vendredi 29 mai 2009

tanja/L’impasse, en attendant la tempête !


L’impasse, en attendant la tempête !
Écrit par BARMOU (HEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS GÉNÉRALES ET DE RÉFLEXION - N° 57 DU 28 MAI 2009)
Vendredi, 29 Mai 2009 07:51

Décidément, le Niger est à nouveau à la croisée des chemins. Comme dix ans auparavant, dans une logique de lutte contre l’usurpation du pouvoir démocratique, avec la différence que cette fois, c’est un homme bien élu et réélu, qui faisait partie de ceux qui stigmatisaient le régime du Président Baré, qui tente, malgré l’avis catégorique de la Cour constitutionnelle, malgré les mises en garde de la classe politique et de la société civile, malgré les conseils avisés des observateurs extérieurs, de s’imposer et d’imposer aux Nigériens un pouvoir personnel, total et à durée indéterminée. Or, jusqu’à preuve du contraire, l’Etat du Niger n’offre pas à sa clientèle politique un contrat à durée indéterminée. Tandja, nous n’avons cessé de le dire, s’est inscrit dans une logique pleine de périls pour le Niger. Dans un pays où l’on croit profondément aux signes, il n’y a pas lieu de douter un instant que la suite de l’aventure réserve une série d’évènements douloureux. La dissolution de l’Assemblée nationale est une très grave erreur de Tandja. En pensant fragiliser la position politique de ses adversaires politiques qui bénéficient jusque-là d’une immunité du fait de leur mandat de députés, Tandja a plutôt conforté la base du camp opposé, radicalisant la position des acteurs qui n’ont cessé de croire à une éventuelle rétractation du président de la République.

Pire, en déplaçant le théâtre du conflit qui se retrouve subitement dans la rue, Tandja perd véritablement le contrôle de l’évolution des évènements politiques. Il est vrai qu’il réduit ainsi toute tentative de l’Assemblée nationale d’enclencher une procédure de mise en accusation, menace qui lui pendait au nez, suite à la demande de deux centrales syndicales et à l’avis de la Cour constitutionnelle qui n’a laissé le moindre échappatoire à Tandja. Mais il complique davan- tage sa position politique en laissant penser qu’il a dissous l’Assemblée nationale du fait de l’avis défavorable de la Cour constitutionnelle.

Comment Tandja peutil se permettre de poursuivre un projet que la plus haute juridiction de son pays a jugé anticonstitutionnel et susceptible de lui valoir une poursuite judiciaire pour haute trahison ? Eh bien, c’est précisément parce que Tandja, Albadé et Cie ne s’imaginent pas échouer dans leur entreprise. Et une fois qu’ils auront réussi à imposer le « nouveau bout de papier » qui permettrait à Tandja de rester indéfiniment au pouvoir, alors on pourrait s’occuper de tous ceux qui empêchent de tourner en rond. La Cour constitutionnelle sera renouvelée ou purement supprimée (la question sera réglée par le « bout de papier » qui conviendrait à Tandja), les journalistes dénonciateurs seront poursuivis pour atteinte à l’honorabilité du chef de l’Etat ou pour crime de lèse majesté, les opposants seront envoyés à Koutoukalé, bref les libertés seront gelées et la démocratie cessera d’exister.

Mahamane Ousmane, Mahamadou Issoufou, Moumouni Adamou Djermakoye, Issoufou Assoumane, Abdoulaye Sanda et Cie ne pourront plus négocier quoi que ce soit, mais seront obligés de ramper aux pieds du « messie » pour trouver où se caser et se taire. Gare à celui qui osera dire le moindre défaut, la moindre erreur du « roi » Tandja, même en privé. L’information a vite fait d’être transmise au chef des « cerfs » qui sévit inévitablement. Le film de ce qui sera la République de Tandja est connu d’avance. Il est aussi noir que le charbon de Salkadamna. Ceux qui l’encouragent et qui le soutiennent ne savent ce qu’ils sont en train de créer. Nous avons bien vu Zakou Djibo, Ben Omar et bien d’autres s’agiter, crier urbi et orbi qu’il faut un référendum.

Ont-ils conscience de leurs actes ? Connaissent- ils seulement cette sagesse haoussa qui dit : ne t’attends point que celui qui a mangé son propre enfant épargne le tien ? Si d’aventure, l’on s’imagine que, sur la base de l’expérience Hama, il suffirait de faire arrêter Mahamadou Issoufou, Moumouni Adamou Djermakoye et quelques ténors de la scène politique pour faire taire toute velléité de contestation, ce serait une erreur supplémentaire qui enfermerait le Président Tandja dans un piège sans aucune issue. Il est certain que Tandja n’est pas du genre à se remettre en cause et à faire aveu public de ses erreurs. Au contraire, nous sommes convaincus qu’il persistera dans l’erreur, attiré irrésistiblement par l’odeur diabolique du pouvoir. Dans ce cas, la dissolution de l’Assemblée nationale ne lui aura permis que de différer l’échéance d’une fin inéluctable. Le Président Baré n’était pas un imbécile et Idi Ango Omar n’a rien d’un incapable.

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