samedi 26 décembre 2009

Dans le désert du Sahara, les soldats maliens à l’école des Américains


L’Orient le Jour - 25/12/2009
Dans le désert du Sahara, les soldats maliens à l’école des Américains
vendredi 25 décembre 2009
Au pied d’une colline du Sahara, quelques centaines de soldats maliens en treillis américains multiplient les tirs en rafales. « Good ! Good ! », hurle l’un des officiers américains venus les former, dans le nord du Mali, aux techniques de lutte contre le terrorisme. Les cibles en carton sont criblées de balles. Le capitaine Simon Powelson, à la tête d’une trentaine d’instructeurs américains, se dit fier des « gars » de l’armée malienne qu’ils entraînent.

Après deux heures d’exercices de tirs, place aux techniques de combat dans le désert. Arme au poing, quatre soldats avancent : un ennemi (fictif) est localisé. Il faut ramper dans le sable chaud, dégainer rapidement. « J’ai été impressionné par votre détermination ! Vous voilà aujourd’hui au point, prêts à servir là où le besoin se fera sentir, pour votre pays », conclut, plus tard, le capitaine Powelson, au cours d’une cérémonie officielle de remise de « diplôme » aux participants, à Gao (1 200 km au nord-est de Bamako). Son chapeau pendant dans le dos, Abdoulaye, soldat malien de 23 ans, est en admiration devant ses instructeurs : « Ils ne parlent pas beaucoup, ils vont sur le terrain et ils font la même chose que nous. »

Le lendemain, à 7h00 du matin, « les éléments des forces spéciales américaines » quittent l’hôtel qu’ils ont entièrement loué, à Gao. Sur place, ils ont installé leur propre circuit Internet, apporté leur propre eau minérale ainsi que leur propre nourriture. Quand les « bérets rouges » (parachutistes) maliens arrivent sur les lieux, des dizaines de véhicules démarrent en trombe et prennent le chemin du désert, où une nouvelle séance d’entraînement est prévue. Jusqu’à la fin décembre, plusieurs centaines de militaires maliens doivent ainsi être formés. « Le désert est très vaste et difficile à contrôler. La lutte contre le terrorisme est l’affaire de tous les pays de la sous-région. Nos troupes, formées, participeront à cette lutte commune », assure le colonel Kalifa Kéita, nouveau gouverneur de la région de Gao, où l’enlèvement d’un Français, fin novembre, a été revendiqué par el-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI). Ces derniers mois, les Occidentaux kidnappés dans le Sahel étaient acheminés dans le nord du Mali, puis libérés après le paiement probable de rançons ou la libération d’islamistes détenus. Mais l’AQMI a revendiqué, en juin, l’assassinat d’un Britannique qu’elle gardait en otage dans la région, et un Américain a ensuite été tué par balles dans la capitale de la Mauritanie voisine.

Par ailleurs, c’est dans la région de Gao qu’un Boeing venant d’Amérique centrale et transportant, selon l’ONU, de « la cocaïne et autres produits illicites » s’est posé, illégalement, en plein Sahara, le mois dernier. Depuis plusieurs années, déjà, des forces spéciales américaines viennent former des soldats de l’armée malienne (qui comptait 7 350 hommes en 2004-2005, selon l’Institut international des études stratégiques). Dans la zone, les Américains ont aussi déployé « un dispositif » permettant de voir « même une fourmi » (par satellites) et d’écouter « n’importe qui », explique une source militaire malienne. Des habitants du nord du Mali ont ainsi été récemment recrutés pour traduire des écoutes téléphoniques, selon des informations recoupées par l’AFP. « L’échange d’informations entre les pays de toute la bande sahélo-saharienne est un autre centre d’intérêt de la formation en cours », glisse, anonymement, la même source malienne. « Sans le renseignement, il n’y a pas de lutte, poursuit-elle. Et nous travaillons, dans ce domaine, main dans la main avec les Américains. »

Aucun commentaire: