samedi 5 mars 2011

Libya : Touaregs, concernés ou impliqués ?

Libya : Touaregs, concernés ou impliqués ?



« IL faut qu’il y ait un homme pour accepter de mourir. Cet homme existe toujours. Mais il faut aussi que d’autres disent cette mort, hurlent qu’elle est victoire et non défaite, créent autour d’elle l’œuvre, religion, fable, poème, récit, chanson qui multipliera l’exemple. Le vent lui-même doit savoir qu’un homme a accepté de mourir parce qu’il croyait à des valeurs dont l’histoire à chaque instant démontre la faiblesse. » Max Gallo, le pouvoir à vif, édition Robert Laffont.

La généralisation se tient à nos portes, elle guette le carrefour des peuples du désert avec le regard de l’amalgame, l’aveuglement de la convoitise et le flou de la trahison. L’inhabité se resserre, les centres atteignent les marges. Bientôt, le tsunami des appétences humaines s’étendra sur les espaces. Temoujgha et ses valeurs pourront-ils résister ?
« Un guide » parmi des guides, « un amenokal de Touaregs » parmi les sans-terres, « un président de ligue des tribus du Grand Sahara (Arabe)» disait, effrayé et ébranlé des deux côtés par la vague d'espoirs populaires : « je suis un homme du désert, j’habite la tente ». Quel nomade du Sahara n’a pas vibré sous ces paroles ? Et quel saharien pouvait rester insensible à ce décret identitaire et à cette vocifération à l’aide?
Le billet vert se charge de recruter les oisillons dé-parentés et oisifs ; le pacte libyen prend au piège les engagés par contrat. As emmeskal n ezni almud « troquer le sang contre l’apprentissage ».

Les éclairés savent de quoi il en retourne, la majorité du peuple n’a pas dit son mot.

Aujourd’hui, malgré la liste des non-choix, pour les Touaregs concernés, il faut choisir. Tamazgha et Temoujgha doivent ensemble faire un pas dans l’histoire. Il n’est pas en ce moment question de libérer le pays touareg mais, de ne pas participer à l’assassinat de son peuple et de ne pas le trahir, de se placer avec les masses. Ne laissons pas massacrer, ne regardons pas le meurtre comme aux temps premiers, ne vivons pas les pieds dans le sang.
Si vous mangez l’œuf, la poule est concernée ; si vous mangez du steak, le bœuf est impliqué. Nous demandons à toutes celles et ceux qui ont encore en eux le rêve des valeurs du projet initial et de l’idéal démocratique, de ne pas s’impliquer dans la rivière de sang, de n’être pas concernés par la crise d’un despote. Vous n’avez pas à signer ces avenants au contrat. Vous êtes désormais libres.

Les Touaregs sont déjà exclus par leur place dans la géographie sociale, souvent soumis au despotisme économique et politique, à la merci d’accidentels contenants.

Ils sont sans pouvoir sur autrui, chérissent la liberté et la fierté et, en ce sens, ils vivent déjà les valeurs démocratiques.



Essalam eghlaykum !
Le président de l’internationale touarègue (Bordeaux).

1 commentaire:

Rhissa Rhossey a dit…

C'est une situation fort délicate.
Concernant mes positions elles sont claires : par rapport aux dictateurs je ne peux me renier.

A propos de nos frères qui vont à la rescousse de Kadhafi
nous le disions déjà dans un précèdent article : après les dernières rébellions, beaucoup de jeunes se sont retrouvés sans repères, sans travail, le chômage et la misère étaient leur quotidien.

Nous lancions alors un cri d'alarme.
Canalisons cette jeunesse avant qu'elle ne s'enrôle dans toute aventure qui pointe son nez.

Hier, c'était AQMI qui était soupçonnée de les recruter.
Aujourd'hui Kadhafi fait appel ouvertement à cette jeunesse qu'il sait brave, combative à souhait une fois qu'on lui fait confiance.

MAIS MES FRERES , ATTENTION !!!

Prenons du recul …
Sur combien de terrains de combat Kadhafi nous a déjà entraînés ?

RAPPELS
Qui a fait la guerre du Tchad ?
du Liban ?
du Mali ?
Et au Niger ?
Ce sont toujours les Touareg qui paient malheureusement de leur sang.
Et de leur vie, leurs précieuses vies, les erreurs et les rêves du turbulent Colonel.

ENRÔLEMENT MASSIF DES JEUNES DANS LES RANGS DE L'ARMÉE LIBYENNE

Une chose est certaine ni la Libye ni Kadhafi ne laissent indifférents.
Soit on les adore soit on les déteste.
Le Peuple Touareg a très tôt  adulé Kadhafi, à tort ou à raison.
Ce Peuple c'est vite assimilé à ce soi-disant libérateur dès le 1er septembre 1969.
Certains d'entre nous n'étaient pas encore nés.
Il a séduit, au sens premier du terme les nomades et les bédouins.
Jeune, beau, orgueilleux, hautain le menton toujours haut,
ce fils des campements, des tentes, des feux de bois à la belle étoile, au milieu des dunes, ce port fier du chèche et ces déclarations fracassantes, ses retournements imprévisibles.
ont fait de cet enfant des sables une icône pour les kel tamacheq.

De Tobrouk à Kidal, en passant par Ghat, Tam, Agadez
En 1980, il ouvre grand les portes des casernes libyennes
Beaucoup y apprirent à manier les armes.
C'est aussi le début d une histoire d'amour, de controverses entre les hommes bleus. et l'auteur du fameux livre vert, de la troisième voie : on s'aime, on se fâche, on se trahit et on recommence.
On se pardonne et on se trahit à nouveau.
Mais aujourd'hui, selon mon entendement, la question est ailleurs.
Le Peuple tunisien a-t-il eu tort ou raison d'avoir renversé Ben Ali ?
La vérité est là : des bibliothèques entières, non pas de livres, mais d'argent ont été découvertes, après son départ alors que son peuple s'immole par le feu par excès de misère.
L'Égypte a-t-elle eu tort d'avoir chassé Moubarak ?

Ces changements sont une constante de l'Histoire.
Nul ne peut pas les stopper, tout au plus les ralentir mais pour combien de temps ?
Moubarak et Zine sont plus responsables que Kadhafi : quand ils ont compris que rester signifiait le chaos ils sont partis.
Kadhafi, en choisissant de rester, fait preuve de barbarie envers les siens.

Qui tue par l'épée, périra par l'épée.

POURQUOI JE SUIS CONTRE CETTE GUERRE CIVILE

Des frères qui s'entretuent.
Les frères kel tamasheq ne devraient pas s'impliquer dans ce conflit.
La Communauté Internationale ne devrait pas laisser un dictateur massacrer les siens.

Mais un schéma à l'irakienne ne devrait pas être accepté en Libye, par aucun Africain, qui aime l'Afrique.
Ce schéma va créer le chaos : venir, s'installer, puiser le pétrole, et s'en aller comme ça.
Et par delà encore s'installer pour déstabiliser le continent entier.
Cela aucun Africain, aucun humaniste ne l'acceptera.

Rhissa Rhossey,
Tchirozérine, le 05/03/2011