jeudi 18 décembre 2008

Africatime / Misna Diplomates disparus : Nouveaux éléments sur le terrain, recherches en cours


Africatime / Misna 18/12/2008


jeudi 18 décembre 2008

"Sur le terrain toutes les bonnes volontés institutionnelles se sont activées et les recherches sont en cours pour faire la lumière sur la disparition des deux diplomates de l’Onu. Les Nations Unies collaborent étroitement avec le gouvernement nigérien qui coordonne les recherches, n’ayant porté jusqu’ici à aucun nouvel élément concret. Les communiqués officiels diffusés hier par l’Onu font encore foi".

C’est en ces termes que Khardiata Lo N’Diaye, coordonnateur résident du système des Nations Unies à Niamey et représentante locale du Pnud (Programme de développement de l’Onu), fournit à la MISNA les dernières informations du terrain concernant l’affaire encore obscure de la disparition dimanche dernier du canadien Robert Fowler, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, de son assistant Louis Guy, d’un chauffeur de l’organisme international et d’une quatrième personne dont l’identité n’a pas été précisée. Si les éléments recueillis jusqu’ici font clairement penser à un enlèvement, hier encore les Nations Unies ne parlaient pas d’enlèvement mais plutôt de disparition.

Durant le dernier point de presse quotidien d’hier à New York, les Nations Unies avaient en revanche confirmé que le diplomate à la retraite Fowler était bel et bien en mission officielle au Niger depuis le 11 décembre, contrairement à ce qu’a affirmé le gouvernement nigérien (qui a évoqué une visite à titre privée dans l’ouest, ndlr), précisant qu’il est aussi l’envoyé spécial pour les questions relatives aux touaregs. Les autorités d’Ottawa, deux des disparus étant de nationalité canadienne, ont assuré que le consulat du Canada à Niamey, ainsi que les autres bureaux régionaux, participent activement aux efforts de recherche, aux côtés des autorités nigériennes et onusiennes.

D’autre part, un nouvel élément central s’inscrit aujourd’hui dans ce flot continu de nouvelles en partie discordantes : un groupe rebelle touareg récemment créé, les Combattants du Front des Forces de Redressement (Ffr), qui avait revendiqué hier le rapt avec un communiqué officiel publié sur son site internet a ensuite rétracté son implication dans cette affaire, diffusant un autre document officiel et suscitant une certaine confusion. En effet, "nous confirmons que notre site a été piraté et une fausse information nous concernant a été diffusée. Ce faux communiqué est un acte visant à discréditer notre mouvement, qui est contraire à ce genre de pratiques.

S’il est vrai que le diplomate canadien a été enlevé, il est tout aussi vrai que nous sommes étrangers à ce rapt. Nous soupçonnons le gouvernement nigérien de toute cette mascarade", a déclaré à la MISNA Seydou-Kaocen ag Amadou Maiga, porte-parole officiel du Ffr, contacté à Paris où les membres du mouvement sont en exil. Le communiqué de démenti, signé par le président du Ffr, laisse cependant ouverte la possibilité que des rebelles dissidents aient pu enlever Fowler dans la région de Tillabéry (ou Tillabéri), à une centaine de kilomètres à l’ouest de la capitale Niamey.

Les observateurs locaux et la presse soulignent toutefois que si la piste de la rébellion est la plus plausible, il semble étrange qu’une telle opération ait été menée à 45 kilomètres de la capitale, si loin des bases d’action traditionnelles des rebelles touaregs et donc dans une zone censée être sous le contrôle gouvernemental. La disparition de Fowler a également suscité la réaction du monde universitaire d’Ottawa, où il enseignait à l’occasion : quelques professeurs fins connaisseurs du Niger, interpelés par Radio Canada, se disent étonnés par un tel acte vu que leur pays est respecté même dans les zones les plus reculées du pays africain, où les populations civiles saluent les programmes canadiens d’aide humanitaire réalisés sans contrepartie.

La disparition du diplomate à la retraite en visite pour compte de l’Onu intervient, étrange coïncidence, au moment où les festivités marquant le 50ème anniversaire de l’indépendance du Niger de la France sont en cours et que la présidente du groupe français Areva, Anne Lauvergeon, se trouverait à Niamey pour négocier avec le président Mamadou Tandja le permis d’exploitation du méga-gisement d’uranium à Imouraren. Or, la question touarègue, en réalité ouverte de longue date a été rendue plus aiguë précisément par l’exploitation de riches gisements d’uranium dans le nord du Niger décidée par les autorités nigériennes, favorisant les multinationales étrangères mais sans aucun bénéfice pour la population locale à majorité touareg, vivant dans des conditions de pauvreté endémique.

Les groupes rebelles en activité revendiquent une distribution plus équitable des ressources nationales pour garantir le développement de ces régions isolées, désertiques et dont l’environnement est gravement endommagé par des activités d’extraction mal gérées.

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