dimanche 18 janvier 2009

La lutte pour la transmission de la langue, un combat unanime


17/01/2009
SERIE IEP - Toute la semaine, LibéLyon ouvre ses colonnes aux étudiants de la première promotion de la spécialité "Journalisme, médias et territoires" de l'Institut d'études politiques (IEP) de Lyon. S'il existe un terrain d'entente entre les associations kabyles et berbères de Lyon, c'est bien celui de la transmission de la langue. La langue considérée comme base architecturale de la culture berbère, ici, comme là-bas…

A Lyon, l'association Awal prépare les lycéens à l'épreuve de berbère, optionnelle au baccalauréat français. Des cours sont également proposés au lycée La Matinière. La langue berbère, le Tamazight, est parlé des bords de l'Egypte aux îles Canaries tandis que le Kabyle est un dialecte berbère parlé en Kabylie. Le Tamazight a été uniformisé afin de « regrouper tous les Berbères du monde », précise Mohammed Amalloul, animateur de l'émission Patrimoine et tradition, sur radio Pluriel. Le système d'écriture a pour sa part évolué avec l'adoption de l'alphabet latin, seuls les Touaregs conservant l'alphabet Tifinagh. Un changement qui ne ravit pas tout le monde. Mais « du moment qu'on n'écrit pas en arabe, c'est bon », s'exclame Mohammed Amalloul.

Si les Touaregs ont pu garder leurs racines linguistiques intactes, la situation en Kabylie est tout autre. La région s'est heurtée à de nombreuses tentatives d'arabisation depuis la décolonisation. « Le berbère ne bénéficie pas d'un soutien étatique, d'où un risque de mortalité réelle », regrette Lahcène Messahli, président de l'association Awal Grand Lyon. Un rapport de l'UNESCO présage que le Tamazight pourrait ainsi disparaître d'ici 2050.

Là-bas comme ici, le maintien de la langue berbère est difficile. D'où le combat des associations lyonnaises. Si les moyens et les structures sont minimes sur place, en France, les associations se mobilisent pour faire vivre leur langue. « On observe un recul de la conscience de la langue berbère or c'est le moment pour cette langue de se développer. Les Berbères n'ont pas idée de la disparition de leur langue. Comment ça se fait que les jeunes portugais qui vivent en France, parlent encore le portugais ?, déplore Lahcène Messahli. C'est dommage que des Adjani, Zidane, Dani Boon, ne tiennent pas leur rôle de transmetteur. »

La langue reste donc le pilier de la culture et « son enseignement à l'école est un plus. Mais ça ne doit pas être le seul lieu de transmission, les parents ont un rôle déterminant à jouer », estime Lahcène Messahli. D'autres n'hésitent pas à pousser la promotion de la langue au-delà de la simple conservation de la culture. Pour Stéphane Mérabet Arrami, fondateur du site Kabyle.com, « la reconnaissance de la langue n'est qu'un moyen pour atteindre une fin, l'autonomie de la Kabylie. »

Aline FONTAINE et Morgane REMY
Source /Libération.fr

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