lundi 23 mars 2009

Areva où tu vas ?


Areva où tu vas ?

CaDerange-http://www.enerzine.com/

lundi 23 mars 2009

Areva est une société unique au monde par ses activités intégrées, particulièrement active en cette période de relance mondiale de l’industrie nucléaire et néanmoins en position de faiblesse face à des besoins financiers énormes et à des changements d’alliances critiques. Sans compter une compétition dans le monde qui se précise, se consolide en un nombre limités d’acteurs majeurs dans le monde et des besoins qui se diversifient en taille et en modèle de fonctionnement.

Rappellons tout d’abord qu’ Areva est à la fois un groupe minier important mais spécialisé dans l’extraction de l’uranium, au Niger au Kazakstan, au Canada et ailleurs, ensuite un producteur d’uranium enrichi pour utilisation comme combustible dans les réacteurs nucléaires, puis un concepteur de réacteur nucléaire, l’EPR en particulier et enfin un industriel qui traite les déchets issu du cycle du combustible soit pour en séparer les éléments réutilisables, plutonium en particulier, pour produire et revendre de nouveaux combustibles soit pour encapsuler en les vitrifiant les sous produits inutilisables voire indésirables du cycle nucléaire. Ce qu’il n’est pas par contre, c’est opérateur/exploitant de centrales atomiques non plus que concepteur global de centrale, encore qu’il s’en soit rapproché dans le cas de l’installation de l’EPR finlandais.

Signalons qu’au delà du réacteur lui même qui est le cœur de la centrale, on y trouve des turbo alternateurs qui transforment la vapeur produite au cœur du réacteur en électricité dont Alstom est un des spécialistes mondiaux.

Autres curiosités : D’abord, Areva a racheté à Alstom, alors en grave difficulté financière, sa division de matériel de transport et de distribution d’électricité, Areva T&D, une division profitable et qu’Areva a su développer mais qui n’a pas grand chose à voir avec ses autres activités et surtout Areva avait accueilli dans le capital de sa coentreprise Areva NP, l’Allemand Siemens autre grand des réacteurs nucléaires en Europe, avec lequel le concept de l’EPR a été développé( l’ERP est la conjonction des expériences d’exploitation des industrie électriques française et allemande). Celui çi s’agaçait de ne pas pouvoir intervenir dans la stratégie et le développement de cette filiale commune et vient, en fin de compte, d’annoncer qu’il allait sortir de cette alliance à court terme mais...pour voguer vers d’autres alliances plus accueillantes.

Enfin dernière particularité, Areva avait été mis sur la liste des sociétés à privatiser du temps du Président précédent du fait de la nécessité de renforcer ses fonds propres face à des besoins considérables en investissements dans quasiment toutes des activités, puis retiré par le nouveau Président qui y réfléchit désormais à nouveau. Car chacun de ces activités fait appel à des techniques tout à fait différentes et sans synergies entre elles entre des activités minières, des activités d’enrichissement de l’Uranium par diffusion gazeuses et maintenant par ultracentriufugation, de l’ingénierie et des capacités de fabrications d’énormes cuves de réacteurs dans la partie EPR et des usines de retraitement de combustibles très spécifiques comme la Hague. Bref le mariage technologique de la carpe, du lapin, de l’oiseau et du dynosaure dans la même société. Ce qui en fait toute la difficulté mais aussi la force !!

Étonnant non ? A suivre plus en détail.

Article publié le 04/03/2009 à 10:58 par CaDerange

Areva a filialisé son activité développement, construction et ventes de réacteurs dans une filiale appelé Areva NP dont l’allemand Siemens, grand de la construction électrique et des turboalternateurs, possède trente quatre pour cent du capital. Une collaboration fructueuse avec Siemens dont le fruit principal est justement l’EPR, modèle de réacteur nucléaire qui réunit le meilleur des expériences françaises et allemandes du fonctionnement de la génération précédente de réacteurs.

En même temps, la question de la puissance financière d’Areva se posait régulièrement, quand on faisait le compte de ses énormes besoins de capitaux. Tel gouvernement se prononçait pour une augmentation de son capital par introduction en bourse, tel autre au contraire ne considérait pas qu’Areva était sur la liste des entreprises publiques privatisables.Siemens avait donc levé le doigt pour monter au capital d’Areva NP. D’autres entreprises françaises qui avaient nom Alstom ou Bouygues voire Total faisaient également le siège de l’actionnaire, l’Etat, pour prendre leur part de cette entreprise au développement prometteur. Le Roi choisit... de ne pas choisir et de conserver pour l’instant cette pepite dans son portefeuille. Ce faisant il écartait ainsi pour un temps Siemens qui avait le handicap de ne pouvoir amener aucune centrale nouvelle dans son pays d’origine, l’Allemagne. Et comme Angela Merkel ne paressait pas en position de retourner l’opinion allemande en faveur du nucléaire, l’affaire fut enterrée pour un temps.

Mais le temps de l’industrie n’est pas celui des politiques. Et son champ de jeu dans ce domaine n’est pas limité à son pays natal mais est mondial. C’est ainsi donc que Siemens, repoussé par les français et désireux de s’investir néanmoins dans le nucléaire mondial prit sa décision... de lâcher l’arrogant Areva pour un partenaire plus enclin à coopérer, le russe Rosatom.

L’affaire n’est pas terminé car Siemens avait accepté une clause lui interdisant en cas de rupture des accords de faire concurrence à Areva pendant 8 ans. Il faudra donc dénouer ces accords ce qui ne sera pas très facile pour un Areva à la surface financière limitée et dont le rachat de la part de Siemens dans Areva NP immobiliserait 2 milliards d’euros non prévus. On négociera donc vraisemblablement un prix de rachat plus faible contre un raccourcissement de la clause de non concurrence. Mais ne nous y trompons pas les jeux sont faits et nos politiques ont loupé l’occasion de batir un très grand européen du nucléaire.

Madame Merkel et Monsieur Sarkozy, au lieu de nous faire croire une fois à votre copinage et de vous regarder une autre fois en chien de faïence, vous auriez mieux fait de vous entendre sur des alliances industrielles aussi essentielles. ll y en a un qui doit bien rire en ce moment, c’est Vladimir Poutine !!!

Article publié le 16/03/2009 à 09:58 par CaDerange

Nous arrivons à la fin de cette longue saga d’ Areva. Que faut il en conclure, quel avenir se profile à l’horizon pour notre spécialiste du nucléaire et avec qui ?

Tout d’abord, dans tous ses domaines, Areva est très bien placé dans la compétition mondiale individuelle et a l’avantage d’être le seul industriel présent sur la totalité de la filière nucléaire de l’extrême amont à l’extrême aval. En plus c’est le seul opérateur nucléaire dont le réacteur de troisième génération est sorti depuis longtemps du bureau d’étude pour passer à la phase de construction en Finlande et en France.Son plus proche concurrent semble bien devoir être la filiale Siemens Rosatom qui est présente également sur à peu prés tout le cycle du combustible, dispose d’un réacteur de deuxième génération largement prouvé, mais n’a pas la crédibilité des matériels français américain ou japonais. Sa capacité unique à fournir les matériels mais aussi les combustibles enrichis et à reprendre les combustibles usés, ainsi que son alliance avec Mitsubishi la place définitivement en tête de la compétition mondiale.

Par contre, il devient urgent de lui donner les moyens financiers nécessaires à tous les développements en cours dans tous ses métiers.En France, en Italie, en Inde, aux Etats Unis,au Japon voire au Brésil. Dans les mines au Kazakstan, au Niger ou en Namibie. Dans les usines d’enrichissement Georges Besse I et II. Dans de nouvelles capacités de production de cuves pour réacteurs. Et dans des usines de retraitement des combustibles usés et de vitrification de déchets au Japon ou aux Etats Unis et peut être même en Chine. Sans compter qu’il faut développer une version 1000MW de l’EPR !

Au total ce sont 48 milliards d’euros de commandes dont dispose Areva, un total pharamineux qui représente 4 ans de chiffre d’affaire actuel. Par contre ses besoins de financement constituent également un mur d’argent estimé à une trentaine de milliards d’euros, dont 2.7 dès 2009. Heureusement Areva est peu endetté à 5 milliards d’euros.Un cadavre dans le placard néanmoins avec le chantier assez calamiteux de l’EPR de Finlande dont nul ne sait combien il lui coutera en finale mais qui vient de se traduire par une provision de 1.7 milliards d’euros.

Pour accompagner une telle mutation de taille garantie par des commandes, la solution simple est de procéder à une augmentation massive de capital, d’une bonne vingtaine de milliards, par exemple. Or Areva qui appartient à 80pct à l’Etat via le CEA ne dispose que d’un capital nominal de 1.35 milliards d’euros,est valorisé par la bourse à 10.5 milliards d’Euros et n’a un chiffre d’affaire que de 13/14 milliards d’euros annuels. Et son actionnaire, l’Etat, est lui aussi endetté jusqu’au coup, le résultat de 25 ans de gabégie financière de nos élus.Le fameux Fonds Special d’Investissement que le gouvernement vient de mettre en place peut à la rigueur en mettre 3 ou 4 milliards car il ne dispose pas de grand chose en fin de compte et se concentre plutôt pour l’instant sur le sauvetage de canards boiteux.Il va donc falloir faire appel au privé mais l’époque n’y est absolument pas favorable.

Alors ? L’hypothèse Siemens étant désormais exclu, on va faire du gré à gré, une méthode qu’adorent nos gouvernants d’ailleurs car c’est dans de telles circonstances qu’ils ont l’ivresse de gouverner le monde. On peut filialiser certains actifs et accueillir dans ces filiales certains utilisateurs de la facilité en question.Ce sera le cas des usines d’enrichissement Georges Besse I et II par exemple avec l’entrée de GDF Suez et du japonais Kansai. On peut revendre certains actifs non stratégiques comme certaines participation dans Eramet ou STmicroélectronics ou revendre une partie des actifs du groupe UraMin.On peut même se demander si la partie Transport et Distribution, constitué d’ailleurs à partir d’actifs d’Alstom, rentre bien dans le cœur de métier d’Areva Mais il faudra aller bien au delà.

Au dehors le bal des prétendants comprend Alstom, qui prétend qu’il y aurait des synergies entre les deux groupes pour présenter des offres commerciales globales réacteur+turboalternateur alors que la pratique montre que les opérateurs privilégient des appels d’offres séparés. On peut aller encore plus loin dans l’offre commerciale intégrée en y rajoutant le génie civil de ... Bouygues, actionnaire principal d’Alstom. Est que cela correspond vraiment aux souhaits des clients, rien n’est moins sur.

Autres prétendant extérieurs, le groupe Total qui en a les moyens financiers. Ou Mitsubishi qui renforcerait ainsi ses liens avec Areva mais au détriment d’un controle amoindri de l’Etat Français et d’une position de "partenaire dormant/sleeping partner" qui a fini par fatiguer Siemens. Ou encore de fonds souverains du golfe.

Bref, on finira surement par un cocktail de toutes ces possibilités techniques. A suivre donc à court terme.

Article publié le 22/03/2009 à 21:34 par CaDerange

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