lundi 22 février 2010

Coup détat au Niger : Les trois grands dangers qui menacent la junte...


SIDIKOU A -TamtamInfo-22-02-10
Coup détat au Niger : Les trois grands dangers qui menacent la junte...
lundi 22 février 2010

Les coups de canons et de fusils qui tonnaient en ce 18 février 2010 dans la ville de Niamey, sonnaient le glas pour le régime du Président Tandja. De quelques bords politiques qu’ils fuent, les nigériens dans leur écrasante majorité ont accueilli cet acte héroïque de notre armée comme un soulagement, car il mettait fin à une situation de blocage politique persistant qui mettait en péril toute perspective de développement et d’expansion à court et moyen terme.

C’est donc dans ce contexte tendu politiquement, économiquement et socialement que l’Armée a pris à nouveau ses responsabilités en faisant irruption sur la scène politique. Le « politiquement correct » amène tous les démocrates et la communauté internationale à condamner par principe ce coup de force ; mais tous s’accordent à reconnaître entre les lignes que cette intervention était nécessaire et salutaire.

Ceci dit c’est maintenant que commence le Vrai Challenge pour la junte car elle est porteuse de l’espoir de tout un peuple qui a salué son action. Mais si les membres de la junte tendaient l’oreille lors de ces manifestation de soutien, ils auraient entendu le leitmotiv des populations qui disaient : plus jamais ça, plus jamais de dérives autoritaires, plus jamais de confiscation de la liberté et de la démocratie. Ce n’est pas la première fois au Niger et ailleurs dans le monde que l’armée agit de la sorte en ayant de bonnes raisons. L’analyse empirique des évènements politiques qui ont jalonnés notre histoire et celle de peuples plus ou moins proches montre bien que toute action de l’armée pour résoudre une situation politique porte en elle-même les germes de la dérive, c’est pourquoi il est important pour le CSRD de faire attention aux trois grands dangers qui la guettent.

• La Désunion
Le premier danger qui guette la junte est celui de la désunion. Par définition, une junte est un ensemble de personnes. L’histoire nous enseigne que le pouvoir est une des choses qui se partage le moins et il n’est pas rare qu’après les prises de pouvoir, les membres d’une junte se déchirent car ils ne s’entendent plus sur la gestion de ce pouvoir. Déjà, la junte doit s’organiser, se structurer et se doter de règles de fonctionnement. Il faut aussi qu’elle détermine certaines grandes orientations attendues de tous les nigériens et de la communauté internationale : quelle durée pour la période transitoire ? Quelles structures pour animer la transition ? Quels Hommes pour l’animer ? Le CSRD doit aussi continuer à cultiver l’unité, celle du Conseil mais par delà, celle plus globale de toutes les forces de défense et de sécurité car c’est de là que se confortera pendant cette période l’unité du Niger.

• L’Ambition politique
Un deuxième danger est l’ambition politique. Elle peut se manifester soit au niveau du collectif soit au niveau individuel. La junte peut vouloir propulser un des leurs et ainsi se maintenir indirectement au pouvoir. « L’occasion faisant le larron », il se peut aussi que ce soit l’un d’entre eux qui, ayant goûté « aux délices du pouvoir », ait l’ambition de s’y maintenir. C’est probablement ce qui s’est passé avec le Général Baré par exemple. Il est donc très important que les espoirs placés dans le CSRD ne soient pas trahis par l’ambition. Il devra mettre un point d’honneur à assainir la vie politique, la gestion de l’Etat et des affaires du Peuple avant de tirer sa révérence. Nos militaires dont nous sommes si fiers aujourd’hui devront effectivement être des ATT et non des Dadis.

• L’Intoxication
Si les deux premiers dangers sont d’ordre interne au CSRD, le troisième danger est d’ordre extérieur et a souvent un effet non négligeable notamment sur la naissance de l’Ambition. Ce danger c’est ce que j’appellerai l’intoxication. En effet, les militaires ne sachant pas tout faire, la gestion de l’Etat et des affaires du peuple va forcément amener la junte à s’entourer de personnes qui dans certains domaines spécifiques seront plus compétents qu’eux. Le choix de ces personnes s’avère une tâche délicate et un enjeu majeur. Nous référant encore une fois à l’histoire politique de nos peuples on constate que bien souvent les ambitions nobles de la junte sont trahies par celles inavoués de certains hommes qui tapis dans l’ombre nourrissent en fait des ambitions personnelles ou partisanes. Le CSRD devra donc se méfier de cette intoxication. On lui fera croire que le Peuple est avec lui (ce qui est pour l’instant vrai) et que pour cette raison, il doit d’une façon ou d’une autre rester au pouvoir. On pourrait aussi l’amener à poser des actes qui ne sont pas en réalité des décisions objectives mais plutôt les stratégies de politiciens qui se projettent déjà dans l’après transition et qui font en fait peu cas des objectifs nobles du CSRD.

C’est aussi à travers le choix des personnes qui vont l’accompagner que le CSRD montrera son impartialité ; ses premières décisions nominatives seront analysées, scrutées pour voir quelle tendance et quelle coloration politique il prend. Cette période transitoire devant mener à l’organisation d’élections devra donc être animée par des personnes qui partagent véritablement les idéaux du CSRD, des personnes qui ne vont pas intoxiquer la junte. C’est peut être là une occasion unique pour redéfinir le système politique du Niger, renouveler la classe politique et permettre l’émergence de nouvelles figures pures et sans tâches car n’ayant été mêlées à aucune gestion contreversée.

Aujourd’hui plus que jamais, le Niger a besoin de dirigeants qui veulent servir et non se servir. L’Etat de grâce dont bénéficiera la junte ne durera pas indéfiniment. Les problèmes de gestion courante de l’Etat (paiement des salaires, gestion de la crise alimentaire, problèmes de santé et d’éducation, relance des activités économiques, remise au travail de l’appareil de l’Etat……………..) ne tarderont pas à s’imposer au CSRD dans un contexte économique et financier particulièrement difficile. Si pour tous les nigériens, le 18 février a fait naître un Espoir réel et si tous donnent effectivement caution au Conseil, Personne ne tolèrera une défaillance de la junte par rapport aux trois grands dangers qui la guetteront jusqu’à la remise du pouvoir aux civils ……………… et peut être même au-delà.

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