mercredi 4 février 2009

Niger : L'énigme Fowler, une raison d'Etat ou l'apocalypse d'un système en dérive ?


3 février 2009, 22:57

A genoux et sous le souffle crucial de la crise financière, l’occident se voit plier tête basse, aux ordres du marché des ressources naturelles du Niger.

Dans un pays où la démocratie, à peine née, se heurte à la tragique résistance du monde des affaires.

D’un côté les multinationales ont été longtemps des actrices pointées et désignées de tous les malheurs du continent noir et du Niger en particulier.

De l’autre côté, une communauté Touareg longtemps méprisée, meurtrie et livrée a tous les maux, de la nature et de la bêtise humaine.
Menacée de disparition, dépossédée de ses terres et chassée vers l’inconnu, livrée à la soif, à la désertification, à la faim, à l’analphabétisme… Aujourd’hui l’Uranium et sont cortège de malheurs, ne font aucun cadeau au peuple touareg condamné à disparaitre dans moins d’un demi siècle sous le regard indifférent sinon complice, de la communauté internationale.

Confronté a une rébellion décisive, Tandja a juré de tous les mots de mettre fin à l’insurrection touareg comme il le dit. Il déclare le nord (le deux tiers du pays) sous l‘état d’urgence et donne carte blanche à l’armée pour gérer à sa manière cette partie du pays. Il impose un Black Out totale et prend en chasse les journalistes et les reporters dans leur métier. Soucieux de préserver leurs parts du Yellow-cake, l’occident baisse la tête et ferme les yeux sous la menace de la diversification de partenaires. Face à une rébellion structurée et expérimentée l’armée de Tandja se heurte à une résistance en acier, tourne et contourne sans avancer d’un mètre.

Tout en laissant derrière elle, une corvée de morts, des blessés et des prisonniers les années passent, les discours des victoires se succèdent et le terrain dément les faits. L’incapacité des FAN se confirme et l’honneur de tout un Etat reste en berne. Humilié le vieux colonel en mauvaise posture, partage des points communs avec les touaregs : ils sont tous des Nigériens et analphabètes, pendant que Tandja s’exprime en français militaire, le Touareg en guide touristique. Il ne se sert en rien de se mentir ou de se voler la face : le peuple Nigerien menacé, manipulé et écarté par Tandja ne se prononce que sur une feuille de route dictée.

Pris en étau entre deux feux, le pays le plus pauvre de la planète s’enfonce dans le désarroi et la misère. Livré à l’effort de guerre, le trésor national s‘épuise, les dettes s’accumulent et la rébellion s’active. L’aérogare d’Agadez, de Tanout dans la région de Zinder et même celui de Banibangou non loin de Niamey sont devenus d’intérêt pour acheminer les armes aux FAN. Voyant une occasion d’implantation et avoir un mot à dire auprès des commandes de l’Etat, les multinationales se précipitent aux secours du colonel en détresse brandissant des billets de banques, ou proposant leur technologie de guerre en échange des portions de terre Touareg vendue comme des baguettes de pain. La Chine se montre la plus généreuse, sérieuse et rêve même de s’offrir le monopole de l’Uranium et du pétrole Nigerien. Les Canadiens se font remarquer et sont soucieux de ne pas manquer leur part du gâteau pour garantir leur présence dans la course au nucléaire, quand aux Sud-Africains et indiens eux aussi ne manquent pas à l’appel, bref la liste est longue. Le discourt le plus épatent reste celui du responsable de la sécurité des intérêts d’AREVA France qui en présence des membres du gouvernement français n’a pas hésité à solliciter son pays pour mettre les moyens nécessaires à la disposition du vieux colonel afin de mater ce qu’ il appelle les bandits armés. Tout en allant au-delà des intérêts de sa filiale, voici ses mots :

L’Etat français ferait mieux, a-t-il dit, de donner aux autorités Nigériennes les moyens de mater la rébellion des Touaregs (ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le coeur des femmes mais, ne sont qu’une illusion). On ne sait jamais peut être l’amiral a été victime de ses hommes en bleu, qui comme, il le dit, font ce qu’il a avancé. Grâce à cette phrase l’amiral retrouve la sympathie du colonel Tandja et décroche la mine d’Uranium d’Imouraren où pour rappel la diplomatie française avait échoué. Malheureusement le pays s’enfonce encore et toujours dans l’obscurité et la misère, vulnérable, donc affaiblit et victime de tous les maux : famine, malnutrition enfantine, sécheresse, corruption, vols organisés, ethnocidisme, persécutions extra-judiciaires, politiques, plusieurs formes de rébellions… Tout à coup comme par malédiction ou simple ironie, l’ONU à travers l’affaire Fowler met son bras dans l’une des plus salles assiettes du continent africain… à suivre

I. Amoumoun/ SaharaMedia

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