montrée peu disposée à collaborer avec les agents de la GRC. Ils critiquaient également les « compétences insuffisantes » des policiers nigériens, estimant que ceux-ci avaient « mal recueilli les preuves » dans les premières phases de l'enquête.
M. Bilodeau affirmait en outre qu'une rencontre tenue avec le ministre nigérien de l'Intérieur, Adouba Albade, pour faciliter la collaboration entre les deux corps policiers, n'avait été « d'aucune aide ». Les ministres de la Justice et des Affaires étrangères étaient par ailleurs à l'extérieur de la ville lors de la visite du contingent canadien en territoire nigérien.
Au moment de son enlèvement, le 14 décembre 2008, M. Fowler était émissaire de l'ONU pour le Niger. Il devait à ce titre étudier les possibilités de parvenir à un accord de paix entre le gouvernement du président Mamadou Tandja et des rebelles touaregs du nord du pays réclamant un meilleur partage des ressources.
Son assistant, Louis Guay, ainsi que le chauffeur nigérien du groupe ont été enlevés en même temps que lui. Les trois hommes, qui voyageaient sans garde du corps, ont été enlevés par des hommes armés de fusils mitrailleurs AK-47, forcés de monter dans la boîte d'une camionnette et cachés sous une couverture.
Le groupe a été libéré le 22 avril 2009.
Dans sa première entrevue accordée après sa libération, Robert Fowler a affirmé que ses kidnappeurs avaient probablement réussi leur opération grâce à des informations obtenues de haut niveau. « Je sais que quelqu'un m'a vendu », avait-il déclaré au réseau CBC en septembre 2009, évoquant comme pistes possibles le gouvernement du Niger, un sympathisant d'Al-Qaïda dans le bureau de l'ONU au Niger ou en Afrique de l'Ouest, ou encore le secrétariat de l'ONU à New York.
M. Fowler a soutenu que le gouvernement nigérien connaissait son emploi du temps le jour de son enlèvement, ajoutant que celui-ci « détestait [la] mission » qu'il menait parce qu'elle était susceptible de priver le gouvernement de revenus substantiels.
L'ambassadeur du Niger au Canada n'était pas disponible pour commenter la publication des documents transmis par WikiLeaks.
Radio-Canada.ca avec

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