jeudi 25 février 2010

L'ex-otage au Mali : «Je n'ai jamais commis d'imprudence»


AFRIQUE
L'ex-otage au Mali : «Je n'ai jamais commis d'imprudence»
RéagirJ.Cl. avec AFP | 25.02.2010, 07h20 | Mise à jour : 12h26
Pierre Camatte, relâché mardi par un groupe d'Al-Qaïda après quasiment trois mois de captivité dans le désert malien, est arrivé en milieu de matinée en France, à bord d'un Falcon blanc de l'armée française, qui s'est posé à 10h35 sur le tarmac de l'aéroport militaire de Villacoublay (Yvelines).


Il a été accueilli par sa famille puis s'est brièvement adressé à la presse. «Je n'ai jamais commis d'imprudence, cela fait quinze ans que j'opère dans cette région du Mali», a-t-il dit. «Je ne pensais pas être une cible».

Dans la nuit de mardi à mercredi, à Bamako, au cours d'une conférence de presse, il a donné des détails sur les conditions de sa détention. Il a décrit ses ravisseurs comme des «fanatiques». «Ils détiennent une vérité qui est à la vérité suprême. Ils ont le Coran qu'ils lisent tout le temps. (...) Ils disent que les musulmans de France ne sont pas de vrais musulmans, que ce sont eux qui détiennent la vérité et que leur objectif est d'islamiser le monde entier. Ce sont des fanatiques», a déclaré Pierre Camatte, au cours d'une conférence de presse au palais de la présidence malienne, deux jours après sa remise en liberté. Le cheveu et la barbe allongés, le visage buriné par le soleil qui faisait ressortir ses yeux bleus, l'homme de 61 ans est apparu en bonne santé, quoique fatigué.

«Ils recrutent surtout chez les jeunes. Il y a parmi eux 70 à 80% des jeunes», a-t-il précisé. Des jeunes à qui Pierre Camatte parlait parfois en anglais, car ils ne parlent pas le français, pourtant langue officielle du pays.

La visite de Nicolas Sarkozy
Pierre Camatte s'exprimait en présence de Nicolas Sarkozy. Après sa visite au Gabon, l'avion présidentiel a mis cap au nord pour cette visite à l'otage libéré, avant de reprendre la direction du Rwanda, où il passera deux heures aujourd'hui. Le chef de l'état était accompagné du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et du secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet, chargé de ramener Camatte en France.

Evoquant les conditions sa captivité dans le désert, l'humanitaire a eu ces mots : «C'est difficile d'imaginer une prison. On me donne une couverture et c'est ça ma prison». «On est isolé, on ne doit pas bouger, il y a la chaleur du Sahara, les condition d'hygiène épouvantables, une alimentation et une eau absolument dégoûtantes. (...) Le plus difficile, c'est la solitude», a-t-il énuméré. Nicolas Sarkozy a alors ajouté: «Des blessures, des coups»...

Pierre Camatte avait été kidnappé le 26 novembre dans un hôtel de Ménaka (nord-est) par des Maliens de la région qui l'auraient ensuite «vendu» à Aqmi, selon des sources maliennes. Depuis, le Français aurait été retenu par le groupe de l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, responsable de l'assassinat en juin d'un otage britannique. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) l'a libéré mardi, après avoir obtenu de Bamako la remise en liberté de quatre islamistes détenus au Mali, soulevant une crise diplomatique avec l'Algérie et la Mauritanie.

Dans le nord du Mali, Aqmi séquestre par ailleurs toujours trois Espagnols et un couple d'Italiens enlevés en Mauritanie. L'annonce de la libération de quatre islamistes contre Camatte a fâché de l'autre côté de la frontière malienne, et jusqu'à l'Algérie. Mauritanie et Algérie ont rappelé leur ambassadeur en signe de mécontentement.

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