vendredi 29 mai 2009

Rapport 2009 d’Amnesty International : Le Mali parmi les 157 pays épinglés


Assane Koné Le Républicain, 29/05/2009
Rapport 2009 d’Amnesty International : Le Mali parmi les 157 pays épinglés



« Au moins 10 personnes ont été tuées à la suite de l’intensification du conflit dans le nord du pays. Au cours de manifestations dénonçant des projets de privatisation de la distribution de l’eau, les forces de sécurité ont recouru à une force excessive, provoquant la mort d’une personne. Deux prisonniers mauritaniens ont déclaré avoir été torturés en détention. Les législateurs ont différé un projet de loi visant à abolir la peine capitale ». Telle est la synthèse, en ce qui concerne le Mali, du rapport 2009 de Amnesty international présenté le 28 mai 2009 à l’hôtel Nord-Sud.

Recours excessif à la force, tortures et mauvais traitements, la peine de mort et le conflit armé dans la région de Kidal, sont les points retenus, en ce qui concerne notre pays, par le rapport 2009 de Amnesty international. « Publié le 28 mai 2009, date anniversaire de la création de l’organisation internationale de défense et de promotion des droits humains, le rapport 2009 est un volumineux document de 480 pages », a indiqué Mme Kéïta Mariam Touré, secrétaire général d’Amnesty international Mali qui a représenté le Président à la cérémonie. Selon elle, il rend compte de façon sommaire, de la situation des droits humains dans 157 pays et territoire et couvre la période de janvier à décembre 2008. Elle a révélé que la partie principale de l’ouvrage porte sur une étude de la situation des droits humains, pays par pays, de l’Afghanistan au Zimbabwe.

En ce qui concerne notre pays, le résumé de l’état des droits humains fait ressortir que « des manifestations pacifiques ont été organisées pour protester contre la hausse du prix des produits de base, ainsi que contre les projets de privatisation de la distribution de l’eau dans le nord-ouest du pays. Au cours de l’année, au moins 250 migrants arrêtés en Espagne ont été renvoyés à Bamako, la capitale. Plus de 100 migrants arrêtés et détenus durant des mois en Libye ont également été renvoyés au Mali. Certains se sont plaints d’avoir été frappés par les forces de sécurité espagnoles et libyennes. Dans la région de Kidal, dans le nord-ouest du pays, le conflit a redoublé d’intensité, en particulier en mars et en avril ».

Par ailleurs, le recours excessif à la force, le conflit armé dans la région de Kidal, la torture et mauvais traitements et la peine de mort, sont des points qui ressortent clairement du rapport 2009 comme des préoccupations de Amnesty International sur les droits humains au Mali. En ce qui concerne le recours excessif à la force au Mali, le rapport rappelle qu’« En novembre, à Léré (nord-ouest du Mali), les forces de sécurité ont recouru à une force excessive à l’encontre de manifestants qui s’élevaient contre des projets de privatisation de l’eau. Au moins six personnes ont été blessées, dont l’une du nom de Kassim Sidibé est morte par la suite ».

Torture et mauvais traitements au Mali

Quant au conflit armé dans la région de Kidal, Amnesty international a constaté que « La persistance du conflit entre l’armée et un groupe armé touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga a entraîné la mort d’au moins cinq civils, dont certains ont péri dans des explosions de mines terrestres. En raison de ces troubles, des civils touaregs tentant de se réfugier au Burkina Faso ont également été tués. En mars, le groupe armé touareg a de nouveau violé un cessez-le-feu instauré pour une durée de six mois. Au cours de deux épisodes survenus en mars et en septembre, plus de 30 personnes, parmi lesquelles figuraient à la fois des civils et des soldats, ont été enlevées par le groupe et retenues dans le désert.

D’autres étaient détenues depuis 2007. Toutes ces personnes ont recouvré la liberté grâce à la médiation de la Libye, et Ibrahim Ag Bahanga s’est exilé dans ce pays. Deux touristes autrichiens pris en otage en Tunisie par une branche du groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont été transférés au Mali en mars avant d’être libérés en octobre. En septembre, un groupe armé d’autodéfense se faisant appeler Ganda Izo et dirigé par un ancien soldat aurait assassiné quatre Touaregs. Le chef de ce groupe et au moins 30 de ses éléments ont par la suite été arrêtés ».

En ce qui concerne la torture et les mauvais traitements au Mali, le rapport d’Amnesty international a révélé qu’au cours d’une mission en Mauritanie, des délégués d’Amnesty International ont rencontré deux citoyens mauritaniens qui avaient été arrêtés au Mali en novembre 2007 et qui étaient accusés d’appartenir à Al Qaïda au Maghreb islamique. Selon le rapport, ils ont été transférés en février 2008 en Mauritanie, où leur détention s’est poursuivie. « Les deux hommes ont déclaré à Amnesty International qu’ils avaient été torturés dans un centre de détention secret à Bamako. Parmi les méthodes de torture utilisées figuraient les coups de pied, les passages à tabac, les décharges électriques, la suspension par les bras et la privation de sommeil », révèle le rapport.

Quant à la peine de mort au Mali, l’organisation internationale de promotion et de défense des droits humains a constaté que l’avant-projet de loi visant à l’abolir n’a pas été examiné lors de la session parlementaire qui s’est achevée en juillet. « Les membres du parlement ont renvoyé la lecture et l’adoption du texte à une session ultérieure », révèle le rapport. Avant de déclarer qu’en mai, dans le cadre de l’examen périodique universel du Mali entrepris par les Nations Unies, un représentant malien a déclaré que son pays s’était engagé à abolir la sentence capitale et qu’un projet de loi relatif à l’abolition serait adopté avant 2012.

Selon le rapport, au moins 15 personnes ont été condamnées à mort. « En juillet, la cour d’assises en transport à Ségou a condamné à mort Broulaye Bagayogo pour tentative de meurtre et Najim Lahal Aly pour association de malfaiteurs, prise d’otages, vol qualifié et détention illégale d’armes à feu », indique le rapport. En dehors du Mali, se sont 156 Etats à travers le monde qui ont été épinglés dans ce rapport.

Assane Koné

Rapport Amnesty international 2009

PRÉFACE

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. »

Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948

Le Rapport 2009 d’Amnesty International rassemble des informations sur la situation en

matière de droits humains de 157 pays et territoires en 2008. Il dénonce les discriminations et l’insécurité structurelles qui empêchent les progrès

dans le domaine législatif de se concrétiser sur le terrain. Plus important encore, le Rapport 2009 révèle un monde où, bien souvent, les États choisissent à leur gré les droits qu’ils sont disposésà défendre et ceux qu’ils préféreraient étouffer.

L’ouvrage s’ouvre sur cinq résumés régionaux présentant les tendances et événements essentielsqui ont dominé l’actualité des droits humainsdans chaque région en 2008.

La partie principale est une étude de la situation des droits humains, pays par pays,

de l’Afghanistan au Zimbabwe. Chaque entrée commence par un résumé de l’état des droits

humains dans le pays traité. Elle expose ensuiteles préoccupations d’Amnesty International sur un certain nombre de questions, au besoin en citant des cas concrets.

Le fait qu’un thème ne soit pas abordé pour un pays donné ne signifie pas qu’aucun acte

relevant de ce sujet de préoccupation n’y a été commis, pas plus que l’absence d’un pays

ou territoire n’implique qu’aucune atteinte aux droits humains n’y a été perpétrée en 2008.

De même, on ne saurait mesurer l’importance des préoccupations d’Amnesty International

à l’aune de la longueur du texte consacré à chaque entrée.

MALI

RÉPUBLIQUE DU MALI

Chef de l’État : Amani Toumani Touré

Chef du gouvernement : Modibo Sidibé

Peine de mort : abolie en pratique

Population : 12.7 million

Espérance de vie : 53,1 ans

Mortalité des moins de cinq ans (M/F) : 206/189 ‰

Taux d’alphabétisation des adultes : 24 ‰ Au moins 10 personnes ont été tuées à la suite de l’intensification du conflit dans le nord du pays. Au cours de manifestations dénonçant des projets de privatisation de la distribution de l’eau, les forces de sécurité ont recouru à une force excessive, provoquant la mort d’une personne. Deux prisonniers mauritaniens ont déclaré avoir été torturés en détention. Les législateurs ont différé un projet de loi visant à abolir la peine capitale. Contexte

Des manifestations pacifiques ont été organisées pour protester contre la hausse du prix des produits de base, ainsi que contre les projets de privatisation de la distribution de l’eau dans le nord-ouest du pays.

Au cours de l’année, au moins 250 migrants arrêtés en Espagne ont été renvoyés à Bamako, la capitale.

Plus de 100 migrants arrêtés et détenus durant des mois en Libye ont également été renvoyés au Mali.

Certains se sont plaints d’avoir été frappés par les forces de sécurité espagnoles et libyennes.

Dans la région de Kidal, dans le nord-ouest du pays, le conflit a redoublé d’intensité, en particulier en mars et en avril.

Recours excessif à la force

En novembre, à Léré (nord-ouest du Mali), les forces de sécurité ont recouru à une force excessive à l’encontre de manifestants qui s’élevaient contre des projets de privatisation de l’eau. Au moins six personnes ont été blessées, dont l’une – du nom de Kassim Sidibé – est morte par la suite.

Conflit armé – région de Kidal

La persistance du conflit entre l’armée et un groupe armé touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga a entraîné la mort d’au moins cinq civils, dont certains ont péri dans des explosions de mines terrestres. En raison de ces troubles, des civils touaregs tentant de se réfugier au Burkina Faso ont également été tués.

En mars, le groupe armé touareg a de nouveau violé un cessez-le-feu instauré pour une durée de six mois.

Au cours de deux épisodes survenus en mars et en septembre, plus de 30 personnes, parmi lesquelles figuraient à la fois des civils et des soldats, ont été enlevées par le groupe et retenues dans le désert.

D’autres étaient détenues depuis 2007. Toutes ces personnes ont recouvré la liberté grâce à la médiation de la Libye, et Ibrahim Ag Bahanga s’est exilé dans ce pays.

Deux touristes autrichiens pris en otage en Tunisie par une branche du groupe Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont été transférés au Mali en mars avant d’être libérés en octobre.

En septembre, un groupe armé d’autodéfense se faisant appeler Ganda Izo et dirigé par un ancien soldat aurait assassiné quatre Touaregs. Le chef de ce groupe et au moins 30 de ses éléments ont par la suite été arrêtés.

Torture et autres mauvais traitements

Au cours d’une mission en Mauritanie, des délégués d’Amnesty International ont rencontré deux citoyens mauritaniens qui avaient été arrêtés au Mali en novembre 2007 et qui étaient accusés d’appartenir à Al Qaïda au Maghreb islamique. Ils ont été transférés en février 2008 en Mauritanie, où leur détention s’est poursuivie. Les deux hommes ont déclaré à Amnesty International qu’ils avaient été torturés dans un centre de détention secret à Bamako. Parmi les méthodes de torture utilisées figuraient les coups de pied, les passages à tabac, les décharges électriques, la suspension par les bras et la privation de sommeil.

Peine de mort

L’avant-projet de loi visant à abolir la peine de mort n’a pas été examiné lors de la session parlementaire qui s’est achevée en juillet. Les membres du Parlement ont renvoyé la lecture et l’adoption du texte à une session ultérieure. En mai, dans le cadre de l’Examen périodique

universel du Mali entrepris par les Nations unies, un représentant malien a déclaré que son pays s’était engagé à abolir la sentence capitale et qu’un projet de loi relatif à l’abolition serait adopté avant 2012.

Au moins 15 personnes ont été condamnées à mort.

En juillet, la Cour d’assises en transport à Ségou a condamné à mort Broulaye Bagayogo pour tentative de meurtre et Najim Lakhal Aly pour association de malfaiteurs, prise d’otages, vol qualifié et détention illégale d’armes à feu.

Le Mali n’a procédé à aucune exécution.

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