vendredi 26 mars 2010

A QUOI JOUE LE CSRD ?


A QUOI JOUE LE CSRD ?
Écrit par Ayouba Karimou (Opinions N° 103 DU 24 MARS 2010)
Vendredi, 26 Mars 2010 14:19



Plus d’un mois après sa prise de pouvoir, le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie (CSRD) continue à maintenir le suspense quant à la convocation du fameux Conseil Consultatif chargé de fixer ‘’une durée raisonnable’’ à la transition, ainsi que d’établir le calendrier électoral. On ne sait toujours pas ce qui bloque, mais tout laisse à croire que de petits calculs au sein d’une partie de la junte présideraient à cette lenteur. Peu à peu, à l’enthousiasme des premières heures qu’avait suscité l’avènement du CSRD chez l’écrasante majorité de nos concitoyens, succède à présent une sorte de scepticisme quant aux desseins véritables qui animeraient certains dirigeants de la junte qui apparaissent aujourd’hui comme les nouveaux maîtres de nos destins. En effet, le problème est que si le vieux meurt et que le neuf ne peut naître, cela signifie tout simplement que, quelque part, au niveau du CSRD, on assisterait, vraisemblablement, à une tentative de récupération qui ne dit pas son mot, perceptible entre le premier discours de Djibo Salou marqué par une profonde sincérité dans l’analyse des problèmes du pays du fait du tazarché et les autres discours prononcés, par exemple, à l’occasion de la rencontre avec la classe politique, où l’on avait cru sentir la doxologie tazarchiste du ‘’tous pourris’’ ! Depuis lors, les observateurs notent une certaine digression dans l’approche des questions politiques de la part du CSRD, comme si un ressac tazarchiste était venu balayer la profonde conviction qu’avaient tous les démocrates nigériens que si l’armée était intervenue sur la scène politique nationale le 18 février dernier, c’était uniquement par la faute d’un autocrate qui avait bénéficié de grandes complicités dont justement celle de la hiérarchie militaire !

Or, en parlant d’assainissement au sein de la classe politique, pour notre part, nous aurions voulu que cela commence là où tout avait débuté, c’est-àdire, situer d’abord les responsabilités qui ont été celles de tous ces grands officiers de l’armée nigérienne dont le silence ou la complaisance ont conforté Tandja Mamadou dans sa volonté de liquidation des institutions démocratiques. Oui, tout le monde sait au Niger que si Tandja s’était permis de faire ce qu’il avait fait, c’est que quelque part il avait été assuré du soutien, ou à tout le moins, de la complaisance des seules forces organisées qui auraient dû le dissuader de commencer cette entreprise. L’armée avait pourtant le devoir sacré de protéger la république et ses institutions, et seuls Djibo Salou et ses camarades avaient perçu cette nécessité un 18 février. En voila pour la hiérarchie militaire.

Quant aux civils, pêcheurs en eaux troubles de tous les temps, ils sont bien connus de tous, et ce sont les mêmes qui, aujourd’hui encore, rôdent autour du CSRD pour tenter de jeter l’opprobre et le discrédit en professant la vieille rengaine du ‘’tous coupables’’, philosophie anti-partis et antidémocratique ! Ce sont les mêmes qui ‘’conseillent’’ à la junte une longue transition afin de la noyauter à terme. Sinon, le Niger ne souffre point d’un problème majeur de textes qui puisse nécessiter une très longue transition, car, la Constitution de la Cinquième République avait largement démontré son efficacité pour assurer une stabilité politique et institutionnelle jamais égalée dans toute l’histoire de la jeune démocratie nigérienne. Tout au plus, cette Constitution pourraitelle faire l’objet de quelques réaménagements afin de clarifier certaines de ses dispositions pour ne plus laisser de doutes dans l’esprit des futurs dirigeants du pays.

Pour ce qui est de la nature du régime politique, présidentiel ou semi-présidentiel, cette Constitution le règle en son sein même ! Au regard de tout cela, à moins qu’il n’y ait des desseins cachés, la transition vers un régime démocratique définitif ne pourra requérir une longue période comme le souhaiteraient certains. Djibo Salou, bénéficiant d’une très large confiance populaire, est un officier qui cultive le sens de l’honneur et du patriotisme. Son seul acte du 18 février 2010 en est le témoignage vivant. Cet acte historique a fait éviter à notre pays de graves périls sur son devenir. Officier patriote, il devra prendre de la hauteur par rapport à toutes ces luttes de positionnement, car il sait que les Nigériens et l’extérieur le jugeront sur sa capacité à mettre en place une bonne transition pour remettre les Nigériens sur les rails de la démocratie.

Pour montrer sa bonne foi à la Communauté Internationale, il peut déjà fixer le calendrier électoral définitif de la période transitoire et ainsi prendre part au prochain Sommet de France - Afrique à Nice, ce qui équivaudra à une reconnaissance de facto. Djibo Salou a toutes les cartes du poker en mains pour écrire l’histoire en lettres dorées ou bien, il l’écrira en pointillé, hélas alors pour le Niger ! Optimistes, nous espérons que Djibo Salou ne videra pas son acte du 18 février de toute sa portée historique sur l’autel des calculs réducteurs de certains. A bon entendeur salut !

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