mercredi 16 décembre 2009

Manifestations politiques au Niger : la semaine de tous les dangers



H. Marie Ouédraogo L’Observateur Paalga 16/12/2009

22 décembre 2009. C’est la date à laquelle devrait prendre fin le dernier mandat présidentiel de Mamadou Tandja. Parvenu à la tête de l’Etat en 1999 et réélu une fois, l’ex-colonel de l’armée nigérienne, gagné par l’ivresse du pouvoir, n’a pourtant jamais eu l’intention de rendre si tôt le tablier, tant son désir de servir la nation est fort.

Désireux de jouer les prolongations durant les trois prochaines années, ce serviteur dévoué du peuple a résolu de bafouer la loi fondamentale pour parvenir à ses fins. Et ni les protestations de la communauté internationale, ni les manifestations de l’opposition, pourtant réunie sous la même bannière, n’empêcheront la Tazartché (la continuité en langue haoussa) de passer par la force d’un référendum, largement contesté.

A une semaine du dead line constitutionnel, la situation, déjà tendue à Niamey, est montée d’un cran entre opposition et pouvoir : dimanche, des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé le départ du président, qualifié d’usurpateur. Ils ont exhorté la communauté internationale à maintenir la pression sur le pouvoir, exprimant leur soutien à la médiation ouest- africaine pour une sortie de crise.

Le mouvement anti- Tazartché à peine dispersé, voilà que les partisans du colonel Tandja investissent les rues de la capitale pour faire entendre leur voix, celle du référendum et de la prolongation, artificielle, d’un mandat présidentiel à l’agonie. Réponse du berger à la bergère, le grand meeting qui a mobilisé hier les partisans de la continuité avait pour objet de défendre le fait accompli et le passage en force du colonel, qui compte bien se maintenir au pouvoir envers et contre tous.

C’est donc pour la « bonne cause » de la sixième République que des établissements de la capitale ont fermé hier leurs portes, fournissant à ceux qui en avaient besoin la foule nécessaire. « Jour J -7 pour Tandja », clament les syndicats et les opposants, tandis que, dans le camp adverse, on prône les valeurs de la continuité dans une république taillée sur mesure.

Mais dans l’un comme dans l’autre camp, le compte à rebours a bel et bien commencé dans l’attente de la date fatidique du 22 décembre, dernier jour du mandat présidentiel.

D’ici là, on peut craindre que, de part et d’autre, les manifestations s’intensifient au point de virer, à terme, à l’affrontement. Dès lors, tous les regards sont tournés vers Abuja, où ont débuté, il y a de cela quelques semaines, les pourparlers de la médiation ouest-africaine, sur laquelle reposent tous les espoirs des compatriotes de Mamadou Tandja et ceux de leurs voisins de la sous-région. Niamey attend donc avec anxiété de savoir comment se passera la semaine de tous les dangers.

Par H. Marie Ouédraogo

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