mercredi 10 juin 2009

Le Sahara, gigantesque ferme solaire : une utopie ?


Le Sahara, gigantesque ferme solaire : une utopie ?
mercredi 10 juin 2009


Des capteurs solaires sur un vingtième de la surface du Sahara fourniraient assez d’électricité pour approvisionner le monde entier. Le problème est d’exporter cette énergie à un coût raisonnable...

Dans la quête aux nouvelles sources d’énergie durables et renouvelables pour satisfaire la demande mondiale, de plus en plus de voies sont explorées. Terre, mer, air et espace sont des cadres de réflexions autour de la valorisation énergétique : récupération de l’énergie générée par le mouvement des vagues, construction de centrales solaires dans l’espace pour s’affranchir du problème de l’intermittence, et encore bien d’autres idées qui fleurissent.

Parmi elles, l’implantation de centrales solaires en plein désert.

Les déserts, en général très faiblement peuplés, présentent déjà l’avantage de la disponibilité de l’espace. Ensuite certains déserts comme le Sahara sont de véritables oasis d’énergie du fait d’un ensoleillement direct fort (1) et quasi-permanent (3000-3500 heures d’ensoleillement par an contre 1500 h à Paris). D’autre part, les technologies solaires –photovoltaïque et solaire à concentration- ont atteint aujourd’hui une maturité suffisante pour envisager le déploiement de grandes fermes solaires sur les sites répertoriés comme étant les plus favorables

Des champs de capteurs solaires cylindro-paraboliques implantés sur 1/20 de la surface du Sahara (2) suffiraient pour couvrir la consommation mondiale d’électricité qui est d’environ 18.000 TWh/an. Fort de ce constat, le réseau TREC (Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation), en collaboration avec le centre aérospatiale allemand (DLR) dans le cadre du Projet DESERTEC, mène depuis quelques années des études dans le but d’évaluer la faisabilité d’un concept visant à produire de l’électricité et de l’eau douce au moyen de centrales solaires à concentration implantées dans le Sahara. L’idée est de produire de l’eau douce par des procédés de dessalement de l’eau de mer (par distillation ou par membrane) qui utilisent une part de l’électricité ou de la chaleur produite par l’installation solaire. Le projet vise, d’une part, à donner des perspectives de développement pour ces pays du Sahara et d’autre part à exporter une part de l’électricité produite pour satisfaire la demande européenne en énergie verte.

Comme souvent, le coût d’un tel projet est le principal frein à son accomplissement. Le transport de l’électricité sur de longues distances devra se faire en courant continu haute tension mais le coût de cette technologie reste très élevé (environ 500M€/1000km pour une ligne CCHT de 2GW).

Néanmoins, cet obstacle du coût n’empêche pas que d’autres initiatives européennes prévoient le même type de valorisation du solaire. Ainsi le Plan solaire Méditerranéen envisage jusqu’à 20 GW de production solaire sur le pourtour méditerranéen d’ici 2020.

Valoriser ce potentiel d’énergie inépuisable des déserts nécessitera aussi la mise en place de mécanismes d’incitation et d’instruments promotionnels (tarifs de rachats, certificats verts) pour rendre ces investissements concurrentiels. Les tarifs de rachat garantissent un tarif fixe de rachat de la production d’électricité d’origine renouvelable qui permet à l’investisseur de rentrer dans ses coûts. Les certificats verts sont aussi un moyen de promouvoir les énergies renouvelables : un producteur d’énergie renouvelable se voit attribuer des certificats verts qu’il peut par la suite valoriser au sein d’un marché dédié.

Ce sont des mécanismes bien connus qui ont déjà prouvé leur efficacité depuis quelques années dans le contexte européen et qui permettraient d’ajouter de la valeur à l’investissement dans le solaire saharien.

Notes (1) Récemment des relevées effectuées par la NASA entre 1983 et 2005 placent la région d’Agadem (Niger) au second rang des zones recevant le plus d’ensoleillement au cours de l’année avec en moyenne 6.78Kwh/m²/jour. (2) Données de calculs : rendement annuel net de conversion solaire-électrique=20%, intensité moyenne du rayonnement direct=2Twh/km²/an

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