mardi 8 février 2011

Le Sahara et sa société vivent une période de mutations intense depuis quelques années. Les images traditionnelles inventées par la société coloniale du début du xxe siècle – l’homme bleu et les dunes – ne s’appliquent plus qu’à quelques zones reculées.

Arnaud Contreras
Filmmaker, Photographer, Producer

http://www.arnaudcontreras.com/
photo:Kel assouf/Agadez-Bruxelles
Le Sahara et sa société vivent une période de mutations intense depuis quelques années. Les images traditionnelles inventées par la société coloniale du début du xxe siècle – l’homme bleu et les dunes – ne s’appliquent plus qu’à quelques zones reculées.
Aujourd’hui on découvre que le Sahara n’est pas vide, qu’outre ses cultures ance...strales, il est riche de sols et de sous-sols, promesses d’El Dorado pour certains, espaces où toutes les entreprises sont possibles.

Le grand désert est toujours superbe, aux côtés des Touaregs, Peuls,
Songhaï, Maures, on peut y trouver le calme et la douceur de vivre autour d’un feu ou sous l’ombre d’un palmier. Mais il est également relié aux maux du monde occidental. Ses grandes villes, comme Tamanrasset, sont autant de microcosmes, révélateurs des problèmes de cette région touristique : peur du terrorisme, traffics, migrations clandestines, pressions sur les patrimoines naturels et culturels.
Pour échapper à cette réalité, la jeunesse saharienne se réfugie autour d’écrans plasma qui diffusent une vie matérielle idéale, via les paraboles. Elle se retrouve dans les cybercafés et dans les festivals qui célèbrent leurs héros, les « Ishumars », des groupes de rock du désert, tels Tinariwen ou Terakaft.
Depuis douze ans, je vais au Sahara pour vivre avec des amis, partager avec eux, toujours avec un projet, fil nécessaire pour lier les rencontres entre elles. À vif. Prendre le son de la guitare touarègue dans les yeux, les images de la tragédie saharienne dans les oreilles. Entre dix doigts, s’offrir des routes, villes et dérives, composer sa carte, lire les leurs. Je déclenche, sens, appareil, caméra, enregistreur, au gré de l’histoire dans laquelle je me trouve. Ce n’est qu’au retour que mes notes, images et sons me racontent ce Sahara en pleine explosion, terrain biblique source de phantasmes. Obsolètes.
En Europe, je poursuis le voyage dans ce Sahara actuel, au côté de la diaspora touarègue qui tente d’offrir une image positive de leur sable natal.

Ils organisent des évènements, accueillent des groupes de Kidal, Djanet,

Agadès ou Tombouctou. Ici aussi, ils tentent par la musique de s’échapper, et de maintenir vivant le lien amoureux entre le Sahara et l’Occident.

Porter un regard apaisé sur un univers en mouvement, montrer le Sahara tel qu’il est aujourd’hui, tels sont les buts de ce livre que nous sommes en train de finaliser et dont voici quelques extraits.

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