jeudi 7 mai 2009

Mamadou Tandja, l’ivresse du trône et de l’uranium


Hamidou Ouédraogo-http://www.lobservateur.bf/spip.php-06-05-09
jeudi 7 mai 2009


“Il faut un référendum parce que le peuple demande que je reste”. C’est la déclaration faite par le président nigérien, Mamadou Tandja, à notre confrère français Libération le 4 mai 2005 à la faveur du lancement de la construction de la mine d’uranium d’Imouraren (le plus grand gisement d’Afrique) au nord du Niger.

C’est donc maintenant clair, Tandja, qui doit, comme le veut la constitution de son pays, quitter le pouvoir au terme de deux mandats consécutifs, tient à rempiler pour une troisième fois. Prétextant un appel du peuple, auquel il ne peut rester « insensible », le président nigérien est prêt à utiliser tous les moyens pour s’accrocher au fauteuil présidentiel. Sachant que la voie parlementaire est semée d’embûches, Mamadou Tandja veut la contourner en ayant recours à l’épreuve du référendum.

Cette volonté de règne ad vitam aeternam expliquerait-elle l’envoi de l’ex-Premier ministre Hama Hamadou dans les geôles nigériennes ? En tout cas, on ne peut s’empêcher de le penser, surtout que le susnommé est considéré comme le potentiel candidat qui puisse lui succéder. Par le référendum, Mamadou Tandja est certain, qu’il pleuve ou qu’il neige, que ses vœux ardents de se maintenir au pouvoir seront exaucés. Et il déploie à cet effet des efforts, notamment en ameutant ses partisans à travers le mouvement dénommé « Tazarce » (« que ça continue » en langue haoussa) pour légitimer sa soif de briguer un second mandat en violation des clauses limitatives de la Constitution.

L’entêtement de Tandja à ne pas débarrasser le plancher est-il réellement guidé par son amour pour le bien-être des Nigériens ? Il prétend qu’il a des chantiers à terminer, oubliant que, même si la loi fondamentale lui garantissait un règne à vie, il ne pourrait vivre éternellement. Il faut bien que quelqu’un, un jour ou l’autre, prenne la relève et poursuive ses mandats. Un être humain ne pouvant se prévaloir de pouvoir terminer ses chantiers ici-bas.

Tous ces questionnements nous amènent à douter de la bonne foi de Mamadou Tandja dans sa rencontre, le week-end dernier, avec les rebelles touaregs. D’autant plus que celui-ci a, au départ, refusé la solution du dialogue, préconisée par le Parlement et des organisations non gouvernementales. On se rappelle même qu’il avait qualifié les leaders de cette rébellion de « bandits armés et de trafiquants de drogue ». Qu’est-ce qui peut bien donc expliquer ce retour à de meilleurs sentiments, après s’être longtemps opposé à l’existence d’une rébellion dans son pays ? C’est dire que, par ce revirement du président Tandja, qui accepte de se désavouer pour revenir là où il fallait commencer, le dialogue, le retour de la paix au Niger sont loin d’être sa préoccupation. Cette option pourrait cacher ses desseins louches et fallacieux.

L’un d’entre ceux-ci pouvant être de baliser le terrain pour que, au cas où « le peuple » lui renouvellerait sa confiance, il puisse jouir paisiblement des richesses du pays. Ce que Tandja donne de la main gauche en amadouant les rebelles, manifestement, il entend le reprendre de la main droite en recourant au référendum pour court-circuiter le Parlement et prolonger indûment son bail à la tête du futur deuxième producteur mondial d’uranium, le dernier accord en date avec AREVA faisant.

Hamidou Ouédraogo

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