jeudi 28 janvier 2010

Tanja amadou:Appel aux sacrifices pour la 6ème République : les limites de l'imposture


Nigerdiaspora
Politique
Jeudi, 28 Janvier 2010 20:04
Cinq mois seulement après son imposition, la 6ème république montre déjà des signes évidents d’essoufflement. Et cela est provenu de la voie la plus officielle possible. En effet, lors de la présentation des voeux du nouvel an des institutions de cette république au Chef de l’Etat, Tandja Mamadou a lui-même demandé aux Nigériens de consentir des sacrifices. Voilà un mot ambigu que ne cessent désormais de ressasser les animateurs et défenseurs de la 6ème république. Mais qu’est-ce qui a pu se passer entre temps pour que le régime se rende compte subitement des difficultés qui le guettent et surtout qui s’annoncent pour les pauvres citoyens ?
Pourtant lorsqu’ils avaient décidé de tordre le coup à la constitution du 09 août 1999 et au processus démocratique, Tandja et ses courtisans n’ont promis que monts et merveilles au peuple nigérien. Le très fallacieux prétexte de la ‘’poursuite et du parachèvement des grands chantiers’’ qui avait recette, a luimême disparu du vocabulaire politique des princes qui nous gouvernent.

Il est désormais remplacé par des vocables aussi vagues qu’ambigus comme ‘’souveraineté nationale’’, ‘’sacrifice’’ ‘’travail’’. Mais dans tous les cas, il n’y a aucunement pas de possibilité pour se voiler la face. Le régime sait pertinemment au fond de lui que la voie dans laquelle il a engagé notre pays est un chemin sans issus et dont le bout ne peut être la souffrance du peuple.
En fait, les tazartchistes, ces néo-partisans de la restauration autoritaire, pensaient au début qu’il suffit d’organiser un référendum fantoche et un simulacre d’élections pour se donner une légitimité. C’est pourquoi, ils se sont fondés sur des arguments aussi superficiels que le parachèvement des grands chantiers du président. Aujourd’hui, Tandja luimême ne parle plus de ‘’ses chantiers à lui’’. Depuis lors, la seule préoccupation du régime se résume à la recherche de sa légitimité. Et il n’aura que cela à faire durant le temps qu’il pourra encore se maintenir. Petit à petit, le régime se rend compte des limites de son imposture. Et devant le refus des Nigériens de gober un tel mensonge, face à la désapprobation de la communauté internationale d’acquiescer une telle bavure sur le processus démocratique, Tandja et ses courtisans ont mesuré les conséquences néfastes qui découleront de l’inconséquence de leur démarche. C’est ce qui pourrait expliquer ces appels répétés aux sacrifices. Mais que faut-il sacrifier, qui doit le faire et à quelle fin ?

Peu à peu, le régime dévoile ses limites. La dernière mesure portant arrêt de l’expérimentation de la journée continue participe de cette démarche. Le gouvernement prétexte que les fonctionnaires ne travaillent pas. Cette mesure est cependant beaucoup plus politique. Et déjà lors de la rencontre avec les secrétaires généraux, et les directeurs des ressources humaines, le président leur demandait de ne pas payer le salaire à ceux qui ne travaillent pas. Ceci est juste si c’est seulement objectif. Mais de toute évidence, cette démarche donnera lieu à des règlements de compte notamment pour nuire à tous ceux qui dans l’administration ne cautionnent pas le tazartché. En prenant cette mesure, le gouvernement sait pertinemment qu’elle sera mal accueillie par les travailleurs. Ce qui risque de créer une instabilité dans les milieux syndicaux. Le régime aura ainsi détourné l’attention des travailleurs sur la situation politique actuelle et cachera ainsi les difficultés qui pourront advenir notamment dans le paiement régulier et à terme échu des salaires. De toutes les façons, tout le monde (et en premier lieu le régime actuel) est conscient que la suspension de l’aide étrangère aura des répercussions négatives sur les activités programmées. En effet, le premier ministre l’a confié, lors de la célébration de ses 100 jours, que 50% du budget est basé sur l’aide.

Pour revenir à ces appels aux sacrifices, Tandja doit commencer à donner l’exemple en renonçant par exemple à ces fonds politiques, une dizaine de millions de francs CFA chaque semaine. Il pourra aussi réduire le train de vie de l’Etat en revoyant la taille de son gouvernement, et en reportant la mise en place des institutions budgétivores dont l’utilité reste encore à prouver. Malheureusement même s’il fait tout ça, le régime doit continuer à supporter toutes ces structures fantoches créées à la faveur du mouvement de tazartché ainsi que la cohorte de courtisans.

Comme le dit l’adage ‘’le mensonge donne des fleurs mais jamais de fruits’’. Le régime tazartché a beau mentir sur ces intentions cachées qui sont le maintien d’un homme au pouvoir et d’un clan dans les affaires. Et tout ce qui est bâti sur le mensonge finira par s’écrouler de lui-même.

M. A

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