lundi 15 juin 2009

Mali - Massacres derrière le fleuve


Mali - Massacres derrière le fleuve
Lundi 15 Juin 2009


Vendredi 12 juin, aux environs de 4h00 du matin, à quelques kilomètres de Tinatessen, dans le Gourma, à mi chemin entre Fafa et Tessit, un campement d’une tribu de lettrés musulmans Kel Essouk a été attaqué. On dénombre six victimes à ce jour, Almahmoud ag Rhissa, Hassan el Ansari, Taghlift ag Mohamed, Ismaghil ag Mohamed et Mahmoud ag Mohamed Ahmed. L’épouse de Taghlift, Wiski wulet Gezengezi est décédée des suites de ses blessures lors de son évacuation vers Ansongo. Plusieurs enfants ont par ailleurs été blessés ainsi que plusieurs adultes. Notre douleur à tous est indescriptible.
Voilà pour les faits. Qu’en est-il des auteurs ? Il ne fait plus aucun doute que les auteurs de ces crimes sont les membres du groupe « Ganda » Izo ou Koy, ce qui, au fond, ne fait pas grande différence. Leur leader, Amadou Diallo, est en effet un ex-cadre du MPGK (Mouvement patriotique Ganda Koy). Déjà auteur, en septembre 2008 de l’assassinat de quatre personnes, des bergers, venus faire des achats en ville, à Harara, une localité proche d’Ansongo, le mouvement Ganda (« terre, sol, état » en langue songhay) réïtère ses assassinats, tuant aveuglément, blessant des femmes et des enfants innocents.
Voilà pour les auteurs. Qu’en est-il de leur mobile ? A priori, il pourrait se résumer en un mot : folie. Folie meurtrière, où quand une tuerie en rappelle une autre. Tout le monde a en mémoire le massacre du campement d’Anara, autre lettré musulman de la tribu des Kel Essouk aux environs de Gao, en octobre 1994. Mais leur mobile serait en réalité plutôt l’envie. L’envie. La jalousie. Le besoin irrépressible de posséder ce que les autres ont et que l’on a pas soi-même. Le mouvement mené par Akli Iknan, (baptisé par certains de la « jeunesse imghad ») après plusieurs mois de rébellion contre le Gouvernement malien, de prises de casernes et d’objectifs purement militaires, a accepté de déposer les armes (le 20 avril 2009) à Tessit en échange d’un programme de développement pour la région qu’il représente et qu’il défend, le Gourma. Ses revendications se résument en un mot : développement. Jaloux de ce que les Touaregs venaient d’obtenir, croyant que la rébellion est une recette pour faire recette, les Ganda Izo ont commis ce nouveau massacre de civils pour soi-disant affirmer l’existence de leur mouvement et exiger des négociations, un programme de développement, des intégrations dans l’administration malienne... Leur raisonnement heurte la compréhension.
Voilà. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’armée avait pris Amadou Diallo et ses sbires en septembre 2008 et les avaient finalement relâchés deux mois tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Libre. Libre de commettre à nouveau des exactions. Depuis samedi, l’armée, pourtant sur place, n’a toujours rien tenté contre les Ganda Izo. Hier dimanche, trois Ganda ont été tués par un habitant du Gourma.

Mohamed Ag Ibrahim
Collectif Euro-Saharien pour la paix

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