jeudi 15 avril 2010

Mali/Silence, le cheptel se meurt au… Nord


Oumar Babi - Canard Déchainé, 14/04/2010

Silence, le cheptel se meurt au… Nord
jeudi 15 avril 2010
Des cadavres d’animaux à perte de vue. Des colonnes entières d’éleveurs nomades, ralliant les centres urbains. Avec, pour tout bagage, quelques habits attachés dans un sac en plastique. Ou de vieilles tentes touarègues, transportées par des ânes squelettiques.

De mémoire d’ONG, le cheptel malien n’a pas connu pareille menace, depuis la fameuse sècheresse de 1973. Qui a décimé la quasi-totalité du cheptel malien. A Tinzawaten, l’ex-fief d’Ibrahim Ag Bahanga, l’ex-chef rebelle et à Aguelhoc, 40% du cheptel aurait été décimé.
Selon Rousmane Ag Assilaken, directeur exécutif de l’ONG Azhar, le septentrion malien est devenu un « parc de misère ». Pour les éleveurs nomades, mais aussi, pour leur bétail. Ou, du moins, ce qui en reste : « Dans toute la région, les animaux sont malades et meurent chaque jour qui passe. Les Oueds sont à nues. Environ 40% du cheptel est, déjà, décimé. Les éleveurs et leur famille tentent de survivre, en ralliant les villes ».
A l’origine de cette hécatombe, le déficit pluviométrique. La faible pluviométrie a vite fait place à la sècheresse. Une sècheresse qui menace, désormais, les trois régions du nord : Gao, Tombouctou et Kidal. Dans certains villages du nord, la famine est si menaçante que certains éleveurs n’hésitent pas à échanger trois têtes de bétail contre un sac de riz. Ou de mil.
Pour sauver le cheptel du nord-Mali, ou ce qui peut encore l’être, le gouvernement vient d’y acheminer de l’aliment-bétail. Environ, 1000 tonnes viennent d’être réceptionnées à Kidal, par les autorités locales. Mais, selon un conseiller municipal d’Aguelhoc, la situation n’est pas, pour autant, réglée. « Maintenant que les animaux ont eu de quoi calmer leur faim, il faudra penser aux populations qui s’occupent des animaux. La crise alimentaire frappe, déjà, à nos portes ». Une situation corroborée par de nombreuses ONG, opérant sur le terrain.
« Depuis plusieurs mois, les signes annonciateurs d’une crise alimentaire au Sahel se multiplient. Le pays le plus touché est le Niger, mais des régions au Tchad, au Mali, au Burkina Faso et au Nigéria sont également affectées », prévient l’ONG OXFAM dans un communiqué.

Oumar Babi

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