dimanche 29 novembre 2009

RÉBELLION ARMÉE AU NORD NIGER: La fin d’un cauchemar


Écrit par Dim & David Yacouba (AÏR-INFON° 104 du 15 octobre au 15 novembre 2009)
Vendredi, 27 Novembre 2009 12:55
L’Etat du Niger doit consentir à ses fils revenus ce qu’il peut et eux accepter dans la dignité le peu qui leur sera donné avec une bonne dose de patriotisme.


Fruit de la médiation du Guide de la grande Jamahiriya arabe libyenne, la paix semble s’installer dans le nord de notre pays. Après la cérémonie de remise des armes par le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) à Oubari en Libye, le Front Patriotique du Niger conduit par Aklou Sidi Sidi va concrétiser sa ferme volonté de faire la paix avec le gouvernement du Niger. En effet le vendredi 9 octobre 2009, des milliers de combattants de ce front cantonnés depuis plusieurs mois à Emdigra ont renoncé à la lutte armée pour venir à Agadez remettre les armes. C’était à l’arène des jeux traditionnels devant plusieurs milliers de personnes dont des officiels libyens et nigériens. L’arène des jeux était ce jour là plein à craquer d’une population ravie de retrouver des frères ayant passé plus de deux ans entrain de mener une guerre contre un régime qui refusait toute négociation. L’arsenal de guerre remis par le FPN était composé de plusieurs armes individuelles, des armes lourdes, des lances roquettes et des mines anti-véhicules. Et comme prévu lors de cette remise, quelques jours après, le mardi 10 novembre exactement, un premier groupe d’ex-combattants du MNJ est arrivé à Agadez. Ils ont été accueillis à l’aéroport d’Agadez par le gouverneur de la région Abba Mallam Boukar, « un vrai artisan de cette paix » selon Ahmed, un des responsables de l’exrébellion.

« Il faut saluer le courage et la patience de cet administrateur.» Devant ce premier contingent, le Gouverneur s’est réjoui en ces termes : « Nous sommes heureux de constater que ces jeunes, qui avaient pris les armes, sont revenus pour contribuer à la construction de leur pays ». En effet, selon un des responsables du MNJ que nous avons rencontré: « 802 combattants sont attendus dans les prochains jours ». « Aujourd’hui nous pouvons dire sans hésiter qu’il n’y a plus aucun rebelle dans les montagnes du nord », confirme la même source. Désormais comme tous les autres nigériens, ces frères vont revenir chez eux et aider l’Etat au développement du pays ».Le seul front qui n’a pas déposé les armes, c’est celui de l’exministre Rhissa Ag Boula. Et d’après une source digne de foi, cela ne saurait tarder.

« Le Front des Forces de Redressement a envoyé des représentants à Agadez et à Niamey et lesquels ont confirmé leur engagement à oeuvrer pour le retour de la stabilité et la quiétude dans la partie septentrionale du pays. » Pour mettre en confiance, les différents acteurs du conflit, une amnistie est accordée aux auteurs et coauteurs de l’insurrection armée dans le nord. Et de dizaines de prisonniers arrêtés dans le cadre de cette insécurité sont libérés à Agadez; Niamey, Koutoukalé...etc. Avec l’aboutissement de ces pourparlers, on ose espérer que c’est la fin d’un cauchemar ; un cauchemar qui a endeuillé les familles de notre pays. Pour que cela ne se reproduise plus, il faut que le langage de la vérité prédomine.

Cette paix ardemment désirée est encore très fragile et il nous appartient à tous d’en prendre soin. Agadez a trop souffert et saigné de cette guerre absurde qui n’a semé que deuils et désolation! Des bras valides de notre pays sont partis ; emportés par les armes ; emportés par la bêtise humaine ! La guerre est aujourd’hui terminée ! Evaluons les résultats : qu’à eu Agadez de positif ? Qu’à eu le Niger d’honorable ? Rien ! Absolument rien qui puisse être comptable sur l’ardoise des acquis. Que les dégâts de cette rébellion servent de leçon aux uns et aux autres pour que plus jamais de telles pratiques ne se reproduisent. Il faut désormais que le langage des urnes ravisse la vedette à celui des armes et que la population d’Agadez se fasse autrement entendre et comprendre.

Nous avons dans cette région des hommes politiquement valables qui sont partis s’abîmer dans un conflit fratricide sans issue. La population d’Agadez à l’image du reste du Niger ne veut entendre que le chant de l’unité et l’hymne du travail.Le peuple du Niger par la voix de son président a pardonné à ses fils fautifs. Et comme l’heure est au pardon et à l’oubli, il faut que se noient la démagogie et les délateurs avec. Ces jeunes qui ont tout abandonné pour prendre les armes contre leur propre pays, qui ont séquestré; tué et blessé leurs propres frères-souvent innocentsau nom d’un idéal doivent accepter d’oublier! Ces forces de défense qui ont elles aussi tué; blessé; torturé; emprisonné des pauvres citoyens qui n’ont souvent rien à voir avec ce conflit doivent aussi accepter d’oublier.

Les plaies -même les plus profondes- finissent toujours par guérir et se cicatriser. Cependant comme le dit un adage, « il est plus facile de faire la guerre que de faire la paix ». Des mesures d’accompagnement doivent être immédiatement mises en route. Il est impérieux de ne point laisser le temps au temps de gâter ce processus. L’histoire- celle des accords passés avec les ex-fronts- de la première rébellion doit nous édifier. Ayant beaucoup compté sur l’aide de certains pays pour tenir certaines promesses à certains fronts de cette rébellion, le Niger s’est empêtré dans le fatras de l’incohérence par faute de moyens. Maintenant que cette paix est véritablement en marche, il faut que sonne enfin l’heure du sacrifice. L’Etat du Niger doit consentir à ses fils revenus ce qu’il peut et eux accepter dans la dignité le peu qui leur sera donné avec une bonne dose de patriotisme.

A ces ex-combattants, le bon sens doit recommander d’éviter désormais le piège sans fin d’embrouilles dictées par des élans mercantiles, personnels, et ou purement revanchards. A l’Etat du Niger de saisir à bras-le corps le problème du nord pour lui trouver une solution inscrite dans la durée et la prise en compte des valeurs intrinsèques des communautés y vivant. Il ne sert à rien de tourner en rond autour de la seule et unique question du chômage des jeunes de la région. Les sociétés minières doivent jouer franc-jeu dans le recrutement de la main-d’oeuvre locale. Il y va de leur quiétude et au delà de leur propre survie pour que grandisse le NIGER dans la paix et la dignité.

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