dimanche 29 novembre 2009

Exclusivité : Aghali Alambo, président du MNJ se confie à Aïr Info


Exclusivité : Aghali Alambo, président du MNJ se confie à Aïr Info
Écrit par Issouf HADAN (AÏR-INFON° 104 du 15 octobre au 15 novembre 2009)
Vendredi, 27 Novembre 2009 14:12


“Nous n’avons jamais refusé la paix avec Tandja, nous n’avons jamais été contre lui ! Et si on n’a mis du temps avant de faire cette paix, c’est parce qu’il y avait des mauvais conseillers quelque part qui défendaient leurs propres intérêts...”, affirme Aghali Alambo..

Après plus de deux ans de guerre contre l’Etat du Niger, vous voilà de retour à Agadez. Quelles sont vos impressions ?

Je vous remercie de me permettre de parler aux populations de la région d’Agadez et celles de tout le pays. C’est pour moi un grand jour aujourd’hui ! Je suis revenu chez moi à Agadez ; je suis revenu dans mon pays le Niger pour construire la paix après plus de deux ans de résistance dans les montagnes de l’Aïr. C’est suite à la récente rencontre entre la délégation officielle du Niger et les fronts armés qui a permis d’accélérer les choses et d’espérer des bons résultats. Et ce qui a beaucoup retardé la concrétisation de cette paix, c’est la non reconnaissance de notre mouvement par les autorités du Niger. Du côté du MNJ, nous avons toujours soutenu être favorables à tout ce qui va nous conduire vers la paix, mais une vraie paix.
Avez-vous posé des conditions avant de déposer ces armes ?

Je vous dis que la paix ce n’est pas le fait de déposer ou de brûler les armes. Il vous souvient qu’en 1995 il y avait eu des accords entre les rebelles et le gouvernement du Niger suivi d’une flamme de la paix en 2000. Des promesses ont été faites aux ex combattants. Après plus de quinze ans de patience suite à des promesses non tenues les jeunes ont regagné les montagnes pour réclamer la justice. Donc voyez-vous dés qu’il y a un petit mouvement des mécontents les jeunes vont les rejoindre. Pour éviter ce perpétuel recommencement, il faut créer les conditions d’une paix durable en traitant les problèmes qui conduisent ces jeunes à prendre les armes. Il faut beaucoup de patience pour arriver à une paix définitive.

Le MNJ a déposé les armes en Libye contrairement au FPN. Qu’est ce qui explique cela ?
Ecoutez depuis le début de cette insécurité au nord de notre pays, il y a plus de deux ans, le Guide libyen a entrepris des démarches pour ramener la paix dans la partie septentrionale de notre pays. Pendant ces années, le dirigeant libyen n’a pas eu de quoi convaincre l’Etat du Niger. C’est suite aux différents accrochages avec les militaires et que nous ayons fait des otages dans leurs rangs que le guide nous a proposé de libérer ces militaires pour que de son côté, il puisse convaincre les autorités du Niger d’accepter de dialoguer avec les différents fronts armés du nord Niger. C’est le lieu de remercier la Libye pour ces efforts dans la recherche de la paix dans le nord de notre pays. Il faut savoir que l’Algérie a beaucoup aidé les réfugiés touaregs sur son territoire et je remercie au passage les autorités de ce pays.

Des gens croupissent en prison dans le cadre de cette insécurité. Qu’en est-il de leur cas?
Leur cas nous a toujours préoccupé. Et c’est pourquoi lors de la rencontre de Tripoli, le ministre de l’Intérieur M. Albadé Abouba a pris l’engagement de faire libérer tous les prisonniers! Il a dit qu’on va tourner la page et on lui fait confiance.

Y’a-t-il eu d’autres engagements pris par la partie gouvernementale en Libye ?
Oui, celui de nous faire rencontrer son Excellence le président Tandja Mamadou et de parler directement avec lui des maux qui ont poussé à prendre les armes contre notre propre pays. Sachez le ! Nous n’avons jamais refusé la paix avec Tandja, nous n’avons jamais été contre lui ! Et si on n’a mis du temps avant de faire cette paix, c’est parce qu’il y avait des mauvais conseillers quelque part qui défendaient leurs propres intérêts.

M. Aghali Alambo, si jamais le Niger ne tient pas encore ses promesses, est-ce à dire que vous prendriez à nouveau les armes ?
Bon, je pense que prendre ou reprendre les armes n’a jamais été de notre propre volonté, cela a toujours été un dernier recours pour nous. C’est un principe chez les Touaregs de ne jamais se laisser piétiner. Nous sommes une communauté respectueuse des droits mais qui a un honneur qu’elle défend jalousement. Même demain si quelqu’un nous piétine sur la tête, on réagira ! Que je réagisse moi-même ou pas, il peut y avoir un autre qui le fera. Vraiment, ce qu’il faut éviter, c’est le mécontentement qui naît de la marginalisation.

Maintenant que la guerre est finie que comptez faire ? Revenir à Agadez pour vos affaires ou bien vous vous installeriez en Libye ?
Ce qui me tient le plus à coeur, c’est le retour de la paix dans notre pays. J’aimerai un jour voir cette paix s’installer. Vous savez c’est difficile de vivre loin des siens. Même si vous vivez ailleurs tôt ou tard vous seriez obligés de revenir au bercail. Alors laissons le temps au temps (rires)..

Quel est aujourd’hui votre message à l’endroit des populations victimes de ce conflit ?
Ecoutez, vraiment nous sommes très touchés par la situation dans laquelle s’étaient retrouvées les populations durant ce conflit. Nous reconnaissons que ce n’était pas comme les autres conflits que nous avions connus. Cette fois, il y a eu un débordement sans commune mesure, des innocents ont payé de leur vie ; des vieux ont été massacrés. Cela nous a fait beaucoup mal. C’est vrai qu’on peut s’attendre à tout en situation de guerre mais avouons aussi que le gouvernement ne s’était pas préoccupé du sort des pauvres. Il a instauré une logique de laisser-faire qui a légalisé des conduites déplorables de deux côtés. C’est d’ailleurs compte tenu de ces souffrances gratuites que nous avons décidé d’arrêter tout ; mettre fin à cette situation même si on n’a pas atteint tous nos objectifs. Je profite ici pour appeler les pays amis du Niger à venir en aide à ces pauvres gens qui ont tout perdu.

Aucun commentaire: