samedi 23 mai 2009

Touaregs du Sahara et Antropologues français




Deux écoles aux visions opposées, s'intéressent aux Touaregs du Mali au Niger, en passant par la Libye, le Burkina Faso et l'Algérie. La première, directement issue de la vision colonialiste est représentée pêle-mêle par Monod, Sèbe, Conrad, Casajus, Bourgeot, Bernus, Ascani, Boilley, Hureiki, Salifou etc., etc., etc. Qu'ils soient anthropologues ou écrivains, photographes ou journalistes, cinéastes ou personnels d'ONG, ils ont été, à un titre ou à un autre, le visage de la "françafric" au Sahara ces dernières décennies. "Spécialistes" du Sahara et du monde touareg, ils constituent les yeux et les oreilles du système néo-colonialiste français qui s'appuie sur leurs écrits ou témoignages pour mettre en place sa politique sur cette partie du globe jalousement surveillée à cause des richesses minières de son sous-sol (uranium, pétrole, or, charbon, bauxite etc.).
A la différence de leurs ainés (le Père de Foucauld, Cortier, Gardel, Nicolas, Clauzel, Gourreaud, etc.) qui étaient curés, militaires ou administrateurs servant d'informateur et de relais à l'empire colonial français qui, rappelons-le, a massacré les populations touarègues du Hoggar, de l'Adrar, de l'Azawak et de l'Aïr, cette génération de "spécialistes" a su, après la décolonisation, se changer en anthropologues, chargés de missions, chefs de projet machin, spécialistes des bidules... et autres consultants ou coopérants au développement. Ils travaillent pour le plus offrant, tantôt pour le compte de l'ancien empire colonial, tantôt pour des multinationales, tantôt pour les nouvelles républiques indépendantes africaines.
Cette première école d'anthropologues, d'écrivains, de photographes, de cinéastes, d'ONG et d'associations « amies » des Touaregs continue de fonctionner sur les mêmes principes et ce 60 ans après les indépendances africaines et, partant celle du Sahara. Leur soi-disant « amour » du Sahara et des Touaregs ne trompe plus personne, il est synonyme de carrière, de frais de mission, de véhicules climatisés, de villas... Cette école, dont les temples restent le CNRS, les Universités, l'IRD et autres organismes similaires, continue de voir en nous Touaregs des espèces de tribus éparpillées au Sahara sans vision du politique, sans conscience de l'idée de nation et donc d'une appartenance à notre territoire malgré les démentis assénés sur le terrain depuis des siècles. Ils continuent de vendre leurs produits "prêt-à-penser-néo-colonial" et d'animer les galeries d'art branchées occidentales avec la même hypocrisie construite sur les seuls clichés : homme bleu sur son chameau, poésies, dunes… Ils continuent de voir en nous des sortes de Robin des bois des temps modernes, sympathiques malgré tout, à l'heure où nous raisonnons en termes de démocratie, de création de partis politiques, de décentralisation du pouvoir et de l'administration et que nous affichons nos revendications politiques dans les résistances qu'a connues le Sahara depuis 1963. Nous vivons dans des grandes villes, utilisons comme eux quotidiennement les nouvelles technologies : internet, voip, face book, téléphone satellitaire... Nous pilotons des avions, sommes des ingénieurs, enregistrons des disques (et pas uniquement de musique folklorique), écrivons des livres, sommes des chefs d’entreprises, étudions dans les meilleures universités européennes, américaines, asiatiques et arabes et défendons nous-mêmes notre culture, notre identité et l’existence de notre nation.
A l'heure où il suffit de cliquer sur Google pour se renseigner sur l'actualité du peuple touareg, les animateurs anthropologues de ces temples dépassés par les événements continuent de justifier leurs salaires et les budgets alloués à leurs recherches par une sévère mauvaise foie et un refus insensé de voir la réalité en face, telle qu’elle est. Nous ne correspondons pas (et n’avons jamais correspondu) à cette image galvaudée qui fait de nous des êtres sans patrie, juste propriétaires de chameaux, razzieurs à l’occasion. Quand cette vision sera-t-il supplantée par une nouvelle ?
Il est temps, que les idéaux colonialistes de ces nostalgiques soient remplacés par un partenariat honnête et sincère qui nous fera grandir et partager plus de justice et d'objectivité dans l'avenir. Ceci, avant que ne se développe un sentiment anti-français chez les Touaregs comme en Côte d'Ivoire, au Rwanda, en Algérie qui sont des exemples si proches. Pour cela, il faut que la vision défendue par quelques personnes dont Hélène Claudot-Hawad, parce que plus proche de la réalité, soit reconnue en France comme en Afrique. Ceci contribuera à dissiper les malentendus et les rancœurs et à mettre au service de tous des études et des supports afin de mieux coopérer pour le développement et le respect de la culture de l'Autre fut-il à moitié nomade, donc différent.

Omar Ag Mohamed Mokhtar IBRAHIM
Internationale touarègue


commentaire:

C'est un très bon article sur ces profiteurs.Ils filment,photographient,écrivent et animent des conferences en Europe et surtout en France..Mais qu'est ce qu'ils ont fait pour le Sahara et le Peuple Touareg?Rien même pas condamner les exactions des civiles au Sahara.Pourquoi n'ont'ils pas ouvert des écoles de photographes,apprendre à filmer,dire la vérité sur nous,envoyer des copies de leurs livres,films ,écrits au Sahara ,pour que l'on voie ce qu'ils font ?Respectent- ils les droits d'auteurs à l'image ,au son,de ces milliers de touaregs qu'ils utilisent dans leurs oeuvres ?
NON ET POURQUOI DAMES ET MESSIEURS ?parce que le même droit en France ne s'applique pas au SAHARA et a l'AFRIQUE????

Ebidiy

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