samedi 13 novembre 2010

Invité : Capitaine Seydou Oumarou, préfet du département d'Arlit

Areva/Arlit/Niger
Politique
Vendredi 12 Novembre 2010 12:12



Capitaine Seydou Oumarou:Merci de l'opportunité que vous m'offrez pour parler du département d'Arlit. Le département d'Arlit, qui est l'un des plus vastes du pays, couvre une superficie de 216.774 km², soit 15,31% du territoire national. Il se situe dans l'extrême nord du Niger dans la région d'Agadez, à une distance de 1150 km de Niamey, la capitale nationale. Le chef-lieu du «Avant la fin de la Transition, nous allons baliser le terrain en faisant en sorte qu'il n'y ait plus un coup de feu dans ce département»

département, Arlit, est une ville induite à la faveur de la découverte de l'uranium dont l'exploitation a entraîné la création à l'époque de l'arrondissement du même nom dans les années 1969, suivi de son érection en 1998 en département. Trois sociétés minières du groupe Areva exploitent l'uranium. Administrativement, le département comprend un chef de poste administratif, la commune urbaine d'Arlit et quatre communes rurales qui sont celles de Dannat, Gougaram, Iférouane et Timia ; trois groupements Touaregs et cinq villages administratifs. Le département d'Arlit est limité au sud et à l'ouest par le département de Tchirozérine, à l'est par le département de Bilma et au Nord par l'Algérie. Dans sa partie nord, le département est dominé par des montagnes et des dunes de sable du Ténéré. Il y a également des vallées appelées Kori. Sur le plan climatique, le département d'Arlit est aride, sec et chaud en général. Les précipitations sont faibles et rares sauf cette année où les pluies s'annoncent déjà abondantes partout. Du point de vue de la population, le département d'Arlit se compose de quelques groupements ethnolinguistiques avoisinant quelque 142.000 habitants dont plus de 70% résident dans les deux cités minières d'Arlit et Akokan, distantes de 6 km.

La ville d'Arlit doit donc son existence et sa renommée à ses deux mines d'uranium qui sont exploitées depuis une quarantaine d'années. Est-ce que le développement de cette activité minière est allé de pair avec ceux de la ville et du département ?

Je dois dire que j'étais surpris de trouver la ville d'Arlit dans un état comme celui-là, parce que, dans le temps, on parlait de ‘'petit Paris'' pour désigner cette localité. Mais quand on s'y retrouve, on se rend compte qu'il n'en est rien de cette image qu'on lui attribue. Je dirais même que Arlit ressemble à un village. En effet, avant ma prise de fonctions, la préfecture n'était même pas clôturée. Il n'y avait aucun plan d'assainissement. Il n'y avait pas d'électrification publique, ni d'hôtel digne de ce nom. En fait, à Arlit, il y a un quasi dénuement, bien que nous ayons la Somair et la Cominak qui exploitent l'uranium depuis des décennies.

Alors, quelle a été votre réaction face à cette réalité ?

Ma réaction a été d'abord de voir, avec l'administrateur délégué, quels sont les moyens et quelle est la stratégie à mettre en place pour d'abord réhabiliter l'image de la préfecture en construisant le mûr de clôture. Avec l'administrateur délégué de la commune urbaine d'Arlit, nous avons également construit la tribune officielle. Maintenant, nous sommes entrain de nous battre pour mettre en place un centre artisanal et également réhabiliter la Maison des Jeunes afin de permettre aux jeunes de s'épanouir.

Dans le temps, Arlit était une ville qui attirait beaucoup d'immigrés, des gens à la recherche du travail. Est-ce que la ville est toujours aussi attrayante ?

La ville n'est plus attrayante. D'ailleurs, il y a une situation que nous combattons, ce que nous appelons la sous-traitance. Il y a des commerçants, des tâcherons qui ont des sous-traitances, et qui ont des contrats directement avec les sociétés. Et ce sont ces commerçants et ces tâcherons qui recrutent les jeunes à la recherche du travail en leur proposant des salaires de misère. Alors, tout dernièrement, nous avons rencontré le responsable Areva. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a maintenant une plate-forme Areva, les sociétés Somaïr et Cominak sont maintenant coiffées par Areva. Nous avons dit aux responsables de cette structure de traiter directement avec les chercheurs d'emplois pour qu'ils soient bien rémunérés. Cela doit se faire par l'intermédiaire du service qui s'occupe de la main-d'œuvre. Et nous espérons bien que cette proposition sera prise en compte, car nous avons un cadre de concertation où nous nous retrouvons chaque trimestre pour vérifier si ce qui nous avons arrêté avec Areva a été respecté.

Concernant toujours la question minière, il y a eu ces dernières années des réactions des organisations de la société civile qui dénoncent le non respect de certaines normes par les sociétés qui exploitent l'uranium dans le département d'Arlit. En tant qu'autorité, comment appréciez-vous ces prises de positions ?


A juste titre, je crois que la société civile a raison. Et leur lutte a commencé à porter ses fruits, parce que c'est grâce à la lutte de cette société civile que le financement du bitumage de la route Arlit-Akokan a été obtenu, ainsi que le dédommagement des familles déguerpies lors des travaux, et beaucoup d'autres choses, notamment des mesures pour sécuriser les habitants des maisons touchées par la radioactivité.

Justement, il y a une polémique concernant cette question de radioactivité, avec d'un côté la société civile qui dénonce l'existence d'une radioactivité au-delà de la norme, et d'un autre, la structure mise en cause qui dit prendre les précautions nécessaires. Est-ce qu'il y a eu une expertise pour éclaircir la situation ?

Oui, il y a eu une expertise qui a déjà permis de révéler un degré élevé de radioactivité au niveau d'une maison dont le relogement de la famille a été pris en charge par la Somaïr. Allant dans le même sens, je dois ajouter que suite à la réaction de la société civile, depuis 2006, Areva met à la disposition des communes du département d'Arlit une enveloppe de 500 millions pour le financement des actions de développement durable. Cette enveloppe va dans le domaine de l'éducation, la santé, l'hydraulique et l'environnement. Ces fonds ont servi à construire des infrastructures dans ces différents domaines. Dans le même sens, il est convenu de la construction d'un hôpital dans la commune urbaine d'Arlit. Le site est déjà choisi et la construction, l'équipement et le fonctionnement de l'hôpital seront pris en charge par Areva.

Monsieur le préfet, la région a connu une insécurité ces dernières années du fait de la rébellion armée. Qu'en est-il aujourd'hui en ce qui concerne cette situation ?

Sur ce plan, on peut se réjouir du fait que les combattants de l'ex-rébellion sont tous ici, avec nous. Alambo est passé ici, Kalakoua, leur chef d'état-major est toujours avec nous. Donc, ce qu'il y a maintenant, c'est l'insécurité résiduelle qui est le fait des bandits armés. Nous avons d'ailleurs tenu ici, en juin dernier, un forum sur la paix qui a réuni tous les acteurs du département, et là, tout le monde a pris conscience qu'il faut déposer les armes. Maintenant, nous ne parlons plus de telle ou telle revendication, nous avançons. Dès que nous sommes arrivés, nous nous sommes dit qu'il faut aller de l'avant. Ce qui s'est passé, il faut l'oublier. Nous avons un dossier de plusieurs millions que Areva va financer au profit des ex-combattants qui se sont reconvertis dans des activités comme le maraîchage. Donc, la paix s'est définitivement installée.

Parlons maintenant de l'économie. Cette zone a subi le contrecoup de l'insécurité. Est-ce que la situation économique a connu une amélioration ?

Aujourd'hui, n'eussent été les difficultés au niveau des frontières, je pourrais dire que ça va en ce qui concerne les activités économiques au niveau du département d'Arlit. Mais nous avons un problème, nous n'importons plus parce qu'au niveau de l'Algérie, il y a un certain blocage. Et nous en avons parlé avec le gouverneur de la région, qui a saisi le consul et l'ambassadeur.

Maintenant, rien n'est importé d'Algérie ?


Oui, absolument rien ! Presque tout ce qui arrive de ce côté vient par contrebande.

Quel est votre mot de la fin, Monsieur le préfet ?

Ce que je tiens à dire, c'est qu'il faut qu'on se mette au travail. Et, aux chefs des ex-fronts, je dis qu'il faut qu'on se retrouve ; il faut dire aux jeunes, surtout, d'aller vers les sociétés pour chercher du travail au lieu de prendre les armes et aller dans les montagnes. Aujourd'hui, tous ceux qui ont pris les armes le regrettent parce qu'au finish, ils ont perdu du temps. Maintenant, nous sommes entrain de monter des dossiers pour que les sociétés les embauchent selon leurs compétences. Avant la fin de la Transition, nous allons baliser le terrain en faisant en sorte qu'il n'y ait plus un coup de feu dans ce département, Incha Allah.

Moutari Souley
12 novembre 2010
publié le 12 novembre 2010
Source : Sahel Dimanche

Commentaires (2)

Monsieur,le Préfet,l'hôpital doit être construit par l'Union Européenne et non Areva,d'ailleurs ce sont eux les gens des sociétés qui pour des raisons mesquines freinent cette construction,contactez la cellule de pilotage à Niamey pour plus d'informations.

Merci

Ne vous laissez pas intoxiquerpar ces pseudo nigériens qui sont plus blancs que les blancs.

Si Arlit donne une mauvaise image ,c'est avec leur complicité car ils non jamais accepter d'œuvrer pour le rayonnement de cette ville.

Tout ces cadres et suites ne sont que des valets des colons.

Continuer monsieur le préfet à fouiller,vous comprendre qu'ils veulent pas du bien de la ville et de sa population.

Ils veulent toujours dire qu'ils ont des hôpitaux ,qu'ils ont ceci et cela alors que la population est de plus en plus rejeter par ces sociétés et surtout par les médecins et infirmiers.

Manouga , novembre 12, 2010

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