mardi 27 octobre 2009

Amnistie à la nigérienne : un « Grand Pardon » sous le glaive de l’uranium


Thomas FORTUNE, Président de l’internationale touarègue-27-10-09



Un épilogue cocasse. Le Guide avait commencé son travail en 2006 en lançant à Timbuctu son projet de Ligue des Tribus du Grand Sahara. Début 2009, dopé par la présidence de l’Union Africaine, « j’ai décidé que la paix règnerait au Sahara » a-t-il dit dans son « appel aux rebelles du Mali et du Niger ».

Dans une précédente acclamation, en 2008, il écartait la nécessité de la fondation d’un Etat touareg, affirmant que s’il y avait nécessité de le créer, il aurait été le premier à l’encourager, à le reconnaître et à faire de la ville d’Ubari, dans le sud- libyen, la capitale. Il a relevé que si le millier de tribus composant l’Afrique réclamait chacune de former son Etat, le continent sera composé de mille Etats, ce qui est, de toute évidence, impossible… (Source Pana Tripoli).

Ainsi la question touarègue serait scellée par son nouveau guide à celle de toutes les tribus de l’Afrique et sera arrangée si et seulement s’il y a nécessité et si le guide devient un jour roi des mille tribus, bien sûr…

Dès lors, les fronts choient les uns après les autres. Repus, deux grands chefs nomades hésitent à se fixer entre Lybie et Algérie après avoir attroupé pendant deux ans au Mali et au Niger. Le général trois turbans condamné à mort par contumace, disparaît une fois ouvert, depuis la France, « la bataille de l’uranium » ; resurgit six mois plus tard sous la représentation du frérot pour requérir une bonté présidentielle.

Un émissaire de fortune moelleux et hésitant, maire étrangement auto-déchu, agronome de circonstance et magnanime, s’envole vers l’hexagone pour le sillonner avec son rémora, rallie dans son exil la rébellion en abandonnant sur place non sans une légère contrariété famille et biens, saisit quelques mains, s’en retourne pour générer avec d’autres un « front de rébellion pour la paix » et séduire pour la députation.

Et puis il y a tous les autres. Vivants endeuillés sans frère ni terre

Pauvres affamés sans le sou

Morts cadavéreux sans espoir sous terre

Combattants utilisés, décalés dans les errements, embarrassés d’arsenal

Un jour bien choisi, une grâce a été lue sur les ondes. Le rideau s’est-il déchiré ? Que nenni !

Le territoire touareg perpétuellement sous décret de mise en garde

Les encellulés d’opinion toujours en cellule

Les réfugiés constamment en refuge

Les villages détruits oubliés ?

Les animaux abattus en pertes et profits ?

L’aide aux inondés détournée

Une opposition brutalisée relayant la résistance

Et le Niger, humainement pauvre,

Affame

Et assoiffe.

Un siècle d’exploitation uranifère en territoire touareg. Et après. A l’abri dans l’antre de la terre, des besogneux œuvrent à Azelik, Akokan, Arlit, Imouraren. Pour certains, c’était il y a près d’un demi siècle. Pour d’autres ce n’est que l’enfantement de 40 années minimum à venir. D’autres réserves sont en attente… Tout n’est-il pas déjà piqueté ?

Dans un demi siècle, la plupart d’entre nous ne seront plus là ; le guide non plus, qu’adviendra t-il de son royaume, des Tribus du Grand Sahara et de la capitale des Touareg ?

A combien se vendra alors le kilogramme d’oxyde d’uranium en 2050 ? Acheté 20 € au Niger jusqu’en 2007

Négocié à 60 € en 2008

Cours mondial en 2009 à 100 €,

Areva annonce sur Challenges une progression de son chiffre d’affaires de 3,3 milliards € grâce au minerai.

Ouvrir enfin les yeux à partir d’ordres de grandeurs approximatifs. Merci à chacun de faire les comptes exacts et de les publier.

Cours de l’uranium Le prix du marché du kilogramme d’uranium est resté longtemps inférieur à 20€ ;

Il a connu une pointe à 300 € en 2007. Son cours actuel est de 100€ ; Le prix d’achat au Niger conclu au dernier contrat est de 60,98€ (40 000 FCFA) ;

L’ancien prix était de 27 300 FCFA.

Tout a été renégocié. Quelqu’un connait-il le dernier prix ? Où va l’argent ? Pourtant le territoire quadrillé et saccagé, les autochtones le percevront ?)

Prix de la tonne d’Unat et consommations Il faut environ 20 tonnes d’uranium naturel pour produire 1TWh (1 TWh = 1 million de MWh qui valent 1000 kWh)

Coût de production d’électricité en France Le coût de production de 1 MWh pour une centrale neuve est annoncé entre 30 et 50 € mais vendu à plus de 100€ (12,11 euros pour 100 KWh par les ménages français, source EUROSTAT 2007).

Reprenons nos comptes. Pour produire 1 TWh, il faut donc 20 tonnes d’uranium à 60€ achetées 1 200 000 € au Niger...

Or la production d’1 TWh est vendue plus de 100 millions d’euros. Nous sommes dans un rapport supérieur à 100 ! Certes, il y a du travail entre les deux, cependant cela reste énorme.

Il faut y voir plus clair car on approche de l’indécence, surtout lorsqu’il y a morts d’hommes et ventres vides dans le pays le plus pauvre du monde depuis un demi siècle.

En 2008, la production d’électricité en France est d’environ 500 TWh dont 418 TWh nucléaires qui nécessite 9000 tonnes d’Unat (la France en achète plus car il y a aussi des exports d’électricité qui ne sont pas comptés ici).

Faites maintenant vos comptes à partir des prévisions d’extraction du président nigérien...

De plus en plus de pays se demandent pourquoi ils ne feraient pas une partie de l’enrichissement qui rapporte tant. La Namibie est en train de se préparer à cette transformation.

Que propose t-on aux populations du nord Niger en contrepartie de la razzia sur leurs terres ? A qui profite la manne d’Uranate ? 300 à 400 euros par combattants, a-t-on vu. Juste de quoi tenir un semestre ;

Guère davantage pour les chefs et quelques propriétés en républiques islamiques sahariennes, on sait que ce n’est ni le Niger ni le Mali qui les entretiennent ;

Le pardon pour tous, y compris les civils innocents… ça ne coute rien ;

Liberté pour les encellulés-otages. La liberté n’a pas de prix, dira t-on ;

Pollution des eaux, de l’air et des aliments. Maladies comprises dans le contrat de concessions. Qu’importe on mettra en place un observatoire de la santé par arrêté ;

Raréfaction de l’eau, accélération de la désertification (humaine aussi) ;

Abandon de l’élevage en zones arides et disparition des faunes (quelques 100 ans après les éléphants, les autruches et les outardes) ; Droit éminent de l’Etat sur les terres par rapport au droit coutumier ;

Evincement des populations de leurs terres ;

Emplois dans les exploitations inférieurs aux activités disparues (élevage) ;

Peu importe l’opposition politique et la société civile (ROTAB/PCQVP, Transparency Initiative, etc.), « circulez, il n’y a rien à voir » en pays touareg.

Le projet du président-griot pour les Touareg s’accomplirait-il ? Plus aucun Kel Tamasheq éleveur au nord de son pré carré.

L’assurance d’une disparition programmée en 2050 ! C’est d’une simplicité mathématique.

Tous les instruments et mécanismes existent pourtant, mais cela visiblement ne s’ordonnance pas par décret présidentiel ; C’est autour d’une table qu’on en parle. Sur pièces. La France, l’Europe, le Niger, les peuples et les Nations unies, malgré les dires des uns et des autres, sont liés durablement. A quand la Contribution Energétique Equitable des Français au développement humain des peuples du Niger ?

Thomas FORTUNE Président de l’internationale touarègue

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